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Paramètres fonctionnels influents sur la posture mandibulaire et cervico-céphalique

Chapitre III DTM ET POSTURES CEPHALIQUES

C. DYSFONCTIONS TEMPORO-MANDIBULAIRES ET POSTURES CEPHALIQUES ASSOCIEES

2. Relations entre les troubles de l’appareil manducateur et la posture cervico-cephalique

2.4. Paramètres fonctionnels influents sur la posture mandibulaire et cervico-céphalique

2.4.1. Ventilation et sommeil

Physiologiquement, la ventilation nasale participe au maintien de la tête en position naturelle [31] et de la colonne cervicale en permettant une bonne posture de la mandibule et des articulations temporo-mandibulaires. Elle a un impact sur la qualité et les positions de sommeil, la posture céphalique et mandibulaire et les praxies labio-linguales [81].

Des études récentes montrent le lien entre la position d’inclinaison antérieure céphalique et l’amélioration de la ventilation en position verticale.

Les résultats d’une étude italienne de 2015, chez 115 sujets, confirment que la persistance d’une respiration buccale, pathologique, a comme conséquence une modification de la posture céphalique par extension cervicale et avancée de la tête [85]. Ce qui confirme la conclusion de CUCCIA (2008), qui avait aussi retrouvé une réduction de la lordose cervicale et une divergence

squelettique chez des enfants respirateurs buccaux comparé aux enfants ayant une respiration nasale physiologique (CUCCIA, 2008) [118].

Cette extension cervicale apparait comme une adaptation posturale afin d’améliorer la fonction ventilatoire (Fig. 35). Les voies aériennes supérieures sont libérées de toute obstruction nasale ou pharyngienne et une respiration buccale se met en place (MAHOURAT et RABERIN, 2011). Les enfants acquièrent cette posture adaptative céphalique au cours de la croissance en réaction à une diminution de la perméabilité des voies oropharyngée, à la présence d’hyperthrophies amygdaliennes ou adénoïdiennes ou à la présence de problèmes respiratoires chroniques [28]. Lors de ces troubles respiratoires, tout comme la posture céphalique, la situation de l’os hyoïde et la langue se modifie. Certains auteurs dont VIEIRA (2014), VESSE (2007) et CAILLARD-KONIGSBERG (1997)l’ont étudié au travers de téléradiographies de profil [51] [52] [54]. En position verticale, l’impossibilité de ventiler par le nez va amèner la langue à basculer vers le bas du pharynx pour libérer de la place au niveau buccal et dégager les voies aériennes. L’os hyoïde est entrainé par la langue et migre aussi caudalement [54].

Nous verrons que le type de dysmorphie cranio-faciale est essentiellement conditionné par la posture cranio-rachidienne adoptée pour maintenir l’oro-pharynx ouvert. Les incidences des anomalies de la posture céphalique sont considérables dans la croissance des bases maxillaire et mandibulaires [54]. D’après GOLA (2008), « tout trouble de la ventilation, s’accompagne d’anomalies de la croissance naso-sinusienne, de dysmorphoses maxillo-mandibulaires et de malocclusions dentaires » [31].

Figure 36 : Relation entre l’espace aérien postérieur et la posture céphalique normale et antériorisée sur

céphalométrie de profil (HUGGARE et LAINE-ALAVA, 1997) [28].

De plus, ces modifications vont se trouver accentuées en décubitus. Les respirateurs buccaux maintiennent cette position antériorisée de la tête en dormant sur le côté pour mieux respirer au cours du sommeil. Le temps de sommeil représentant la moitié de la vie d’un enfant et le tiers de la vie d’un adulte, toute position de sommeil est prolongée et a tendance à se pérenniser avec le temps [81].

La ventilation orale, diurne et surtout nocturne, apparait comme une solution adaptative vitale face à des troubles respiratoires empêchant la respiration par voie nasale. Elle a pour conséquences : - une adaptation posturale céphalique par extension cervicale (diurne et nocturne)

- une descente de la langue et de l’os hyoïde

2.4.2. Déglutition et posture cervico-céphalique

La déglutition a lieu 500 à 1200 fois par jour et dure quelques secondes [44]. Bien que de courte durée, sa fréquence et l’influence de la langue sur son environnement impactent la posture de la mandibule et de la tête et du cou. La langue appartient au système postural et à un rôle compensateur [23].

LANDOUZY (2009) précise que « chaque type de posture linguale a des conséquences générales et particulières sur la croissance crânio-faciale, le placement des dents, le fonctionnement des articulations temporo-mandibulaires et la posture du corps ». Il décrit les 3 principales situations de la langue : l’interposition postérieure, la pulsion et la position basse, pouvant être observées ainsi que leurs conséquences mandibulaires et cranio-cervicales.

- Lorsque de nombreuses dents sont absentes ou que l’espace lingual est insuffisant, la langue s’interpose au niveau des espaces créés et peut entrainer une désocclusion dentaire. Le schéma suivant peut alors survenir : les arcades n’étant plus calées, la mandibule s’abaisse et recule entrainant une modification en extension de la posture cervicale et céphalique.

- La position antérieure de la langue est souvent due à la succion d’un objet. Elle a pour conséquence le développement d’une béance antérieure, un excès de croissance vertical (hyperdivergence) et un manque de croissance horizontale mandibulaire (promaxillie ou rétro- mandibulie). La présence de l’objet maintenant la bouche ouverte favorise une extension cervicale et céphalique. Cette posture cranio-rachidienne entretient la posture antérieure de la langue et entraine systématiquement un recul de la mandibule et la tension des muscles antérieurs du cou (extension céphalique).

- La pointe linguale peut être aussi retrouvée en position basse en arrière des incisives mandibulaires chez les respirateurs buccaux ou par la modification de la posture cervicale. La flexion cervicale envoie la mandibule en avant et positionne la langue vers le bas. Au cours de la croissance, la conséquence est une stimulation de la croissance mandibulaire (pro-mandibulie) [24]. D’après une étude de LUMBAU et coll. (2011), sans correction, un trouble de la déglutition peut être un facteur déterminant dans le développement de syndromes posturaux tels que des troubles muscullo-squelettiques [27]. De même, en 2008, BOCQUET et coll. mettent en place une étude au moyen d’une plateforme stabilométrique normalisée. Ils démontrent qu’une déglutition dysfonctionnelle est déséquilibrante car augmente les oscillations posturales et l’energie dépensée par le système postural [117].

2.4.3. Mastication et appareil manducateur

L’installation d’une mastication pathologique (unilatérale essentiellement) peut avoir des conséquences sur la croissance cranio-faciale et développer ou aggraver des troubles musculaires et articulaires. Elle peut aussi entrainer une posture céphalique de compensation.

En effet, la mastication unilatérale a des répercussions sur le plan d’occlusion (déséquilibre occlusal latéral) et peut entrainer le déplacement latéral de la mandibule. Ce déplacement mandibulaire peut conduire au déplacement compensatoire de la colonne cervicale et l’adoption d’une posture céphalique adaptative [28].

A niveau musculaire, l’instabilité occlusale déclenche une incoordination musculaire responsable : - d’une hyperactivité des muscles masticateurs avec apparition de spasmes et de

contractures à l’origine de douleurs et d’hypertrophies musculaires,

Au niveau de l’articulation temporo-mandibulaire, une mastication unilatérale a pour conséquences un condyle large et à mobilité réduite du côté travaillant et un condyle grêle et une hypermobilité du côté non travaillant. Des troubles articulaires et musculaires apparaissent tels que des douleurs, des bruits et des claquements articulaires ainsi que des spasmes musculaires. Tous ces signes pouvant être liés au développement d’un désordre temporo-mandibulaire.

Lorsque les mouvements masticatoires sont essentiellement voir uniquement verticaux, la mastication est exclusivement ou essentiellement de type temporale. Les mouvements de latéralité mandibulaire ainsi que les mouvements de broiement propres à la mastication de type massétérine ne se font plus. Ce schéma masticatoire en ouverture/fermeture verticale altère aussi le fonctionnement de l’appareil manducateur [81].

La mastication unilatérale est le « lit » de futures asymétries mandibulaires et de futures troubles musculaires et articulaires des articulations temporo-mandibulaires.

2.5. Position mandibulaire et posture céphalique