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Chapitre 5 : Discussion

5.1 Parallèle entre les résultats et les écrits scientifiques

5.1.1 Connaissances des visiteurs de l’arrondissement historique du Vieux-Québec quant au patrimoine mondial de l’UNESCO

Cette étude s’intéresse notamment aux connaissances des visiteurs de l’arrondissement historique quant au terme « patrimoine mondial de l’UNESCO », à l’inscription du Vieux-Québec sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO et aux critères ayant permis au Vieux-Québec d’être inscrit sur la liste. Les résultats obtenus dans cette recherche corroborent la plupart des écrits scientifiques. En effet, cette étude permet de dire que 64,9% des participants connaissent le terme « patrimoine mondial de l’UNESCO ». Cette donnée corrobore l’étude de Poria et al. (2011) où 61,3% des participants disaient être « familier » avec le terme. De plus, l’étude de Florent (2001) rapporte également que 90% des participants savent qu’il existe une liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. D’un autre côté, dans l’étude de Yan et Morrison (2008), 58,4% des participants ne savent pas ce qu’est le patrimoine mondial de l’UNESCO. Il faut garder en tête que ces données ont été colligé sur des sites différents (naturels et culturels) ce qui fait qu’on ne peut pas nécessairement affirmer que la majorité des visiteurs connaissent le terme « patrimoine mondial de l’UNESCO ». Dans les différentes études mentionnées, on ne s’intéresse pas ou peu à l’origine des participants qui connaissent le terme, mais on sait toutefois qu’elle varie d’un site à l’autre (Adie et Hall, 2017). Dans notre cas, il existe une différence significative entre l’origine des participants et cette connaissance. En effet, les Français ont environ 18 fois plus de chance de connaître le terme que les Québécois. Les participants originaires des États-Unis ou d’ailleurs dans le monde ont respectivement environ 2 fois et 8 fois plus de chance de connaître le terme que les participants québécois. On pourrait penser que les visiteurs français ont beaucoup plus de chance de connaître le terme puisqu’il y a davantage de sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en France qu’au Canada ou même aux États-Unis. De plus, dans cette étude, les participants classés

comme résidant « ailleurs » dans le monde habitent majoritairement en Europe (hors France) et ont également plus de chance de connaître le terme que les Québécois et les États-Uniens. De ce fait, on peut faire le même constat : il y a davantage de sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en Europe qu’en Amérique du Nord, ce qui fait que ces visiteurs originaires de ces pays les connaissent plus ou connaissent davantage la signification de cette mention.

En ce qui concerne le fait de savoir que l’arrondissement historique du Vieux-Québec est inscrit sur la liste, on remarque que la majorité affirme le savoir (67,7%). Cette donnée corrobore d’autres études scientifiques, où l’on remarque que les visiteurs savent également qu’ils sont sur un site inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (King et Halpenny, 2014; King et Prideaux, 2010; Dewar et al., 2012). Par contre, peu d’études mentionnent si les participants l’ont appris avant d’arriver sur le site ou directement sur place. Dans le cas de cette étude et de celle de King et Halpenny (2014), une majorité l’a appris avant d’arriver (84,4% et 56% respectivement). On pourrait croire que les participants savent qu’ils visitent un site inscrit sur la liste puisqu’ils font des recherches avant de visiter l’endroit et l’apprennent par différents prescripteurs.

On pourrait également croire que, puisqu’ils l’apprennent avant d’arriver sur le site, les visiteurs ont été influencés par la mention. Toutefois, la plupart des études, incluant celle-ci, mentionnent que les visiteurs affirment ne pas être ou être très peu influencés par la mention du patrimoine mondial de l’UNESCO lorsqu’ils choisissent une destination ou un site à visiter (Florent, 2011; Yan et Morrison, 2008; King et Prideaux, 2010; Marcotte et Bourdeau, 2006). Toutefois, dans deux des trois sites étudiés par Florent (2011), 70% des visiteurs de chacun des sites affirment avoir été influencés par la mention. Dans la présente étude, on remarque également que les participants sont plutôt neutres à l’égard de l’influence de la mention du patrimoine mondial de l’UNESCO sur leur choix de destination ou de site à visiter. De plus, plus du tiers des participants disent qu’ils n’ont pas été influencés par cette mention lorsqu’ils ont choisi Québec comme destination. Comme Florent (2011) le mentionne, les sites ayant une notoriété avant même d’être inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO n’ont pas nécessairement besoin de cette mention pour attirer les visiteurs. De ce fait, on peut croire que l’arrondissement historique du Vieux-Québec est déjà reconnu pour son importance historique, ce qui fait que les visiteurs ne sont pas influencés nécessairement par la mention du patrimoine mondial de l’UNESCO, mais

davantage par son importance patrimoniale en soi. Aussi, selon Poria et al. (2011), plus il y aurait de sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO à la destination envisagée par le visiteur, plus celui-ci serait intéressé à la visiter. Plus la destination aurait des sites inscrits sur la liste, plus les visiteurs auraient notamment une évaluation globale positive de la destination (Marcello & Guizzaedi, 2019).

Enfin, très peu d’écrits scientifiques ont mesuré l’état des connaissances des visiteurs en lien avec les critères d’obtention. En fait, l’étude de Moscardo et al. (2001) ainsi que celle de Poria et al. (2013) concluent que les participants ne connaissent pas les critères d’obtention de la mention pour les sites étudiés. On peut en venir à la même conclusion avec les visiteurs de l’arrondissement historique du Vieux-Québec. En effet, seulement 15 personnes sur 161 en connaissent les critères. On constate alors que même si les visiteurs savent que le site qu’ils visitent est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, ils n’en connaissent pas nécessairement les critères. Ainsi, on pourrait penser qu’ils ne sont peut-être pas influencés par cette mention puisqu’ils ne savent pas exactement en quoi elle consiste, ni quels sont les critères pour lesquels la destination ou le site a obtenu la mention.

5.1.2 Garanties et perceptions des visiteurs quant au patrimoine mondial de l’UNESCO Cette recherche s’intéresse également à la perception des visiteurs à l’égard du patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle vise notamment à comprendre ce que garantit et ce que reflète la mention dans le cadre de l’expérience touristique vécue dans le Vieux-Québec. D’autres études ont également interrogé les participants sur le sujet. Les visiteurs pensent généralement que la mention du patrimoine mondial de l’UNESCO garantit la protection et l’authenticité du site (Dewar et al., 2012; Poria et al., 2013). On peut faire le même constat avec les visiteurs de l’arrondissement historique du Vieux-Québec. En effet, 77,5% des participants disent que l’UNESCO garantit la protection des sites et 68,8% des participants sont en accord avec le fait que l’UNESCO garantit l’authenticité des sites. Dans l’étude de Poria et al. (2013), les visiteurs mentionnent également que le patrimoine mondial de l’UNESCO garantit l’importance majeure de sa valeur universelle pour l’humanité. À cet égard, on remarque auprès des visiteurs de l’arrondissement historique du Vieux- Québec qu’environ 50% des participants disent être en accord avec la garantie du « caractère universel du site ». En d’autres mots, les visiteurs pensent également que la mention du patrimoine mondial garantit le fait que le site ait une importance mondiale. On remarque également que, pour

les visiteurs du Vieux-Québec, le patrimoine mondial garantit la beauté des sites, ce qu’on ne retrouve pas dans les autres études. On remarque aussi dans l’étude de Florent (2011) que les participants pensent que le patrimoine mondial est un gage de qualité, d’exceptionnalité, de prestige et d’unicité. On peut alors faire le lien avec notre étude. En effet, 48,2% des participants disent être en accord avec la garantie d’un lieu d’exception. On peut alors constater qu’en plus de connaître le terme « patrimoine mondial de l’UNESCO », les visiteurs savent à quoi sert la mention puisqu’elle garantit effectivement la protection des sites ainsi que de l’authenticité de ceux-ci. De plus, les sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO doivent avoir une importance pour l’humanité.

En ce qui concerne la manière dont le patrimoine mondial de l’UNESCO se reflète dans l’expérience touristique vécue sur place, les résultats obtenus corroborent les écrits scientifiques. Dans l’étude de Poria et al. (2013), les participants affirment que la mention se reflète dans l’expérience touristique par des prix plus élevés. Les visiteurs du Vieux-Québec sont également en accord avec cette affirmation. En effet, l’énoncé « prix abordables » est évalué de façon plutôt neutre et en désaccord. On remarque également que les visiteurs ont l’impression que, puisque le site qu’ils visitent est inscrit sur la liste, ils auront accès à de l’information historique (Poria et al., 2013). Ils s’attendent donc à recevoir de l’information une fois sur place quant à l’histoire du lieu et sur la mention du patrimoine mondial de l’UNESCO. Dans cette étude-ci, on remarque également que les visiteurs s’attendent à ce que la mention du patrimoine mondial de l’UNESCO influence la propreté des lieux.

5.1.3 Prescripteurs et acquisitions de ces connaissances

Aucun écrit scientifique n’a été trouvé en lien avec le moyen d’acquisition des connaissances à l’égard du patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est un point important à connaître pour les acteurs touristiques puisque c’est une variable contrôlable. En effet, on peut faire des changements au niveau de l’information disponible aux visiteurs afin qu’ils en aient davantage. Les musées liés aux sites du patrimoine mondial de l’UNESCO sont des exemples concrets favorisant le partage des connaissances en lien avec l’histoire et le patrimoine de la région (UNESCO, 2019). Cette étude nous aura notamment permis de faire quelques constats à ce sujet.

En premier lieu, les visiteurs ayant appris que le Vieux-Québec est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO par l’entremise du site web de l’Office de tourisme de Québec sont en accord avec les deux libellés « prix abordables » et « visibilité de l’UNESCO ». En ce qui concerne les prix, on pourrait croire que les visiteurs ayant été sur le site de l’Office du tourisme de Québec ont acquis des connaissances quant aux coûts qu’ils auront à débourser durant leur séjour. De ce fait, puisqu’ils auront déjà une idée des prix, ils ne s’attendront pas nécessairement à ce que ce soit dispendieux ou plus dispendieux. D’un autre côté, pour la visibilité de l’UNESCO, on peut croire que puisqu’ils apprennent sur le site web de l’OTQ que l’arrondissement historique du Vieux-Québec est inscrit sur la liste, ils pensent peut-être qu’ils auront plus d’information une fois sur place ou qu’ils en verront au moins le symbole de désignation.

En deuxième lieu, les personnes ayant appris que le Vieux-Québec fait partie de la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO par l’entremise d’un guide d’information touristique pensent que cette mention garantit le développement durable ainsi que le caractère universel du site. On peut donc penser que les guides d’information touristiques diffusent ces informations en lien avec le patrimoine mondial de l’UNESCO. D’un autre côté, lorsque les gens l’apprennent par un guide d’information touristique, ils sont en désaccord avec « visibilité de l’UNESCO », « densité agréable de touristes » et « prix abordables ». Pour ce qui du désaccord avec « densité agréable de touristes », cela laisse croire qu’ils savent déjà, avant de visiter le Vieux-Québec, qu’il s’agit d’un site prisé par les touristes. De plus, Poria et al. (2011) affirment que les visiteurs peuvent percevoir les sites du patrimoine mondial de l’UNESCO négativement puisqu’ils savent que ces sites seront davantage bondés de visiteurs. Il est important de conscientiser les acteurs touristiques quant aux effets négatifs et aux évaluations plus négatives des visiteurs puisqu’ils peuvent influencer les perceptions des visiteurs sur l’ensemble de la destination qui héberge le site en question (Marcello & Guizzardi, 2019).

En dernier lieu, les personnes ayant appris que le Vieux-Québec est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO par l’entremise d’une visite guidée sont en accord avec le fait qu’il y a une présence de résidents sur les lieux. On pourrait alors penser que dans les visites guidées, les guides interprètes parlent de l’histoire des lieux, de l’architecture, mais également des

résidents et de la vie quotidienne dans le quartier. Les visiteurs auraient donc davantage conscience de la présence des résidents dans le Vieux-Québec.

Dans une perspective de développement durable du tourisme, qui est également un des objectifs liés à la Convention du patrimoine mondial, l’offre de produits et de gastronomie locaux, la présence des résidents, une densité agréable de visiteurs sur le site, sont des éléments à considérer afin d’assurer la pérennité du site.

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