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Le degré perçu de présence de l’éducation civique dans HEC

4.6 La mesure des variables : des questions simples aux échelles fournies

5.1.1 Le degré perçu de présence de l’éducation civique dans HEC

La définition de l’éducation à la citoyenneté

Question : Pour vous, qu’est-ce que l’éducation à la citoyenneté ?

Plusieurs éléments sont mentionnés par tous les enseignants ou par la majorité d’entre eux lorsqu’on leur demande de définir l’éducation à la citoyenneté, mais leurs réponses comportent quelques différences et beaucoup de variété. Premièrement, 11 enseignants mentionnent l’im- portance de former des citoyens ou de sensibiliser l’élève à son futur « rôle de citoyen »,

1. Dans cette question, les chiffres entre parenthèses font référence au nombre d’enseignants qui disent ou font une certaine chose.

alors que deux autres parlent de sensibiliser les jeunes à différents enjeux dont le vote et le vivre-ensemble. L’enseignant 1 n’aborde pas cet aspect de l’éducation à la citoyenneté dans sa réponse mais y fait référence ailleurs dans l’entrevue. Ce point semble donc assez consensuel. L’enseignante 4 explique par exemple que « moi, mon but ultime, c’était [de faire de mes élèves] des citoyens responsables et impliqués dans leur société, dans leur communauté. Pour moi, ça c’était la base ». Elle revient souvent sur ce point par la suite durant l’entrevue. La sensibilisation des jeunes au droit de vote est spécifiquement mentionnée dans la réponse de 10 enseignants. L’enseignant 12 affirme par exemple « faire prendre conscience [aux élèves] qu’ils sont à deux ans d’être en âge d’aller voter ». Pour sa part, l’enseignante 4 mentionne que l’éducation à la citoyenneté, « c’est pas juste le droit de vote, même s’il est très présent et important, mais [ce sont] tous les rôles d’un citoyen [et l’importance] de les sensibiliser au futur rôle qu’ils ont et qu’ils auront à jouer, parce que déjà à leur âge, ils ont une forme de participation qu’ils peuvent faire ». Trois autres enseignants intègrent eux aussi le droit de vote à travers un but plus large de sensibiliser les jeunes à la participation citoyenne dans la société. Parmi les quatre enseignants qui n’abordent pas cet aspect dans leur réponse, trois d’entre eux mentionnent tout de même la sensibilisation au vote comme une partie intégrante de leur rôle à d’autres moments de l’entrevue. Enfin, l’enseignant 13 ne mentionne pas cette sensibilisation au droit de vote comme une des ses tâches, jugeant par ailleurs qu’il est légitime qu’un jeune n’aille pas voter, en autant qu’il se montre intéressé par la politique et que son abstention soit réfléchie.

D’autre part, l’ensemble des enseignants mentionne durant l’entrevue la pertinence de faire des liens entre le passé et le présent, mais la moitié d’entre eux ne mentionnent pas cet élément dans leur définition de l’éducation à la citoyenneté. Pour l’enseignant 8,

ma façon de l’approcher, c’est de voir un peu comment notre société s’est déve- loppée pour devenir ce qu’elle est maintenant, [...] comprendre comment ça s’est bâti pour [que les élèves] comprennent comment [elle] marche maintenant, puis de faire toujours des parallèles entre le passé puis le présent.

Les expressions « éveil sur le monde », « ouverture au monde », « vivre-ensemble » et « vivre en société » reviennent souvent dans les réponses des enseignants : six d’entre eux utilisent l’une d’entre elles pour définir l’éducation à la citoyenneté. Par exemple, l’enseignant 7 explique qu’il explique à ses élèves comment vivre en société, qu’il tente, « à partir de tout sujet d’actualité valable, de les ouvrir au monde extérieur. Si je veux résumer là, je leur dis toujours “Ouvrez les fenêtres pis regardez dehors. C’est ça notre job” ».

Également, prendre position, donner son opinion et argumenter sont mentionnés dans les réponses de trois enseignants. Par exemple, l’enseignante 3 explique que « c’est certain qu’on les sensibilise beaucoup au droit de vote, mais aussi à leur implication, à donner leur opinion

[...] avec des arguments, pour qu’ils puissent avoir un échange aussi avec d’autres sur différents enjeux ».

Deux enseignants explicitent l’idée que l’éducation à la citoyenneté est ce que le ministère dit qu’elle est. L’enseignant 1 explique qu’« à moins que ce soit inscrit », le cours de monde contemporain n’est pas un cours d’éducation à la citoyenneté. L’enseignant 5 dit quant à lui qu’il n’aborde pas la section des manuels attitrée à l’éducation à la citoyenneté, ce qui lui fait dire qu’« honnêtement, l’éducation citoyenne, systématiquement, je le faisais pas. Je le faisais par éveil, je le faisais par discussion, je le faisais par la bande ». Dans la même veine, certains enseignants font un lien entre l’éducation à la citoyenneté et l’une des trois compétences évaluées dans le cours d’HEC. Quatre considèrent la compétence 3 – Consolider

l’exercice de sa citoyenneté à l’aide de l’histoire – comme étant l’éducation à la citoyenneté.

Par exemple, pour l’enseignant 11,

la compétence 3, [...] la compétence de conscience citoyenne qui faisait partie initialement du nouveau programme d’histoire, [...] a été comme évacuée du pro- gramme, maintenant intégrée dans la démarche qu’on fait mais [plus évaluée, donc] c’est quelque chose, l’éducation citoyenne, qui a changé beaucoup, notre définition qu’on en a faite dans le programme.

L’enseignante 14 voit plutôt un lien entre la compétence 1 – Interroger les réalités sociales

dans une perspective historique – et l’éducation à la citoyenneté (Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur,2016b). Enfin, l’enseignant 9 considère que la compétence 1 et la compétence 3 sont toutes deux liées à l’éducation à la citoyenneté.

Le temps en classe accordé à l’éducation civique

Question : Quelle quantité de temps accordez-vous respectivement à l’histoire et à l’éducation à la citoyenneté dans vos cours, excluant la révision du programme de 2016-2017 ?

Six enseignants répondent spontanément qu’ils abordent simultanément l’histoire et l’éduca- tion à la citoyenneté, ce qui les fait hésiter quant au pourcentage du temps en classe qu’ils accordent à cette dernière. L’enseignante 4 donne ainsi ce début de réponse : « Mon Dieu. Difficile [à dire] parce que moi j’intégrais le tout, parce que durant le déroulement du cours, tout à coup, l’opportunité se présentait, donc là je sortais les questions ».

Selon leur estimation personnelle, les enseignants accordent en moyenne 77,3 % de leur temps d’enseignement à l’histoire contre 22,7 % du temps à l’éducation à la citoyenneté. Neuf des 14 enseignants estiment d’ailleurs donner entre 20 et 25 % de leur temps d’enseignement à l’éducation à la citoyenneté. L’enseignant 9 accorde le moins de temps en classe à cet aspect de la matière selon ses dires : 10 % de son temps. L’enseignant 10 se situe à l’autre extrême : il accorderait plutôt 50 % du temps en classe à l’éducation à la citoyenneté. Cet enseignant

insiste toutefois pour dire que « c’est parce que moi, je vois encore ça comme un tout quand même ».

Après l’entrevue, deux enseignantes confient que l’entrevue les motive et qu’elles aimeraient accorder plus de temps à l’éducation à la citoyenneté dans leur cours, jugeant que leur pro- portion de 20 % est insuffisante. Cinq autres enseignants font également la remarque qu’ils aimeraient accorder plus de temps à l’éducation à la citoyenneté dans leur classe durant l’entrevue, alors qu’aucun ne dit que l’éducation à la citoyenneté prend trop de place. L’en- seignante 3 aimerait par exemple faire davantage d’éducation citoyenne en classe, mais juge « que le format qui est comme en ce moment fait en sorte qu’on n’a pas le choix de préparer nos élèves à un examen même si on essaie de pas trop en parler ».