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Conclusion partielle : Que retenir de cette étape de la recherche ?

3.2.3. Le pape et les malades

3.2.3.6. Nouvelle évangélisation et pastorale de la santé

3.2.3.6. Nouvelle évangélisation et pastorale de la santé

Le thème de la neuvième Journée, « La nouvelle évangélisation et la dignité de l’homme souffrant 223», porte un message clair : les personnes qui sont marquées par la souffrance ne sont pas exclues du mouvement de la nouvelle évangélisation. Le magistère rappelle le vœu de l’Eglise qui consiste à « mettre l’accent sur la nécessité d’évangéliser d’une manière renouvelée cette sphère de l’expérience humaine, pour favoriser son orientation vers le bien intégral de la personne et le progrès de toutes les personnes, partout dans le monde224

L’Evangile annoncé dans le milieu médical invite à développer une médecine qui soit effectivement au service de tous les hommes, de tout l’homme dans un plein respect de sa dignité. Dans ce sens, le message du pape invite à l’action la communauté internationale, les agents de santé et la communauté ecclésiale à partir de quelques recommandations :

- Que ceux qui se consacrent directement aux soins des malades soient toujours attentifs aux besoins de ceux qui souffrent, en conjuguant dans l’exercice de leur profession compétence et humanité225

.

- La nécessaire préoccupation de rendre un service effectif au malade doit accompagner la recherche scientifique dans le domaine médical et dans toute modernisation des structures de santé. La finalité doit être de soutenir efficacement le malade dans sa lutte contre la maladie. Dans cette perspective, le pape rappelle l’aide « holistique », c’est-à-dire attentive aux besoins biologiques, psychologiques, sociaux et spirituels du malade et de tous ceux qui l’entourent226

.

- L’urgence de la juste distribution des biens, telle que voulue par le Créateur, concerne également le domaine de la santé. Il faut mettre un terme à l’injustice persistante qui notamment dans les pays pauvres prive une grande partie de la population des soins indispensables à la santé. Promouvoir « la santé pour tous » est un devoir premier pour tout membre de la communauté internationale227.

221 Id.

222

JEAN-PAUL II, « La présence réconfortante du Christ, bon Samaritain. Message pour la XIème Journée mondiale des malades », D.C., n° 2287, 2003, p. 219.

223 Id., « Santé pour tous : devoirs de la communauté internationale », D.C., n° 2236, 2000, p. 952.

224

Id.

225

Cf. Id.

226 Cf. Id.

Le pape précise : « En particulier, en matière de médicaments, de thérapie et d’interventions chirurgicales, il est nécessaire que l’expérimentation clinique ait lieu dans le respect absolu de la personne et dans la claire conscience des risques, et donc des limites, qu’elle comporte. En ce domaine les professionnels chrétiens de la santé sont appelés à témoigner de leurs convictions éthiques, en se laissant constamment éclairer par leur foi.»

227

Cf. JEAN-PAUL II, op.cit., « Santé pour tous : devoirs de la communauté internationale », D.C., n° 2236, 2000, p. 952-953.

154 - Les hôpitaux, les entités qui accueillent les malades et les personnes âgées, et tout lieu qui reçoit des personnes qui souffrent sont des « lieux privilégiés de la nouvelle évangélisation », où l’on doit s’efforcer d’agir pour que y retentisse le message de l’Evangile, porteur d’espérance228

.

3.2.3.7. « Sacrements de guérison » et rencontre du Christ avec les malades

A travers les sacrements de guérison que sont la Pénitence et la Réconciliation, et l’onction des malades, le Christ exprime et réalise sa proximité auprès des malades qui l’invoquent. Ainsi il allège leurs peines et les sauve tandis qu’ils sont invités « à se conformer toujours plus pleinement au mystère de la mort et de la Résurrection du Christ229.» L’Eucharistie reçue dans le temps de la maladie y contribue particulièrement « en associant la personne qui se nourrit du Corps et du Sang de Jésus à l’offrande qu’il a faite de lui-même au Père pour le salut de tous230

3.2.3.8. La participation des malades à l’avènement d’un monde de paix

Le rapport entre souffrance et paix est réel : « Quand la paix n’existe pas, la souffrance déferle et la mort élargit son pouvoir sur les hommes231.» La paix dont l’homme doit jouir lui procure la guérison physique et spirituelle. La civilisation humaine et la société malades en ont besoin. Devant ce défi le pape partage avec les malades deux convictions profondes intimement liées : « La croix du Christ est source de paix232 » ; « les malades doivent reconnaître et accueillir l’appel de Dieu à être des artisans de paix par l’offrande de leur souffrance233

». Ces deux vérités résultent du lien entre le disciple et le Seigneur :

« Appelé à l’union avec le Christ (cf. Col1, 24) et à souffrir comme le Christ (cf. Lc9, 23 ; 21, 12-19 ; Jn15, 18-21), le chrétien, par l’acceptation et l’offrande de la souffrance, annonce la force constructrice de la croix234

Si « la guerre et la division sont le fruit de la violence et du péché, la paix est le fruit de la justice et de l’amour, qui ont leur sommet dans l’offrande généreuse de la souffrance que l’on éprouve, poussée si nécessaire jusqu’au don de sa vie en union avec le Christ235

.» Et la paix peut être apportée par le témoignage courageux des faibles, des malades et des souffrants, car « la souffrance appelle une communion spirituelle plus profonde en favorisant, d’une part, le retour à

228 Id.

229

BENOÎT XVI, Message pour la Journée mondiale des malades de 2012. Voir : www. eglise.catholique.fr/ressources-annuaires/guide-de-leglise/saint-siege-et-vatican.

230 Id.

231

JEAN-PAUL II, « Par votre souffrance, vous pouvez être des artisans des paix, Message pour la Journée mondiale des malades », D.C., n° 2108, 1995, p. 56-57. 232 Id. 233 Id. 234 Id. 235 Id.

155 une meilleure qualité de vie, et en promouvant, d’autre part, un engagement convaincu pour établir la paix entre les hommes236.» La souffrance est pour ainsi dire constitutive entre autres, d’une force constructrice qui, découverte et mise à contribution, pourrait faire de la personne qui l’expérimente un acteur de son existence et de la vie sociale.

Synthèse des Journées des malades

Les enjeux de la célébration de la journée des malades sont multiples : manifester une solidarité concrète de l’Eglise avec les malades et avec tous ceux qui souffrent, ainsi qu’avec les peuples éprouvés par de graves carences dans le domaine de la santé ; stimuler une réflexion sur la notion de santé, qui dans sa conception la plus complète, renvoie à une situation d’harmonie de l’être humain avec lui-même et avec le monde qui l’entoure ; inviter les pouvoirs publics et les organismes internationaux à défendre la dignité humaine, et à protéger le droit inviolable de la vie, dans un élan de solidarité.

Le service pastoral dans le monde de la santé fait partie intégrante de la mission de l’Eglise à la suite de celle du Christ. Voilà ce qui depuis des siècles justifie l’action humanitaire et spirituelle de la communauté ecclésiale envers les malades et les souffrants.

L’expression évangélique du bon Samaritain et la figure du Christ qu’elle évoque traversent le corpus des messages du pape à l’occasion de la journée des malades. Appliquée à la situation d’aujourd’hui qui met l’Eglise en face des souffrants, cette image livre un enseignement qui invite à l’action, comme dans la parabole du bon Samaritain. « L’Eglise est l’icône vivante du Christ, bon Samaritain » ; c’est pourquoi ses membres que sont les chrétiens doivent être de bons samaritains pour les autres, surtout pour les personnes qui souffrent. C’est de cette manière que leur témoignage de « la vérité réconfortante du Christ ressuscité, qui prend sur lui les plaies de l’humanité237

» sera authentique.

La fin du message est consacrée à Marie, l’Immaculée conception, l’Humble servante du Seigneur, grâce à qui de nombreux croyants obtiennent la santé de l’âme et du corps et découvrent

236

Id.

237

JEAN-PAUL II, « La présence réconfortante du Christ, bon Samaritain. Message pour la XIème Journée mondiale des malades », D.C., n° 2287, 2003, p. 219.

156 que la souffrance humaine, unie à celle du Christ, trouve son sens le plus profond et devient moyen de salut238.

Synthèse sur les papes

Le pontificat exceptionnel de Jean-Paul II, en raison de sa durée et de sa fécondité pastorale et spirituelle, ne saurait être parcouru en quelques lignes. Je n’en ai d’ailleurs pas eu la prétention en allant questionner les écrits de ce pape sur les thématiques de la maladie, de la souffrance, de la vie et de la vieillesse. J’y ai découvert que « l’homme est la route de l’Eglise », « une histoire sacrée ». Il est celui dont il faut faire la promotion et respecter la dignité. Les personnes souffrantes, autant que leurs proches et les gouvernants, sont responsables cette œuvre. Ce message d’Eglise a été annoncé aux hommes et aux femmes de notre temps, non seulement par Jean-Paul II mais aussi par ses successeurs Benoît XVI et François.

Les papes soulignent l’actualité de la dimension sociale de l’Evangile et la nécessité de l’engagement du chrétien au sein d’une société qui vit une « crise de l’engagement communautaire239 » face aux nombreuses formes d’exclusion, et de disparités sociales. L’institution ecclésiale n’échappe pas à cette crise : en témoignent les observations faites par les personnes que j’ai interrogées. Leurs inquiétudes se traduisent en questionnements qui interpellent les Eglises : les hommes d’Eglise résistent-ils au pouvoir et à l’idolâtrie de l’argent ? Quelle est la part de responsabilité personnelle et/ou collective des membres de l’Institution ecclésiale dans les disparités sociales que l’on constate au sein des clergés et entre les communautés chrétiennes ?