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OBJECTIFS ET HYPOTHESES

Dans le document en fr (Page 109-113)

Au vu des données de la littérature exposées dans la première partie de cette thèse, il est admis que le sommeil favoriserait, au même titre que pour la mémoire épisodique rétrospective, la consolidation d intentions en mémoire prospective. Toutefois, les études dont nous disposons ont majoritairement été réalisées chez le sujet jeune, et très peu ont exploré l effet du sommeil du sujet âgé sur les performances de mémoire prospective. Comme nous l avons vu précédemment, l impact du vieillissement sur le rappel des composantes prospective et rétrospective de mémoire prospective n a pas été clairement établi, et deux hypothèses se font face : l une en faveur d un effet délétère de l âge sur le rappel de la composante prospective i.e., se souvenir d une action à réaliser ultérieurement , l autre suggérant un effet de l âge sur le rappel des deux composantes, avec toutefois un effet moindre pour le contenu de l action à réaliser i.e., composante rétrospective . De même, aucune étude n a, à notre connaissance, dissocié chez une population de sujets âgés les intentions de type event-based (i.e., intentions associées à l apparition d un événement ou à la présence d un élément de l environnement des intentions de type time-based (i.e., intentions associées à un horaire ou à une durée).

Par ailleurs, la littérature rapporte un effet paradoxal de l âge sur les performances de mémoire prospective, avec un effet bénéfique de l âge lors d épreuves proposées en milieu naturel et un effet délétère pour des épreuves proposées en laboratoire Niedźwieńska & Barzykowski, 2012). Bien que complémentaires, ces deux méthodologies comportent des limites, la première souffrant d un manque de contrôle expérimental, et la seconde d un manque de correspondance avec des situations de la vie réelle.

Dans ce contexte, la première étude de cette thèse visait à étudier la consolidation et le rappel d intentions en mémoire prospective chez des sujets jeunes et âgés après une période de veille diurne ou de sommeil nocturne. La mémoire prospective a été évaluée grâce à une épreuve originale en réalité virtuelle, alliant à la fois la validité écologique des tâches en milieu naturel et le contrôle expérimental propre aux tâches de laboratoire.

Compte tenu des données de la littérature, nous nous attendons à un effet de l âge sur les performances de mémoire prospective. De façon plus précise, nous faisons l hypothèse d un effet plus important sur la composante prospective, dont le rappel implique les fonctions exécutives, sous-tendues par les régions frontales (Umeda et al., 2011 ; Costa et al., 2012), et 2) sur le rappel des intentions de type time-based par rapport aux intentions

de type event-based (Einstein et al., 1995 ; Park et al., 1997 ; Gonneaud et al., 2017). A l inverse, nous nous attendons à un renforcement préférentiel du sommeil sur la composante rétrospective (i.e., action à réaliser), principalement sous-tendue par l hippocampe Hainselin et al., . Par ailleurs, selon le concept des schémas mnésiques proposant que les informations présentant des similitudes avec des connaissances préexistantes sont plus facilement encodées et stockées en mémoire à long terme (Landmann et al., 2014 ; Durrant et al., 2015), nous faisons l hypothèse que le sommeil bénéficiera aux intentions de mémoire prospective, et plus spécifiquement aux intentions présentant un lien logique entre l indice et l action à réaliser i.e., intentions EB-liées). Enfin, compte tenu des études rapportant un impact délétère de l âge sur le processus de consolidation mnésique au cours du sommeil, nous nous attendons à un effet moins important du sommeil sur la consolidation des intentions de mémoire prospective chez les sujets âgés (Backhaus et al., 2007 ; Mander et al., 2013, 2014).

Par ailleurs, les travaux présentés dans la deuxième partie de cette thèse révèlent l impact important de la réserve et du style de vie sur la cognition chez le sujet âgé. Cependant, force est de constater que très peu d études ont intégré l effet potentiel de la réserve cognitive dans l étude des liens entre sommeil et cognition.

Dans une première étude, Alchanatis et collaborateurs ont étudié l impact de la réserve cognitive, estimée par le quotient intellectuel, sur la relation entre sommeil et cognition chez des individus sains et des patients souffrant d un syndrome d apnées du sommeil. Ils rapportent que les patients ayant une réserve cognitive élevée présentaient des performances à des tests d attention et de vigilance équivalentes à celles mesurées chez les sujets contrôles. A l inverse, les individus ayant une faible réserve cognitive obtenaient de mauvaises performances, suggérant qu une haute réserve cognitive constituerait un facteur protecteur contre les effets négatifs des apnées du sommeil sur la cognition. De la même manière, Zimmerman et al. (2012) ont exploré la relation entre les troubles du sommeil et les performances cognitives chez des sujets âgés cognitivement sains. Leurs résultats ont montré que les individus présentant des difficultés de sommeil et ayant un faible niveau d étude obtenaient de performances plus faibles lors d une tâche de fluence verbale comparés aux sujets ayant un haut niveau d étude. Ainsi, les participants avec une forte réserve cognitive seraient capables de faire face plus efficacement aux effets d un sommeil de mauvaise qualité sur la cognition. Toutefois, ces

deux études se sont uniquement focalisées sur le concept de réserve cognitive, et de futures études devraient intégrer les composantes du style de vie.

Dans ce contexte, l objectif de la deuxième étude de cette thèse était d explorer l impact potentiel de la réserve cognitive, mesurée par le niveau d étude et deux facteurs du style de vie l activité physique et l engagement dans des activités intellectuelles) sur la relation entre sommeil et cognition au sein d une population de sujet âgés cognitivement sains. Compte tenu des données présentées précédemment, nous nous attendions tout d abord à observer une association entre la proportion de sommeil lent profond et les performances exécutives et de mémoire épisodique (Wilckens et al., 2012 ; Scullin, 2013 ; Mander et al., 2013 ; Groeger et al., 2014 ; Taillard et al., 2019). Nous avons également émis l hypothèse que les participants présentant une faible réserve cognitive et un style de vie peu stimulant (i.e., faible engagement dans des activités physiques et intellectuelles seraient plus vulnérables aux effets négatifs d un sommeil de mauvaise qualité sur la mémoire et les fonctions exécutives.

Ainsi, ce manuscrit s articule autour de deux articles originaux, qui seront présentés dans les deux prochaines parties de cette thèse. Le premier a récemment été publié dans le journal Clocks & Sleep (Rehel, Legrand et al., 2019), et le second est actuellement en préparation.

PARTIE IV – ARTICLE 1

EFFECT OF SLEEP AND AGE ON PROSPECTIVE

Dans le document en fr (Page 109-113)