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Chapitre II RELATIONS BIOMECANIQUES ET NEUROLOGIQUES ENTRE L’APPAREIL

A. CONCEPT BIOMECANIQUE POSTURAL

2. Concepts pathologiques

2.1. Dysfonction du système postural

Une dysfonction du système postural correspond à un décalage entre la représentation centrale du corps et le schéma postural réel. Les informations données par les capteurs ne peuvent pas être correctement unifiées au niveau du système nerveux central car certaines présentes des erreurs et des asymétries posturales apparaisent.

Le diagnostic du praticien a pour objectif d’identifier la ou les entrées déficientes capables de perturber les informations regroupées au sein du système trigéminal et de déséquilibrer le système tonique postural mandibulaire et corporel [106].

2.2. Les états de santé : état adaptatif, état compensatif et état

décompensatif

On distingue trois grands états de santé générale qui sont visibles dans la population. Ils dépendront de la capacité d’adaptation physiologique du corps, propre à chacun. L’adaptation physiologique se définit comme le maintien ou l’amélioration de l’efficacité d’un système par des modifications structurelles ou fonctionnelles.

L’état adaptatif est un état physiologique idéal dans lequel le système ou l’appareil s’adapte aux modifications externes et internes grâce à ses possibilités biologiques modelables. Le patient postural sain est adapté aux lois que lui impose la gravité.

L’état compensatif est un état intermédiaire où le système se modifie et se réorganise pour pallier à des déficits passagers ou permanents et pour pouvoir continuer à fonctionner. Aucune douleur, ni aucun symptômes n’est ressentis par l’individu.

L’état de décompensation est un état pathologique, de maladie. Le seuil de tolérance du système est dépassé, il n’arrive plus à modifier sa structure et à résoudre ses déficits. Un déséquilibre s’installe et s’il n’est pas traité et perdure peut devenir chronique. De nouvelles contraintes telles qu’un stress, un choc émotionnel ou une sollicitation trop intensive du système sont à l’origine de cet état.

Les symptômes liés au dysfonctionnement du système apparaissent et peuvent entrainer des désordres structurels. C’est cet état que nous devons, en tant que professionnel de santé, améliorer ou traiter.

L’état de santé de chaque appareil, tout comme celui de l’appareil manducateur, évolue en s’adaptant aux modifications internes et externes. Bien que les capacités d’adaptation de l’appareil manducateur soient grandes, lorsqu’elles ne permettent plus d’assurer les activités fonctionnelles, l’adaptation devient pathologique. Les adaptations et compensations de l’appareil manducateur asymptomatiques deviennent alors symptomatiques lorsque le seuil de compensation est dépassé (CLAUZADE et MARTY, 2006) [23].

Des troubles du système postural peuvent se décompenser au niveau de l’appareil manducateur, et à l’inverse, des déséquilibres de l’appareil manducateur peuvent s’exprimer sous la forme de déséquilibres posturaux. Selon la cause du trouble et ses conséquences, différents schémas lésionnels sont décrits.

2.3. Les schémas lésionnels : lésion occlusale, posturale et mixte

LANDOUZY (2008) [24] et DUPAS (2011) [14] décrivent plusieurs schémas de pathologies différentes. Chaque schéma lésionnel établit une chronologie à partir de l’origine du trouble jusqu’aux conséquences qui en découlent. Selon l’appareil, le diagnostic de l’origine des troubles

assure une meilleure compréhension du lien odontologique avec les douleurs posturales afin de permettre par la suite une meilleure prise en charge thérapeutique.

Lors de la pathologie descendante, une dysfonction temporo-mandibulaire peut entrainer des perturbations posturales et oculo-motrices. Au niveau mandibulaire, on peut retrouver un trouble occlusal, une dyspraxie linguale ou une anomalie cranio-faciale.

Au niveau postural, le désordre musculaire mandibulaire peut induire la bascule de la ceinture scapulaire par l’intermédiare des chaînes musculaires. Le décalage visible entre les ceintures scapulaire et pelvienne peut alors être homolatéral ou controlatéral.

Lors de la pathologie descendante mixte, les caractéristiques d’une pathologie descendante et d’une pathologie ascendante masquée sont associées. Des douleurs et symptômes sont présents au niveau temporo-mandibulaire et au niveau postural. Le retour à l’équilibre de l’appareil mandibulaire laisse apparaitre le déséquilibre postural sous-jacent.

Lors d’une pathologie ascendante, un déséquilibre du tonus postural peut être à l’origine de dysfonctions temporo-mandibulaire et parfois des troubles oculo-moteurs.

Au niveau mandibulaire, le patient peut présenter une symptomatologie douloureuse et dysfonctionnelle d’une ou des deux ATM.

Au niveau postural, le patient peut présenter une bascule de la ceinture scapulaire et une hypo- convergence oculaire obligatoire. Le décalage visible entre les ceintures scapulaire et pelvienne peut être homolatéral ou controlatéral.

Lors d’une pathologie ascendante mixte, les caractéristiques d’une pathologie ascendante et d’une pathologie descendante masquée sont associées. Des douleurs et symptômes sont présents au niveau au niveau postural et temporo-mandibulaire. Le retour à l’équilibre de la posture laisse alors apparaitre le déséquilibre mandibulaire sous-jacent.

D’après DUPAS (2011), lorsque l’on se trouve face à un problème de convergence, une asymétrie des pupilles et des phénomènes de compensation sont visibles. L’hypoconvergence entraine souvent un mouvement de rotation de la tête qui permet la fixation d’une image plus nette et une douleur au niveau des sourcils ou à l’intérieur de l’œil due à l’ankylose du muscle occulomoteur. Cette rotation compensatrice de la tête amène une hypertonicité des muscles cervicaux et des muscles oculomoteurs et à long terme des cervicalgies et des céphalées [14] [78]. Mais ces douleurs sont à différencier de celles dues à un trouble oculaire par des lunettes mal adaptées.

En conclusion, un problème de convergence oculaire peut-être : - une hypoconvergence vraie, c’est-à-dire compensée ou primaire - une hypoconvergence posturale résultant d’une adaptation posturale. Dans le cas d’un trouble de la convergence lié de la posture, il peut être dû à :

- Un déséquilibre postural. Une hypertonie musculaire entraine une hypotonie sur l’autre moitié du corps. Cela se répercute au niveau des muscles oculomoteurs par un problème de convergence.

- Une origine occlusale. Un trouble de l’appareil manducateur se répercute sur les muscles oculomoteurs par l’intermédiaire des nerfs crâniens III, IV et VI les innervant [14].

« Une orientation correcte de la tête dans l’espace, conditionnée par une bonne oculogyrie, permet un fonctionnement harmonieux des muscles masticateurs et une occlusion dentaire correcte», DUPAS (2011).

2.4. Conséquences de la modification de l’axe gravitaire sur le

rachis cervical

Nous avons vu ce qui se passe dans le cadre d’une posture érigée équilibrée du rachis en réponse à la force de gravité terrestre. Mais, selon les activités professionnelles et quotidiennes que nous exerçons, nous adaptons notre posture corporelle et l’écartons souvent de sa position verticale d’équilibre.

Lors de la réalisation de postures contraignantes, l’axe gravitaire s’écarte de l’axe occipito- rachidien et rompt l’équilibre de confort. Les différents muscles recrutés s’adaptent pour maintenir la nouvelle posture rachidienne et permettre la réalisation de mouvements par les membres supérieur et inférieur.

L’augmentation d’un bras de levier gravitaire (écart de l’axe gravitaire) sollicite de façon statique et prolongée la musculature périphérique qui a normalement une vocation plus dynamique. Une fatigue des muscles postérieurs apparait rapidement avec les inclinaisons fréquentes dans les situations quotidienes et des contractures musculaires sont progressivement ressenties au niveau cervical et thoracique [13].

En conclusion, la réalisation de mouvements répétés doit se faire la plus proche possible de l’axe verticale de stabilité de la colonne vertébrale afin d’éviter une sollicitation trop intense des muscles et l’apparition de compensations musculaires voire de décompensation.

Ainsi, l’Homme peut réaliser de nombreuses postures et s’adapter à de nombreuses situations de part l’anatomie et la biomécanique de son rachis cervical, si celui-ci reste intègre et mobile.