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Inclusion sociale : essai de définition

Chapitre 1 – Problématique

1.8 Inclusion sociale : essai de définition

Le concept d’inclusion sociale engendre une certaine ambigüité, car les chercheurs ne semblent pas encore unanimes quant à sa définition. Selon Simplican (2015), lorsque les auteurs emploient ce concept, ils le font la plupart du temps au moyen des notions de liens interpersonnels et de participation communautaire. Par ailleurs, l’utilisation de termes interchangeables pour définir l’inclusion sociale, tels qu’intégration sociale et capital social, ne fait qu’embrouiller la définition de ce concept (Bigby, 2012; Simplican et al., 2015).

Afin d’éviter cette confusion, il semble pertinent d’exposer la façon dont le concept d’inclusion sociale diffère de celui d’intégration sociale. Selon Philippe Weber (2004), le concept d’inclusion sociale est d’origine anglo-saxonne. Il est entré dans le vocabulaire francophone, car il suppose une alternative intéressante au concept d’intégration sociale.

En effet, d’après Weber (2004), le concept d’intégration sociale est perçu comme une

manière d’imposer une place fixe aux individus dans la société, tandis que celui d’inclusion sociale est plus dynamique, car il tient, davantage compte de la participation des acteurs.

Pour Billette et ses collaborateurs (2012), l’inclusion sociale est basée sur deux piliers : la reconnaissance et la redistribution des ressources financières. Ces facteurs font en sorte qu’une personne peut obtenir une reconnaissance sociale à part entière. Ainsi, tel que le souligne Billette (2012), « considérer à la fois la reconnaissance et la redistribution évite de tomber dans le piège d’un discours de fausse reconnaissance […] qui tient d’une instrumentalisation du besoin de reconnaissance et qui s’apparente davantage au mépris » (Billette et al., 2012, p. 19).

Quant à lui, Hall (2009) remarque dans sa recension des écrits portant sur l’inclusion sociale des personnes vivant avec une DI qu’afin d’atteindre le seuil d’inclusion sociale, une personne doit satisfaire aux critères suivants : une participation à des activités communautaires et culturelles, un maintien de relations réciproques et un sentiment d’appartenance (Hall, 2009). En accord avec ces trois dimensions, Martin et Cobigo (2011) ajoutent que l’inclusion sociale se déroule au sein de quatre domaines : la vie en société, la vie domestique, les liens interpersonnels et les établissements d’éducation et d’emploi (Martin & Cobigo, 2011, p. 277 - traduction libre).

D’autres chercheurs ont tenté de définir l’inclusion sociale des adultes vivant avec une DI au moyen de facteurs plus concrets et évaluables, c’est-à-dire par le biais d’approches quantitatives et qualitatives. Par exemple, à partir d’une approche quantitative, McConkey (2007) détermine le degré d’inclusion sociale d’une personne par « le nombre de contacts avec d’autres personnes et l’utilisation d’installations communautaires » (McConkey, 2007, p. 215). Il considère alors qu’une fréquence élevée de contacts avec d’autres

personnes est représentative d’une inclusion sociale réelle. Or, bien qu’une approche quantitative facilite la comparaison des réseaux sociaux de deux personnes différentes, elle néglige « la fonction et la qualité des liens, tout en ignorant la subjectivité des participants interviewés » (Clement & Bigby, 2009, p. 265 - traduction libre). Donc, une approche exclusivement quantitative servant à définir l’inclusion sociale peut-être incomplète (Clement & Bigby, 2009; O'Brien, 1989).

Pour donner une certaine fluidité au concept d’inclusion sociale, Abbot (2006) et Van Asselt (2015) privilégient, quant à eux, une approche qualitative. De son côté, Abbot (2006) propose que l’inclusion sociale se définit par « une participation sociale accrue et un réseau social répandu » (Abbott & McConkey, 2006, p. 275 - traduction libre). Asselt (2015) nuance ces propos en affirmant que l’inclusion sociale est plutôt « un sentiment d’appartenance vécu par le développement de liens sociaux significatifs par le biais d’activités sociales au sein de sa société » (Van Asselt et al., 2015, p. 37 - traduction libre).

O’Brien (1989) s’écarte des auteurs exposés ci-dessus en ignorant les composantes quantitatives ou qualitatives de l’inclusion sociale, et ce, dans le but de favoriser les dimensions de l’expérience humaine. D’après O’Brien (1989), une présence physique au sein de sa société n’est pas intrinsèquement synonyme d’inclusion sociale. Pour lui, une présence communautaire est la pierre angulaire qui mène à une inclusion sociale. Il suggère l’idée selon laquelle les rôles sociaux valorisés, le droit à l’autodétermination et l’occasion de faire des contributions sociales significatives peuvent mener à une inclusion sociale véritable. Selon O’Brien (1989), la société a le devoir de créer des espaces qui accueillent et valorisent ceux vivant avec une DI, tandis que les adultes ayant une DI devraient prendre

part à des activités avec des personnes neurotypiques. Son approche responsabilise donc à parts égales la société en générale et les adultes qui vivent avec une DI.

Pour notre recherche, nous retiendrons principalement l’idée que l’inclusion sociale est un processus dynamique qui doit mener à une participation réelle à la vie sociale et culturelle de la collectivité, c’est-à-dire un processus fondé sur la valorisation des forces et des aspirations des personnes vivant avec une DI afin qu’elles puissent passer de l’état d’ « invisibilité à [celui de] visibilité dans l’espace public » (Belhadj-ziane, Allaire, &

Morin, 2014, p. 26). Par ailleurs, notre définition s’inspire également de celle proposée par Billette et ses collaborateurs (2012). À cet égard, nous adhérons à l’idée selon laquelle les adultes vivant avec une DI ont droit à une « valeur sociale égale à la nôtre, et qu’on leur donne accès aux pouvoirs et aux ressources nécessaires pour que leur voix soit entendue et prise en compte » (Billette et al., 2012, p. 18). Bien que cette définition provienne de recherches menées avec des personnes âgées, nous pensons que les personnes vivant avec une DI doivent faire face à des défis relativement semblables, car à l’instar de ce groupe social, elles sont souvent exclues d’espaces de socialisation (Lavoie & Rose, 2012).

Ceci étant dit, à partir de ces conditions, quelles ressources pourraient être favorables à l’inclusion sociale des adultes qui vivent avec une DI ? La pratique d’une activité sportive pourrait-elle être un facteur propice à leur inclusion sociale ? Après tout, le sport a comme objectif de nous réunir, de nous épanouir, de nous instruire, de nous socialiser et de nous amuser. Pourquoi, alors, ne pas utiliser l’activité sportive comme un levier vers l’inclusion sociale de ces individus ?