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Évolution du sommeil au cours du vieillissement Au cours du vieillissement, on observe une détérioration de la qualité et de l architecture

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de sommeil qui va le plus souvent se traduire par une augmentation de la plainte de sommeil chez les seniors.

5.1. Plainte de sommeil

De manière générale, les personnes âgées rapportent une plainte de sommeil et une mauvaise qualité de sommeil (Foley et al., 1995 ; Ancoli-Israel, 2005, pour revues ; Blackwell et al., 2011a), caractérisées par une durée de sommeil nocturne plus courte et une efficacité de sommeil moindre par rapport aux sujets jeunes (Buysse et al., 1991).

Selon plusieurs enquêtes épidémiologiques, le nombre de seniors insatisfaits de leur sommeil augmente avec l âge : près de 50% des personnes âgées de 75 ans et plus se plaignent de leur sommeil, qu ils perçoivent comme non réparateur. Le plus souvent, les symptômes rapportés par les seniors sont relatifs à ceux généralement observés dans les cas d insomnies : des difficultés à s endormir, des réveils nocturnes fréquents avec une impossibilité de se rendormir et des réveils précoces qui s accompagnent d une somnolence accrue dans la journée (Ohayon, 2002 ; Ancoli-Israel, 2009 ; Cooke & Ancoli- Israel, 2011). En effet, plusieurs études ont montré que la plainte la plus couramment rapportée par les seniors était des difficultés d initiation et de maintien du sommeil, suivies du ronflement et de la somnolence diurne (Foley et al., 1995 ; Reid et al., 2006).

Par ailleurs, bien qu associée à l avancée en âge, la plainte de sommeil chez les seniors serait également dépendante de facteurs secondaires, tels que les facteurs psychoaffectifs. Plusieurs études révèlent en effet que la plainte de sommeil serait plus importante chez les femmes que chez les hommes (Rediehs et al., 1990 ; Jaussent et al., 2011). Selon Jaussent et collaborateurs, l expression de certains symptômes dépressifs diffère entre les hommes et les femmes : ces dernières seraient davantage sujettes aux ruminations et aux inquiétudes vis-à-vis de leur sommeil. Ainsi, cette anxiété chronique et ces pensées dysfonctionnelles pourraient être responsables de la plainte de sommeil rapportée par les femmes (Thomsen et al., 2003; Nolen-Hoeksema, 2012; Carney et al., 2013).

De plus, la présence d affections médicales liées à l âge constitue également un facteur qui contribuerait à lapparition de troubles du sommeil. En effet, plusieurs études ont montré

que la plainte de sommeil des seniors serait liée à des problèmes de santé, tels que des troubles de l humeur anxiété, dépression , des douleurs ou des maladies cardiovasculaires (diabète, hypertension, ... ;(Foley et al., 2004 ; pour revues, voir Bliwise, 1993 et Ancoli-Israel et al., 2008). Il est à noter que, bien que le vieillissement puisse impacter la qualité de sommeil, cette dernière est fortement associée à l état de santé général d un individu. Ainsi, une étude épidémiologique de Vitiello et collaborateurs a révélé que la prévalence moyenne de l insomnie chez les seniors n était plus que de % après exclusion des conditions médicales confondantes (Vitiello et al., 2002).

Dans l ensemble, le sommeil est généralement perçu comme de moins bonne qualité au cours du vieillissement, mais de nombreux facteurs peuvent moduler la sévérité de la plainte et l intensité des modifications.

5.2. Modifications objectives

En marge de la plainte de sommeil généralement rapportée par les seniors, le vieillissement s accompagne de nombreuses modifications physiologiques de l architecture de sommeil. De façon générale, ces modifications corroborent les estimations des individus interrogés : une augmentation du nombre et de la durée des éveils nocturnes, mais également une avance de phase (i.e., une anomalie du rythme veille-sommeil se caractérisant par des horaires de coucher et de lever précoces) et une altération de la structure du sommeil (Mander et al., 2017).

Parmi les changements notoires, le sommeil du sujet âgé apparaît comme davantage fragmenté. On note une augmentation du nombre de réactions d éveil de courte durée, ou « microréveils » (« arousals »), ainsi qu une augmentation du nombre et de la durée des phases d éveil conscient, au détriment d une réduction du temps total de sommeil nocturne (Phillips & Ancoli-Israel, 2001, pour revue ; Buysse et al., 2008 ; O Donnell et al., 2009). Découlant de ces modifications, l efficacité de sommeil, définie comme le rapport entre le temps passé à dormir et le temps passé au lit, serait réduite et souvent inférieure à 80% chez les seniors de plus de 70 ans (Bliwise, 1993). La latence d endormissement, quant à elle, semble augmenter avec l âge, mais de façon plus subtile (Hoch et al., 1994, 1997 ; Floyd et al., 2000).

Dans une méta-analyse, Ohayon et collaborateurs ont pu établir le profil d évolution de la structure du sommeil au fil des années. Le sommeil NREM se modifie de manière significative : les proportions de sommeil lent léger (stades N1 et N2) augmentent aux dépens du sommeil lent profond (N3). Cependant, la diminution du stade N3 survient de manière précoce, dès la quatrième décennie. Le sommeil paradoxal, quant à lui, demeure relativement stable et semble moins affecté par l âge (Ohayon et al., 2004). Les modifications du sommeil au cours du vieillissement sont illustrées sur les figures 6 et 7.

Outre les modifications de l architecture, le vieillissement s accompagne de modifications des caractéristiques électriques des ondes cérébrales. Ainsi, on observe notamment au niveau du sommeil lent une réduction de la densité et de l amplitude des fuseaux de sommeil et des complexes K, éléments spécifiques du stade N2, et 2) une diminution de l amplitude et de la densité des oscillations lentes et ondes delta, caractéristiques du sommeil lent profond (Petit et al., 2004).

Figure 6 : Hypnogrammes d un jeune adulte en haut et d un sujet âgé en bas illustrant les modifications de l architecture du sommeil au cours du vieillissement. A noter la fragmentation de sommeil plus importante chez le sujet âgé. Adapté de Pace-Schott & Spencer, 2011.

Figure 7 : Représentation de l effet de l âge sur les durées des stades de sommeil lent léger (N1 ou Stage 1 et N2 ou Stage N2), du sommeil paradoxal (REM), de la durée des éveils nocturnes WASO et de la latence d endormissement Sleep Latency en minutes. D après Ohayon et al., 2004.

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