se trouve nulle part dans le texte d’origine
161. Le choix du mot « concordat » leur permet de
faire écho aux divers concordats de l’Histoire, à commencer par celui de Bologne passé en 1516
entre le royaume de France et la Papauté, et de sous-entendre que l’État lorrain possédait une
importance égale à celle de ses voisins
162. Cette convention n’a pourtant aucun rapport avec la
nomination ou les investitures des évêques et son contenu est désormais bien connu des
historiens de Nancy. Elle prévoit que la Ville Vieille et la Ville Neuve soient divisées chacune
156 LIONNOIS Jean-Joseph, Histoire des villes vieille et neuve de Nancy, depuis leur fondation jusqu’en 1788, vol. 2. Nancy, Haener & Delahaye, 1805. L’auteur cite, p. 557, cette anecdote tirée des registres de la paroisse Saint-Epvre.
157 POULL Georges, La maison ducale de Lorraine. Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1991, p. 41.
158 Voir annexe n° 1.
159 LIONNOIS Jean-Joseph, Histoire des villes vieille et neuve de Nancy…, op. cit., p. 558.
160 PFISTER Christian, Histoire de Nancy, op. cit., vol. 2, p. 642.
161 A.M.N., GG 1. Voir également annexe n° 1.
162 On note toutefois que BRIAN Isabelle, dans Messieurs de Sainte-Geneviève, … op. cit., utilise à plusieurs reprises le terme de « concordat » à propos d’accords survenant entre un évêque et un supérieur génovéfain, ou entre le supérieur et un couvent de l’ordre qui demande son rattachement à la congrégation.
en deux paroisses. Les deux paroisses de la Ville Neuve étant créées ex-nihilo, elles seront de
même taille, autant que faire se peut. Du côté de la Ville Vieille, la paroisse Saint-Epvre reste
la principale paroisse, et il est prévu de lui affecter le cimetière de l’ancien village de
Saint-Dizier, donc une nécropole hors les murs. La paroisse Notre-Dame nouvellement créée doit
utiliser la nef de l’église du prieuré du même nom. Il faut donc aménager celle-ci pour l’adapter
aux besoins d’une paroisse, c'est-à-dire installer un autel et des fonds baptismaux. Le faubourg
des Trois-Maisons, reste du village de Saint-Dizier désormais rasé, est rattaché à la paroisse
Notre-Dame, dont l’essentiel de la surface se trouve donc hors les murs de Nancy. Ajoutons la
création d’une cinquième paroisse, créée pour le village de Laxou, jusqu’ici annexe de la
paroisse de Nancy. Enfin, la collégiale Saint-Georges est reconnue comme la sixième paroisse
de Nancy, mais elle est de statut extraterritorial, ne concerne que la Cour et ne dépasse pas les
limites du palais ducal et de la collégiale. Chacune de ces paroisses doit avoir son cimetière.
Saint-Epvre peut utiliser le cimetière de l’ancien village de Saint-Dizier, faute de pouvoir en
aménager un en pleine ville. Comme de juste, le Concordat attend que les fidèles fournissent et
entretiennent à leurs frais tout ce qui est nécessaire au culte. La situation matérielle de la
paroisse Saint-Epvre est alors décrite ainsi : « Quant à l’église Saint-Epvre, elle est ja garnie de
tout ce qui est requis et nécessaire à une église parochialle, excepté le cimetière ». On remarque
d’ailleurs que c’est à partir de cette décennie que les comptes des fabriques des paroisses nous
parviennent. Mais ceux de la paroisse Notre-Dame ne contiennent aucune dépense relative à un
quelconque aménagement de l’église du prieuré pour l’adapter aux besoins de la paroisse.
Le contenu du Concordat n’est pourtant pas appliqué tout à fait comme il aurait dû l’être.
En premier lieu, les fidèles de la paroisse Epvre refusent d’utiliser le cimetière de
Saint-Dizier : il est trop loin de l’église, et les paroissiens craignent que leurs prières faites à l’église
ne profitent pas à leurs défunts et « se perdent ». Le cimetière est également un lieu de
sociabilité qui doit rester accessible, sans compter, éventuellement, les difficultés pour s’y
rendre à la mauvaise saison
163. Les paroissiens de Saint-Epvre persistent donc à utiliser le
cimetière intra-muros en commun avec la paroisse Notre-Dame, et le fait est toléré par toutes
les autorités. Le village de Saint-Dizier a été pratiquement rasé et sa population installée dans
la Ville Neuve, à l’exception de trois maisons qui donnent au faubourg son nom. Le faubourg
des Trois-Maisons appartient au ban de Nancy, mais sa situation hors les murs le place outre
l’autorité du Conseil de Ville : très peu de décisions émanant de la municipalité concernent cet
espace, encore moins de façon directe. Mais ce faubourg, qui s’est rapidement reconstruit, fait
partie de la paroisse Notre-Dame, nouvellement créée par le Concordat de 1593 : il est donc
partie intégrante de la vie religieuse nancéienne. Surtout, les habitants semblent ne pas
réellement accepter cette « annexion » à la paroisse Notre-Dame : si, selon les termes du
Concordat, le cimetière de l’ancien village de Saint-Dizier doit désormais accueillir les morts
de la paroisse Saint-Epvre tandis que les corps du faubourg doivent être enterrés dans le
cimetière de Notre-Dame, dans les faits, les habitants des Trois-Maisons conservent leur
cimetière tandis que le cimetière de Notre-Dame reste commun aux deux paroisses de la Ville
Vieille de Nancy. La pratique religieuse des habitants du faubourg est toutefois rendue
compliquée par la distance avec l’église paroissiale Notre-Dame, et par le fait que les murs de
la ville sont clos la nuit (il devient difficile d’obtenir les sacrements en urgence pour un malade).
En conséquence, le 21 juin 1627, les habitants du faubourg s’assemblent pour demander au duc
Charles IV et à « Monsieur de Sitie », administrateur de l’évêché de Toul au nom de l’évêque
Nicolas-François de Lorraine
164, la permission de faire construire une chapelle où la messe
pourra être célébrée et les sacrements déposés. Les habitants sont prêts à fournir de leurs deniers
tout ce qui est nécessaire au culte
165. Répondant à un besoin admis et reconnu, la chapelle est
construite la même année, mais démolie dès 1632 pour les besoins de la guerre.
D’autre part, la création de deux paroisses en Ville Neuve présente rapidement des
difficultés matérielles. La municipalité ne trouve pas les moyens financiers requis pour
construire deux églises dans la Ville Neuve ; la population de ce quartier encore récent n’était
peut-être pas considérée comme suffisamment nombreuse pour justifier la création de deux
paroisses, avec tous les frais que cela entraine. Comme bien souvent dans ce genre de situation,
on préfère utiliser une église ou une chapelle existant déjà
166. C’est ainsi que la chapelle de
l’hôpital Saint-Julien est employée comme église paroissiale temporaire, apparemment
gratuitement car nulle part la Ville n’en paie la location. Cette gratuité est, il est vrai, facile à
obtenir puisque la municipalité est l’administratrice de l’hôpital ! En 1609, le Conseil de Ville
rachète la première Primatiale provisionnelle moyennant 6 000 francs ; l’église de la Ville
Neuve se trouve donc en position quasi-centrale, toute proche de l’Hôtel de Ville une fois
celui-ci acquis. De là à penser qu’elle devient la paroisse du corps municelui-cipal… Le celui-cimetière de la
Ville Neuve est installé, pour sa part, entre les deux villes, dans cet espace non encore bâti qui
164 Nicolas-François de Lorraine, frère de Charles IV, est évêque de Toul depuis 1624, cardinal depuis 1626, mais sans être prêtre. Son statut de cardinal n’est pas encore annoncé officiellement en 1627.
165 A.M.N., DD 66.
166 A.D.55, E 460 31, f.° 281 v°. À Bar-le-Duc par exemple, la paroisse unique de la ville étant trop grande, le Conseil de Ville passe un accord avec la collégiale Saint-Pierre, en 1696, pour utiliser son église pour le quartier de la ville haute, situé à l’opposé de l’église paroissiale Notre-Dame