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4.6 La mesure des variables : des questions simples aux échelles fournies

5.1.7 Le nouveau cours d’HQC (histoire du Québec et du Canada)

Le stade d’implantation

Question : Depuis quand ce cours est-il implanté en troisième et quatrième secondaire dans votre école ou quand le sera-t-il ?

L’implantation du cours d’HQC varie beaucoup d’une école à l’autre. Au total, la moitié des enseignants interrogés donnent présentement le cours d’HQC en quatrième secondaire, tandis que les sept autres ne l’ont jamais donné. Une seule enseignante a donné le cours pen- dant une année complète avec le projet pilote. Certains enseignants donnent des informations contradictoires concernant la date de mise en place du nouveau cours.

Un projet pilote du cours d’HQC a été mis en place dans certaines classes de certaines écoles dès 2015 en troisième secondaire et dès 2016 en quatrième secondaire. Le programme officiel d’HQC est enseigné dans toutes les classes dans la plupart des écoles depuis 2016 en troisième secondaire et depuis 2017 en quatrième secondaire. Par contre, certaines écoles ont obtenu un délai supplémentaire d’un an : le cours d’HQC y est enseigné en troisième secondaire depuis 2017 et depuis l’automne 2018 en quatrième secondaire.

Trois écoles ont implanté le projet pilote dans certaines classes en 2015 (3e secondaire) et en 2016 (4e secondaire), pour un total de huit classes5. Ces écoles ont commencé à donner officiellement le cours d’HQC à compter de 2016 (3e secondaire) et de 2017 (4e secondaire). Cinq autres écoles ont également implanté HQC en troisième secondaire à compter de 2016.

Quatre d’entre elles ont implanté HQC en quatrième secondaire à compter de 2017, tandis que l’autre le fera à compter de 2018, ce qui implique que les élèves suivant présentement le cours d’HEC en quatrième secondaire ont suivi le cours d’HQC en troisième secondaire. Trois autres écoles ont implanté le cours un an plus tard, soit à compter de 2017 en troisième secondaire et à compter de 2018 en quatrième secondaire. Enfin, une dernière école a implanté le cours en troisième et en quatrième secondaire en 2017. Les élèves suivant le cours d’HQC présentement ont donc suivi HEC l’année précédente, ce qui implique certaines répétitions dans la matière, la portion de 1840 à aujourd’hui ayant déjà été vue.

Tableau 5.1 – Évolution à travers le temps de l’implantation du cours d’HQC

2015-2016 2016-2017 2017-2018 2018-2019 Projet pilote d’HQC 3e secondaire (certaines classes seulement), HEC 4e secondaire : 3 écoles HQC 3e secondaire, projet pilote d’HQC 4e secondaire (certaines classes seulement) : 3 écoles HQC 3e-4e secondaire : 8 écoles HQC 3e-4e secondaire : 14 écoles HEC 3e-4e secondaire : 9 écoles HQC 3e secondaire, HEC 4e secondaire : 5 écoles HQC 3e secondaire, HEC 4e secondaire : 4 écoles HEC 3e-4e secondaire : 4 écoles

Certains enseignants ont devancé l’arrivée officielle du cours HQC en implantant quelques années d’avance certains de ses attributs. Ainsi, un enseignant a commencé en 2014 à enseigner de manière chronologique à compter de 1840 en vertu d’une entente avec l’enseignant de troisième secondaire, qui enseignait la première portion de la chronologie. L’enseignant de quatrième secondaire devait toutefois faire une révision thématique durant la deuxième partie de l’année. Un autre enseignant a décidé d’enseigner le matériel du cours d’HQC un an avant son implantation officielle en quatrième secondaire en 2017, puisque son école avait été rejetée comme école pilote. Il avait alors réservé un mois et demi à la fin de l’année pour la préparation à l’examen du ministère, qui était celui associé au cours d’HEC. Enfin, une enseignante remarque que trois de ses élèves ont suivi HQC dans d’autres écoles en troisième secondaire et suivent cette année-là HEC en quatrième secondaire dans sa classe.

L’opinion au sujet du cours d’HQC

Question : Que pensez-vous du nouveau cours d’histoire mis en place en troisième et quatrième secondaire depuis quelques années ?

Neuf enseignants voient positivement l’arrivée du cours d’HQC, trois se montrent critiques du nouveau cours et deux donnent des réponses mitigées. L’aspect le plus souvent évoqué du nouveau cours est le remplacement de l’approche chronologique-thématique par une approche

chronologique sur deux ans. Autrement dit, avec HEC, les élèves voyaient chronologiquement l’histoire du Québec et du Canada en troisième secondaire puis revoyaient cette histoire en quatre temps – quatre grandes thématiques – en quatrième secondaire. Le cours d’HQC abandonne l’approche thématique : on y voit l’histoire du Québec et du Canada jusqu’en 1840 en troisième secondaire et à partir de 1840 en quatrième secondaire. Ce changement est approuvé par 13 des 14 enseignants. Ceux-ci évoquent entre autres l’aspect redondant d’HEC, qui repasse quatre fois en un an à travers l’histoire du Québec et du Canada (8). Ils notent aussi que les élèves deviennent facilement mêlés en raison des aller-retour rapides entre différentes époques (6), que la période contemporaine de l’histoire du Québec pourra être abordée plus longuement et en profondeur avec HQC (7) et que le cours sera moins difficile à comprendre (4), en particulier pour les élèves moins forts à l’école (2). Deux enseignants suggèrent même que le cours d’HEC serait plus approprié pour des étudiants du cégep ou de l’université. Deux enseignants font état d’une baisse importante du nombre d’inscriptions au cours d’histoire du vingtième siècle en cinquième secondaire à la suite de la mise en place du cours d’HEC, jugeant que ce cours avait désintéressé les élèves de l’histoire.

Certains points semblent moins consensuels. Ainsi, pour deux enseignants, le cours d’HQC permet aux jeunes d’acquérir plus de connaissances politiques que le cours d’HEC, mais deux autres enseignants précisent qu’ils ne voient pas vraiment de différence sur ce plan entre les deux cours. Certains enseignants croient qu’il est possible d’aborder la matière plus en profondeur avec HQC, mais sur ce point, les avis sont très partagés : alors que certains enseignants jugent qu’il y a moins de matière à voir dans HQC (3), d’autres pensent qu’il y a plus de matière (3) et d’autres croient que les ajouts et les retraits dans le programme s’équilibrent (2). Une enseignante juge que le nouveau cours donne trop de latitude aux enseignants alors que deux autres croient que le cours demeure beaucoup trop chargé. Seule l’enseignante 3 préfère l’approche thématique en quatrième secondaire, jugeant que cette approche fonctionne bien avec la clientèle plus forte de son école, que les élèves qui ont plus de difficultés trouveraient le cours difficile de toute façon et que voir l’histoire sur deux ans est particulièrement long. Le principal avantage que les enseignants trouvaient au cours d’HEC était que la compétence 1 les obligeait à partir d’un constat actuel pour aller interroger le passé (4). Cette compétence a été éliminée avec l’arrivée du cours d’HQC, ce que remarque l’enseignant 8 :

Il y avait quelque chose d’intéressant, quand même, de pouvoir faire des liens avec le présent plus facilement. [...] Quand on touchait le thème pouvoir, ben là, évidemment, on se concentrait sur l’aspect politique, donc plus facile de faire des liens. Même chose pour le thème culture. Vu qu’on voyait l’évolution des mouvements de pensée, ça permettait tranquillement de montrer l’apparition du conservatisme, du libéralisme, du socialisme, de voir un peu comment ça a évo- lué ».

La place de l’éducation civique dans HQC

Question : Quelle place accordez-vous ou accorderez-vous à l’éducation à la citoyenneté dans le cadre de ce nouveau cours ?

Les avis sont partagés au sujet de la place accordée à l’éducation à la citoyenneté dans le cours d’HQC. Parmi les sept enseignants donnant présentement le cours d’HQC, deux considèrent qu’ils accordent moins de temps à l’éducation à la citoyenneté qu’avec HEC. L’enseignante 14 croit que cela est attribuable au retrait de la compétence 1 et au fait que l’éducation à la citoyenneté soit désormais vue comme une responsabilité des enseignants de toutes les matières. L’enseignant 7 juge plutôt qu’il est en période d’adaptation : puisque ses élèves ont suivi HEC en troisième secondaire, il doit les mettre à jour sur un certain nombre de notions avant de commencer le cours d’HQC en bonne et due forme. Deux enseignants considèrent au contraire que le nouveau cours leur permet d’aborder davantage l’éducation à la citoyenneté car ils ont plus de temps pour le faire. L’enseignant 8 défend ce point de vue :

Ils ont comme [donné au cours le nom] d’éducation à la citoyenneté, mais il n’y avait jamais rien de concret par rapport à ça. C’est pour ça que le changement de programme, quant à moi, il change pas grand-chose là-dessus. [...] Je trouve que c’est une approche plus intéressante, puis justement, pour l’éducation à la citoyenneté, [on la] fait moins vite, cette portion-là [le vingtième siècle], qui est probablement la portion comme le plus près de nous, qui est la plus utile en termes de citoyenneté. Quand tu comprends ce qui s’est passé dans les années 60, 70, 80, ben tu comprends comment notre société actuelle est devenue ce qu’elle est pas mal plus que quand tu parles du régime anglais de 1840.

Les autres enseignants donnent tous des réponses mitoyennes, dont sept qui répondent que le nouveau cours ne changera pas la place qu’ils comptent accorder à l’éducation à la citoyenneté. Pour l’enseignant 10, ça ne fait « aucun changement. Ça n’a rien changé de particulier pour moi, ma façon d’enseigner. [...] Je fais autant d’actualité, je fais autant de liens avec le présent, puis [ce sont] mes buts, comme je te dis, d’éduquer mes jeunes à réfléchir d’une certaine façon ». Quatre enseignants considèrent que le fait qu’HQC retire l’éducation à la citoyenneté des compétences prescrites rend cette tâche davantage soumise à la volonté de l’enseignant d’aborder cette matière en classe, donc l’enseignant 11 : « À partir du moment où ils ont retiré la compétence d’éducation citoyenne du programme, à partir de là, ça a pris, je pense, chaque prof, la couleur qu’il voulait, cette éducation à la citoyenneté là ». Enfin, deux enseignants disent que l’éducation à la citoyenneté serait davantage vue en classe si le ministère l’évaluait dans son épreuve finale, ce qui n’est le cas ni avec HEC ni avec HQC. L’enseignant 2 l’exprime ainsi : « Est-ce qu’on va se ramasser avec le même [...] problème, [...] que le ministère nous donne des intentions mais qu’il les évaluera pas ? Alors ils vont-tu se fier encore sur la bonne volonté des enseignants pour [faire de nos élèves] des citoyens responsables ? Je pense que c’est ça qui va arriver encore ».