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Les sensations vertigineuses et céphalées d’origine cervicale

Chapitre II RELATIONS BIOMECANIQUES ET NEUROLOGIQUES ENTRE L’APPAREIL

B. NEUROPHYSIOLOGIE

4. Les sensations vertigineuses et céphalées d’origine cervicale

4.1. Mécanisme des sensations vertigineuses d’origine cervicale

L’étude de YAHIA et coll. (2009) permet d’expliquer le lien entre la survenue des sensations vertigineuses et d’instabilité posturale lors de cervicalgies chroniques lors d’un examen neurologique normal.

Des récepteurs proprioceptifs cervicaux, situés dans la partie haute de la colonne cervicale au niveau des capsules articulaires postérieures et des muscles péri-vertébraux, renseignent les centres de l’équilibre sur la position du rachis cervical et de la tête.

Un dysfonctionnement articulaire ou une contracture musculaire à ce niveau peut perturber ces récepteurs, altérer le message proprioceptif de la coordination entre le vestibule*, les yeux et les cervicales et produire un schéma moteur désorganisé. Des troubles de la posture associés à des sensations vertigineuses ou d’instabilité peuvent être visibles lors de cervicalgies chroniques (en rapport avec de l’arthrose cervicale ou un dérangement intervertébral mineur). Lors d’explorations vestibulaires normales, une lésion ou un dysfonctionnement de ces récepteurs proprioceptifs contribuent à des troubles posturaux. Ces données évoquent l’origine cervicale de certaines sensations vertigineuses ou de déséquilibres si les lésions incriminées se situent au niveau du rachis cervical haut. Une céphalée d’origine cervicale est fréquemment associée chez ces patients [32]. Donc, certaines sensations vertigineuses ou de déséquilibres peuvent être d’origine cervicale si les lésions incriminées sont retrouvées au niveau du rachis cervical haut.

4.2. Mécanisme de la céphalée d’origine cervicale

Les céphalées cervicogèniques représentent 15 % des céphalées environ, soit 2,5% de la population. Cliniquement, elles sont uni ou bilatérales, augmentées lors de la mobilisation du cou et liées à des pathologies de la charnière cervico-occipitale telles que : étirement des premières racines cervicales, des ligaments, contracture des muscles cervico-céphaliques [36].

Les céphalées cervicogèniques sont définies par la projection de la douleur de la région cervicale au niveau de la tête. BOGDUK N. et GUIRK B (2007) les expliquent par des connections neuronales entre les voies sensitives du rachis cervical et celles du nerf trijumeau.

Cette connexion est présente au niveau du noyau trigémino-cervical (sous-noyau caudal), localisé dans le tronc cérébral. Au niveau de ce noyau sont présentes des anastomoses entre les voies sensitives du nerf trijumeau V1 et des trois nerfs spinaux cervicaux supérieurs. Ainsi, des nocicepteurs présents sur les structures cervicales vont envoyer l’information douloureuse vers le noyau trigémino-cervical. Cet influx nociceptif remonte ensuite du noyau vers les voies sensitives du nerf ophtalmique, innervant le tiers supérieur de la face.

Cette connexion nerveuse permet d’expliquer deux grands types de douleur projetée d’origine cervicale : la douleur cervico-cervicale et la douleur cervico-trigéminale. Respectivement, la première est perçue dans les régions innervées par les nerfs cervicaux : au niveau de l’occipital et de la région cervicale haute, et la deuxième est perçue dans les régions crâniennes innervées par le nerf trigéminal : les régions frontale, orbitale ou pariétale du crâne [33].

De plus, les neurologues NGUYEN J.-P. et MAGNE C. (2009) rappellent que le nerf trijumeau par ses branches terminales participe en grand partie à l’innervation des méninges. Ces étroites relations entre le noyau trigémino-cervical et les nerfs cervicaux C1, C2 et C3 expliquent mieux qu’une irritation ou une lésion du nerf trijumeau puisse être à l’origine de douleurs faciales irradiant vers la région occipitale. De même, une irritation du nerf occipital (C2) peut entrainer des douleurs irradiant vers la région facial, le plus souvent fronto-orbitaire [35].

D’après NAVEZ M. (2007), elles sont à distinguer de la névralgie d’Arnold due à une compression dans son trajet du nerf occipital (C2). Le nerf occipital ou nerf d'Arnold est un des principaux nerfs émanant des branches postérieures des nerfs spinaux C2. Son territoire sensitif est la région cervio- occipitale. La névralgie d’Arnold représente 8,7 % des névralgies d’origine cervicale. Le nerf est souvent fragilisé par un traumatisme antérieur direct ou indirect du rachis cervical. C’est une céphalée paroxystique unilatérale d’origine cervicale. Les causes sont multiples et le diagnostic est établit qu’après avoir éliminé les autres causes de céphalées [36].

D’après BONNEFOY et coll. (2013), l’origine mandibulaire (V3) peut expliquer le cercle vicieux qui s’installe en cas de dysfonctionnement de cette articulation : la douleur entretient le spasme des muscles masticateurs qui, lui-même, accentue celle-ci [7].

Cependant cette théorie sur la douleur longtemps développée a été démontée par les travaux de LUND et DONGA (1991). D’après ces derniers, la douleur provoquerait plutôt une inhibition des muscles agonistes et une excitation des muscles antagonistes afin de créer une sorte d’attelle fonctionnelle permettant la guérison.

Selon une vue plus globale, l’entretien de la douleur implique plusieurs filtres supra-spinaux, extra- pyramidaux, hypothalamique et hypophysaire et surtout corticaux, intégrant l’expérience de la douleur, l’émotion, le stress dans sa perception finale [154].

De plus, le nerf auriculo-temporal participe aussi à l’innervation sensitive de la fosse temporale et de l’oreille externe ce qui implique que les patients qui présentent une dysfonction de l’ATM (par rétroposition du processus condylaire provoquant une compression de la zone bilaminaire par exemple) présentent également souvent des otalgies et/ou une céphalée temporale [7].

Une douleur perçue au niveau céphalique peut être projetée et trouver sa source dans le rachis cervical haut (C2-C3). Ces relations ont été regroupées au sein d’un système nommé système trigémino-cervical.