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Chapitre II RELATIONS BIOMECANIQUES ET NEUROLOGIQUES ENTRE L’APPAREIL

B. NEUROPHYSIOLOGIE

1. Le nerf trijumeau (V)

1.1. Rappel anatomie sur le nerf trijumeau (V)

Le nerf trijumeau est un nerf mixte sensitivo-moteur au rôle essentiel en posturologie céphalo- rachienne et au niveau du fonctionnement de l’appareil manducateur.

L’innervation de la région orofaciale est assurée par le nerf trijumeau et les premières racines cervicales (C1, C2 et C3).

Le nerf trijumeau émerge du tronc cérébral et se divise en deux racines : - La racine motrice fine qui innerve en particuliers les muscles masticateurs.

- La racine sensitive épaisse qui se sépare en trois branches, la branche ophtalmique (V1), la branche maxillaire (V2) et la branche mandibulaire (V3), responsables de l’innervation de différents territoires cutanéo-muqueux.

La branche mandibulaire V3 va venir innerver :

- au niveau cutané : les régions temporale, jugale, labiale et mentonnière, la partie antérieure du pavillon de l’oreille et le conduit auditif externe.

- au niveau muqueux : les deux tiers antérieur de la langue ainsi que les régions labiale et vestibulaire mandibulaires.

- les dents mandibulaires et les articulations temporo-mandibulaires.

Le plexus cervical supérieur (C2) assure la sensibilité du cou, de la partie postérieure du crâne et de l’angle de la mandibule [12].

1.2. Complexe sensitif du trijumeau

Le complexe sensitif du trijumeau consistue un des principaux relais synaptique des informations nociceptives orofaciales et des méninges. Les trois branches du nerf trijumeau regroupent leurs informations sensitives au niveau du complexe sensitif du trijumeau [22].

D’un point de vue anatomique, le complexe sensitif du nerf trijumeau est constitué de deux noyaux, le noyau principal pour les informations non nociceptives et le noyau spinal pour les informations nociceptives. Le noyau spinal se subdivise en trois sous-noyaux : oral, interpolaire et caudal. Le noyau caudal est composé de neurones nociceptifs spécifiques stimulés par des influx douloureux et par des neurones convergents répondant à des stimulations multiples (mécanique, thermique, chimique) provenant des différentes régions cranio-faciales (orale, myo-articulaire, méninges...) [42]. Cet ensemble de noyaux se situe au niveau du tronc cérébral et s’étend du mésencéphale à la moelle épinière cervicale [22].

Ainsi, l’information nociceptive captée par les nocicepteurs remonte jusqu’au ganglion de Gasser pour finir au niveau du complexe sensitif du trijumeau. A partir de celui-ci, l’information est véhiculée jusqu’au cortex via le thalamus [42].

Figure 26 : Territoire sensitif du nerf trijumeau et complexe sensitif du trijumeau. V1 : nerf ophtalmique, V2 : nerf maxillaire, V3 : nerf mandibulaire (d’après Dallel et coll., 2003) [42].

En plus des afférences du nerf trijumeau, le complexe sensitif du trijumeau reçoit celles d’autres nerfs craniens (VII, IX et X) et des nerfs cervicaux supérieurs (C1, C2 et C3). L’innervation des muscles masticateurs et cranio-cervico-faciaux par les nerfs crâniens et cervicaux induit une rapide sensibilisation du territoire et génère souvent des douleurs projetées, comme nous le verrons dans la partie dédiée à la palpation musculaire [22] [42].

Le sous-noyau caudal est le lieu de convergence d’une quantité importante de fibres nerveuses dentaires, oro-faciales et cervicales. Par cette proximité, des afférences nociceptives sont capables de rediriger un stimulus douloureux vers des champs de récepteurs profonds ou cutanés éloignés orofaciaux ou cervicaux.

Par exemple, les afférences du trijumeau d’origine dentaire peuvent se projetter sur les trois premiers segments médullaires cervicaux et être reliées au noyau du nerf spinal qui participe à l’innervation du trapèze et du sterno-cléido-mastoïdien (SCM). Inversement, un contingent de fibres provenant des racines sensitives de C1 à C3 se projettent sur le noyau spinal du trijumeau [11]. On comprend alors la difficulté pour localiser l’origine d’une douleur céphalique [12].

Ces connections montre le lien neurologique que peut avoir le rachis cervical avec l’appareil manducateur et la sphère oro-faciale et expliquent le caractère référé de certaines douleurs d’origine cervicale au niveau de la face ou d’origine dentaire au niveau des cervicales ou au niveau oro-faciale.

La face est très innervée d’où la richesse de la symptomatologie douloureuse de cette région. Cette forte sensibilité de la sphère orofaciale à la douleur est expliquée par sa représentation dans l’ «Homonculus de Penfield». En effet, un tiers des récepteurs sensoriels du corps sont situés au niveau de la sphère oro-faciale [12].

1.3. Nerf trijumeau et équilibration du rachis

Le maintien du rachis en équilibre au repos et au cours de mouvements est permis par un réseau musculaire complexe et très riche.

Comme les autres muscles posturaux, les muscles de la mastication (temporaux, masséters, ptérygoïdiens latéraux et médiaux) ont une double activité :

- une activité phasique lors de la mastication et pour le renforcement musculaire phasique des chaînes musculaires antérieures ;

- une activité tonique pour les muscles sus-hyoïdiens qui stabilisent la mandibule et permettent l’équilibration du rachis et du crâne par l’intermédiaire des chaines musculaires postérieures. L’os hyoïde, par l’intermédiaire des supra-hyoïdiens, a un rôle important dans la double activité phasique et tonique de la mandibule et lors de la déglutition. Les muscles infra-hyoïdiens reçoivent aussi une innervation motrice de C1 à C3.

Ainsi, d’après MESQUIDA (2014), le fait de serrer les dents donne une force tonique à l’ensemble du corps. Cette force tonique remonte aux centres nerveux, stimule le nerf trijumeau et contrôle ainsi la tonicité des chaines musculaires postérieures. Donc un problème au niveau de l’appareil manducateur pourrait entrainer un dysfonctionnement des nerfs trijumeaux et une perte de la tonicité des les chaînes postérieures [22].