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CHAPITRE 4 – Résultats

4.5. Nature des troubles mentaux des femmes victimes de violence conjugale

mentaux décrits sont à peu près les mêmes et se manifestent par des dépressions légères ou majeures, des troubles d’anxiété graves ou légers, le trouble obsessionnel compulsif, le trouble schizo affectif, le trouble de personnalité limite, le trouble bipolaire, le trouble déficitaire de l'attention, avec ou sans hyperactivité, la toxicomanie, la dépression postpartum, l’hyper-vigilance et le stress post-traumatique. Selon les intervenantes, certains de ces troubles mentaux ont été effectivement diagnostiqués par un médecin généraliste ou un psychiatre, alors que d’autres ont été mal diagnostiqués ou pas diagnostiqués du tout. Voici des exemples d’entrevues décrivant les troubles mentaux de femmes victimes de violence conjugale :

« Les diagnostiquées et les non diagnostiquées dans le sens où plusieurs des femmes, qu’elles soient diagnostiquées ou pas, elles présentent les symptômes de dépression et d’anxiété. On observe beaucoup de difficultés à dormir. Certaines sont en arrêt de travail, certaines sont en choc post traumatique diagnostiqué et d’autres non ».

« Ce n’est pas vraiment les problématiques qui vont être diagnostiquées, mais beaucoup plus le problème d’anxiété, souvent des symptômes de choc post traumatique, l’hyper-vigilance, la dépression, la toxicomanie et la consommation. Il y a certaines femmes qui sont médicamentées, mais certains non, parce qu’elles ne vont pas consulter au niveau médical. D’autres femmes ne vont pas non plus faire l’association, même chose pour le symptôme de stress post traumatique ».

Les différents troubles mentaux qui peuvent affecter les femmes victimes de violence conjugale, cités par les intervenantes sociales, ont été regroupés selon leur fréquence en deux catégories: les plus fréquents et les moins fréquents, tels que cités par les intervenantes.

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4.5.1. Les troubles mentaux modérés les plus fréquents

Les troubles mentaux les plus fréquents chez les femmes victimes de violence conjugale, selon les participantes, sont : la dépression, le trouble d’anxiété, le trouble de personnalité limite, l’hyper-vigilance, le stress post-traumatique et la toxicomanie. Mais le trouble d’anxiété, le stress post-traumatique et la dépression sont les plus communs chez la plupart des femmes victimes de violence conjugale :

« Les troubles mentaux les plus fréquents sont : le trouble de personnalité limite, sûrement trouble anxieux, beaucoup de dépression ».

« Les femmes qui sont toujours dans cette problématique-là, je pense que ça va être souvent le symptôme dépressif, mais en même temps, ça cache le symptôme traumatique, l’anxiété et le symptôme de stress post traumatique (manifestation après plusieurs années), même si ça fait longtemps qu’elles se sont séparées de leurs conjoints ».

« La dépression, l’anxiété et le choc post-traumatique. Le choc post- traumatique est malheureusement peu diagnostiqué, mais on le voit bien. Souvent, ce qui arrive, le médecin ou psychiatre vont diagnostiquer la dépression et l’anxiété, mais le contexte sous-jacent, ils ne sont pas toujours bien évalués ».

Une participante a même mentionné que les femmes victimes de violence conjugale ont tendance à se considérer comme des « folles » lorsqu’elles racontent la violence de leurs partenaires. Selon elle, même si les femmes victimes de violence conjugale ne sont pas diagnostiquées avec un trouble mental, elles manifestent quand même une diminution de l’estime de soi, car elles ont des difficultés à identifier qui elles sont et ce qu’elles aiment en général. Cette participante a poursuivi en disant que c’est en fait une perte d’identité qui constitue le symptôme de santé mentale causé par la violence conjugale et le contrôle exercé sur une femme. Elle va encore plus loin et nomme les conséquences physiques qui en découlent, telles que la difficulté à s’alimenter, à effectuer les tâches de tous les jours; éléments symptomatiques d’un trouble de santé mentale.

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4.5.2. Les troubles mentaux les moins fréquents

Pour ce qui est des troubles mentaux les moins fréquents, comme la schizophrénie, les intervenantes sociales ont eu une certaine hésitation à donner leur avis sur cette question, car, selon elles, les diagnostics de ce trouble ne sont pas faciles à faire. Par contre, elles ont toutes mentionné que la schizophrénie est un trouble de santé mentale qu’elles voient rarement dans leur milieu de travail. Les intervenantes de tous les organismes communautaires impliqués dans ce projet, et plus précisément celles de la maison d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale, ont mentionné que pour qu’une femme schizophrène victime de violence conjugale soit hébergée chez eux, elle doit satisfaire à des conditions, comme bien gérer sa médication, être capable de faire sa démarche d’hébergement, etc.

Selon les participantes, la schizophrénie est le trouble mental le moins fréquent chez les femmes victimes de violence conjugale qui se présentent dans les trois organismes impliqués dans cette étude.

Le tableau qui suit indique le pourcentage des troubles mentaux présentés par les femmes victimes de violence conjugale selon les intervenantes de cette étude.

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Tableau 4. Pourcentage des troubles mentaux les plus et les moins fréquents chez les victimes

Troubles mentaux observés par les participantes

Troubles mentaux les plus fréquents : environ 98%

Troubles mentaux les moins fréquents : environ 1 à 2%

- Dépression

- Dépression majeure - Trouble d’anxiété grave - Trouble d’anxiété - Trouble obsessionnel compulsif

- Trouble schizo affectif - Trouble de personnalité limite

- Trouble bipolaire - Trouble déficitaire de l’attention (avec ou sans hyperactivité) - Toxicomanie - Dépression postpartum - Dépression - Trouble d’anxiété - Hyper-vigilance - Stress post-traumatique - Symptôme dépressif - Anxiété - Trouble de personnalité limite (confondu avec les conséquences de la violence conjugale) - Hyper-vigilance - Stress post-traumatique - Toxicomanie - Symptômes physiques (difficulté à s’alimenter, à effectuer les tâches de tous les jours, à dormir…)

- Symptômes psychologiques (diminution de l’estime de soi, certaines femmes croient qu’elles sont folles…)

- Schizophrénie