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A une échelle plus locale, les associations et les collectifs se comptent par centaines et cherchent tous, avec des moyens financiers qui leur sont propres et surtout grâce à l’appui de leurs bénévoles, à subvenir aux besoins vitaux des migrants, à les loger, à faciliter leur insertion, à les accompagner dans leurs démarches, ou bien à créer des activités pour faire de cette attente interminable un moment plus facilement surmontable. Il est pourtant souvent difficile de faire entendre sa voix ou de donner plus de visibilité à son combat lorsque l’on est une petite structure. C’est pourquoi certains, à la manière de la DUDH ou bien de la Convention de 1951 relative au statut des 5 Article web Le Monde « La Hongrie adopte une loi interdisant aux ONG de venir en aide aux migrants » du 21 juin 2018 par Blaise GAUQUELIN

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réfugiés, tentent d’interpeller l’opinion publique. C’est le cas du Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines6 (PEROU), structure associative créée en 2012 et cogérée par Sébastien Thiéry, politologue et Gilles Clément, jardinier.

Force est de constater que les documents et textes fondamentaux qui ont fait l’objet des parties précédentes sont des droits dont les États reconnaissent la légitimité et s’engagent à respecter et à défendre. Si vous avez lu en totalité ou en partie un de ces textes, vous aurez sûrement constaté que le terme « Considérant... » s’y retrouve de façon assez répétitive. Ce mot est utilisé en droit à chacun des alinéas d’un arrêt ou d’une motion impliquant une décision judiciaire administrative et sert à poser le contexte général lié à l’écriture dudit document afin, par la suite, d’annoncer les différents points qui le compose et qui sont soumis à signature.

Dans la DUDH, texte fondateur en faveur des droits humains, on la retrouve à sept reprises dès le préambule avant l’énonciation des trente articles qui la compose. Voici sa première utilisation :

« Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les

membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. »7

Dans la Convention de Genève de 1951, cette formule est aussi utilisée à de nombreuses reprises tout au long du texte, tout particulièrement dans son préambule :

« LES HAUTES PARTIES CONTRACTANTES,

CONSIDÉRANT que la Charte des Nations Unies et la Déclaration

universelle des droits de l’homme approuvée le 10 décembre 1948 par

6 Le PEROU est une association fondée en 2012 qui développe des projets de re- cherche-action sur la « ville hostile » dans les hors-champs des villes afin d’explorer d’autres réponses que celles envisagées par l’État dans les camps, les bidonvilles ou les refuges et ainsi palier de manière pacifique à la crise des migrants. Son but est de lier actions sociales et architecturale afin de favoriser l’accès à la ville pour tous.

7 Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948

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l’Assemblée générale ont affirmé ce principe que les êtres humains, sans distinction, doivent jouir des droits de l’homme et des libertés fondamentales. »8

Enfin, c’est ainsi que ce format très conventionnel est réutilisé pour dénoncer le sort des réfugiés en France et plus particulièrement dans ce qu’on a appelé la Jungle de Calais. Ce texte appelé « Considérant

Calais », écrit par Sébastien Thiéry le 14 février 2016, se veut comme

un cri d’alarme face aux destructions des campements de migrants, un appel à la construction et à l’entraide ainsi qu’un acte de résistance face à la criminalisation des gestes d’hospitalité dont voici un extrait :

« Considérant que Calais est, de fait, une ville-monde, avant-garde d’une

urbanité du 21e Siècle dont le déni, à la force de politiques publiques aveugles et brutales, témoigne d’un mépris criminel de ce qui s’affirme, d’une insulte crachée à la figure des calaisiens et des exilés cultivant au quotidien ce qui nous rapproche. »9

La forme même de l’écriture qu’utilise Sébastien Thiéry est sans aucun doute une volonté d’élever ce texte non pas à une simple constatation de la situation mais bien à une réelle revendication de droit à la ville qu’estime légitime de nombreux acteurs associatifs et humanitaires entourant le phénomène depuis des années dans le nord de la France. La réutilisation du modèle de la DUDH et de la Convention de Genève de 1951 donne une forte connotation solennelle et frappe par sa simplicité et sa clarté. La structure du texte permet un état des lieux de ce qui se produit et se construit dans la jungle. Ce manifeste est donc un hommage aux acteurs et habitants de la jungle qui se battent au quotidien afin de lutter contre les politiques de destructions menées par le gouvernement. Enfin, en faisant appel à notre République dans les premiers et derniers mots de ce texte, c’est à nos valeurs communes de liberté, égalité et fraternité qu’il nous renvoie.

8 Convention de Genève relative au statut des réfugiés de 1951

9 Article web publié sur Médiapart «Considérant Calais» du 14 février 2016 par Sébas- tien Thiéry

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On retrouvera ce message dans le projet « Réinventer Calais » ou chaques petits articles du site sont écrits par différents acteurs comme des journalistes, des sociologues, ou des photographes commencent par ce mot, comme celui qui porte le titre de « BACHAR »10.