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B. LE SYSTEME DE SANTE ET LE MONDE PHARMACEUTIQUE EN

I. Les missions obligatoires

4. Actions de veille et de protection sanitaire

Le pharmacien, professionnel de santé de proximité, est un acteur clé dans la protection et la gestion des risques sanitaires. Il peut agir à plusieurs niveaux afin de veiller à la protection de la santé publique. Premièrement, le pharmacien peut agir sur les « sources évitables des risques iatrogéniques ». (102) Avant de dispenser des médicaments, le pharmacien procède à un contrôle rigoureux de la prescription afin de repérer d’éventuelles interactions médicamenteuses ou contre-indications. Le dossier pharmaceutique constitue dans ce cas un outil primordial pour le suivi pharmaceutique.

Le pharmacien, par sa connaissance et son expérience dans le domaine pharmaceutique, apporte les conseils adéquats à ses clients, que ce soit lors de la dispensation de médicaments sur ordonnance mais également lors d’une vente directe. Ainsi le pharmacien doit être davantage vigilant quand il s’agit des patients qui font appel à l’automédication. Des conseils appropriés permettent d’éclairer les patients sur leurs choix et de confirmer si ces médicaments leur conviennent réellement.

Un autre domaine alarmant, où le pharmacien doit agir afin de lutter contre les dangers pour la santé publique, est la contrefaçon. Il doit sensibiliser les patients aux risques auxquels ils s’exposent en se procurant des médicaments sur des sites de ventes illégales sur internet. Le pharmacien est garant de la sécurité du médicament sur toute la chaîne de production et de distribution. Il doit « lutter contre les circuits non contrôlés d'importation, de distribution et de

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En cas de risque sanitaire, le pharmacien doit pouvoir communiquer rapidement avec les autorités concernées pour trouver une solution et protéger la santé des patients. Dans chaque région, les pharmaciens peuvent signaler les évènements indésirables aux centres régionaux de pharmacovigilance de l’ANSM. Ces centres régionaux permettent de faciliter les échanges entre les professionnels de santé et les autorités sanitaires par un réseau de communication rapide. Il y a également des Centres Antipoison et de Toxicovigilance (CApTV) qui gèrent toutes formes d’intoxications aux médicaments et aux produits naturels.

4.1 Lutte contre les addictions et le dopage (addictovigilance)

« L’addictovigilance est la surveillance des cas d’abus et de dépendance

liés à la prise de toute substance ayant un effet psychoactif, qu’elle soit médicamenteuse ou non, à l’exclusion de l’alcool éthylique et du tabac » (103).

En France, le système d’évaluation de la pharmacodépendance a été officialisé par la parution d’un décret en 31 mars 1999 (104). Il comporte 13 Centres d’Evaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance (CEIP) qui recueillent les cas de pharmacodépendance qui leur sont transmis et mettent en place des mesures préventives et d’informations aux professionnels de santé et au grand public. Ces CEIP travaillent en étroite collaboration avec la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT), aujourd’hui connue sous l’acronyme MILDECA (Mission Interministérielle de lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives), afin de lutter contre la pharmacodépendance. Au niveau européen, il y a aussi un échange d’informations entre les différents états membres via l'Observatoire Européen des Drogues et Toxicomanies (OEDT). Ce réseau permet de recueillir des données sur des substances psychoactives et de déclencher des alertes sur les risques liés à ces substances (JOCE L167 du 25 juin 1997).

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Afin de préserver la santé publique dans le domaine de la lutte contre la pharmacodépendance ou l'abus, des mesures réglementaires ont été prises par l’ANSM avec une classification des substances psychoactives sur une liste des stupéfiants et des psychotropes. La durée de prescription et de délivrance de ces produits sont aussi limitées afin de prévenir les risques d’abus. Les produits des liste I et II contenant des substances psychoactives sont aussi contrôlés (article R5132-21 du CSP). (105)

Le pharmacien d’officine est le premier professionnel de santé qui peut identifier les dérives médicamenteuses. Il doit veiller au bon usage du médicament et au respect des règles de délivrance de ces substances potentiellement dopantes. Il est situé au cœur du système de soins avec une proximité avec sa patientèle. Ainsi, pour préserver la santé et la sécurité du patient, le pharmacien d’officine doit pouvoir repérer au préalable les personnes potentiellement pharmacodépendantes et les orienter vers des structures de prise en charge de la pharmacodépendance.

Il est cependant essentiel pour le pharmacien de pouvoir engager le dialogue avec le patient concerné en toute confidentialité. Le patient doit se sentir à l’aise pour discuter de son problème de dépendance aux médicaments et doit accepter d’être conseillé par le pharmacien. Le pharmacien devient donc un soutien psychologique pour le patient qui doit apprendre à accepter son problème de dépendance pour pouvoir ensuite accepter l’aide des structures spécialisées dans la prise en charge des cas d’addictovigilance. Le pharmacien d’officine s’engage ainsi, en tant que professionnel de santé responsable de la délivrance des médicaments, à participer à la lutte contre l’addiction et le dopage.

4.2 La pharmacovigilance

Selon l’OMS, la pharmacovigilance correspond à « la détection,

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autre problème éventuel lié aux médicaments ». Avant d’obtenir une

Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), les médicaments sont soumis à des essais cliniques sur un nombre de sujets sélectionnés. Si les résultats de ces contrôles sont jugés satisfaisants, le médicament obtient son AMM et peut par la suite être commercialisé.

Cependant, ces médicaments ne sont pas soumis à des essais sur le long terme. Leur effet sur la population doit donc être surveillé de très près et c’est là qu’intervient le rôle prépondérant du pharmacien d’officine. Un système de santé qui intègre la pharmacovigilance doit limiter les effets indésirables et les décès imputables au médicament, mettre en place un réseau d’alerte pour avertir rapidement les professionnels de santé et doit surtout mettre en place une plateforme pour que les professionnels de santé et les patients puissent signaler les effets indésirables aux autorités concernées.

Selon l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) (106), la pharmacovigilance passe par la notification des effets indésirables par les professionnels de santé ou les patients, le recueil de ces informations et la mise en place d’enquêtes pour analyser les risques. S’ensuit la prise de mesures correctives et la diffusion d’informations aux professionnels de santé et au public selon la conduite à tenir.

L’ANSM au niveau national travaille en collaboration avec l’Agence Européenne du médicament (EMA) et l’OMS dans la lutte contre la iatrogénie médicamenteuse.

95 Figure 7: Centre régionale de pharmacovigilance de Franche-Comté (107)

La pharmacovigilance passe tout d’abord par le signalement des effets indésirables dus aux médicaments mentionnés dans l’article L.5121-1 (108). Il s’agit de médicaments allopathiques, homéopathiques, de préparations entre autres. Depuis le 13 Mars 2017, le signalement des effets indésirables au Centre Régional de PharmacoVigilance (CRPV) peut se faire rapidement par les professionnels de santé ou les usagers sur un site unique signalement-sante-

gouv-fr. Le pharmacien d’officine a un rôle d’éducation et d’information auprès

des patients afin de prévenir la survenue des effets indésirables. Il sensibilise les patients au bon usage du médicament et leur communique la conduite à tenir en cas d’évènements d’iatrogénie médicamenteuse. Le but de la pharmacovigilance est de repérer les effets indésirables le plus précocement possible afin de limiter

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leurs effets néfastes dans le temps et d’empêcher que ces évènements ne se reproduisent.