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1. LES APPROCHES CLASSIQUES D’INTERNATIONALISATION DES ENTREPRISES

1.2 APPROCHE ECONOMIQUE

L’école économique a examiné le processus d’internationalisation des PME en empruntant les grandes lignes de la théorie de commerce international notamment les investissements directs étrangers. Cette approche fait appel aux sciences économiques essayant d’expliquer le développement et le comportement des entreprises sur le marché international. On cite à ce titre quelques courants :

1.2.1 La théorie éclectique de John H.Dunning :

Les apports théoriques et empiriques de Dunning ont débuté en 1958, en analysant la multinationalisation des entreprises en termes d’avantages spécifiques à l’entreprise. Il a utilisé tout au long de ses recherches, une méthodologie fondée sur l’éclectisme c'est-à-dire un mélange de théories et l’empirisme permanent. Il a développé la théorie éclectique qui constitue une synthèse des théories existantes sur le phénomène de l’internationalisation des entreprises. Selon Dunning la décision de pénétrer des marchés étrangers dépend à la fois des ressources tangibles et intangibles que détient l’entreprise, la capacité de l’entreprise à gérer ses activités, et de tracer un bilan des bénéfices et risques attachés à cette décision. Il a aussi essayé d’expliquer le processus d’internationalisation en faisant appel à la théorie des coûts de transactions. En fait, la théorie éclectique améliore la théorie

32 des coûts de transaction6 en incluant, pour le choix du mode d’entrée, en sus de la variable de coût de transaction (internalisation), des variables de propriété et de location (Anderson, 1997).

(Kogut et Singh, 1988), avancent que les facteurs spécifiques à la nature de l’industrie, à l’entreprise et au pays influencent largement la décision de choix de mode d’entrée. En revanche, Dunning argumente que le choix de mode d’entrée dépend des avantages spécifiques à l’entreprise, à la localisation et l’internalisation. Pour lui, une entreprise s’engage à l’international si elle possède trois avantages, résumés par ce qu’on appelle le paradigme OLI. Ce paradigme est synthétisé en trois conditions exigées pour passer à l’investissement direct à l’étranger :

- Avantages spécifiques à l’entreprise (Ownership advantage)

Selon Dunning, les entreprises s’engagent à l’international car elles détiennent un avantage spécifique par rapport aux autres firmes rivales qu’elles vont exploiter sur le marché étranger. S’installer à l’étranger engendre des coûts importants relatifs d’un coté à l’apprentissage de la culture, des lois et réglementations, politiques commerciales et industrielles des pays étrangers et de l’autre coté à la distance géographique et aux communications. Donc, l’entreprise qui détient cet avantage spécifique, lui permet de maîtriser ces coûts. Cet avantage peut être un produit, un processus de production ou bien lié au savoir, innovations, caractéristiques managériales et technologiques. Il peut être aussi exprimé en économie d’échelle ou bien un avantage de type monopoliste, le cas des grandes marques.

- Avantages spécifiques au pays (Location)

Selon Dunning, les entreprises s’installent dans les pays où les avantages spécifiques du pays étrangers maximisent les avantages spécifiques à l’entreprise. Autrement dit, il faut que l’entreprise possédant un avantage spécifique, génère un bénéfice plus important en l’exploitant dans un pays étranger que dans son pays d’origine. Donc, on parle d’un avantage de localisation à l’étranger.

Pour qu’une entreprise choisisse son emplacement dans un pays étranger donné, Dunning met l’accent sur trois éléments de comparaisons, en introduisant le paradigme de ESP (Environnement, System and Policies). L’environnement porte sur la qualité et la quantité des facteurs de production disponible (Moyens de transport et outils de communication, la taille des marchés, distance géographique, qualité des infrastructures…etc.). Le système

6Le courant des coûts de transaction (Willianson,1975) : D’après Wiliamson, en abordant la théorie des IDE, les entreprises choisissent la forme d’organisation qui réduit le plus les coûts de transactions.

THEORIES D’INTERNATIONALISATION

33 porte sur la culture, la langue et les réseaux sociaux). Enfin, les politiques propres au pays étrangers, politique commerciale, industrielle et douanière). Cela veut dire que les avantages de localisation ne portent pas seulement sur les dotations en ressources naturelles, mais plutôt sur les caractéristiques économiques, sociales et politiques. Ce qui est évident, plus un pays procure des avantages, plus il attire des investisseurs étrangers.

- Avantages de l’internalisation (Internalization advantage)

Pour Dunning, l’entreprise tire plus de bénéfice si elle internalise ses avantages par l’extension de ses propres activités plutôt que de les externaliser en concluant des contrats avec d’autres entreprises (Sous-traitance, alliance…etc.).

Afin de mieux optimiser ses avantages, l’entreprise devrait choisir le mode d’organisation le plus adapté. L’entreprise optimisera les deux avantages précédents en arbitrant entre les différents choix de locations possibles, en fonction de l’avantage comparatif des pays et de leurs dotations en facteurs de production.

Donc, le mode d’entré dans un marché donné dépend de la conjecture des trois avantages évoqués. Un investissement direct à l’étranger ne se réalisé que si les trois avantages sont réunis comme le montre le schéma suivant. Si l’entreprise détient les deux avantages (O) et (I), elle opte pour l’exportation de ses produits à l’étranger depuis son pays d’origine. Si l’entreprise détient l’avantage spécifique à elle (O), elle délivre des licences d’importation. L’aboutissement de la théorie éclectique selon Dunning c’est la détention d’un avantage spécifique qui détermine son degré d’internationalisation.

Figure 3 : Le processus d’internationalisation de la firme selon John H.Dunning (Modèle OLI)

Source : Conçu à partir de Dunning J.H. The electric Paradigm of International Production : Past, present and Future, International Journal of the economics of Business, Vol n°08, N°02, 2001, page 173-190.

(Brouthers et Werner, 1996) examinent l’impact des variables introduites par Dunning sur le choix de mode d’entrée dans l’industrie des logiciels aux USA. Ils avancent qu’à mesure

34 que les avantages s’intensifient, les entreprises s’orientent vers des modes d’entrée plus intégrés avec un contrôle élevé. (Tse et al, 1997) en examinant les avantages OLI sur le choix des modes d’entrée en Chine, parviennent aux même conclusions.

Toutefois, les analyses de Dunning s’inscrivent dans un cadre micro-économique avec une absence totale d’une analyse macro-économique en termes d’avantages comparatifs des pays (Kojima, 1990). Le modèle de Dunning reste statique et ignore les dynamiques processuelles, car elle résulte d’un simple arbitrage entre les avantages qui peuvent être détenus par l’entreprise. En 2008, Dunning et Lundan, ont tenté d’introduire une certaine dynamique à la théorie éclectique en prenant en considération l’évolution dans le temps des trois avantages OLI. Cela n’empêche pas de dire que la théorie éclectique n’explique pas le comportement des entreprises sur la scène internationale. Plusieurs entreprises ne suivent pas la logique introduite par Dunning.

1.2.2 La théorie du cycle de vie de produit de Raymond Vernon :

La théorie du cycle de vie de produit est une extension de l’approche néo-technologique théorisée par Posner 1961. Elle est considérée comme la théorie la plus significative dans les sciences économiques expliquant le phénomène d’internationalisation des entreprises. Durant les années soixante, Raymond Vernon tente d’expliquer comment les entreprises américaines s’internationalisent selon la phase du cycle de vie de produit. Il explique également le mode d’internationalisation correspondant à chaque étape et la manière par laquelle cette théorie peut être appliquée aux différentes économies et aux différents produits.

Raymond Vernon, perçoit le rôle de vie de produit comme un élément déterminant dans la décision d’internationalisation. En examinant le comportement des entreprises américaines, cela montre que la production connait généralement trois étapes ; phase de démarrage, phase de croissance, phase de maturation et phase de déclin correspondent aux mêmes phases d’introduction d’un produit sur le marché ; diffusion du produit, maturation et ralentissement. En effet, l’entreprise se réfère aux différentes étapes du cycle de vie du produit afin de décider quand et comment s’internationaliser.

Soulignant que Vernon s’appuie dans son analyse sur l’avantage technologique détenu par l’entreprise. La première phase, l’entreprise commercialise son nouveau produit au niveau du marché local. Le produit arrivant à un stade de maturité, l’entreprise perd son avantage technologique. Le marché du nouveau produit sera saturé lorsque l’avance technologique détenu par l’entreprise diminuera. Dès lors, l’entreprise cherchera à exploiter son avance technologique en exportant son produit dans un autre marché étranger (Les marchés européens dans l’étude menée par Vernon). Eventuellement, la demande extérieure peut

THEORIES D’INTERNATIONALISATION

35 augmenter, ce qui oblige l’entreprise à produire directement à l’étranger. Quand le marché étranger sera saturé, l’entreprise exploite son avance technologique dans les pays en développement.

Les recherches de Vernon se basent sur les entreprises industrielles américaines. Elles portent notamment sur la délocalisation de la production pour les entreprises ayant un produit arrivant à un stade de maturité dans le marché local. En voulant examiner l’origine de l’avantage monopoliste, Vernon a choisi un échantillon d’entreprises américaines ayant une forte intensité en recherche et en développement. La théorie de Vernon se distingue des autres théories par son aspect dynamique et temporel.

La théorie du cycle de vie international du produit est validée dans le cas américain, pour certaines catégories de produits et pour une période donnée entre 1945 et 1970. Depuis, l’environnement des affaires a largement changé. Désormais, plusieurs économistes testent le pouvoir explicatif et la pertinence du modèle de Vernon en essayant d’expliquer le phénomène d’internationalisation contemporain. En 1979, Vernon reconsidère sa théorie en prenant en considération le changement des affaires et les mutations de l’environnement international, notamment l’accélération du processus d’innovation, d’exportation et d’investissement direct à l’étranger des autres pays.

Le pouvoir explicatif du modèle d’internationalisation proposée par Raymond Vernon en s’appuyant sur le cycle de vie international du produit est remis en cause pour plusieurs raisons. Le modèle se base sur une condition préalable avant que l’entreprise développe sur le marché international ; ce marché doit être saturé avant que l’entreprise ne s’engage vers les marchés étrangers. A coté de ça, pour Vernon l’exportation exige la maitrise du marché domestique. Or, on assiste aujourd’hui à l’émergence des entreprises exportatrices, qui ont prouvé leur réussite internationale sans pour autant bénéficier du soutien du marché domestique. Il y’a celles qui se sont développées sur la scène internationale sans l’existence d’un marché interne.

1.2.3 Approche de A.M. Rugman:

(Rugman, 1996) à son tour, s’intéresse au processus d’internationalisation des entreprises. Pour Rugman, l’internationalisation est une extension de la décision prise au niveau local pour vendre et produire des produits similaires aux produits vendus et produits sur les marchés étrangers et par conséquent, développer son marché. Rugman avance que le processus d’internationalisation s’effectue en plusieurs étapes. L’entreprise préfère au début, exporter ses produits sur les marchés étrangers. Et, ce n’est qu’en phase avancée que l’entreprise pourrait produire à l’étranger ou créer des Joint-ventures.

36 L’exportation est considérée comme la meilleure voie pour Rugman, notamment dans le cas de suppression de barrières à l’export par l’Etat. Si les Etats imposent des barrières protectionnistes, les entreprises optent pour l’investissement direct à l’étranger qui constitue une alternative à l’exportation.

L’analyse de Rugman ne peut être retenue pour tous les secteurs d’activité. Pour Rugman, les entreprises produisent et commercialisent sur les marchés étrangers les mêmes produits que sur le marché domestique. Si on prend le secteur de la distribution comme exemple, cette hypothèse ne sera pas conforme au secteur qui exige une adaptation des produits offerts aux goûts et besoins des consommateurs.

(Rugman, 2010) a essayé de réconcilier le paradigme éclectique de Dunnig (1981) avec la matrice d’entreprise de Rugman (1981). Il explique le désalignement par le fait que la théorie de Dunning se concentre sur les IDE dans les pays d’accueil, tant que la matrice de Rugman trace une stratégie au niveau de l’entreprise couvrant ainsi l’activité des FMN dans les pays d’origine et les pays d’accueil.