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P HILADELPHIA E MPOWERMENT Z ONE (EZ) AND R ENEWAL C OMMUNITY (RC)

Personne rencontrée :

Jim Flaherty, Renewal Community Senior Manager

L’Empowerment Zone de Philadelphie a été créé en 1994, à la suite d’un appel d’offres fédéral. Comme il s’agissait d’une Empowerment Zone intercommunale (et inter-étatique), la ville voisine de Camden (New Jersey) est également concernée par le dispositif. Celle de Philadelphie couvre trois territoires non contigus, définis par des critères de pauvreté, mais aussi en fonction de leur potentiel de re- développement. Il s’agit en effet de territoires anciennement industrialisés, autrefois prospères. L’EZ était prévue pour une durée de dix ans. A l’instar d’autres sites, elle a été prolongée d’une année pour permettre de solder le reliquat de la subvention fédérale de 100 millions de dollars. Le dispositif prévoit également des avantages fiscaux en faveur des entreprises localisées dans la zone.

Le projet stratégique a été élaboré dans le cadre d’une coopération entre les organisations de quartier et la municipalité. Dans chacune des trois aires de l’EZ de Philadelphie, une instance appelée

Community Trust Board assure le pilotage du projet dans la durée. Ces instances sont composées de

représentants des quartiers (organisations communautaires, entreprises locales, habitants) et collaborent avec la ville.

Transversale aux trois territoires de l’EZ, une « Unité de Développement Economique » (Economic

Development Unit) (EDU) a été créée pour maximiser le potentiel de création d’emplois. Cette Unité a

joué un rôle de coordination et de catalyseur des ressources mobilisables au sein des différentes agences publiques et privées intervenant à Philadelphie en matière de développement économique, de commerce, d’emploi et de formation. L’EDU sert de point de jonction entre les intérêts des entreprises et des quartiers représentés par les Community Trust Boards. Elle informe les entreprises, sur les avantages fiscaux fédéraux auxquelles elles peuvent être éligibles dans le cadre de l’EZ, mais aussi sur les avantages offerts par la municipalité ou l’État. Dans le cadre d’un guichet unique (One-Stop), elle apporte son expertise technique aux entreprises pour faciliter le démarrage, l’expansion ou la rétention d’activités. L’EDU représente aussi l’intérêt des quartiers dont elle assure la promotion vis-à-vis des entreprises extérieures qui pourraient trouver avantage à s’y implanter. Plus largement, l’EDU est compétente pour élaborer des stratégies de développement économique et de valorisation foncière, fondées sur le principe de développement durable.

En matière commerciale, l’expérience la plus notable est celle de Girard Avenue, l’une des principales artères commerciales de Philadelphie, qui traverse les trois aires de l’EZ. En 2000, encouragée par l’autorité locale en matière de transports qui souhaitait rouvrir une ligne de tramway le long de cet axe, l’Empowerment Zone a réuni 40 organisations chargées de coordonner un projet de revitalisation commerciale et de le plaider auprès de différents financeurs. La Girard Avenue Coalition a rapidement été soutenue par la Local Initiatives Support Corporation (LISC) de Philadelphie123 qui a apporté son

aide technique et financière. Grâce à ce soutien, la Coalition a mis sur pied une équipe opérationnelle et sécurisé les fonds nécessaires pour engager des études foncières, d’aménagement urbain et de marketing. Des entretiens approfondis ont été menés auprès des membres de la coalition, de chefs d’entreprise et d’habitants. De ce travail d’étude est sorti un document stratégique proposant une stratégie de développement globale (incluant par exemple la problématique des déplacements).

Au niveau des quartiers, les Community Trust Boards ont créé trois organismes de prêts. Ces « Community Lending Institutions » ont été capitalisées à hauteur de 30 millions de dollars par les Community Trust Boards. L’argent remboursé par les emprunteurs est systématiquement réinvesti dans un dispositif appelé « Neighborhood Funding Stream ». Ce mécanisme a permis d’assurer l’auto- suffisance du dispositif, devenu apte à survivre à l’extinction du programme EZ. En mars 2004, 164 prêts avaient été consentis, pour un montant de 30 millions de dollars environ, auquel s’est ajouté un effet levier de près de 80 millions de dollars de fonds publics et privés. Ces prêts ont contribué à créer ou préserver 1 159 emplois destinés aux résidents de la zone. Outre une gamme de produits et de services financiers aux entreprises, les Community Lending Institutions interviennent aussi dans les domaines foncier, immobilier et des équipements.

Afin de faciliter l’accès des habitants aux opportunités d’emploi, l’EDU coopère avec les agences compétentes. Les principales réalisations ont porté sur : l’information des demandeurs d’emploi dans le cadre d’une banque de données sur l’emploi (Job Bank), en privilégiant les emplois durables ; la mise en relation des entreprises avec les structures qui proposent des formations « taillées sur mesure » (Customized Job Training), notamment la Philadelphia Workforce Development Corporation qui coordonne des points d’accueil appelés Career Links (cf. infra) ; la mobilisation enfin des ressources disponibles dans le cadre de la réforme de l’aide sociale (welfare-to-work).

L’approche des EZs étant globale, elle intègre, au-delà des seules actions de nature économique, de nombreuses initiatives en matière de santé, d’éducation, de sécurité, etc. C’est une différence importante avec le dispositif fédéral promu par l’administration Bush, appelé « Renewal Community ». Quarante sites bénéficient de ce programme aux USA, dont Philadelphie. Comme les Empowerment

Zones, les Renewal Communities sont sélectionnées au terme d’une compétition nationale. Celle de

Philadelphie, adjacente à l’Empowerment Zone, comprend 200 000 habitants (bien davantage que l’EZ qui était définie à partir de seuils de pauvreté plus élevés). Les avantages accordés aux entreprises y sont plus importants (il y a en particulier une exonération complète d’impôt sur les sociétés), mais l’incitation à embaucher des habitants est moins forte (1 500 au lieu de 3 500 dollars d’exonérations annuelles de charges fédérales par emploi). Alors que le gouvernement fédéral demandait des bilans détaillés aux structures de pilotage des Empowerment Zones, l’évaluation fédérale des Renewal

Communities est succincte. Localement, la municipalité ne parvient pas à savoir avec précision

combien d’emplois bénéficient aux habitants dans le cadre de ce dispositif. « C’est une politique très républicaine. On dit aux entreprises : prenez l’avantage fiscal et on ne leur demande rien d’autre ! », estime le responsable du programme à Philadelphie.