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3-3: LES PAYSAGES DE PLAINES ALLUVIALES

Planche 5. Exoscopie des grains de quartz prélevés dans les sables dunaires à Pétté (niveau c)

4.1. CHRONOLOGIE DES HERITAGES PLIOQUATERNAIRES

4.2.3. CONCLUSION SYNTHESE

Le socle précambrien a joué un rôle prépondérant dans les paysages morphologiques de la région. Il affleure très largement dans les monts Mandara où il a été soulevé et où il présente aujourd’hui, un vieux front d’altération. Profondément disséqué, il sert d’ancrage et de soubassement aux pédiments, plateaux et plaines. Son extension se vérifie par l’existence de multiples inselbergs qui pointent partout dans les plaines de piémont, au Sud du cordon sableux. Ils ont en effet la même nature pétrographique que les roches qui constituent les monts Mandara. Le façonnement des modelés a été commandé par la tectonique et l’érosion.

Ainsi, la distinction d’une plaine dite celle du Tchad limitée par le cordon sableux Limani-Yagoua, l’arrêt brusque des affleurements du socle cristallin au Sud de cette dune, l’orientation NO–SE des paliers des monts Mandara et du cordon sableux et le réseau hydrographique en baïonnette ou à tracé rectiligne entre autres, témoignent de cette activité tectonique.

Quant à l’activité érosive, toute la région de piémont s’étendant entre la bordure septentrionale du plateau de l’Adamaoua et le flanc oriental des monts Mandara connaît une vaste surface de remblaiement lié selon toute vraisemblance à des variations paléoclimatiques quaternaires.

Au Pléistocène Moyen, les produits d’altération du socle ont été redistribués dans le paysage, en diverses positions topographiques : dans les montagnes, sur le plateau , sur une pénéplaine cristalline, à en juger par la similitude de faciès des formations limono-argileuses dans la région, vraisemblablement sous climat semi–aride. Un épisode de raclage du socle pendant de violentes pluies pourrait être suggéré. Les fragments de quartz issus des filons en affleurement se sont émoussés lors des transports. Ils forment sur le socle une nappe de galets.

Avec le changement des conditions climatiques et peut-être d’un mouvement

anciennes. Lorsque le couvert végétal s’est densifié et que le le niveau des cours d’eau a augmenté (biostasie) une altération poussée s’est installée, a procuré le fer et la cuirasse ferrugineuse s’est mise en place lors d’une phase d’induration sous climat sec. Cette induration survient avec la destruction du couvert végétal par assèchement du climat en période de rhexistasie relativement courte. Le sol surincombant est décapé, mettant à nu l’horizon d’accumulation. Sur le plateau de Doyang et partout ailleurs, la formation argilo-limono-sableuse se met en place (en partie) par colluvionnement au-dessus de cette cuirasse.

Ainsi, la figure 22a,b,c,d,e des pages 71 et 72, relative à la diffractométrie aux RX des poudres (argileuses) issues des échantillons prélevés depuis les monts Mandara jusqu’à la plaine du Tchad montre une similitude des spectres minéralogiques. Ceci pourrait traduire le brassage des matériaux sur un soubassement aux roches très peu diversifiées mais entremêlées ne facilitant pas la détermination des provinces pétrographiques d’origine des différents matériaux comme le montre le Tableaux 5 ci dessous.

Tableau 5. Distribution des minéraux lourds dans les formations superficielles

Il est alors difficile de rendre compte de l’allochtonie ou de l’autochtonie des formations superficielles sur la seule base de leur composition minéralogique.

On peut cependant penser que le colluvionnement des arènes au Quaternaire s’est effectué sur un socle profondément altéré. Cette évolution se serait opérée en trois phases : - une phase de colluvionnement, d’épandage de produits descendus des monts Mandara et de remaniements des dépôts du Continental Terminal ;

- une phase de creusement à l’amont du cordon sableux, à cause d’une baisse de niveau de base lacustre, ou lors des averses brutales dans un milieu, à végétation clairsemée, avec crues brutales caractéristiques des influences semi-arides d’où l’existence des reliques colluvionnaires remaniées formant un paléosol à la base du cordon sableux ;

- une phase de remblaiement alluvial en amont du cordon sableux et d’érosion ponctuelle, pendant une période au cours de laquelle certains mayos ont eu assez d’énergie pour percer le cordon sableux Limani-Yagoua. (Figure 49 ci-dessous).

En aval, des hauts fonds issus des remblaiements fluvio-deltaïques auraient délimité plusieurs petites plaines dans lesquelles le blocage des écoulements auraient engendré un milieu marécageux qui a fonctionné pendant tout l’Holocène, jusqu’à l’Epoque actuelle (Durand et Mathieu 1979 - 1980).

L’Extrême-Nord-Cameroun donc, à la frange du Sahel, a subi probablement avec un léger décalage temporel, les influences des fluctuations climatiques quaternaires qu’a connues le Sahara.

Les coupes complètes comme celle dans le pédiment de Méri (CAM 2002 - 1) permet d’identifier huit épisodes successifs, relatifs aux différents régimes hydrologiques :

- un régime érosif par climat semi–aride, traduit par le récurage du socle et la mise en place d’une nappe de galets sous-berge ;

- un régime calme, avec sédimentation de particules fines par climat humide, probablement dans un environnement sous couvert végétal assez dense ;

- une période de sécheresse avec une ébauche de cuirassement ;

- un régime intermédiaire torrentiel, marqué par des colluvionnements d’arènes grossières dans des cônes de déjection, par climat semi – aride prolongé ;

- un retour de conditions arides avec la mise en place d’une « stone line » ; - une reprise de colluvionnement dans un environnement dénudé ;

- une brève phase d’érosion marquée par la constitution d’une autre ligne de gravats ; - un régime assez calme au sommet, vraisemblablement par un retour de conditions

humides et d’un couvert végétal fourni, comme peut témoigner la taille plus ou moins fines des sédiments (40 % des argiles et limons, 50 % de sables fins).

Ce schéma d’évolution paléoclimatique en huit grandes périodes a été vérifié à Kourgui (N 11° 06’–E 14° 16’) au piémont nord du massif granitique de Dzogdzama, 821 m ; à Ouro–

Malki (N 10° 17’–E 14° 15’) sur les contreforts de l’inselgebirge granitique de Molkoa, 1059 m et à Kosséwa (N 10° 43’–E 14° 22’) au piémont oriental du massif volcano–sédimentaire de Mogazang 962 m.

Voici du reste à la suite une coupe chronologique théorique des formations superficielles dans l’Extrême-Nord-Cameroun.

Figure 50. Coupe chronologique théorique

Le paysage géomorphologique (figure 51) que connaît l’Extrême-Nord-Cameroun aujourd’hui s’est définitivement modelé au Quaternaire, comme le montre le tableau 6 ci-dessous. Depuis l’Holocène, il n’a pas subi de changement majeur.

Tableau 6. Chronologie de l’évolution quaternaire du bassin du lac Tchad et épisodes (inondations exacerbée et débordements visibles sur les photographies aériennes N° 77 – 188 de la mission N-C 33 XIV – XV de 1962). bourrelet lacustre (cordon sableux Limani-Yagoua), à deux stocks de sables : un stock de sables fins éoliens et un stock de grains plus grossiers de quartz et feldspaths potassiques -Remplissage des blow-outs d’argile dans lesquelles se developpent des vertisols (karals).

6

- Episode éolien et lacustre regressif -disparition des plans d’eau (servant, 1980).

-Passage à un bilan sédimentaire négatif (BS-) avec façonnement des cordons longitudinaux et assèchement momentané du lac Tchad.

-Formatin des blow-outs. Phase de rubéfaction des sables de l’erg. Rubéfaction pédogénétique correspondant à un paléosol.

-Dépôt d’un paléo erg au Cameroun [dont les vestiges se sont bien conservés dans l’aire de Kalfou (N 10° 08’–E 14° 57’)] s’étendant vers le Sud jusqu’à la latitude de Doukoula (N 10° 07’–E 14° 59’) et vers le Nord-Ouest jusqu’à Kolofata (1975) comme un épisode fluviatile d’Ouest en Est.

Cette série limono-argileuse est à kaolinite dominante. Elle est riche en concrétions calcaires et pisolithes ferrugineux. Les eaux de ruissellement n’ont pas de charges solides à cause de la couverture végétale qui a du servi aussi de piège à poussières.

-Immédiatement après la phase de dépôt du fait de la forte ETP des lacs peu profonds.

Elle est discordante sur le Continental Terminal.

E 14° 24’) sur la piste Péténé-Modjom-bodi]. Elle repose sur le socle altéré.

2

-Phase de dépôts du Continental Terminal, sables grossiers hétérométriques, poches d’arènes riches en feldspaths potassiques.

Végétation très indigente

Phase sèche très longue

1

- Météorisation du socle précambrien Végétation

dense Tropical

humide

TL = datations par thermoluminescence ; OBDY = Datation par méthode de 14C