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Partie 2 : Musique et musicothérapie

1. La musique

1. La musique

1.1. Introduction : l’histoire de la musique

La musique est une forme d’expression. Au temps de la préhistoire, les mélodies inventées par les hommes servaient à traduire des sentiments, des émotions élémentaires. Le rythme donnait vie à ces mélodies. La danse, considérée comme la musique du corps, accompagnait la musique. (Bovet J. 1972)

La musique est une discipline d’une rare diversité. Il y a la musique religieuse, classique, populaire, traditionnelle, occidentale….

Dans la littérature, on peut noter que la musique a souvent été utilisée à des fins de guérison ou de médiation. Elle est reconnue comme facteur déclenchant des réactions émotionnelles propres à chacun, à nos désirs, nos besoins. (Ogay S. 1996)

Depuis la musique n’a cessé d’accompagner les hommes au travers des siècles. Elle a longtemps été réservée à une élite et ce n’est qu’à partir du vingtième siècle que l’on assiste à sa démocratisation. Elle est désormais accessible à tous et en tout lieu.

Aujourd’hui la musique fait partie de notre vie de tous les jours, et nous accompagne dans les évènements les plus importants de notre vie. Elle fait partie de la mémoire collective et elle est liée à nos souvenirs les plus enfouis.

1.2. Le monde sonore

« Le son qui est à la base de la musique, est un phénomène vibratoire qui a une influence physique sur l’individu, comme sur tout être et sur toute chose ». (Ducourneau G. 1989, p.52) Les vibrations sonores sont perçues par l’oreille mais aussi par la peau, les os et les viscères. La stimulation vibratoire a des répercussions sur la circulation, la respiration, la détente musculaire. Elle agit également sur le système émotionnel.

Le milieu sonore conditionne l’histoire et l’identité de chacun, que ce soit par la langue maternelle, les bruits du quotidien ou la musique. Nous vivons en permanence avec les sons. Les principaux éléments qui forment le son sont la mélodie, le tempo, le rythme et le timbre. Ces éléments sont en association avec les gestes et l’expression corporelle.

Le rythme est induit par la perception complémentaire de la répétition d'un phénomène et d'une structure, quelle que soit son origine. Si le tempo se ressent dans le corps, le rythme, lui, est présent dans la nature : la pluie, les vagues, le chant des oiseaux sont autant de répétitions régulières, stables qui régissent les cycles de l’Univers.

FRANCOIS, M., 2011 1. La musique

Le tempo représente le mouvement, la cadence lente ou rapide. Chaque être à son propre tempo, dans les pulsations cardiaques par exemple ou le rythme respiratoire. Le tempo influence les actes de la vie quotidienne.

La mélodie est une suite de sons qui forment un air musical. Elle engendre des émotions qui sont propres à chacun d’entre nous.

Le timbre représente le caractère spécifique du son produit par l’instrument ou la voix. Il est défini par la hauteur, la durée et l’intensité.

Le timbre peut engendrer des réactions variées, pouvant aller du sentiment de sécurité au stress, voire au rejet. (Ogay S. 1996)

1.3. Bruit, musique et parole

L’audition est l’un des sens qui nous accompagne le plus au quotidien. En effet, sauf si nous nous bouchons les oreilles volontairement, on ne peut se priver de l’ouïe.

L’audition est d’ailleurs l’un des premiers sens à se développer dans la vie intra-utérine. De nombreuses études ont montré que le fœtus perçoit dès le quatrième mois de vie in utero, la quasi-totalité de l’environnement sonore qui l’entoure ainsi que tous les bruits du corps maternel. Le système nerveux se développe alors dans un bain sonore avant même la naissance.

Les premières productions musicales de bébé se feront dès quatre mois avec les vocalises, qui deviennent une grande source de plaisir et d’auto satisfaction. Il va y découvrir les paramètres musicaux comme l’intensité, le timbre, le tempo, la mélodie que nous avons décrits précédemment. (Lecourt E. 2005)

Le vécu sonore de l’enfant va ainsi évoluer sans cesse et la musique des babillages va laisser place à la parole. L’ensemble des sons, mouvements et silences ressentis depuis la naissance est appelée « identité sonore » ou « Iso » (Benenzon R. 2004)

La culture nous offre deux codes distincts pour utiliser l’espace sonore qui se développe en nous et autour de nous : un espace sonore musical et un autre verbal. Musique et parole semblent donc être distinctes.

La parole est organisée en mots, en phrases, en discours, tandis que la musique laisse plus de place aux interprétations personnelles, aux imprécisions dans les idées. Pour parler, il est nécessaire de faire régner un certain silence autour de soi, afin de pouvoir transmettre un message. Il est d’ailleurs déplaisant d’entendre plusieurs personnes parler en même temps quand on veut se faire entendre.

FRANCOIS, M., 2011 1. La musique

un musicien seul peut interpréter un morceau de manière très élégante, mais plusieurs instruments peuvent également se mélanger pour cette même interprétation. Différentes voix peuvent se rencontrer pour entonner un canon en chœur, la voix peut se mêler à la musique, et tout ceci pour un plaisir esthétique plus intense. (Lecourt E. 2005)

Mais musique et parole sont-elles si éloignées l’une de l’autre ?

Scott C. (1933) a dit que les hommes pensaient communément que la musique n’était rien d'autre qu’un art et un moyen de procurer du plaisir à l’aide des sons à quiconque était susceptible de répondre à cet enchantement. Cependant, selon lui, la musique est porteuse d'un message. Il ne s'agit pas seulement d'une combinaison de sons mais d'une chose mystérieuse ayant exercé une influence en tout temps.

1.4. Pourquoi la musique ?

L’orthophonie cherche à remédier aux divers troubles de la communication que peut rencontrer un individu au cours de sa vie.

La musique est déjà au cœur de nombreuses rééducations comme la thérapie mélodique (MIT) pour les aphasies, le chant pour les dysphonies, la méthode verbo-tonale pour les déficiences auditives…

Les personnes atteintes de démences perdent progressivement l’usage de la parole comme moyen de communication, sans oublier les troubles de mémoire et autres troubles associés. C’est pourquoi, en passant par le biais de l’identité sonore (ISo selon Benenzon) qui se développe chez chacun d’entre nous depuis la vie fœtale, on peut trouver un autre moyen d’échange, d’expression et donc de communication, en évitant le mode verbal qui est touché. (Barrier C. 2007)

Carliez S. (1998) a mis à jour une involution de la mémoire musicale, sur le plan du modèle d’involution de la pensée de Péruchon M. (1994) :

Mémoire globale Paroles Mélodie

Rythme

FRANCOIS, M., 2011 1. La musique

(Barrier C.. 2007)

Au-delà des atteintes engendrées par la démence, c’est toute l’identité du patient qui est touchée. Il est d’ailleurs fréquent de voir ces personnes se replier sur elles-mêmes, comme si la communication était à jamais rompue.

La musique peut alors être un moyen de rencontre, d’échanges, où chaque patient et remis à sa place d’individu communicant, avec ses possibilités et ses limites.

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