• Aucun résultat trouvé

LA PART DE L’ENSEIGNEMENT DANS L’ÉVOLUTION DES PRATIQUES DE DEMAIN

Sébastien Thiéry évoque souvent le fait de se coordonner, c’est-à-dire de mettre à profit nos diverses connaissances relevant de plusieurs champs d’action afin de gérer au plus près cette crise. Il parle notamment des écoles d’architectures qui ne travaillent selon lui pas suffisamment ou bien très peu dans l’intérêt commun. Sortir de cette crise passe donc aussi par l’enseignement en mettant par exemple en place des programmes d’expérimentations et de formations qui partent de ces situations de crises majeures afin d’être capable de mobiliser ces compétences dans diverses formations comme en écoles de sciences politiques, de paysages ou bien de géologie. C’est une idée qui avait piqué ma curiosité, la première fois que j’avais assisté à une de ses conférences. Le 15 septembre 2015, Sébastien Thiéry était venu à l’école d’architecture de Nantes lors d’un événement célébrant « l’Alliance » afin de mettre en avant notre rôle futur face au surpeuplement, à la destruction de bidonvilles sans cesse reconstruits et à l’exclusion urbaine. Il explique alors la nécessité d’une nouvelle réponse à la crise

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU DROIT

D'AUTEUR

de l’accueil et d’un nouvel urbanisme1.

C’est aussi avec des étudiants qu’Olivier Leclercq et Cyrille Hanappe sont allés repérer des parcelles dans le V ème arrondissement de Paris afin d’envisager une autre appropriation des lieux, des dents creuses, des friches urbaines, des pignons. Ainsi, dans un bâtiment en recul par rapport à la rue, ils imaginaient pouvoir installer quatre ou cinq logements. L’idée de l’exercice était non pas de venir rediviser les parcelles mais simplement de les occuper, d’adapter l’architecture à ce qui existe déjà dans un bâti dense. Le travail urbain vient ensuite se compléter par un travail de construction d’un module regroupant salle d’eau, cuisine, toilette et tableau électrique de 16m² qui pourrait être le point central, le noyau de chaque petit projet qui pourraient se développer dans la ville. Cet exercice a permis aux étudiants de participer à l’appel à projets de « Le Paris de l’hospitalité » en 2014. Avec l’option de projet « Architecture et Risques Majeurs », Cyrille Hanappe se déplace également à Grande-Synthe pour construire le bâtiment « Information Center » avec ses étudiants. Même si les réponses n’aboutissent pas forcément à des constructions concrètes ou adaptées, la démarche d’analyse et de propositions faites sont un début pour construire un imaginaire autour de la notion d’habitats qui ne s’inscrive pas que dans un contexte d’urgence. Le besoin est réellement à ce niveau là car aujourd’hui, il est clair que les lacunes de nos villes résident dans l’inscription de ces habitats dans les villes, et non pas en dehors des villes pour limiter l’exclusion, tout comme il réside dans la pérennité et non plus dans l’urgence.

Sensibiliser les étudiants à de telles problématiques est pour moi essentiel. Tout comme l’on nous sensibilise à l’écologie, à l’économie d’énergie, à la réutilisation des matériaux, au recyclage, il est pour moi primordial de voir éclore dans les écoles d’architecture d’autres options de projets comme celles que mène Cyrille Hanappe dans « Architecture et Risques Majeurs » à l’ensa Paris Belleville. Lors de mon année d’échange international en master 1, j’ai eu l’occasion de partir au Chili. Les risques majeurs reflètent davantage des risques naturels auxquels le

1 Conférence de Sébastien Thiéry « Les migrations contemporaines et leur gestion dans l’espace urbain » le 15 septembre 2015

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU DROIT

D'AUTEUR

pays est confronté, majoritairement des tremblements de terre assez réguliers et les tsunamis qui les accompagnent. Dans de nombreuses matières et de nombreuses options de projets, ces risques sont présents et enseignés. On adapte les cours de structure à des choses plus techniques, on pense les bâtiments toujours dans une optique de résistance des matériaux, etc. En Europe, les risques sismiques sont moindres, mais nous sommes touchés par d’autres problématiques toutes aussi importantes et il est aussi du devoir de nos professeurs et de nos administrations d’être en capacité à s’adapter au contexte dans lequel nous vivons afin qu’eux aussi remplissent leur devoir en nous permettant d’accéder à des connaissances accrues sur les problématiques de logement et d’accueil qui accompagnent les vagues migratoires en Europe. Pour cela, les mots « risques majeurs » ne sont pas forcément les plus adaptés mais les problématiques abordées sont les bonnes.

Très récemment, lors d’un rendez-vous avec ma directrice de mémoire Maëlle Tessier, j’appris qu’une option de projet allait ouvrir à l’ensa Nantes pour le semestre 6 (troisième année de licence). Sous la direction de Sylvain Guittard, Camille Sablé et Maëlle Tessier elle-même, l’option « L’ailleurs commence ici / Architecture et hospitalité » ouvrira donc dès 2019. Liant problématiques actuelles, récits d’habiter de migrants et projections imaginaires de lieux luttant contre la précarité et favorisant l’intégration, cette option ouvre grand les portes à des questionnements sur les notions d’accueil, d’hospitalité, d’insertion urbaine et de réinsertion sociale. Un rapport particulier sera proposé sur la question des modes de vie et des différentes cultures de celui qui habite.

Par ailleurs, d’autres acteurs questionnent nos villes et proposent des solutions à mettre en place. C’est notamment le cas de Sébastien Thiéry.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU DROIT

D'AUTEUR