• Aucun résultat trouvé

Conclusion partielle : Que retenir de cette étape de la recherche ?

3.1.1. Le Décret sur le ministère et la vie des prêtres

Au registre de ce qu’on pourrait appeler les « Actes » du Concile Vatican II, événement historique ayant donné sa physionomie au catholicisme du vingtième siècle, et marqué l’ensemble du fait chrétien à l’échelle mondiale, figure le Décret sur la vie et le ministère des prêtres,

Presbyterorum ordinis (PO). Ce texte se veut fondamental dans l’approche contemporaine de tout

ce qui touche le clergé, y compris sa protection sociale, qui constitue la préoccupation majeure de cette recherche. […]

153

R. DRABO, Cours de morale sociale. L’Enseignement social de l’Eglise. Cours de 4e année de Théologie, Séminaire de Théologie, Anyama, Année 1998-1999.

132 Le Décret comprend quatre points : un préambule (n°1) ; une première partie consacrée au presbytérat dans la mission de l’Eglise (n°2-3) ; une deuxième partie qui présente le ministère des prêtres (n°4-11) ; une troisième qui traite de la vie des prêtres (n°12-21) ; et une quatrième partie en guise de conclusion termine le document.

Après avoir repéré les parties du document qui abordent la vie matérielle et sociale des prêtres, je les expose sous l’appellation de « corpus social conciliaire du clergé » à travers les lignes qui suivent.

3.1.1.1. Exposé du « corpus social du clergé » dans Presbyterorum Ordinis

(PO)

3.1.1.1.1. Fonction et rémunération des prêtres

« Les prêtres consacrent leur vie au service de Dieu en accomplissant la fonction qui leur est confiée ; ils méritent donc de recevoir une juste rémunération « car l’ouvrier mérite son salaire » (Lc10,7), et « le Seigneur a prescrit à ceux qui annoncent l’Evangile de vivre de l’Evangile » (1Co 9,14). Là où rien d’autre n’existe pour assurer cette juste rémunération, faire le nécessaire pour assurer aux prêtres un niveau de vie suffisant et digne est à proprement parler une obligation pour les chrétiens, puisque c’est à leur service que les prêtres consacrent leur activité » (PO, 20).

« La rémunération versée à chacun devra tenir compte de la nature de la fonction exercée et des circonstances de temps et de lieu, mais elle sera fondamentalement la même pour tous ceux qui sont dans la même situation ; elle devra être adaptée aux conditions où ils se trouvent ; en outre, elle leur laissera les moyens, non seulement d’assurer comme il se doit la rémunération de ceux qui se dévouent à leur service, mais encore d’apporter eux-mêmes une aide à ceux qui sont dans le besoin, car ce ministère à l’égard des pauvres a toujours été un grand honneur dans l’Eglise, dès ses origines. Enfin cette rémunération devra permettre aux prêtres de prendre chaque année, pendant une durée suffisante, les vacances dont ils ont besoin : les évêques doivent veiller à ce que ce temps de vacances soit assuré aux prêtres » (PO, 20).

3.1.1.1.2. Rapport des prêtres entre eux

« […] dans les pays où la sécurité sociale n’est pas encore correctement organisée […], les prêtres soutiendront l’organisme ainsi établi dans un esprit de solidarité avec leurs frères, prenant part ainsi à leur épreuve. » (PO, 21)

3.1.1.1.3. Vie matérielle des prêtres

« […] Il est très souhaitable d’avoir, au moins dans les pays où la vie matérielle du clergé dépend entièrement ou en grande partie des offrandes des chrétiens, une institution diocésaine pour rassembler l’argent offert à cette fin ; elle sera administrée par l’évêque assisté de prêtres délégués, et là où cela paraîtra utile, de laïcs compétents en matière de finance. » (PO, 21).

133 3.1.1.1.4. Soutien aux prêtres

« […] dans les pays où la sécurité sociale n’est pas encore bien organisée en faveur du clergé, les conférences épiscopales, compte tenu toujours des lois ecclésiastiques et civiles, veilleront à ce qu’existent, soit des organes diocésains – éventuellement entre eux – soit des organismes interdiocésains, soit une association établie pour l’ensemble du territoire , en vue d’organiser sous le contrôle de la hiérarchie, d’une part une prévoyance et une assistance médicale satisfaisantes, d’autre part la prise en charge due aux prêtres pour les cas d’infirmité, d’invalidité ou de vieillesse. » (PO, 21).

3.1.1.1.5. Biens des prêtres

« […] Il faut que la lumière de la foi les aide à exercer leur discernement sur ce qui se trouve sur le chemin ; ils doivent ainsi en venir à utiliser leurs biens d’une manière juste, et à rejeter tout ce qui fait obstacle à leur mission. » (PO, 17).

« […] car les prêtres ont le Seigneur pour « part » et pour « héritage » (Nb 18,20) ; ils ne doivent donc se servir des choses terrestres que pour les usages permis par la doctrine du Christ Seigneur et les préceptes de l’Eglise. […] Ces biens sont toujours employés pour les fins qui justifient l’existence de biens temporels d’Eglise, c’est-à-dire pour le culte divin, pour assurer au clergé un niveau de vie suffisant et pour soutenir les œuvres d’apostolat et de charité, spécialement en faveur des indigents. » (PO, 17).

3.1.1.1.6. Devoir des prêtres envers les malades

« Les prêtres auront un grand souci des malades et des mourants : ils les visiteront et les réconforteront dans le Seigneur. » (PO, 6).

Je reviendrai sur les recommandations de Presbyterorum ordinis tout au long de cette recherche, mais pour l’instant il convient de commenter le Décret pour mettre en évidence les pertinences et les manques de son contenu sur la question de la protection sociale des prêtres.

3.1.1.2. Commentaire du Décret Presbyterorum Ordinis

Le Décret Presbyterorum Ordinis traite du rapport entre le devoir de chaque prêtre d’accomplir sans relâche les obligations sacerdotales et les handicaps dus à la vieillesse, en introduisant le rôle particulier de l’Evêque à l’égard de tous ses prêtres et, également l’importance de la formation d’un presbyterium autour de l’Evêque.

Ainsi, pour ce qui concerne chaque prêtre, on peut lire dans ce Décret :

« En recevant l’Ordre », les prêtres « ont été consacrés à Dieu d’une manière nouvelle pour être les instruments vivants du Christ Prêtre éternel, habilités à poursuivre au long du temps l’action admirable par laquelle, par sa puissance souveraine, il a restauré la communauté humaine tout entière. » (PO, 12).

Et le Décret ajoute :

« Les prêtres consacrés par l’action du Saint-Esprit et envoyés par le Christ, font mourir en eux les œuvres du corps et se donnent tout entiers au service des hommes. » (PO, 12).

134 En tant que chefs du peuple de Dieu l’autorité des prêtres se décline à travers la façon dont ils l’exercent en termes de service : A l’exemple du Seigneur, précise le décret, « leur conduite doit être extrêmement humaine envers tous les hommes » surtout « les pauvres et les petits » et ils « auront un très grand souci des malades et des mourants : ils les visiteront et les réconforteront dans le Seigneur » (PO, 6).

Après avoir parlé de l’union des prêtres avec leurs Evêques, Presbyterorum Ordinis souligne que ceux-ci doivent « considérer leurs prêtres comme des frères et des amis, et se préoccuper, autant qu’ils le peuvent, de leur bien, matériel d’abord, mais surtout spirituel » (PO, 7). Au sujet de la constitution du presbyterium autour de l’Evêque, le Décret relève que :

« Du fait de leur ordination, qui les fait entrer dans l’ordre du presbytérat, les prêtres sont tous intimement liés entre eux par la fraternité sacramentelle. […] Du fait de leur affectation au service d’un diocèse en dépendance de l’Evêque local, ils forment tout spécialement à ce niveau : un presbyterium unique. » (PO, 8).

Et les auteurs du Décret d’en déduire que le presbyterium doit porter en son sein non seulement les préoccupations pastorales, mais aussi celle de la vie fraternelle entre prêtres, et qu’ « il y va d’un enjeu théologal154

.» En effet, « chaque membre de ce presbyterium noue avec les autres des liens particuliers de charité apostolique, de ministère et de fraternité […]. Chaque prêtre est donc uni à ses frères par un lien de charité, de prière et de coopération sous diverses formes ; ainsi se manifeste l’unité parfaite que le Christ a voulu établir entre les siens, afin que le monde croie que le Fils a été envoyé par le Père. » (PO, 8).

Après avoir posé ces principes théologiques concernant le presbyterium, Presbyterorum

Ordinis se veut plus concret en faisant ressortir des règles de conduite pour le vivre-ensemble des

prêtres. Il serait intéressant de citer celles-ci : En premier lieu, l’esprit d’unité au sein du presbyterium et avec ses différentes générations qui « doit amener les plus âgés à accueillir les plus jeunes vraiment comme des frères, à les aider dans les premiers efforts et les premières responsabilités du ministère, à essayer de comprendre leur mentalité même si elle est différente, à suivre leurs efforts avec bienveillance. De même, les jeunes sauront respecter l’âge et l’expérience des anciens, dialoguer avec eux sur les problèmes pastoraux et partager avec joie leur travail » (PO, 8). Il faut également relever que le Décret ne se désintéresse pas des questions de santé défaillante, de fatigue physique ou morale ainsi que de solitude des prêtres. Il préconise que les prêtres « s’occupent en particulier de ceux qui sont malades, découragés, surmenés, isolés, exilés ou

154 P. GREINER, « Statut canonique pour des prêtres âgés et autres questions s’y référant », Journée d’étude de la

135 persécutés. Qu’ils aiment aussi à se retrouver dans la joie pour se détendre, se souvenant de l’invitation que le Seigneur lui-même adressait aux apôtres épuisés : “Venez à l’écart dans un lieu désert et reposez-vous un peu“ (Mc 6, 31).»

Si les Pères conciliaires soulignent l’importance d’« une certaine forme de vie commune » et de la convivialité entre les prêtres, ils souhaitent aussi que ceux-ci se soutiennent les uns les autres dans la prière :

« Cette communion dans le sacerdoce doit amener les prêtres à se sentir spécialement responsables de ceux d’entre eux qui ont des difficultés ; ils sauront, au bon moment, leur apporter leur soutien et, s’il y a lieu, leur faire des remarques discrètes. Avec ceux qui ont eu des difficultés, ils feront toujours preuve d’amour fraternel et de générosité : ils prieront Dieu pour eux avec insistance et veilleront sans cesse à être vraiment à leur égard des frères et des amis. » (PO, 8).

Enfin, il faut remarquer que Presbyterorum Ordinis invite les conférences épiscopales, les Evêques et les membres du presbyterium à s’activer pour que, là où ce n’est déjà fait, soient créées des structures de sécurité sociale pour le clergé. Il s’agit d’une part, d’organiser « une prévoyance et une assistance médicale satisfaisante », et d’autre part d’assurer « la prise en charge due aux prêtres pour les cas d’infirmité, d’invalidité ou de vieillesse » (PO, 21). La collaboration personnelle des membres du presbyterium à cette œuvre est considérée en ces termes :

« Les prêtres soutiendront l’organisme ainsi établi dans un esprit de solidarité avec leurs frères, prenant part ainsi à leur épreuve. Ils s’apercevront en même temps qu’ils se trouvent libérés du souci de l’avenir, et donc en mesure de pratiquer la pauvreté avec plus d’ardeur évangélique et de se consacrer tout entiers au salut des âmes » (PO, 21).

A côté de l’implication des membres du clergé dans l’organisation de leur protection sociale, le Décret évoque la responsabilité des fidèles. Ceux-ci doivent « assurer aux prêtres un niveau de vie suffisant et digne » (PO, 20). La justification d’une telle obligation réside dans le fait que les fidèles sont les bénéficiaires du service des prêtes (cf. PO, 20).

Commentant l’importance de l’appel du Concile en faveur de la mise en place d’organismes de protection sociale du clergé, le professeur P. Greiner, doyen de la faculté de droit canonique de l’Institut Catholique de Paris dit :

« Il s’agit de permettre aux prêtres d’avoir, dans le temps de leur activité, une meilleure authenticité et une meilleure disponibilité pour l’exercice du ministère sacerdotal, c’est-à-dire qu’il s’agit d’éviter que nuise au ministère et à la disponibilité des prêtres une inquiétude personnelle pour leur avenir, au moment où ils deviendront âgés et ne pourront plus assurer de charge. Dans le Code de 1983, deux dispositions traitent de la protection sociale du clergé. Il faut ainsi lire de façon combinée le canon 281 § 2 qui demande de « veiller » à ce que les clercs « bénéficient de l’assistance sociale grâce à laquelle il est correctement pourvu à leurs besoins en cas de maladie, d’invalidité ou de vieillesse », et le canon 1274 § 2 qui prévoit que « là où la prévoyance sociale pour le clergé n’est pas encore organisée de façon appropriée, la conférence des Evêques veillera à ce qu’un organisme assure de façon suffisante la sécurité sociale des clercs155

».»

155

136 Si le vœu conciliaire de l’instauration d’une rémunération et d’une sécurité sociale des prêtres est à saluer, il faut souligner que le Concile laisse aux évêques des Eglises particulières156 toute la latitude de le rendre concret et efficace, par des dispositions prises au plan local et adaptées aux réalités spécifiques des clergés dans un monde en pleine mutation.

Synthèse de Presbyterorum ordinis

Le devoir pour chaque prêtre d’accomplir sans relâche les obligations sacerdotales peut être difficile à assumer lorsqu’il connaît un handicap découlant de la vieillesse. A ce moment-là, le soutien à la fois matériel et spirituel de l’évêque et du presbyterium ainsi que l’organisation d’une protection sociale s’avèrent plus que nécessaires. C’est pourquoi les Eglises particulières doivent mettre en place une organisation préventive. La collaboration des fidèles laïcs à ce projet est d’autant plus importante que le prêtre est à leur service.

3.2. Textes émanant des papes

Depuis le Concile Vatican II différents papes se sont intéressés à la vie et l’ont défendue contre ses agresseurs. Ils se sont également intéressés à l’Homme, à la défense et la promotion de sa dignité. Le pontificat de Jean-Paul II a été le plus marqué par de nombreux écrits sur le sujet, auxquels font référence les papes Benoît XVI et François. Leurs réflexions guident les choix politiques et l’engagement de plusieurs instances institutionnelles, internationales et locales, associatives et libérales. C’est pourquoi je retiens certains écrits de ces papes pour la présente recherche. Quant aux vingt-deux messages qu’ils ont adressés aux malades et aux peuples du monde, à l’occasion de la Journée mondiale des malades entre 1992 et 2014, ils sont regroupés et présentés dans un corpus à la fin de l’étude des « textes émanant des papes. »