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Nancy, est souvent déjà bien réduit à la fin du XVI e siècle. Le temps de leur prospérité semble en grande partie appartenir au passé

1. Les couvents nancéiens médiévaux

Le plus ancien de tous est le prieuré Notre-Dame, à l’origine une dépendance de l’abbaye

cistercienne de Molesme, en Bourgogne. D’abord fondé à l’extérieur des murs de Nancy sous

le règne de Thierry I

er

(1070-1115), qui le dote, il est par la suite absorbé par l’extension que

prend la Ville Vieille de Nancy. Le duc lui confie également la paroisse de la ville de Nancy, à

laquelle les villages de Saint-Dizier et de Laxou sont intégrés au XIII

e

siècle. L’église

Notre-Dame et son cimetière constituent ainsi les pôles paroissiaux primitifs de Nancy. Le prieuré

tombe progressivement sous la coupe des ducs de Lorraine, qui au XVI

e

siècle le détiennent en

commende et peuvent y nommer des membres de la noblesse ou de leur propre famille. En

1564, le Pape unit le prieuré Notre-Dame avec l’ancienne abbaye Saint-Martin-lès-Metz, rasée

en 1552 par Charles Quint

14

: le prieuré abrite désormais les reliques de saint Sigisbert, ancêtre

mythique des ducs de Lorraine. Son église retrouve une nouvelle importance dans la vie

religieuse et politique de Nancy.

La Commanderie de Saint-Jean, ou Saint-Jean-du-vieil-Aître, est le second établissement

religieux fondé à proximité de Nancy, sous le règne de Matthieu I

er

(1139-1176), non loin de

l’étang du même nom où le corps de Charles le Téméraire fut retrouvé quelques jours après la

bataille de Nancy (5 janvier 1477). Sa localisation est donc hors les murs ; la Commanderie

tirait des revenus du droit d’enterrement que les Juifs payaient pour leur cimetière de Laxou

15

jusqu’à leur expulsion en 1477. Mais au XVI

e

siècle, cette commanderie n’est plus guère qu’un

titre et son commandeur n’exerce aucune influence dans la vie religieuse de Nancy ; les deux

passent totalement inaperçus dans les sources municipales consultées. On peut en dire autant

de l’abbaye de Clairlieu, fondée en 1159 par Matthieu I

er

, mais dont le pillage en 1567 par des

protestants, puis la mise en commende ont empêché que sa richesse foncière n’en fasse un

acteur important dans la vie religieuse et économique de la ville.

Le duc Ferry III (1251-1303) a fondé, pour sa part, un couvent de Dominicaines,

initialement situé aux environs de Saint-Nicolas-de-Port, en 1293. La famille bourgeoise

nancéienne de Jean Le Jaloux offrit les terres pour y installer le couvent. Mais, trop isolée, la

maison est rapidement transférée en 1298 dans Nancy même, dans le premier palais des ducs

14 DUMONTET Anthony, « Metz, une cité convoitée », dans TRAPP Julien et WAGNER Sébastien, Atlas historique de Metz. Metz, éditions des Paraiges, 2013, pp. 179-182.

de Lorraine que Ferry III leur offre, et devient le premier établissement mendiant de Nancy.

L’épouse de Ferry III, Marguerite de Champagne, s’y fait enterrer en tant que protectrice de la

maison. Les Dominicaines

16

, communément appelées « Dames prêcheresses », reçoivent la

charge des lépreux en 1312. Elles exercent encore cette fonction au début du XVII

e

siècle à

Nancy, en 1602, bien que la municipalité prétende alors leur interdire l’admission de ceux

qu’elle appelle alors les « bons malades »

17

. Ce couvent ne pas fait pas du tout parler de lui dans

les comptes de la Ville, et très peu dans les délibérations municipales des XVII

e

et XVIII

e

siècles, sauf en 1602 où suite à l’accueil d’un malade soupçonné de lèpre, les Dominicaines

sont invitées à présenter les titres leur donnant le droit de recevoir des malades en leurs murs

18

,

droit que la Ville leur dénie en 1620

19

. La Ville gère également pour elles une fondation

apparemment ancienne (sans doute du XV

e

siècle puisque René d’Anjou a régné en Lorraine

de 1431 à 1453), car fondée par « Jean Malteste, homme de la chambre au feu roy de Sicile en

la chapelle du Sépulchre en l’eglise desdites Dames Precheresses »

20

: il s’agit d’un bois dit

« du bailli » sur lequel la cité perçoit et reverse la somme de 15 francs barrois pour payer une

messe de la Croix en mémoire de Jean Maltête. Ce sont les seules relations qui soient

mentionnées entre le Conseil de Ville et le couvent.

Il existe également quelques chapelles qui complètent le premier maillage religieux de la

Nancy médiévale et de ses environs. Dans la Ville Vieille, on trouve la chapelle Saint-Michel,

fondée par le chevalier Jean de Nancy vers 1350, à l’origine chapelle privée qui se donne parfois

le titre de collégiale. La chapelle Saint-Thiébaut, pour sa part, a donné son nom au faubourg

situé au sud-ouest de Nancy. L’étang de Saint-Jean, où le corps du Téméraire fut retrouvé, en

était proche, et on trouve près de la chapelle une fontaine dont les eaux étaient réputées

médicinales

21

.

16 Nous suivrons la règle grammaticale suivie, entre autres, par Bernard HOURS, Des moines dans la cité. XVIe -XVIIIe siècles. Paris, Belin, 2016, ou Philippe MARTIN, Pèlerins de Lorraine. Metz, éditions Serpenoise, 1997, en plaçant une majuscule au début des noms des ordres.

17 A.M.N., BB 1, f.° 50 v°. Délibération du 3 juin 1602.

18 A.M.N., BB 1, f.° 54 v°.

19 A.M.N., BB 3, f.° 21 r°.

20 A.M.N., CC 79, f.° 117 r°. Comptes de l’année 1626.

21 Le 19 juillet 1646 (A.M.N., BB 5, f.° 47 r°), on rapporte au Conseil de Ville la découverte d’une fontaine médicinale entre la muraille de la chapelle du cimetière Saint-Thiébault et le ruisseau du même nom : un conseiller et des médecins sont envoyés reconnaître les propriétés médicinales de cette eau (qui selon leur examen « sent le marest»). Les médecins estiment que sa composition en fait une eau propre à soigner certains maux.

2. Fondations à caractère dynastique et marqueurs mémoriels

Le premier établissement religieux à revêtir un caractère réellement dynastique à Nancy

est la collégiale Saint-Georges

22

. Fondée en 1339 par le duc Raoul de Lorraine (1328-1346),

tout à côté du palais ducal, elle devait remplir plusieurs objectifs. Le premier d’entre eux était

de créer un chapitre qui ne fut pas dépendant d’un des évêques de la région, notamment de

l’évêque de Toul (Nancy se trouvant dans son diocèse), mais uniquement des ducs de Lorraine.

La collégiale sert également à compenser le déclin du prieuré Notre-Dame, qui perd en 1343 le

patronage de la cure de l’unique paroisse de Nancy, justement au profit de la nouvelle fondation

ducale. La collégiale est également un lieu de culte développé autour de plusieurs reliques,

léguées par Isabelle d’Autriche, mère du duc Raoul, notamment un bras de saint Georges. On

y comptait également le chef de sainte Euphémie (martyre sous Dioclétien), une côte de saint

Laurent et le cordon ombilical de l’Enfant Jésus

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, autant de restes sacrés qui, remarquons-le,

n’ont pas laissé de traces dans les sources municipales consultées. Le roi René d’Anjou (René

I

er

pour le duché de Lorraine) y ajouta en 1460 l’os de la cuisse de saint Georges, qui tient

quelques années plus tard un grand rôle dans la Procession des Rois.

De plus, la collégiale devait compléter le palais ducal et les prêtres qui y officient devaient

desservir la Cour. Le bâtiment est donc voisin de la résidence nancéienne des ducs, comme on

peut le voir sur le plan qui suit.

22 PFISTER Christian, Histoire de Nancy, op. cit., vol. 1, p. 216 ; et BOQUILLON Françoise, « Nancy », dans HENRYOT Fabienne, JALABERT Laurent, MARTIN Philippe (dir), Atlas de la vie religieuse en Lorraine à l’époque moderne. Metz, éditions Serpenoise, 2011, pp. 180-181.