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Les OS : un organisme imposé par autrui

Chapitre 5 – Résultats

5.2 Pourquoi choisir les OS ?

5.2.2 Les OS : un organisme imposé par autrui

Comme nous allons le voir dans les paragraphes qui suivent, les athlètes vivant avec une DI se font parfois imposer la décision de prendre part aux OS. Bien que les participants de

cette étude se disent heureux d’y participer, c’est souvent les préposés ou les parents d’un athlète qui donnent priorité aux OS au lieu d’un organisme sportif neuro-typique. À la limite, ces proches peuvent même être aussi responsables de la sélection de l’activité sportive en soi.

5.2.2.1 Choix imposé par les préposés des foyers de groupe

Par le biais de nos entrevues, nous nous sommes rendues compte que les participants de cette étude ne sont pas toujours responsables du choix de leurs activités sportives. En effet, plusieurs des athlètes interviewés relatent qu’ils ne sont pas toujours inscrits à l’activité sportive initialement désirée.

J’ai décidé que je voulais jouer au hockey ou au soccer. […] Alors, [mes préposés m’ont inscrit] à la ringuette. C’est un peu comme le hockey de salle, mais c’est joué avec un bâton et un anneau. Jacob

C’est ma préposée [qui choisit mon activité sportive à chaque année]. Sylvie Parfois [je choisis mon activité sportive], mais pas cette fois-ci. Peut-être que la prochaine fois, c’est moi qui la choisirai. Ils [les préposés] veulent vraiment m’aider. Les préposés où j’habite aiment m’aider. Mélissa

Dans le contexte d’un foyer de groupe, les adultes vivant avec une DI dépendent grandement du soutien de leurs préposés. À l’égard de leurs activités sportives, ce sont souvent eux qui, effectivement, s’assurent que les athlètes soient inscrits aux OS. Or, ceci découle du fait que la majorité des participants de l’étude n’ont pas accès à un ordinateur et qu’ils ne savent pas utiliser Internet. D’après les données recueillies, il est difficile d’identifier si les préposés des foyers de groupe parcourent l’ensemble des options sportives à la disposition des résidents du foyer de groupe, y compris les activités sportives neuro-typiques. Néanmoins, il est évident que les préposés sont grandement responsables

de l’inscription des athlètes vivant dans un foyer de groupe. Ainsi, sans le soutien de leurs préposés, plusieurs des participants de cette recherche seraient incapables de prendre part à une activité sportive. À cet effet, Jacob nous apprend que le sport est employé comme une récompense à l’intérieur d’un système de renforcement positif. C’est ainsi qu’il explique que ses préposés ne lui permettent pas d’assister à sa ligue de quilles s’il ne se présente pas au travail :

Ben, si je ne vais pas travailler, je n’ai pas le droit de jouer aux quilles. Jacob Bien que ce système de renforcement positif puisse paraitre approprié pour un enfant, il est important de souligner que ce type de système est rarement, sinon jamais, imposé à un adulte dans le contexte du loisir.

Si nous nous questionnons au sujet de le rôle des préposés concernant l’inscription des athlètes vivant avec une DI au OS, c’est parce qu’il est coutumier que tous les résidents d’un même foyer de groupe participent à la même activité sportive (McConkey & Collins, 2010), cela est le cas pour trois participants de cette recherche. Bien que les athlètes aient des capacités sociocognitives différentes, cette stratégie est souvent mise en place en raison du fait qu’il y a un manque d’employés au sein des foyers de groupe. Par ailleurs, l’ensemble des participants de cette étude a intégré une ligue de quille.

Certes, les adultes vivant avec une DI se fient grandement à leurs préposés pour répondre à une grande variété de leurs besoins. À titre d’exemple, c’est par le biais de sa préposée que Nathalie, qui se définit comme une femme bisexuelle, s’est trouvée une petite amie et que Jacob a espoir qu’il travaillera un jour dans son emploi de rêve.

J’avais des boyfriends mais là j’en voulais plus! J’ai parlé à ma préposée [pour lui dire que] ça fait longtemps [que je me cherche une petite amie]. Le

lendemain elle me rappelle pour me dire « j’ai trouvé une fille pour toi! ».

Nathalie

Je voudrais travailler pour une maison funéraire. [Ma préposée] m’a dit qu’elle s’y renseignerait en mon nom. Jacob

En dépit du fait que quelques participants nous ont mentionné qu’ils sont déçus de ne pas être inscrits à l’activité sportive de leur choix, aucun d’entre eux ne nous mentionne en avoir parlé avec leurs préposés :

Ils [les préposés] s’assurent de ma sécurité. Mélissa

Être un adulte, c’est écouter ce que nous disent les préposés. Sylvie

5.2.2.2 Un choix imposé par les parents

Julien exprime qu’il voudrait faire du sport avec des personnes neurotypiques.

Toutefois, il nous informe que sa mère ne lui permet pas de s’éloigner des OS. Cette restriction mise en place, il doit par conséquent choisir son activité sportive parmi la liste d’activités proposées par les OS. Il nous explique que si sa mère favorise les OS, c’est parce qu’elle croit que ce sera plus facile pour lui. À ce propos, Julien adopte en partie la perception de sa mère, ce qui influence grandement sa pensée. Il nous explique que les OS sont en effet un choix plus approprié pour une personne avec une DI.

C’est plus mon genre [les Olympiques spéciaux]. J’ai des besoins spéciaux, donc je participe aux Olympiques spéciaux. Elle [ma mère] croit que ce sera plus facile pour moi. Julien

En plus de se faire limiter sa pratique sportive, Julien nous apprend que sa mère est également l’entraineuse de ses pratiques de ski alpin avec les OS.

C’est frustrant. Parfois je me fâche contre elle et cela [fait en sorte que ma pratique est] plus difficile. Julien