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Fiche signalétique

4.2. Montholon « Le Bois des ferriers » : acquisitions LIDAR et datations radiocarbone sur les amas de scories

4.2.2. Périodisation d'après les dates radiocarbone

Marion Berranger

De nouvelles datations radiocarbone ont été réalisées en 2019 sur les amas prospectés ces deux dernières années dans le secteur du Bois des Ferriers. Elles permettent de présenter une première synthèse chronologique de l’organisation des activités sidérurgiques pour cette zone. Nous renvoyons aux rapports antérieurs (Berranger dir. 2017 et 2018) pour le détail des travaux de terrain eff ectués ces dernières années.

Nous disposons ainsi de 42 datations radiocarbone (plus une date antérieure aux activités sidérurgiques) issues de 17 sites (fi g. 36). Six amas ont été sondés, ce qui permet un positionnement en stratigraphie de plusieurs de ces dates. Les autres dates proviennent de prélèvements au sein de scories visibles en surface de onze autres amas.

Les résultats des datations permettent de reconnaître une activité sidérurgique débutant dans

le courant des Ve-IIIe s. av J.-C. et se poursuivant sans hiatus perceptible par la méthode

radiocarbone jusqu’au début du IVe s. ap. J.-C (fi g. 37). Une nouvelle période d’activité est

ensuite documentée pour les XIe-XIIIe s. ap. J.-C.

L’amas le plus ancien correspond au site 89.003.023, situé au lieu-dit « Les Boulasseaux ». Deux dates radiocarbone issues de scories prélevées en surface sont cohérentes entre-elles (481-

257 CalBC et 390-205 CalBC). Il s’agit d’un amas dont les contours sont diffi ciles à cerner en

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Rapport d’activité 2019, PCR «La sidérurgie en Bourgogne-Franche-Comté avant le haut-fourneau. Organisation et circulation des productions»

Figure n°37. Secteur de Montholon. Localisation des amas de déchets par phase.

Il semble néanmoins prendre la forme d’une butte d’environ 25 m de diamètre et d’environ 80 cm de hauteur. Le sédiment encaissant varie du rouge à un sédiment plus foncé.

Un groupe de trois sites assez diff érents se rattache à la période suivante qui s’étendrait sur

les IIIe-Ier s. av. J.-C. Il s’agit des amas 89.003.008 (181-1 CalBC), 89.163.002 (170 CalBC- 4

CalAD) et des strates inférieures du site 89.003.020 (156 CalBC-53 CalAD). Le site 89.003.008

est un amas de très petite taille, couvrant une surface de 150 m² (V estimé : 105 m3), avec une

faible densité de scories visibles au sein d’un sédiment rougeâtre. L’amas 89.163.002 est quant

à lui un site bien plus étendu, couvrant environ 6000 m² (V estimé : 15 000 m3), et dont les

scories, plus fréquentes, sont également prises dans un sédiment rouge.

Les strates anciennes de l’amas 89.003.020 n’ont été perçues qu’en coupe, ce qui ne permet pas de caractériser ses caractéristiques topographiques. Son intérêt particulier réside dans la documentation d’une continuité entre une activité sidérurgique probablement débutée à la fi n de la Tène et se poursuivant après la conquête romaine.

La majorité des sites, soit sept amas (89.003.001, 89.003.003, 89.003.004, 89.003.005, 89.003.006, 89.003.007, 89.003.020) et un niveau de sol scellé sous l’amas 89.003.009 peuvent

être datés de la période suivante, correspondant aux Ier – milieu du IIIe s. ap. J.-C. (intervalle

compris entre 3 CalAD – 246 CalAD au plus large). Les strates supérieures de deux sites sondés, 89.003.001 et 89.003.003, documentent une activité qui se poursuit sur la période suivante, soit

jusqu’au début du IVe s. ap. J.-C. (intervalle calibré compris entre 126 CalAD et 326 CalAD).

Quatre autres sites sont également à attribuer à cette dernière période : 89.473.001, 89.473.003, 89.003.002, 89.003.009. L’amas 89.003.022 se rattache également à la période antique, mais il ne peut être daté plus précisément entre 9 CalAD et 382 CalAD.

L’ensemble des amas attribués à la période antique présentent des points communs en termes de

topographie (fi g. 38). Il s’agit d’amas volumineux (V. estimé compris entre 250 m3 et 200 000

m3,moyenne à 17 000 m3). Ces accumulations dépassent généralement 2 m de hauteur et

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Rapport d’activité 2019, PCR «La sidérurgie en Bourgogne-Franche-Comté avant le haut-fourneau. Organisation et circulation des productions»

La plupart d’entre eux ont été partiellement détruits lors des exploitations contemporaines. Il n’a pas été possible de prélever de charbons sur les sites 89.003.018 et 89.003.019, quasiment intégralement détruits par les travaux récents. Leur positionnement par rapport aux amas antiques, leur extension et les volumes de déchets encore conservés permettent néanmoins de les rattacher à la même époque. L’énorme amas 89.473.002 dont le volume est actuellement

estimé à 200 mille m3 (des relevés LiDAR permettront de préciser ces chiff res) est probablement

à rattacher à cette même période.

Trois de ces amas intacts (89.003.002) ou peu perturbés (89.473.001 et 89.473.002) présentent des caractéristiques topographiques comparables. Il s’agit d’accumulations de plan à peu près ovale éventuellement un peu plus large à une extrémité. Le profi l d’accumulation de l’amas poursuit une pente régulière depuis le sol jusqu’à une hauteur maximale atteinte à l’autre extrémité. A cet endroit la dénivellation est forte et abrupte et correspond probablement à la zone à partir de laquelle les derniers déchets ont été rejetés. Cette organisation suggère une organisation raisonnée des modalités de circulation et d’accumulation des déchets au sein de tas se développant progressivement en longueur et en hauteur. A ce stade de l’étude, il n’est pas possible de préciser la dynamique de constitution des amas les plus étendus. La plupart semblent constitués de plusieurs « tas » accolés. Les sites 89.003.005 et 89.003.020 se présentent actuellement comme de vastes plateformes résultant d’un nivellement général intervenu lors des épisodes d’exploitations récents.

L’analyse des stratigraphies met en évidence une même gestion des déchets. Les niveaux de rejet de scories et de destruction de four se retrouvent généralement en strates distinctes. Les amas les plus épais, comme le site 89.003.001 sont ainsi constitués d’une superposition de ces couches où alternent fragments de scories et niveaux de destruction de fours. Ces stratigraphies permettent de restituer des épisodes successifs de destruction et de reconstruction des fours.

L’exploitation sidérurgique s’interrompt dans la zone étudiée au début du IVe s. ap. J.-C. Elle

reprend après une longue période d’interruption aux XIe-début XIIIe s. (1030 CalAD -1222

CalAD). Un seul site (89.003.010) est daté de cette période. Ses caractéristiques topographiques le diff érencient des amas antérieurs. Il couvre une surface réduite à environ 40 m² pour un volume évalué à 7 m3 (fi g. 38). Il s’agit d’un amas de très petite taille, de faible élévation, livrant

une forte densité de scories mêlées à un sédiment très charbonneux. Un amas « jumeaux » (89.003.011) situé à quelques mètres est très probablement à rattacher à cette même période. Le site 89.003.010 a été sondé (Berranger dir. 2018 p. 60-63) et permet d’accéder à une stratigraphie d’une cinquantaine de centimètres d’épaisseur. Contrairement aux amas antiques, seul un niveau constitué principalement de fragments de scories, et dans une moindre mesure de fragments de parois, a été documenté. Le sondage a également permis de déterminer l’extension du site sur une surface plus vaste que présumée à partir des seuls repérages de surface.