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B. CHANGEMENTS DE PRATIQUE EN PHARMACIE

II. Les objets connectés en pharmacie

Le marché des objets connectés est en pleine évolution dans différents secteurs dans le monde entier et ceci dans le but de faciliter la vie des usagers au quotidien. Qu’est-ce qu’un objet connecté ? En langage courant, un objet connecté est en quelques sortes un objet électronique qui peut être connecté à internet via un réseau sans fil… mais pas seulement. En étant connecté à internet, il peut recevoir des informations de son environnement, les analyser et générer des résultats. Les objets connectés sont considérés comme étant des « objets intelligents » (173) car ils peuvent interagir avec l’utilisateur.

Cette nouvelle technologie fait son apparition doucement mais sûrement en pharmacie. Un objet connecté sera considéré comme un dispositif médical s’il se soumet à la définition de ce dernier qui est « un instrument, appareil,

équipement ou encore un logiciel destiné, par son fabricant, à être utilisé chez l’homme à des fins, notamment, de diagnostic, de prévention, de contrôle, de traitement, d’atténuation d’une maladie ou d’une blessure. » (174) Dans ce cas,

le marquage CE sur l’objet connecté sera obligatoire. (175) 1. Les applications mobiles

Depuis le lancement de cette nouvelle mode, plusieurs entreprises ont commercialisé des applications mobiles en mettant en avant les possibles avantages de leur utilisation au quotidien. Si elles sont garanties par la société qui les commercialise et utilisées correctement, ces applications mobiles pourraient améliorer l’observance des patients et faciliter leur prise en charge. Cependant, il faut être vigilant car toutes ne sont pas labellisées. Certaines proposent de recueillir des données sur l’état de santé du patient tels que le poids, la tension artérielle, le pouls, les traitements en cours et proposent une évaluation clinique ou diagnostique. D’autres vont plus loin en analysant des photos envoyées grâce à un smartphone pour poser un diagnostic. Comme le révèle une étude par le département de dermatologie de l’Université de

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Pittsburgh, ces applications ne sont pas toujours fiables car sur quatre des applications mobiles choisies pour un test, trois d’entre elles ont jugé une photo d’un mélanome non alarmante. (176) Ci-dessous sera développée l’application mobile « Ma pharmacie mobile », proposée par Pharmagest qui est une entreprise de matériel et de logiciel informatique pharmaceutique. Contrairement aux applications énoncées ci-dessus, « Ma pharmacie mobile » est une application qui met en relation le patient et sa pharmacie.

« Ma pharmacie mobile » est une application proposée gratuitement par Pharmagest aux pharmaciens. Les pharmaciens doivent télécharger le logiciel sur leur ordinateur ou alors y ont accès directement s’ils utilisent le logiciel LGPI de Pharmagest. De la même façon, le patient installe le logiciel sur son smartphone. Ainsi, il peut envoyer une photo d’une ordonnance à son pharmacien qui la prépare et la met de côté. Le patient se présente plus tard à l’officine muni de l’ordonnance originale et de sa carte vitale pour procéder à la facturation du dossier. Le pharmacien peut donc passer plus de temps au comptoir avec le patient en lui apportant des conseils sur son traitement et en répondant à ses questions. De plus, le patient peut être alerté lorsqu’il est l’heure de prendre son traitement grâce à des notifications qu’il reçoit si le pharmacien a renseigné les posologies sur son logiciel. Quand le patient a pris son traitement, il valide la notification et le pharmacien reçoit l’information, ce qui lui permet de suivre l’observance de son patient à distance.

2. Les incontournables : lecteurs de glycémie, tensiomètre…

Il existe désormais des appareils de mesure qui peuvent être connectés grâce à un câble USB ou le système Bluetooth afin de transférer des données vers un smartphone, une montre connectée ou une tablette. Prenons l’exemple d’un lecteur de glycémie. Grâce à une application installée sur un smartphone, après chaque test de glycémie le patient peut transférer ses données sur son smartphone. L’application installée enregistre les résultats et peut permettre au

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patient de suivre sa glycémie grâce à des graphiques avec des couleurs pour faire la différence entre une glycémie normale ou élevée. C’est aussi le même principe avec un tensiomètre qui enregistre les données et permet au patient de suivre sa tension artérielle au long cours.

Selon Medappcare, société européenne proposant des services pour évaluer les applications mobiles dans le secteur de la santé, « 55% (des médecins et des pharmaciens) sont convaincus que les objets connectés peuvent

avoir un réel bénéfice sur la santé de leurs patients. » (177) Le pharmacien est

de plus en plus sollicité par les médecins pour dispenser des produits connectés aux patients notamment par la prescription des lecteurs de glycémie connectés chez les patients diabétiques. Lors de la dispensation, le pharmacien doit faire une démonstration de l’appareil au patient afin de s’assurer qu’il a bien compris son mode d’utilisation. Ces appareils connectés peuvent aider les patients à suivre l’évolution de leur maladie plus facilement. En effet, ils peuvent imprimer les représentations graphiques de données biologiques et les comparer chaque mois. Ils peuvent même le présenter au médecin lors d’une consultation médicale afin de suivre l’évolution de la maladie par rapport aux traitements au quotidien.

3. Le pilulier intelligent

Le pilulier intelligent correspond à un pilulier électronique créé afin de favoriser l’observance des patients polymédiqués ou atteints de troubles cognitifs. Il existe plusieurs types de piluliers électroniques qui peuvent avoir un mode de fonctionnement différent mais tous avec un unique but : rappeler au patient à quel moment il doit prendre ses médicaments.

Nous allons prendre l’exemple du DO-PILL, un pilulier intelligent commercialisé par Pharmagest, société qui propose des solutions adaptées à la pharmacie, notamment des services innovants pour un meilleur suivi des patients. Un pack de blisters, un DO-pac, composé de 28 cases pour 28 jours de

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traitement est inséré dans le pilulier. Ces packs sont à usage unique, ce qui permet au pharmacien de préparer les packs et de les remplacer tous les mois pour son patient. Ainsi, le patient n’a plus besoin de s’inquiéter pour préparer son traitement ou pour savoir s’il a pris son traitement au moment où il le fallait. Au moment de la prise, un signal sonore et visuel avertit le patient « en faisant

clignoter la case correspondante aux médicaments à prendre. » (178) Si le

patient le souhaite, un sms peut être envoyé à ses proches ou ses aidants en cas d’oubli de prise de médicament. De même, le pharmacien peut suivre l’observance de son patient grâce à un programme installé sur son logiciel à la pharmacie.

Figure 14: Do pill, le pilulier connecté (173)

Selon l’observatoire Jalma dans sa publication sur les enjeux de l’observance en France, « 25% des médicaments prescrits par les médecins ne

seraient jamais consommés par les patients » et « chaque année, 12 000 décès sont causés par la nonobservance. » (179) La non-observance a aussi un coût

non négligeable. Selon une étude de l’Imshealth29 en 2012, plus de « 9 milliards

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d’euros d’économies potentielles » seraient possible en « 1 année sur 6 pathologies chroniques30 » (180) ayant fait l’objet de l’étude en fonction des

complications qu’elles engendrent. Ces statistiques soulignent l’importance de suivre l’observance des patients et de mettre tous les moyens possibles à leur disposition pour les encourager à être rigoureux dans la prise de leur médicament. Quelquefois, les patients peuvent trouver l’organisation de leur traitement contraignante à mettre en place et perdent ainsi toute motivation à être observant. Le pilulier intelligent serait un moyen efficace pour assurer le confort du patient et permettrait de lutter contre ce problème de non-observance. A l’heure actuelle, ces piluliers ne sont pas disponibles dans toutes les pharmacies de France et ne sont donc pas proposés à tous les patients qui nécessiteraient de l’aide dans l’organisation de leurs traitements. De plus, ces piluliers sont coûteux et ne sont pas pris en charge par l’assurance maladie. Avec l’évolution vers de nouvelles technologies et de nouvelles pratiques, le pharmacien pourrait davantage valoriser son métier et s’affirmer en tant qu’un professionnel de santé qui veille constamment sur la population en développant ces outils numériques dans son officine.

Pour familiariser le public et les professionnels de santé avec ces objets connectés, le site objetsconnectés.com a décidé de déplacer une borne interactive de pharmacie en pharmacie tous les mois pour que la clientèle puisse tester les divers appareils. Au 25 février 2017, la borne était située dans une officine en Hauts-de-Seine. (181) Cécile Morvan, consultante santé de cette agence, a affirmé que « les premiers retours » étaient très « positifs » et qu’il fallait envisager d’installer plusieurs autres bornes dans d’autres pharmacies. (181)

30 Hypertension Artérielle, Diabète de type 2, hypercholestérolémie, Insuffisance cardiaque, Ostéoporose,

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