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4.6 La mesure des variables : des questions simples aux échelles fournies

5.1.6 L’éducation à la citoyenneté dans d’autres cours

L’association entre histoire et éducation à la citoyenneté

Question : Que pensez-vous de l’association entre histoire et éducation à la citoyenneté dans un même cours ?

D’emblée, tous les enseignants s’entendent pour dire qu’histoire et éducation à la citoyenneté sont deux matières qui s’enseignent bien ensemble. Certains parlent d’« alliance naturelle », disent que « ça va ensemble » ou que « c’est essentiel » d’aborder l’histoire et l’éducation à la citoyenneté simultanément.

Par contre, ce ne sont pas tous les enseignants qui approuvent l’idée d’un monopole du cours d’HEC ou d’HQC sur l’éducation à la citoyenneté. Six enseignants considèrent que l’histoire est la seule matière avec laquelle l’éducation à la citoyenneté peut être vue efficacement. C’est ce que croit l’enseignante 6, pour qui « c’est connecté, l’histoire et l’éducation à la citoyenneté, ça va ensemble. Je verrais pas ça dans un autre cours ». À l’inverse, cinq autres enseignants soulignent que le volet éthique du cours d’éthique et culture religieuse se prête également bien à l’éducation à la citoyenneté. Par exemple, pour l’enseignant 7,

le cours d’histoire et le cours d’éthique et culture religieuse, je trouve que ça se prête d’emblée. [Ce sont] des cours de sciences humaines. [...] Toutes les questions éthiques, dans notre façon de vivre en société, ça se pose quotidiennement. Il y a des débats éthiques, il y a des questions éthiques... Alors le volet éthique, parce qu’il y a aussi le volet culture religieuse, mais dans le volet éthique, [...] je pense que ça se prête assez bien aussi [à l’éducation à la citoyenneté]. Le problème aussi, c’est le nombre de périodes [par] cycle qui leur permet pas une marge de manœuvre suffisante.

Trois enseignants soulignent que l’éducation à la citoyenneté doit se faire dans différentes ma- tières et que tous les cours s’y prêtent bien. Pour l’enseignant 13, « communiquer l’importance d’être un citoyen ou de prendre conscience de sa propre citoyenneté chez l’élève, ça se donne dans n’importe quel cours à mon avis ». À l’inverse, deux enseignants soulignent que lorsque l’éducation à la citoyenneté est une responsabilité de tous les enseignants, personne ne se sent concerné et ne l’enseigne en pratique. L’enseignant 2 l’exprime ainsi :

si tu fais pas d’éducation à la citoyenneté en histoire, t’es dans le champ et t’as manqué quelque chose, t’es passé à côté de quelque chose. Alors de par tes convic- tions personnelles, de par ta politisation personnelle, tu peux pas te fier à l’en- semble de tes collègues pour passer ce message-là, [...] c’est dans ton cours qu’il faut que ça se fasse.

entièrement en vase clos. Il y a des parallèles à faire, ne serait-ce que pour comprendre, mais si t’avais à faire un cours où vraiment, tu veux faire de l’éducation à la citoyenneté, j’aurais tendance à le faire à part ».

L’enseignant 5 fait bande à part en soulignant qu’il est également de la responsabilité des parents de faire de l’éducation à la citoyenneté à la maison.

Le cours de monde contemporain

Question : Considérez-vous que le cours monde contemporain est un cours d’éducation à la citoyenneté ? Qu’est-ce que les élèves y apprennent ?

12 des 14 enseignants jugent que le cours de monde contemporain aborde des notions d’édu- cation à la citoyenneté. Pour huit d’entre eux, l’éducation à la citoyenneté est même plus présente que dans le cours d’HEC, comme le souligne l’enseignant 9 :

Le cours de monde contemporain [...], par la bande, me semble être un bon cours d’éducation à la citoyenneté, parce que là on parle d’enjeux actuels qui sont mon- diaux mais, comme j’explique à mes jeunes, ça a des répercussions ici. Les chan- gements climatiques, peut-être qu’en ce moment on est beaucoup moins éprouvés, mais les effets directs ou indirects, on les voit ici aussi.

Deux autres enseignants jugent que monde contemporain et HEC abordent autant l’éducation civique, et quatre jugent que le cours d’HEC aborde davantage l’éducation à la citoyenneté. Parmi ces quatre derniers enseignants, trois expliquent que le cours de monde contemporain est axé sur une « citoyenneté mondiale », moins directement associée aux préoccupations actuelles des jeunes, alors que l’enseignant 12 juge que l’enseignant de monde contemporain qu’il connait utilise ce cours davantage pour parler d’économie – la matière qu’il enseignait précédemment – que pour parler d’enjeux internationaux.

Neuf enseignants mentionnent qu’eux ou leurs collègues enseignant le cours de monde contem- porain parlent beaucoup d’enjeux actuels et font beaucoup d’actualité internationale dans ce cours. Par exemple, pour l’enseignante 4, « nous on faisait des questions d’actualité, donc ça veut dire que moi je prenais un cours sur mon horaire puis c’était très clair : je vais vous poser des questions d’actualité nationale et internationale ». Cinq enseignants soulignent qu’il s’agit également d’un cours où les jeunes sont amenés à prendre position sur différents enjeux. L’enseignante 14 donne l’exemple suivant :

« Vous allez prendre cet article-là [en faveur du salaire minimum à 15 $ de l’heure], puis [les autres], prenez les articles qui disent que c’est contre. On se fait une idée, on se met en équipe de deux, on partage ça. [...] Si vous aviez à voter demain, est-ce que la province de Québec devrait adopter le salaire minimum à 15 $ ? Qui dit oui, qui dit non ? » Ça, pour moi, c’est une forme d’éducation... Puis j’ai le temps de faire ça. J’ai le temps de pousser.

Justement, les enseignants sont nombreux (6) à souligner que l’enseignant de monde contem- porain a plus de liberté que celui d’HEC ou d’HQC, notamment en raison de l’absence d’une épreuve ministérielle à la fin de l’année en cinquième secondaire. Pour l’enseignant 10, « [dès] qu’un enseignant décide de faire de l’éducation citoyenne [...] avec les élèves, il a la matière par- faite, [...] puis en plus, il a pas d’examen du ministère, ça fait que c’est lui qui fait ses propres examens, donc go ! C’est le temps de mettre l’emphase sur l’éducation [à la citoyenneté] ». Six enseignants soulèvent toutefois le fait que monde contemporain est passé de quatre périodes par cycle à deux périodes par cycle récemment, les thèmes Pouvoir et Environnement ayant été retranchés. Ils perçoivent tous ce changement assez négativement. Par exemple, l’ensei- gnant 7 croit que « [l’éducation civique] se fait beaucoup en [cinquième secondaire]. Là bon, ils se sont fait amputer deux périodes pour le nouveau cours d’éducation financière. Ça a créé une polémique que je suis capable de comprendre ». L’enseignant 8 souligne toutefois que certaines classes dans son école ont conservé quatre périodes de monde contemporain en plus des deux périodes d’éducation financière en raison de la structure de certains programmes.