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L A GRANDE PLAINE D ’ EPANDAGE FLUVIATILE A SAUPOUDRAGE EOLIEN Elle s’étend des piémonts des Mandara à l’Ouest jusqu’à la rivière Logone à l’Est

3-3: LES PAYSAGES DE PLAINES ALLUVIALES

3.3.1. L A GRANDE PLAINE D ’ EPANDAGE FLUVIATILE A SAUPOUDRAGE EOLIEN Elle s’étend des piémonts des Mandara à l’Ouest jusqu’à la rivière Logone à l’Est

Dans l’ensemble, elle décrit une faible déclivité SSO–NNE de l’ordre de 0° 08 tout au plus à une altitude moyenne de 370 m. Au NO aux environs de Kolofata où une courbure en dôme surbaissé amène le socle granitique à l’affleurement dans le prolongement de l’arrête montagneuse à l’Ouest de Mora, la plaine est très rétrécie. Elle s’élargie vers le SE, entre les mayos Ranéo et Boula suivant l’éloignement progressif des piémonts et le cordon sableux Limani-Yagoua. Ces mayos et plusieurs autres : Motorsolo, Tsanaga…forment des ramifications et créent des marécages au pied du cordon sableux qui constitue un obstacle necessitant de l’énergie pour le franchir. Dans ce secteur SE (plaine du Diamaré), la surface comporte de profondes incisions le long des vallées et des levées alluviales le plus souvent endiguées pour besoin de voies de communication. En dehors du dôme granitique de Djoulgouf marqué par les pointements rocheux d’Awina et de Goboré, l’horizon n’est obstrué que par la hosséré Balda 619 m.

Le secteur SE, au NE de la pseudo-pédiplaine de Kaélé-Mindif se singularise par trois aspects :

- réseau hydrographique très indigent avec absence de cours d’eau important ;

- absence absolue d’affleurement rocheux. En effet : l’ennoiement du socle est total (365 m à Yagoua). La disparition des cours d’eau aux alentours du bombement du socle de Torok avec les chicots rocheux de Gamas laisse présager la limite entre le socle cristallin et le sédimentaire. Toutefois, comme le remarquent Bouteyre, Cabot et Dresch (1964), le contact entre ces deux formations à la périphérie du bassin tchadien est progressif, au point que les contours sont difficiles à cerner. Tout porte donc à penser qu’après l’enfoncement du socle, les formations sableuses se seraient déposées en biseau sur une paléopénéplaine cristalline ; - prédominance de dunes.

Contrairement à Boutrais et al. (1984) qui voyaient trois ensembles : (les plaines de Mora, Maroua-Bogo et Kalfou), cette plaine contitue en fait une même unité géomorphologique couverte de dépôts sédimentaires d’inégale puissance. En effet ils s’épaississent d’Ouest en Est en fonction du plongeon du socle.

Figure 24. Coupes géologiques dans les plaines alluvialles

Photographie 8. Un aspect de la plaine du Diamaré. ( Ngassa, 24-VII-1998 ).

Figure 25.Paysage morphologique de la plaine d’épandage fluviatile à saupoudrage éolien : secteur Maroua – Bogo ( plaine du Diamaré).

La coupe représentative (CAM 2002 – 4) ci-dessous a été relevée à la sortie est du village Matfaï sur la rive gauche du mayo Boula (N 10°28’ - E 14° 20’ à 337 m d’altitude).

Figure 26a. Situation de la coupe de Matfaï

Cette coupe se présente comme suit :

Figure 26b. La coupe de Matfaï

Cette coupe montre des matériaux très proches sauf dans les 20 derniers cm. Les caractères sédimentologiques non évolués (courbe granulométrique parabolique à tendance linéaire) à la base de la coupe traduirait un transport des particules avec un triage selectif (80

parabolique du niveau (c) indique un transport sur courte distance par un fluide assez fort (N

= 0,15) et un dépôt par excès de charges.

Cette alternance de niveaux fins et plus ou moins grossiers traduit un changement temporaire de régime hydrologique dû à la variation du type des pluies. Ces matériaux se seraient déposés dans un milieu assez plat où les cours d’eau, dans leurs cours aval ont presque atteint leur profil d’équilibre et ont abandonné leur charges par perte d’énergie (indice d’évolution granulométrique proche de zéro : N # 0).

Ces alluvions portent plusieurs types de sols en fonction de la granulométrie de la position et même de l’âge (Brabant et Gavaud, 1985): à Matfaï ce sont des sols vertiques sous des reliques de forêts claires sèches à Anogeissus leiocarpus, Acacia sieberiana….alternant avec des parcs cultivés à Acacia albida, Balanites aegytiaca. Dans les secteurs déprimés, le karal porte originellement une steppe à Acacia séyal et Acacia senegalensis. Mais dans la plupart des cas, ils sont cultivés en muskwari (photgraphie 9 ci-dessous).

Photographie 9. Un champ de muskwari. (piste Gazawa-Gawar,19-I-2003)

Les travaux de refection de la piste font découvrir l’état sec du sol en surface, cependant ce « karal » a contenu suffisamment des reserves d’eaux nécessaires au cycle végétatif du sorgho jusqu’en plein cœur de la saison sèche d’où le nom de sorgho de contre saison : « Muskwari ». Notons le contraste entre l’exubérance de ce champ et l’état sec du sol.

Les alluvions récentes à actuelles constituant les bourrelets latéraux le long des berges des mayos portent des galeries à Acacia sieberiana, Kaya senegalensis, Daniellia oliveri.

Sur les alluvions fluviatiles anciennes argilo-sableuses à argileuses comme à la sortie SSE de la ville de Maroua (mayo Ferngo : N 10° 35’–E 14° 20’), les planosols-solonetz-

dépôts de plus en plus épais en direction du SE vers l’erg de Kalfou [1,50 m sur 3 m visible d’argile grise à poupées calcaires et 1,30 m d’ un niveau vertique à Dargala (N 10° 33’ – E 14° 36’)].

3.3.2. LA PLAINE DE REMBLAIEMENTS DU TCHAD.

La plaine du Tchad s’étend du cordon sableux Limani–Yagoua aux rives actuelles du lac Tchad. Par ailleurs elle déborde largement de part et d’autre du territoire camerounais sur les républiques du Nigéria à l’ouest et du Tchad à l’Est. Son altitude moyenne est de 300 m.

Son extrême platitude n’est brisée que par le complexe trachyto–syénitique de Waza qui culmine à 608 m à Gourou. Les innombrables buttes anthropiques (1 à 2 m au-dessus de la plaine) héritées de la Civilisation Sao* constituent des micro-reliefs. (civilisation des peuples ayant vécu au Sud du lac Tchad. Caractérisée par la terre cuite, elle connu son appogée entre le IXème et le XVIème siècle, quand elle disparaît suite aux attaques des peuples Kanembou et Massa).

Les trois collines du rocher de Waza alignées N-S et de petits amoncellements de sables constituent la limite entre le yaéré* (terme peulh, désignant une haute savane perenne sur plaine ou une aire hydromorphe, saisonièrement inondable) de Waza alimenté par le mayo Nguétchéwé et le Logone. Cette prairie inondable à cause des débordements des hautes eaux de la rivière Logone et de la terminaison des mayos descendant des monts Mandara (Tsanaga et la retenue d’eau de Maga) est une spécificité du secteur oriental de la plaine de remblaiement du Tchad. Elle constitue une frayère (la pêche constitue l’une des vocations de la retenue d’eau de Maga) et un pâturage vert de saison sèche. En effet, le grand yaéré constitue une zone de transhumance pour les éleveurs des 4 pays (Cameroun, Tchad, Niger, Nigéria) membres de la Commission du Bassin du Lac Tchad (C.B.L.T.).

Photographie 10. Le « yaéré ». (Djafga, 15-I-2003)

La partie proximale de la trace du rivage du paléomégalac Tchad est jonchée de petites playas* (terme d’origine espagnole désignant une plaine d’épandage), à la terminaison des puissants mayos qui, après avoir assez divagué en amont, ont finalement réussi à le franchir.

La très faible déclivité de ce secteur du Sud au Nord de 0°004 laisse quand même percevoir à l’examen des détails de légers bombements de terrain sableux alternant avec de petites dépressions saisonnièrement marécageuses et de fonds argileux tous orientés SO-NE (direction des dunes longitudinales et de celles de l’erg de Kalfou). Les sols hydromorphes minéraux vertisols que portent ces derniers sont sous savane claire arborée à Echinochloa pyramidales, Colona, Stagnina et Acacia seyal.

La coupe CAM 2002-5 (figure 28) ci-dessous correspond à la parois d’un puits creusé sur un dos de terrain sableux à Vinguéléri (N 11° 17’-E 14° 22’, altitude 320 m) aux confins du Nigéria;

Figure 27. La plaine de remblaiement du Tchad au-delà de Fadaré sur le cordon sableux paléolacustre tchadien.

Figure 28a.La coupe de Vingueléri

Figure 28b. Données morphoscopiques

Tous ces niveaux montrent des sédiments fins ( Md = 130 à 240µm)dont les courbes et paramètres granulométriques traduisent l’homogénéité (Hé proche de Qdϕ : 0,30 – 0,31).

Cette homogénéité relèverait de leur origine commune et surtout du même processus de mise en place. Le redressement des courbes cumulatives, le pourcentage des grains de quartz éolisés (20 à 30 du stock) et même l’orientation des éléments topographiques sans oublier la présence diffuse de quelques Guéira sénégalensis nous font penser aux racines de dunes dans le prolongement de l’erg de Kalfou, dunes arasées ici par les eaux du paléomégalac Tchad holocène.

Vers l’Est, le remblaiement sédimentaire sur plusieurs centaines de mètres s’achève en surface soit :

- par des limons de débordement du Logone sur lesquels se développent des vertissols (argilo-sableux) sous parc à Hyphaene thebaïca, Acacia albida dans les secteurs exondés ; - Par des argiles à vertisols hydromorphes très lourds sous Hyparrhenia rufa, Vetivera

nigritania…dans le grand yaéré.

A Zoulla (N 10° 23’ E 15° 16’, altitude 300 m), à la sortie nord de Yagoua, La coupe (CAM 2002–6) correspondant à la paroi d’un puits se présente comme suit :

Figure 29a. La coupe de Zoulla

Figure 29c. Courbes et paramètres granulométriques

Des sédiments alluviaux (courbe granulométrique parabolique) moyennement triés (Qdϕ = 0,4) appartenant probablement au Continental Terminal constituent le niveau aquifère (a) au-dessus duquel il ya eu décantation de particules en milieu calme (courbe granulométrique hyperbolique) d’abord dans le paléomégalac Tchad et probablement dans les eaux de débordement du Logone.

Conclusion.

Ainsi, encore assez forts à la sortie orientale des monts Mandara, les courants fluviatiles ont apporté des alluvions au-dessus d’un sumbstratum cristallin subaffleurant. Le nivellement et l’étalement des matériaux a engendré un écoulement diffus. A partir des piémonts immédiats, les matériaux ont progressivement ennoyé une paléotopographie façonnée dans le socle mais dominée encore par endroits par des reliques d’une cuirasse gravillonnaire (repérées dans une coupe à 1,80 m à la sortie nord de la ville de Maroua) et des lambeaux d’une formation argilo-limono-sableuse, dans l’extension de l’assise dite de Doyang.

En amont du cordon sableux Limani-Yagoua les dépôts sont constitués d’une alternance de niveaux sableux et de limons argilo-sableux. Les premiers témoignent de conditions climatiques semi-arides et les seconds des ambiances assez humides. Les lentilles de sables grossiers que ces dépôts enchâssent par endroits, correspondent vraisemblablement à d’anciens chenaux de cours d’eau qui ont subi des migrations latérales. En aval les matériaux sont très fins. En effet, la longue distance du transport engendre la perte d’énergie des courants fluviatiles. De plus, les faibles pentes favorisent la sédimentation des particules, inhumant les sables anciens du Continental Terminal soit dans les petites playas aux débouchés des mayos dans la plaine du Tchad, soit dans les petites dépressions longitudinales ou encore dans le grand yaéré déjà assez remblayé par les alluvions du Logone. Dans les secteurs sableux où l’hydrographie n’est pas organisée, les actions hydriques se sont

3.4.

LES MARQUES LES PLUS MERIDIONALES DU SYSTEME GLOBAL