• Aucun résultat trouvé

Inselbergs : littéralement "montagne-île", est un terme allemand crée par Bornhardt en 1900 passé dans le vocabulaire international pour désigner un relief résiduel rocheux et escarpé, surplombant les bas secteurs attenants. Inselgebirge quant à lui désigne ce type de relief mais assez étendu (groupe d’inserbergs) sur lequel s’organise un écoulement. Selon Beauvilain (1989), ce mot a été crée par Passarge* au pied des monts Mandara où se dressent ces massifs-îles. (après le traité germano-douala signé entre les allemands et les chefs

« Kamerun » le 12 juillet 1884 consédant le commandement de Kamerun (Douala actuel) aux allemands au grand dam des anglais, les premiers devaient passer par la suite à la conquête de l’ hinterland face à la rivalité des anglais venant du Nigéria et des français venant du

2.1.3.1. DES RELIEFS DE RESISTANCE

Les inselbergs peuvent correspondre simplement à des roches intrusives plus résistantes à l’érosion que les terrains encaissants. Tel est le cas des monts : Molkoa 1059 m ; Loulou 873 m ; Popologozom 1486 m ; Mousgoy 852 m ; Gouada-Gouada 1088 m ; Mouyengué 837 m ; Dza-Ourza 764 m ; Makassa 442 m ; Biwara 701 m ; Moutouroua 686 m ; Gadas 652 m ; Papata 673 m ; Tchevi 462 m ; Lara 402 m…. Ils sont constitués de granites intrusifs calco-alcalins porphyroïdes à macrocristaux de microcline de teinte rose et d’un assemblage grenu à biotite. On peut signaler aussi la « dent » de Mindif 769 m qui, contrairement à tous les autres est taillée dans de la syénite. Cette roche est à : microcline dominant, oligoclase, biotite pléochroïque, clinopyroxène, amphibole, apatite et zircon.

(Dumort et Peronne, 1966). Les inselbergs correspondant aux intrusions plutoniques ultimes’

c’est-à-dire après le Précambrien, ère des orogénèses de l’ensemble de la région sont, hormis le complexe syénitique de Waza 608 m plus au Nord, caractérisés par la présence de riebeckite, d’aegyrine et de biotite. Ce sont entre autres les hosserés Balda 619 m et le rocher de Gréa 669 m.

2.1.3.2. DES RELIEFS RESIDUELS:

Les inselbergs ruiniformes à l’instar des monts Mékiri 806 m, Tchéré 871 m, Mougodi 550 m .… sont tous constitués de granites hétérogènes à grains moyens à feldspaths blancs subporphyroïdes roulant à recristallisés, oligoclase moyen, microcline, biotite verte dispersée, sphène et épidote (Dumort et Peronne, 1966). Ces caractères physico-chimiques expliquent l’importante alimentation en arènes. Les compayres* (chaos de boules résiduelles) au-dessus de ces produits de désagrégation résultent d’un déchaussement des matériaux altérés par les eaux de ruissellement. Ces inselbergs constituent donc des reliefs résiduels de composition lithologique homogène ou bien de granularité différente de celle des formations mitoyennes.

On peut penser à une pénéplaine à surface structurale sur laquelle un réseau de failles surtout circulaires s’est mis en place. Du même coup, l’altération et l’érosion qui s’installeraient à partir de ces lignes de faiblesse mettraient en relief le centre qui n’était pas affecté au départ par des cassures. Ainsi, si jamais la roche est mise à nu par un soulèvement ou par décapage des formations, le processus de mise en relief ou d’individualisation est inévitable. Le sommet reste immunisé contre les agents météoriques, alors qu’à la base, les matériaux se désagrègent. Les sommets continueront à s’affûter par le biais du glissement des plaques rocheuses au bas de la pente à partir des diaclases courbes, comme c’est le cas actuellement dans les syénites du secteur de Mindif ou encore dans les granites du hosséré Boboyo 627 m.

Planche 1. Des dômes rocheux à piton arrondie. ( Djaoudé, 22 II 2000 et Mindif, 12-I-2003 ).

Le caste-kopjé* granitique (inselberg réduit de hauteur décamétrique, d’allure ruiniforme) de la photographie de dessus résulte d’une évolution par écaillage des flancs. Ce processus est le temoin d’une décomposition chimique très active sous un climat chaud et humide à partir d’un cryptofront d’altération.

Actuellement en période plus sèche, les blocs en équilibre instable continuent de rouler au bas de la pente. Les cannelures rayonnantes sur le versant vraisemblablement guidées par les fissures et fractures sont les traces du ruissellement ;

La « dent » de Mindif 769 m sur la photographie du bas est un pain de sucre syénitique de 300 m au-dessus d’une coupôle de 469 m qui s’ennoie sous les sédiments quaternaires.

Photographie 1: un versant à compayres. ( Tchakidjebé, 17-I-2003 ) La photographie montre :

- A l’arrière plan gauche un versant à boules granitiques et à droite quelques reliques de la « végétation primitive », constituée d’arbres exploitant les anfractuosités des roches ;

- Au plan médian, quelques cases en banco au toit de chaume rond près du knick, site privilégié de l’implantation des hameaux et villages grâce à la l’humidité de la dépression annulaire par suite de la concentration de l’eau à partir des versants ;

- Au premier plan, un pédiment à dos de baleine servant de séchoir à mil.

2.1.3.3. DES FORMES POSTICHES

Plus à l’Est, d’autres pointements sont des reliefs postiches* (surajouté au relief originel) de formations volcano-sédimentaires précambriennes de l’ensemble épimétamorphique. Ils sont constitués de schistes tufacés à fragments lithiques andésitiques ou dacitiques dans un fond de quartz. Ce sont les monts Makabay 427 m au S.O de Maroua ; le hosséré Mogazang 962 m et le Hosséré Maroua 722 m au Nord de la ville, ainsi que les collines de Gaviang 560 m et de Mouda 591 m surplombant le secteur arasé à l’Est de Moutouroua. Les versants en pierrailles, (régosoliques) témoignent d’un transport sélectif des particules fines par les eaux de ruissellement.

Photographie 2. Versant d’inselberg de roches volcano-sédimentaires. (Maroua, 25- II- 2000).

Le caractère régosolique du mi-versant supérieur témoigne des effets de la thermoclastie sur cette partie deshabillée de son manteau d’altérites.

Vers le bas de versant l’évolution se manifeste par une pédogénisation (rubéfaction) à partir des diaclases courbes qui mettent en exergue des boules de roches saines à auréole d’altération.

2.1.3.4. DES RELIEFS ORIGINELS

On peut enfin suggérer que lors de la "consolidation originelle" il y aurait eu déjà des secteurs déprimés qui ont constitué de petites cuvettes de réception détritiques et des secteurs en saillie qui n’ont cessé dès lors, de se mettre en relief.

Ainsi, suivant que les inselbergs appartiennent à l’une ou à l’autre de ces catégories,

de la dimension des grains (granularité), de la richesse en quartz et de la composition minéralogique (Chaput, 1968). Ce ne sont donc pas de monadnocks de position et leur développement ne dépend pas comme l’a dit Kesel (1977), d’un relief suffisant et de la stabilité de la croûte terrestre, permettant le recul latéral des escarpements montagneux. En effet, ces inselbergs ne comportent pas d’escarpements sur les flancs rocheux résultant de

2.2.1.1. STRUCTURE ET TECTONIQUE DANS LES MONTS MANDARA.

Du point de vue de la structure, le bloc Mandara s’est individualisé depuis la dislocation du Continent de Gondwana au Crétacé. Comme tout le vieux socle camerounais (africain), il a été plissé, métamorphisé et granitisé pendant les orogénèses précambriennes (Gazel, 1958).

Il s’incline du SO vers le NE et du NO vers le SE. Il a certainement connu une orogénèse mouvementée de type isoclinal, même si l’ensemble paraît déporté d’Ouest en Est.

La direction structurale est NNE-SSO à N-S ou subméridienne.

Outre les directions tectoniques SO-NE et dans une moindre mesure N-S, la direction NNO- SSE est préférentielle comme en temoigne le réseau hydrographique. En effet, son tracé rectiligne semble calqué sur des cassures. A peine marquées dans les plateaux intramontagneux, les vallées s’encaissent de plus de 50 m dans les bourrelets bordiers. Dans le secteur de Téléki-Guiviza à la bordure méridionale, les vallées étroites des mayos Dazal, Tiel, Oulo, Sinkléro, Diffi, Téléki, Poha, Bokwa, Djoum-Djoum, Biguiding et Moudar presqu’imperceptibles dans le plateau de Bourrah - Doumo sont orientés NO-SE et isolent des massifs.

Au Nord de Mokolo, les massifs granitiques sont incisés par d’étroites vallées rectilignes N-S suivant vraisemblablement des lignes tectoniques. Les plus caractéristiques sont celles des mayos Dama, Moskota, Ourouldain, Wikjava (haut mayo Kouyapé). A cette direction N-S se conjugue l’orientation NO - SE (mayo Madabrorn, Koudom ; Damara, haut mayo Moskota), ce qui donne au paysage un aspect cloisonné.

Le pédiment de Koza quant à lui s’oriente parallèlement au sillon intramontagneux entre les hauteurs de Tourou et le mont Oupay 1494 m. Ce sillon est exploité par le haut mayo Moskota et prolongé par le mayo Kérawa. A l’aval de la vallée rectiligne du mayo Ourouldain, ce pédiment est centré sur un réseau de failles parallèles N-S. Ainsi plus qu’une vasque, on peut y voir comme l’a signalé Beauvilain (1986), un graben remblayé.