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2.4 Premiers apports du forage AIG10

2.4.4 De nouvelles probl´ematiques

Le bilan du forage AIG10 est `a l’image de la figure 2.14. Une description bien plus pr´ecise peut ˆetre trac´ee mais de nombreux points d’interrogation subsistent.

Comme l’indique la figure 2.14, l’une des inconnues concerne la g´eom´etrie des couches travers´ees par le forage. La position et l’extension des couches les plus profondes restent `a pr´eciser. Par exemple, d’o`u proviennent les radiolarites qui remplissent le forage ? O`u se trouve la base du calcaire le plus profond ? Si c’est effectivement la nappe du Gavrovo- Tripolitza qui est rencontr´ee, l’´epaisseur de cette couche peut atteindre plusieurs centaines de m`etres. Seuls 230 m en ont ´et´e travers´es.

Une autre question porte sur le syst`eme de faille. Le sch´ema de la figure 2.10 montre un r´eseau de failles mineures est-ouest affleurant au sud d’Aigion. On n’en voit pas de traces en profondeur. Inversement, Soazig Le Begat observe par retraitement des donn´ees de sismique-r´eflection une faille est-ouest entre les failles d’Helike et d’Aigion, dont on n’observe aucune trace en surface. Les failles nord-sud associ´ees `a l’ouverture du Golfe ne sont pas les seules `a devoir ˆetre prises en compte. Si les nombreuses couches radiolaritiques ´etir´ees induisent des failles imperm´eables, alors il est probable que les failles anciennes le soient aussi. Pas moins de deux failles ont ´et´e identifi´ees dans le compartiment sup´erieur. La premi`ere est inf´er´ee par Rettenmaier et al. [2004] `a partir des fragments de calcite pr´elev´es `a 700 m, tandis que la seconde apparaˆıt dans la section ouverte du forage. Daniel et al. [2004] ne la d´eduit que par ´etude des pendages. Elle ne semble par contre pas imperm´eable et de mani`ere conjointe ne porte pas de trace de radiolarite. Pour r´esumer, le r´eseau de failles locales apparaˆıt complexe, fond´e sur deux familles de failles, l’une syn-rift, l’autre pr´e-rift orient´ee `a 90˚ l’une de l’autre et surtout peu document´ee. La perm´eabilit´e de ces failles a une importance cruciale pour l’hydrog´eologie r´egionale, et, plus imm´ediatement, pour l’interpr´etation que nous pouvons faire de la pression mesur´ee par notre instrumentation. La derni`ere question porte sur le m´ecanisme de glissement de la faille. Les stries de glissement de la figure 2.12 semblent extrˆemement fraˆıches. Est-ce un reliquat des d´epla- cements de 1995 ou est-ce le signe d’un micro-glissement plus r´ecent ? Dans ce dernier cas,

Fig. 2.14 – Coupe g´eologique autour du forage d’Aigion construite par int´egration des donn´ees sismiques et lithologiques, r´ealis´ee par Cornet et al. [2004].

la faille d’Aigion flue sans doute doucement. D’autre part, l’orientation des plans de glis- sement n’est pas celui de la faille. La probl´ematique associ´ee est double. Non seulement, on se demande si la faille glisse, mais aussi on s’interroge pour savoir comment elle glisse ! Nous voyons que la g´eodynamique du Golfe de Corinthe et les m´ecanismes g´eophysiques qui s’y produisent sont extrˆemement complexes. Notre ´etude n’abordera donc pas un grand nombre de points expos´es dans cette description rapide du Golfe de Corinthe. Trois types de r´esultats seront surtout exploit´es :

– Ceux concernant les fluides g´eologiques. Dans notre ´etude, nous n’aborderons que des profondeurs de l’ordre de 1000 m, dans une ´etude interm´ediaire entre les ´etudes en surface de Pizinno et al. [2004] et de L´eonardi and Gavrilenko [2004] et les ´etudes tomographiques de Latorre et al. [2004]. Nous nous appuierons donc ´enorm´ement sur les essais hydrauliques de Giurgea et al. [2004].

– Ceux concernant la microsismicit´e, dont on esp`ere qu’elle ait une influence sur l’ac- tivit´e hydraulique enregistr´ee pr`es de la faille d’Aigion.

– Ceux pouvant expliquer le faible flux de chaleur que nous avons mesur´e dans le forage. Cela concerne essentiellement les r´esultats relatifs au Moho.

Chapitre 3

R´egime thermique dans les

couches travers´ees par le forage

3.1

Un d´eficit de donn´ees g´eothermiques documentant le

Golfe de Corinthe

Alors que le Golfe de Corinthe est bien document´e en donn´ees g´eodynamiques, sis- miques et g´eologiques, il est surprenant de constater que l’´etude de son r´egime thermique a ´et´e d´elaiss´ee.

Par exemple, la base de donn´ees de la Commission Internationale du flux de cha- leur (http://www.heatflow.und.edu) ne contient que des donn´ees rares et dispers´ees sur la Gr`ece (3.1) et ne donne aucune information sur le Golfe. Ceci contraste avec l’abon- dance des mesures thermiques effectu´ees en Europe occidentale ou centrale, compil´ees par ˇ

Cerm´ak [1993]. Les publications concernant les r´egions les plus proches du rift sont des ´etudes sur le potentiel g´eothermique pr`es de Loutraki, `a l’extr´emit´e est du Golfe. Les cartes de temp´eratures synth´etis´ees par Hurtig et al. [1992] sont `a grandes longueurs d’onde et ignorent compl`etement la pr´esence du rift. Enfin, la r´egion n’est pas inventori´ee dans la synth`ese de zones `a potentiel g´eothermique de la Gr`ece publi´ee par Fytikas et al. [2000].

La raison essentielle de ce manque de donn´ees est la difficult´e `a r´ealiser des mesures fiables dans la r´egion. Ainsi, G´erard Bienfait and Elias Koutsikos ont r´ealis´e plusieurs profils thermiques autour du Golfe en 1995. Malheureusement, les mesures pr´esentaient une trop grande variabilit´e de comportement, donnant mˆeme des gradients g´eothermiques n´egatifs ! Leurs r´esultats sont en effet fortement perturb´es par des effets hydrologiques, induits par les flux d’eau souterrains aliment´es par les hautes montagnes du P´eloponn`ese, comme l’a montr´e Pizinno et al. [2004].

Le forage AIG10 permet de r´ealiser une mesure profonde du flux thermique et de combler ce manque de donn´ees. En effet, on dispose de donn´ees sur une plus grande longueur, ce qui am´eliore la sensibilit´e de la mesure. De plus, `a forte profondeur, les ´ecoulements sont plus lents et devraient moins perturber les profils thermiques.