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CHAPITRE II: REVUE DE LITTERATURE SUR LA RELATION

3. L’INTERNATIONALISATION CONÇUE COMME PROCESSUS D’APPRENTISSAGE

3.1 LA NOTION DE LA CONNAISSANCE DANS LE CONTEXTE INTERNATIONAL

Le chemin d’internationalisation expose une entreprise à plusieurs sources et types de connaissances (Bresman et al, 1999). On aborde principalement des connaissances institutionnelles, commerciales, expérientielles des marchés domestiques et des marchés internationaux.

L’internationalisation dépend de l’intensité de connaissances. Certaines entreprises suivent un cheminement incrémental et cumulatif leur permettant de construire une base de connaissances pour éventuel progression internationale. Ces connaissances d’internationalisation concernent l’identification, l’évaluation et saisi des opportunités, évaluation des partenaires stratégiques (Fletcher et Harris, 2012).

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« Knowledge is of interest because commitment decisions are based on several kinds of knowledge” (Johanson et Vahlne, 1977, P 27). Les connaissances du marché peuvent être

générales (Les méthodes marketing, les caractéristiques communs des clients…etc.) et spécifique (Les caractéristiques du marché national, le climat d’affaires, structure du marché et les caractéristiques des clients … etc.).

La connaissance du marché comprend des connaissances objectives et des connaissances expérimentales. La première est explicite et transférable, alors que la dernière est spécifique au marché, car elle concerne les pratiques et les comportements d’un marché donnée et peut être acquis dans le cadre d’activités actuelles. La connaissance expérientielle entoure l’interaction implicite avec les homologues et les autres agents du marché (Johanson et Vahlne, 1990). Le terme «connaissances expérientielles» englobe tous les types de connaissances que les entreprises peuvent accumuler lors des opérations sur les marchés internationaux et implique leur capacité à rechercher, à analyser et à agir sur des questions internationales (Blomstermo et al, 2004).

Les connaissances objectives sont acquises par des méthodes dites normalisées, à travers l’étude de marché, et peuvent facilement être transférées dans d’autres pays et reproduites par d’autres entreprises. D’autre part, la connaissance expérientielle est acquise à travers la réalisation d’activités – l’apprentissage par la pratique. Les activités courantes source des connaissances expérientielles (Johansons et Vahle, 1977). Les connaissances expérientielles sont spécifiques au pays et ne peuvent pas être transférées entre entreprises ou unités commerciales. (Eriksson et al, 1997) souligne que l’accumulation des connaissances expérientielles est coûteuse dans le cadre d’internationalisation.

(Eriksson at al, 1997) ont déterminé trois types de connaissances dans le processus d’internationalisation, la connaissance des affaires, les connaissances institutionnelles et les connaissances d’internationalisation. Pour eux, la connaissance de l’internationalisation concerne la capacité et les ressources d’une entreprise à s’engager dans des opérations internationales. La connaissance des affaires concerne la connaissance des situations concurrentielles dans des marchés spécifiques et des clients sur ces marchés. La connaissance institutionnelle est la connaissance des structures de gouvernance dans des pays spécifiques, de leurs règles, règlements, normes et valeurs.

(Eriksson et al, 1997) avance que la connaissance objective est d’une importance mineure dans le processus d’internationalisation. La connaissance expérientielle est un élément primordial dans la sélection des marchés, l’entrée et la vitesse d’entrée (Casillas et al, 2009). La connaissance du marché provient d’une démarche innovante et proactive plutôt que d’accumuler passivement l’expérience du marché étranger (Zhou, 2007).

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113 Au début du processus d’internationalisation, les connaissances expérientielles des entreprises reflètent seulement les opérations courantes effectuées sur le marché domestique. Lorsqu’elles s’engagent à l’international, elles basent leurs activités commerciales internationales sur l’expérience qu’elles ont pu développer sur le marché domestique. En augmentant leur implication, elles accumulent progressivement des connaissances expérientielles internationales (C.C Hsu, A.Pereira, 2008). Les entreprises ayant accumulé un stock important de connaissances expérientielles montrent moins d’intérêt aux marchés similaires (Eriksson et al, 1997).

Dans le modèle proposé par (Merji et Umemoto, 2010), ils argumentent la place centrale de la connaissance dans le processus d’internationalisation. Leur modèle explique le rôle de différents types de connaissances dans chaque phase du processus. Les phases d’internationalisation sont : la pré-internationalisation (l’entreprise ne détient aucune expérience internationale), l’étape novice (l’entreprise détient une expérience moyenne) et la phase d’internationalisation expérimentée (l’entreprise détient une bonne expérience).

Figure 34 : Modèle d’internationalisation basé sur les connaissances (Source : Mejri et Umemoto, 2010)

Dans leur modèle, il distingue entre la connaissance du marché et la connaissance expérientielle. Cette dernière comprend la connaissance de réseau, connaissance culturelle et connaissance entrepreneuriale. La connaissance du marché acquise lors de la pré-internationalisation est importante pour assurer une entrée réussite sur les marchés étrangers. Elle est constamment utilisée dans la phase novice. Par contre dans la phase d’une internationalisation expérimentée, la connaissance du marché est faiblement utilisée. L’utilisation des connaissances tacites s’intensifie par l’accumulation des connaissances. En effet, la connaissance tacite est fortement utilisée dans la phase expérimentée d’internationalisation et faiblement utilisée dans la phase novice.

114 Pour ces auteurs, la connaissance du réseau est acquise dans la phase de la pré-internationalisation et dans la phase novice. La connaissance culturelle, permet de réduire la distance psychique. Quant à la connaissance entrepreneuriale permet de saisir les opportunités et de les exploiter.

Les entreprises à forte intensité de connaissances peuvent avoir l’accès aux nouvelles connaissances technologiques, leur permettant ainsi de développer et adapter des produits dans de nouveaux marchés et éviter la stagnation sur les marchés dont elles opèrent (Autio et al, 2000).

3.1.2 La quantité de connaissance :

La quantité de connaissances dont un décideur a besoin pour s’engager sur un marché étranger est soumise à la discrétion de la direction. Comme on l’a constaté dans le modèle d’Uppsala que les décideurs ne prennent pas de risque à l’international, sinon le risque pris doit être faible. En revanche certaines études avancent le contraire, que la décision d’internationalisation s’aligne à un comportement de prise de risque (Petersen et al., 2000). (Eriksson et al, 1997) montrent dans leur analyse que le manque de connaissances en matière d’internationalisation a un fort impact sur le manque de connaissances commerciales et institutionnelles qui, à leur tour, influent le coût perçu de l’internationalisation. Ils constatent aussi qu’il n’y a pas d’effet direct du manque de connaissance d’internationalisation sur le coût perçu d’internationalisation.

L’internationalisation d’une entreprise ne dépend pas juste d’une connaissance relative à un marché donné, mais elle dépend des différentes facettes de la connaissance des activités internationales (Basly, 2006). Il a étudié dans la cadre de sa thèse, l’influence des caractéristiques de la PME sur le degré d’internationalisation et le niveau de connaissances, cherchant principalement si l’entreprise familiale perd son identité à l’international. S’agissant de trois variables : conservatisme, orientation indépendance et réseautage social véhiculés par une variable clé, la connaissance d’internationalisation.

- L’attitude conservatrice des entreprises familiales influence le niveau de connaissance. C’est des entreprises qui sont timides aux changements. Le niveau de connaissance d’internationalisation serait faible, ce qui affecte systématiquement le degré d’internationalisation.

- L’attitude d’indépendance s’affiche sur le plan financier, plan humain et plan relationnel. Les entreprises familiales évitent de s’orienter vers des partenaires étrangers, que ce soit sur le plan financier ou plan de recrutement ; elle évite aussi les

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115 prises de décisions inter-organisationnelles. La volonté de rester indépendant limite l’acquisition et l’accumulation des connaissances.

- Le réseautage social de l’entreprise familiale affecte positivement le niveau de connaissance d’internationalisation.

3.2.1 Le rôle de la connaissance dans le processus d’internationalisation :

On doit à (Valne et Johanson, 1977), la prise en compte de la connaissance dans le cadre de l’internationalisation. D’ailleurs comme on l’a vu dans le premier chapitre, que le processus d’internationalisation est procédé par l’apprentissage dynamique et progressif de l’environnement étranger.

« L’organisation voulant affronter de manière dynamique un environnement changeant

constamment doit créer de l’information et de la connaissance, et ne doit pas se contenter de la gérer efficacement » (Nonaka et Takeuchi 1995, P 49-50). Le manque de

connaissance représente la contrainte la plus critique (Johanson et Vahlne, 1977, 2009). Il est indispensable de gérer l’incertitude générée par le manque de connaissances. Dans ce contexte de perception du manque de connaissance, les gestionnaires doivent prendre des décisions basées sur des ensembles d’informations consciemment incomplètes. Cet équilibre entre le savoir et l’engagement des ressources dans un contexte incomplet, du savoir est maintenant un sujet de préoccupation majeur pour les gestionnaires internationaux.

Pour l’école suédoise, les entreprises maîtrisent le risque international par l’acquisition progressive des connaissances des marchés étrangers. Les décisions d’engagement progressif à l’étranger reflètent un comportement incrémental des entreprises ; et une fois l’entreprise réussit sa première opération à l’étranger, elle peut conquérir d’autres marchés. Le comportement incrémental des entreprises leur permet d’appréhender les risques et les incertitudes.

(Knight et Liesch, 2002) avancent que la connaissance tacite d’internationalisation peut procurer un avantage concurrentiel aux entreprises voulant s’engager à l’international. La capacité d’une entreprise à créer les connaissances notamment expérientielles liées aux marchés étrangers et à les exploiter, est parmi les sources les plus importantes permettant de créer un avantage concurrentiel durable. (Knudsen et Madsen, 2002) argument aussi que la création de nouvelles connaissances et routines au niveau de l’entreprise constitue une dimension essentielle dans le processus d’internationalisation et un déterminant clé de sa performance.

116 L’expérience acquise à partir d’un marché étranger peut se traduire par une connaissance qui peut être utilisée pour résoudre des problèmes ou saisir une opportunité liée aux opérations internationales. En d’autres termes, les entreprises apprennent simultanément quand elles interagissent avec les changements sur leurs marchés étrangers. La capacité d’une entreprise à acquérir de nouvelles connaissances dépend de sa capacité d’absorption ou de ses connaissances et expériences antérieures. Par exemple, si une entreprise a de l’expérience sur les marchés étrangers, elle peut être en mesure de reconnaître la valeur des connaissances institutionnelles et d’acquérir plus facilement ces connaissances pour son expansion à l’international.

(Brennen et Garvey, 2009) mènent une réflexion sur le rôle de la connaissance dans l’internationalisation. Pour ces auteurs, les modèles séquentiels perçoivent la connaissance comme barrières car les entreprises doivent faire un effort d’apprentissage pour acquérir progressivement les connaissances notamment tacites ce qui rend le processus coûteux en temps et en ressources. Par contre, pour les « Born Global », la connaissance constitue un moteur qui déclenche une internationalisation rapide.

Figure 35 : Le rôle de la connaissance dans l’internationalisation Source : (Brennan et Garvey, 2009, P 130)

3.1.4 Effet de la variation sur l’accumulation des connaissances dans le processus d’internationalisation :

(Eriksson et al, 2000) analysent l’effet de la variation sur l’accumulation des connaissances des entreprises dans leur processus d’internationalisation. En particulier, ils examinent l’aspect incrémental ou dynamique de l’accumulation des connaissances. Et ce, en se basant sur l’hypothèse que la variation des environnements étrangers de l’entreprise en cours d’internationalisation a un effet positif direct sur ses connaissances institutionnelles, ses connaissances des affaires et ses connaissances d’internationalisation.

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117 La variation correspond à la présence d’une entreprise internationale dans de différents marchés étrangers, enrichissant ainsi ses routines organisationnelles (Eriksson et al, 1997). Il est évident que les entreprises qui opèrent dans un seul marché, utilise la même base de données et que les entreprises qui opèrent dans plusieurs marchés enrichit leur base de connaissances. Car l’entreprise sera exposée à plusieurs acteurs économiques et commerciaux, institutionnels, clients, des concurrents.

La variation (produit, client, marché, technologie ….ect) permet aux entreprises internationales d’accumuler des connaissances auprès d’une plus grande variété d’acteurs commerciaux et institutionnels et déclencher un processus d’apprentissage d’une manière régulière, elle sera probablement plus innovante. Donc, les entreprises exposées à une variation limitée, accumulent des connaissances limitées qui nuit systématiquement à leur performance (Eriksson et al, 2000).

3.2 RISQUE, INCERTITUDE ET CONNAISSANCES DANS UN CONTEXTE