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Parmi les déterminants du taux de participation identifiés dans le chapitre 1, les facteurs individuels ressortent comme étant les plus aptes à expliquer l’intention de voter plus tard chez les jeunes. De plus, pour neuf des facteurs identifiés, l’État peut avoir une influence par le biais du cours d’HEC. Ces facteurs sont les connaissances politiques, l’intérêt politique, le climat de classe ouvert ou fermé, la religiosité, le cynisme, la préférence pour un parti ou un candidat, le sentiment que voter est un devoir civique, l’attention politique et l’apprentissage par le service communautaire. Dans les sept premiers cas, une variable principale ou une variable de contrôle est incluse dans cette étude afin de tester pour cet effet.

3.2.1 Les effets du cours d’HEC

La présence de l’éducation civique dans le cours

La littérature sur les cours d’éducation civique fait état d’effets, parfois indirects, de ces cours sur la participation électorale future. La première hypothèse testée reprend essentiellement la question de recherche, visant à déterminer si la présence plus ou moins grande de l’éducation civique – telle que perçue par les élèves – a un lien avec l’intention de voter plus tard.

Hypothèse 1: Le degré de présence perçu de l’éducation civique dans le cours québécois d’histoire et éducation à la citoyenneté au niveau secondaire est lié positivement à l’intention des élèves d’aller voter plus tard.

Les connaissances politiques

Les études sur les cours d’éducation civique montrent que ceux-ci peuvent influencer le niveau de connaissances politiques des élèves. La deuxième hypothèse est dérivée de ce constat.

Hypothèse 2: Le degré de présence perçu de l’éducation civique dans le cours québécois d’histoire et éducation à la citoyenneté au niveau secondaire est lié à de meilleures connaissances politiques des élèves.

L’intérêt politique

Les études portant sur les cours d’éducation civique montrent aussi un effet notable de tels cours sur le degré d’intérêt pour la politique. Cette variable fait donc également l’objet d’une hypothèse.

Hypothèse 3: Le degré de présence perçu de l’éducation civique dans le cours québécois d’histoire et éducation à la citoyenneté au niveau secondaire est lié à un plus grand intérêt politique des élèves.

Puisque les études concernant l’intérêt politique et les connaissances politiques montrent que ces deux facteurs peuvent influencer le vote au niveau individuel, il est de mise de tester si l’effet du cours d’éducation civique sur l’intention de voter est direct ou s’il est indirect. Advenant le cas où l’Hypothèse 1 est confirmée, il est possible que le cours d’HEC augmente les connaissances politiques et l’intérêt politique et que ce soient ces deux variables qui, en réalité, permettent d’expliquer à elles seules l’intention des jeunes de voter plus tard.

Hypothèse 4: L’effet du degré de présence perçu de l’éducation civique dans le cours québécois d’histoire et éducation à la citoyenneté au niveau secondaire sur l’intention des élèves d’aller voter plus tard est expliqué par l’augmentation de leurs connaissances politiques et de leur intérêt politique.

Le climat de classe

Le fait que les élèves soient encouragés ou non à débattre et à discuter d’enjeux politiques en cours d’éducation civique est l’un des principaux déterminants du succès de celui-ci à faire augmenter la participation électorale. L’effet de ce climat de classe sur l’intention de voter plus tard fait donc l’objet d’une cinquième hypothèse.

Hypothèse 5: Le fait de considérer avoir été exposé à un climat de classe ou- vert durant le cours québécois d’histoire et éducation à la citoyenneté au niveau secondaire est lié positivement à l’intention des élèves d’aller voter plus tard.

La religiosité

La littérature montre que la religiosité a un effet positif sur la participation électorale. De plus, le cours d’HEC aborde certains aspects historiques de la religion au Québec et au Canada. En revanche, c’est surtout le cours d’éthique et culture religieuse, obligatoire pendant plusieurs années au secondaire, qui a pour mandat d’aborder les enjeux liés à la religion. Il semble plus plausible que ce cours affecte la religiosité des élèves que le cours d’HEC. La religiosité est donc testée en tant que variable de contrôle, selon que la personne s’identifie à une religion ou pas.

Le cynisme

Certaines études montrent aussi que le cynisme décourage le vote. Le cours d’HEC pourrait diminuer le cynisme en abordant des questions politiques et en expliquant aux jeunes qu’ils peuvent faire la différence en allant voter. Toutefois, il est aussi possible que les aspects politiques abordés dans le cours rendent les élèves prématurément désabusés de la politique en mettant l’accent sur ses côtés plus sombres. La direction de l’effet ne semblant pas certaine, le cynisme est inclus comme variable de contrôle.

La préférence pour un parti ou un candidat

Le fait d’avoir une préférence marquée pour un parti ou un candidat en particulier est forte- ment lié au fait d’aller voter selon de nombreuses études. En apprenant des notions politiques à leurs élèves, les enseignants pourraient également contribuer à forger leur opinion sur les différentes options, ce qui les encouragerait à afficher une préférence marquée pour un parti ou un candidat. En revanche, les enseignants n’ont pas pour mandat de commenter positivement ou négativement les positions des politiciens lorsqu’ils en parlent. La préférence pour un parti ou un candidat est donc également traitée comme une variable de contrôle.

Le sentiment que voter est un devoir civique

La littérature fait état d’un lien très fort entre le sentiment que voter est un devoir civique et le fait d’aller voter. Ce sentiment peut même être un indicateur direct d’une intention plus ou moins forte ou ancrée d’aller voter plus tard. Cette variable fait donc partie intégrante de l’indicateur de l’intention d’aller voter plus tard élaboré dans le chapitre 4.

3.2.2 Les autres facteurs pouvant influencer l’intention de voter plus tard

L’engagement politique sous d’autres formes, le sentiment d’être interpellé ou non par la politique institutionnelle, le sexe, le fait d’étudier dans une école privée, le fait d’étudier dans une école située dans un secteur riche, moyen ou pauvre, le statut d’immigrant, la couleur de peau, la stabilité résidentielle, la langue et la socialisation parentale sont autant de facteurs abordés dans la littérature qui peuvent influencer l’intention de voter plus tard sans être corrélés à la présence plus ou moins grande d’éducation civique dans le cours d’HEC. Sept variables de contrôle sont construites pour mesurer l’effet du sexe, du statut d’immigrant, de la langue parlée à la maison, de la politisation des parents, du secteur public ou privé de l’école, du fait que l’école soit située dans un milieu riche et du fait qu’elle soit située dans un milieu pauvre. De plus, d’autres facteurs moins abordés dans la littérature font l’objet de

contrôles également : le fait d’avoir aimé le cours d’HEC, le fait d’étudier au PEI (Programme d’éducation internationale) de même que le fait d’avoir suivi le nouveau cours d’histoire, HQC.

3.3

Concepts

Éducation civique : « le processus pour fournir aux personnes intéressées les compétences

et les caractéristiques pour créer de l’information collaborative et collective, des pratiques et des modes de changement dans le domaine public1 » (Themistokleous et Avraamidou, 2016). Cette définition a le mérite de faire ressortir deux éléments essentiels : la transmission d’information et de connaissances politiques ainsi que l’engagement dans la communauté, qui inclut le fait d’aller voter. Dans le cadre de ce mémoire, éducation civique sera considéré comme un synonyme d’éducation à la citoyenneté.

Intention de voter plus tard : intention de se déplacer aux urnes pour voter lorsque l’âge

pour voter est atteint.

Connaissances politiques : connaissances factuelles concernant le domaine de la politique. Intérêt politique : intérêt porté envers les questions politiques, problèmes sociaux et enjeux

de pouvoir (Dassonneville et al.,2012).

Climat de classe ouvert : approche qui encourage les élèves à donner leur opinion sur des

enjeux politiques en discutant et en débattant avec leurs pairs en classe (Martens et Gainous, 2013).

Ces concepts évitent le problème de l’étirement conceptuel identifié par Sartori(1970), étant définis positivement et de manière précise. Le schéma suivant permet d’expliquer comment ces variables se croisent pour former les hypothèses mentionnées plus haut :

Intention de voter plus tard

Connaissances politiques Climat de classe ouvert Intérêt politique Degré de présence perçu de l’éducation civique dans le cours d’HEC

Afin de tester ces hypothèses, plusieurs indicateurs ont été développés, et plusieurs ques- tions d’entrevue et de questionnaire ont été reliées à ces indicateurs. Les tableaux présentant les différentes hypothèses et variables ainsi que les indicateurs, questions d’entrevue et de questionnaire qui leur sont liées sont présentés dans l’Annexe A.

Chapitre 4

Données et méthodes