Observations globales de mes projets et du concept d’enregistrement DIY

Au début de ce mémoire, nous recherchions les méthodes de travail propices à une production DIY de qualité pour qu’une chanson ou un album puisse se rapprocher des œuvres dites professionnelles. Nous cherchions aussi à identifier les différentes approches et techniques qui pouvaient être nuisibles au résultat afin de maximiser les méthodes de travail en enregistrement DIY. Il s’agissait donc de trouver des façons d’obtenir des résultats professionnels ou quasi professionnels en situation d’enregistrement DIY et en autoapprentissage.

Nous avons vite réalisé qu’il est difficile de mettre le doigt sur des éléments spécifiques qui sont porteurs de succès. Trop de variantes entrent en ligne de compte. La qualité des chansons, le talent des musiciens et leur expérience, le talent et l’expérience de ceux qui tiennent le rôle de producteur et les différents rôles d’ingénierie sonore en plus de l’équipement et des lieux à la disposition des artistes sont tous des facteurs qui vont influencer le processus d’enregistrement et la qualité d’un produit final.

Nous avons aussi réalisé que tous ne recherchent pas la perfection dans un enregistrement et que selon la réalité de l’artiste et la scène dans laquelle il ou elle évolue, sa définition de succès et de perfection peut grandement varier. Nous avons observé qu’en s’adaptant aux besoins de l’artiste et en comprenant la réalité de sa sphère artistique, il est possible de créer un produit satisfaisant pour l’artiste, le producteur et le consommateur.

Après avoir décortiqué et participé à quatre projets d’enregistrements, nous ne pouvons toujours pas définir avec précision quelles techniques de travail, quels types de prise de son et quelles techniques de mixage ou de prématriçage peuvent permettre au DIYer en enregistrement d’obtenir un résultat dit professionnel. Nous pouvons, par contre, en lisant les résumés de chaque projet et les discussions qui les suivent, comprendre ce qui a mieux fonctionné pour un type de projet ou pour un autre au travers notre propre expérience. En

prenant connaissance des différents types de projets d’enregistrement DIY dans lesquelles j’ai participé, le DIYer en enregistrement qui lit ce mémoire peut aller chercher de l’information spécifique à son ou ses projets personnels. Il ou elle pourra observer des similitudes entre son ou ses projets et les miens pour ensuite en tirer ses propres conclusions et utiliser ou non mes différentes techniques de travail et approches. En aucun cas ne dirais- je que mes techniques de travail furent les meilleures que j’aurais pu choisir pour chacune de mes réalisations. Cependant, les chemins parcourus en compagnie des différents artistes avec lesquelles j’ai travaillé ont forgé mon identité actuelle en tant que réalisateur en enregistrement DIY, ce qui me rend très fier. J’ai analysé chaque projet avant de m’y lancer, en évaluant ce que je pouvais leur apporter, puis j’ai choisi le chemin qui semblait le plus évident pour me rendre à mon but. Voilà pourquoi nous avons concentré notre attention sur l’explication de nos processus d’enregistrement lors des résumés de nos projets, et moins sur les petits détails techniques de l’enregistrement, qui sont couverts de fond en comble dans différents livres techniques en enregistrement et dans différents cours en ligne et autres vidéos tutoriel83.

Après mon expérience dans ces projets, je réalise que le DIYer est en apprentissage continu et qu’avant d’entamer un projet d’enregistrement, il est important de s’autoévaluer et de définir ses forces et ses faiblesses. Encore plus important, il se doit d’évaluer le projet à venir et de chercher à rentabiliser ses forces au travers l’accomplissement de celui-ci en plus de penser à travailler sur ces faiblesses avant et pendant chaque projet. En faisant ainsi, j’ai pu considérablement améliorer ma courbe d’apprentissage dans le temps. Nous croyons qu’en étant réflectif et intéressé par l’obtention de nouvelles connaissances, le DIYer peut s’améliorer relativement rapidement et atteindre des résultats satisfaisants pour lui-même et sa réalité, qui changera aussi dans le temps.

Avec les nouvelles technologies en enregistrement qui évoluent à un rythme fou, il est de plus en plus facile d’obtenir des résultats intéressants avec des connaissances

83 _{Il existe sur Youtube un phénomène grandissant de vidéos tutoriel pour l’utilisation de différents} logiciels d’enregistrement et plugiciels de mixage/prématriçage en plus de tutoriels sur différentes techniques de mixage et de prématriçage.

moindres car l’automatisation des plugiciels est de plus en plus avancée. Auparavant, les plugiciels comme les égalisateurs et les compresseurs numériques avaient des réglages préenregistrés et avec un peu de chance, on pouvait trouver un préréglage qui semblait être une bonne base pour travailler le son d’un instrument ou d’un autre. Maintenant, certains plugiciels comme Nectar 3 et Neutron 2 de Izotope analysent l’ensemble de vos pistes audio pour ensuite vous proposer un préréglage adapté à votre mixe pour votre piste audio à traiter. Le logiciel Ozone 8 vous proposera quant à lui un prématriçage adapté à vos besoins prédéfinis en vous posant quelques questions et en analysant l’ensemble de votre mix. Le logiciel offre même l’option de faire pour vous un prématriçage en se basant sur votre piste de référence préférée, qu’il analysera en quelques secondes pour vous offrir un prématriçage aux caractéristiques similaires. Toutes ces options offrent donc la possibilité au débutant d’obtenir un résultat intéressant dès ses premières heures de pratique. Cependant, ces technologies ne sont pas encore au point et, selon nous, elles dévalorisent l’apport artistique de l’ingénieur de mixage et de prématriçage. Elles pourraient aussi contribuer à la déjà trop grande uniformité des différentes pistes audio qui sont présentes sur le marché. En d’autres termes, elles risquent selon nous de banaliser l’originalité et le travail artistique au mixage et au prématriçage.

À la suite de notre recherche, nous croyons qu’en 2019, la meilleure façon de s’améliorer en enregistrement DIY est d’essayer de recréer à la maison des situations qui sont les plus près possibles de la pratique des différents professionnels en enregistrement, d’avoir soif d’apprentissage et d’avoir le désir de bien comprendre ses propres processus de création, d’enregistrement, de mixage et de prématriçage. De plus en plus de matériel de traitement acoustique et de techniques DIY pour créer ce matériel sont disponibles en ligne, et les plugiciels de mixages sont également plus accessibles et performants. Il est donc possible d’avoir de bons outils à la maison à des coûts moindres.

Nous observons aussi qu’avec un état d’esprit de développement, le DIYer en enregistrement peut facilement trouver tout ce dont il a besoin pour étudier l’enregistrement en ligne. Il suffit par la suite d’expérimenter et de mettre en pratique les différentes techniques apprises à la maison pour se développer. Cependant, nous

constatons aussi que le DIYer en autoapprentissage doit être prudent afin de bien balancer la recherche et l’expérimentation avec le travail concret d’enregistrement et de mixage. Il doit alors savoir quand s’arrêter dans l’expérimentation de différentes techniques pour s’assurer de livrer son produit à temps.

Nous observons que plus nous développons nos connaissances sur le travail technique comme la prise de son, l’édition, le mixage et le prématriçage, plus le travail artistique est facilité. La clarté face à un projet à venir et les techniques de travail à employer deviennent de plus évidentes avec l’expérience et les projets en bénéficient grandement. Le but de ce mémoire était de trouver des méthodes de travail plus efficaces en enregistrement DIY et de rapprocher l’artiste des technologies audionumériques. Par exploration et partage, nous croyons que nous avons réussi à le faire.

Enfin, nous avons observé que chaque situation d’enregistrement est unique et que le réalisateur en enregistrement DIY doit la comprendre et s’y adapter. Il ou elle doit agir comme catalyseur du talent de l’artiste, être à l’écoute de celui-ci et travailler de concert avec lui pour obtenir un résultat satisfaisant. On doit aussi développer son talent ; après tout, le réalisateur est aussi artiste, artiste en enregistrement. Que l’on soit un professionnel de l’enregistrement dans un studio réputé ou un réalisateur DIY à son premier projet d’enregistrement, la relation entre le musicien et nous-mêmes, qui œuvrons derrière la console, restera toujours artistique, humaine.

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