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Chapitre III : Conversation en face-à-face et multimodalité

3.4. Organisation globale de l’interaction

Certes toute conversation comporte, d’une manière générale, un commencement, une durée et une fin. Ces trois moments, selon Traverso (2004), correspondent à l’ouverture, au corps et à la clôture, respectivement.

3.4.1. Ouverture

D’après Traverso, l’ouverture « correspond à la mise en contact des participants. Elle comprend les salutations, obligatoires dans la majorité de cas », (2004, p.32). Cette même auteure affirme que la période de l’ouverture « est orientée dans les deux directions ; on y trouve les échanges de salutations et de salutations complémentaires, de façon fréquente mais facultative, des compliments et autres commentaires sur les changements d’apparence, et des menus », ibid. (2004, p.83).

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L’étape d’ouverture d’une conversation peut se faire tant à travers les salutations que de plusieurs autres formes, à savoir : les présentations, l’identification lorsque le téléphone est le moyen qui met en contact les participants à la conversation ; les procédures de prise de contact et les stratégies d’abordage, André-Larochebouvy (1984).

Toutefois, l’identification, une stratégie recommandée lorsque les locuteurs ont recours au téléphone pour échanger, est une stratégie qui ne s’adapte pas au contexte de l’AAD car les conversations entre apprenants et natifs francophones sont censées se dérouler en face-à-face. De plus, les salutations peuvent être précédées de pré-salutations. Ces dernières sont considérées par André-Larochebouvy comme ayant « pour fonction de manifester d’entrée de jeu une disposition psychologique, soit défavorable (mécontentement, colère), soit favorable (surprise heureuse, disposition à la plaisanterie, etc.). (1984, p.68).

Encore au sujet des salutations, nous pouvons identifier deux types différents : les salutations non verbales et les salutations verbales. D’après Traverso (2004), les salutations non verbales peuvent se réaliser sans contact ou avec contact. Les salutations verbales sont assez souvent accompagnées de manifestations non verbales, telles qu’un regard, un sourire ou encore un mouvement de la tête. La même auteure affirme que les formules de salutations fréquemment utilisées lors de l’ouverture d’une conversation sont les suivantes : « bonjour », « bonsoir », « salut », « hello », « ré-bonjour », ibid. (2004, p.64).

Il nous paraît important de dire que dans certaines conversations l’ouverture n’est pas nécessaire et dans d’autres, elle est indispensable. La présence de ce rituel dans une conversation s’avère indispensable surtout quand :

des participants qui se connaissent entrent en conversation pour la première fois de la journée ; des participants qui ne se connaissent pas entrent en conversation ;

au téléphone ;

des participants n’ayant plus besoin de formuler l’ouverture veulent vérifier que le canal de communication fonctionne ;

une seconde ouverture peut sembler nécessaire si la première est trop éloignée dans le temps », (André- Larochebouvy, 1984, p.66).

En un mot, le respect de cette étape dans notre terrain d’étude devient de plus en plus nécessaire, d’une part, parce que les participants aux conversations ne se connaissent pas ; d’autre part, parce qu’elle constitue un moment d’apprentissage ou d’’évaluation des acquis

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d’apprentissage. La réussite dans la réalisation de ce rituel suppose la mobilisation de certains savoirs et savoir-faire qui peuvent correspondre à la réalisation d’un ou de deux objectifs communicationnels : saluer quelqu’un ou se présenter.

3.4.2. Corps

Juste après le rituel d’ouverture, nous trouvons le corps, pour Traverso, la partie du corps d’une interaction « se découpe en un nombre indéfini de séquences de longueur variable », (2004, p.32). Le corps d’une conversation a une progression à bâtons rompus, (Kerbrat-Orecchioni, 1998 ; Traverso, 2004). Ce sont donc ces échanges qui composent l’espace conversationnel. La conversation à bâtons rompus se caractérise : « soit d’une absence seulement apparente de sujet ; soit d’une absence réelle de sujet général », (André-Larochebouvy, 1984, p.116).

Même en sachant que les conversations réalisées dans le cadre de l’apprentissage autodirigé n’ont pas assez souvent un sujet général, nous supposons que ce serait sans doute une erreur prétendre les intégrer dans le type de conversations à bâtons rompus. Deux raisons justifient notre position : premièrement, parce que les conversations ont lieu sur demande de l’apprenant intéressé et elles visent un objectif précis (apprendre ou évaluer) ; la seconde, parce que les apprenants choisissent les thèmes ou les sujets de conversations en fonction de leur projet d’apprentissage (Gremmo, 2000). Ce qui sert à montrer que dans les contextes d’AAD les participants aux conversations poursuivent certains objectifs. Même si ces derniers ne sont plus clairs que du côté de l’apprenant.

Puisque les conversations sont composées de trois étapes, et jusqu’à présent nous avons abordé deux, il nous faut encore une autre, par la suite de notre analyse, nous nous focaliserons sur la clôture, la dernière étape d’une conversation.

3.4.3. Clôture

Cette étape correspond à la fermeture de la communication et à la séparation des participants. Celle-ci a une durée variable, et « elle se compose généralement de plusieurs actes par lesquels les interactants se coordonnent pour réaliser mieux cette étape souvent délicate, (Traverso, 2004, p.32-33).

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Ce qui rend très complexe cette étape, c’est la nécessité que les participants ont de « se synchroniser pour interrompre leurs échanges », (Traverso, 2004, p.84). Dans la mesure où la clôture d’une conversation suppose une négociation. Il se peut que l’un des participants souhaite continuer à échanger, alors que l’autre ne l’envisage plus. Pour que la conversation arrive à son terme, tout dépend de la collaboration de tous les participants. C’est justement à ce stade de négociation que surgissent les pré-clôtures. Ces dernières sont « régulièrement suivies du développement d’un certain nombre de thèmes », ibid. Des thèmes que l’étudiant souhaitait aborder, mais qu’il a eu du mal à le faire ; ou encore de nouveaux thèmes qui permettent la continuité de l’échange.

Les actes de la clôture sont constitués de vœux, de projets et de salutations. Ces trois actes se distinguent de la façon suivante :

Vœux, c’est un acte rituel qui consiste pour l’émetteur à exprimer son désir sur quelque chose de positif arrive au récepteur dans l’avenir ;

Projets. Les projets concernent l’avenir commun des participants, par la prévision d’une

prochaine rencontre. Ils projettent la relation dans l’après-conversation et en constituent donc une forme de maintenance anticipée ;

Salutations. Ce sont les derniers échanges de la conversation. Compte tenu de la durée de la séquence de clôture, les salutations sont fréquemment réitérées. Leurs différentes occurrences sont séparées par des relances, des rappels et des vœux, (Traverso, 2004, p.84).

Parmi les trois actes le troisième (salutations) est celui qui se réalise fréquemment pendant le déroulement des conversations entre apprenants et LN. Et les formes de salutations les plus courantes, ce sont : « au revoir », « bonsoir », « salut », « bye », « ciao », « adieu », « à plus tard », « à plus», (Traverso, 2004, p.64-65).