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Les patients concernés par les entretiens pharmaceutiques

B. LE SYSTEME DE SANTE ET LE MONDE PHARMACEUTIQUE EN

I. Les missions obligatoires

1. L’offre des soins de premier recours

1.4 Place du pharmacien d’officine dans la prévention tertiaire

1.4.2 Les patients concernés par les entretiens pharmaceutiques

Les modalités qui concernent l’instauration de l’entretien pharmaceutique par le pharmacien pour des patients sous traitement chronique par les anti- vitamines K sont fixées par l’avenant numéro 1 de la convention nationale pharmaceutique conformément aux dispositions de l’article 28.1 de la convention nationale.

Pourquoi la nécessité d’un accompagnement pharmaceutique des patients sous AVK ? « Plus de 1 % de la population française est traitée par

antivitamines K (AVK). Or, ce traitement est à l'origine d'une iatrogénie importante (20 % des patients présentant des hémorragies cérébrales hospitalisés en neurochirurgie, 4 000 décès par an en France) » selon le Pr

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Annick Steib, Département Anesthésiologie au CHU Strasbourg (83). En effet, les antivitamines K sont des « médicaments à marge thérapeutique étroite qui

nécessitent une surveillance renforcée en raison du risque hémorragique ou thrombotique élevé qu'ils peuvent induire s'ils ne sont pas correctement utilisés ». L’âge moyen des patients sous AVK est de 73 ans, ce qui incite à une

plus grande vigilance et un suivi de son utilisation au long cours. On estime environ 17 300 hospitalisations causées chaque année par des accidents iatrogéniques liés à la consommation des AVK. « Ils constituent à ce titre la

première cause d’iatrogénie en France ». (84)

L'accompagnement du patient se fait par une étroite collaboration entre le pharmacien et le médecin prescripteur. Pour commencer, après consentement éclairé du patient et signature du bulletin d’adhésion par les deux parties concernées, le pharmacien inscrit le patient au dispositif en accédant à son « espace pro » sur le site de l’assurance maladie (ameli.fr). Il a ainsi accès à des documents pour conduire à bien cet accompagnement pharmaceutique. Les documents auxquels il a accès sont le guide d’accompagnement du patient, la fiche de suivi patient, le questionnaire patient pour l’évaluation de l’observance et enfin un dépliant d’information patient. Les fiches de suivi patient et le questionnaire devront être conservés par le pharmacien en cas de contrôle par l’assurance maladie.

Avant le jour de l’entretien, le pharmacien doit analyser le dossier du patient, préparer son entretien et bien l’organiser pour qu’il ne dure que vingt minutes environ. Le jour de l’entretien, le pharmacien dirige le patient dans un espace de confidentialité, son bureau par exemple pour conduire cet entretien dans les conditions adéquates. Lors de cet entretien, plusieurs aspects sont abordés par le pharmacien et le patient : l’aspect technique du traitement avec la durée du traitement, la posologie, l’interprétation des valeurs de l’INR16, le

carnet de suivi et une partie centrée sur le patient avec son adaptation au

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traitement, sa connaissance sur les aliments pouvant modifier son INR et son mode de vie au quotidien. La prise d’un AVK peut être perçue comme étant contraignant pour le patient s’il n’arrive pas à comprendre son traitement et il est important d’avoir une observance accrue lors de la prise de ces médicaments à marge thérapeutique étroite. Le pharmacien doit rassurer le patient et l’aider à vivre avec sa maladie en lui apportant les connaissances dont il a besoin pour être le plus observant possible.

1.4.2.2 Patients asthmatiques

L’avenant numéro 4 de la convention nationale, modifié en partie par l’avenant numéro 8, fait référence à l’accompagnement des patients asthmatiques chroniques sous corticoïdes inhalés pour une durée supérieure ou égale à six mois. Nous comptons aujourd’hui un grand nombre de patients asthmatiques en France, soit environ 4,5 millions de patients (81). La prise en charge de cette pathologie chronique à travers un entretien pharmaceutique assurerait une bonne compréhension de la pathologie par le patient, une connaissance de l’utilisation des dispositifs de l’asthme et une détection des effets indésirables et des précautions d’emploi concernant les médicaments. Tout ceci contribuerait ainsi à une meilleure observance de la part du patient sur le long terme.

Lors de l’accompagnement des patients asthmatiques concernés, il faut d’abord vérifier les compétences pratiques quant à l’utilisation du dispositif d’inhalation par les patients. Lors de l’entretien, le pharmacien vérifie que le patient utilise bien son dispositif contre l’asthme. S’il remarque que le traitement de fond n’est pas efficace chez un patient, il pourra être nécessaire de procéder à la démonstration du dispositif pour s’assurer que le patient l’utilise correctement au quotidien. Le suivi de cette observance est fait par au moins deux entretiens lors de la première année et un entretien les années suivantes complété par au moins deux évaluations de l’observance. Des documents tels que des guides

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d’accompagnement, sont mis à disposition du pharmacien pour mener à bien ces entretiens. Une fiche de suivi conservée par le pharmacien constitue un support qui résume l’entretien entre le pharmacien et le patient. Elle permet d'assurer une traçabilité de cet entretien pharmaceutique.

1.4.2.3 Patients sous Anticoagulants Oraux Directs (AOD)

L’avenant numéro 8, entré en vigueur le 29 juin 2016 a apporté des évolutions pour les entretiens pharmaceutiques déjà en place, à savoir l’accompagnement des patients sous anti-vitamine K et les patients asthmatiques chroniques. Ce même avenant a aussi fixé les modalités d’accompagnement pour les patients sous anticoagulants oraux par voie directe (AOD). Cet entretien a été mis en place afin de prévenir les risques iatrogéniques pouvant survenir sous AOD. En effet, ces médicaments à marge thérapeutique étroite peuvent être à l’origine de nombreux effets indésirables, tels qu’un risque hémorragique ou thrombotique élevé s’ils ne sont pas utilisés avec précaution. De plus, « l'absence de suivi biologique du patient sous AOD appelle à une vigilance

renforcée sur les risques induits, notamment pour les patients fragilisés et sur les signes évocateurs de surdosage ou sous dosage » (article 28.1.1), comme le

rapportent l’assurance maladie et les syndicats qui ont signé cet avenant.

De la même façon que pour les précédents entretiens, le pharmacien informe et conseille le patient sur son traitement. Il s’assure que le patient connaît le principe de son traitement, c'est-à-dire à quoi il sert, pourquoi il lui a été prescrit, la dose prescrite, les potentiels effets indésirables et surtout qu’il a conscience de l’importance de le prendre à la même heure tous les jours. Le patient se confie au pharmacien sur les difficultés qu’il peut rencontrer avec son traitement et un terrain d’entente est trouvé pour le bien-être du patient. Le pharmacien a la possibilité de contacter le prescripteur si cela s’avère nécessaire.

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