Interprétation personnelle des résultats

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Interprétation personnelle des résultats

Nous considèrerons ici que la non diminution d'un score à une épreuve de bilan est une forme de réussite au vu des pathologies dégénératives dont souffrent les patients de notre étude. Notons également que lorsque nous parlons des participants, nous sous-entendons bien sûr les participants ayant réussi la passation des épreuves mentionnées. Le résultat des participants n'ayant pu réussir une épreuve ne sont pas pris en compte.

Les bilans réalisés avant la participation à l'atelier musique et après la participation ont mis en évidence une évolution générale dans certains domaines:

L'orientation spatiale est améliorée pour la majorité des participants et l'orientation temporelle a été améliorée pour la moitié des participants. Nous pouvons alors penser que le cadre défini et répété des rencontres a permis un maintien dans ces domaines.

L'apprentissage, la rétention mnésique, le rappel immédiat, le rappel et la reconnaissance d'images ont été augmentées chez la majorité des patients. De même, la manipulation mentale a été augmentée chez tous les participants ayant réussi cette épreuve. Les épreuves d'attention et de calcul et de résolution de problèmes ont été maintenues chez la moitié des participants. On peut alors suggérer un maintien des capacités mnésiques pour la majorité des participants grâce à la stimulation importante en séance pour se remémorer des souvenirs communs ou personnels précis. Le rappel chaque semaine des séances précédentes, la remémoration continue du but de nos rencontres, la recherche d'interprète ou de souvenirs suite aux écoutes ont permis une stimulation cognitive fréquente sur le plan de la mémoire.

Les épreuves de langage et d'identification et de discours narratif oral ont été augmentées pour la majorité des participants. Les épreuves de fluence verbale, de dénomination, de compréhension orale et écrite et d'automatismes linguistiques ont été augmentées chez tous les participants. Nous pouvons ici suggérer que l'accès au lexique interne est facilité par rapport au début de notre étude. Il est possible d'envisager que la stimulation verbale tout au long des séances a permis une facilitation d'accès à ce lexique interne.

Les épreuves de praxies bucco-faciales ont été augmentées ou maintenues pour tous les participants. Aucune diminution n'a été observée pour cette épreuve.

La reproduction mélodique et rythmique est meilleure ou maintenue pour tous les participants ayant réussi cette épreuve. Il est ici encore envisageable que les expressions instrumentale et chantée proposées chaque semaine aient permis d'améliorer ces résultats.

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sensiblement augmentés. Ces deux participants présentaient au départ les troubles cognitifs les plus importants et certaines épreuves n'étaient pas réalisables lors du premier bilan. On peut donc en conclure que pour eux, la participation régulière à l'atelier musique aura été très bénéfique sur les plans de la communication et de l'adaptabilité sociale essentiellement. Même si certains résultats tendent à suggérer une amélioration sur le plan mnésique, les difficultés d'expression verbale restent trop importantes pour pouvoir affirmer que M M. et Mme T. conservent un quelconque souvenir des séances passées. C'est pourquoi il est plus prudent de ne pas valider notre hypothèse de départ pour ce domaine.

Le cas de Mme L. montre de nombreuses régressions suite au bilan final. Ces dégradations s'expliquent par un déclin important de ses capacités cognitives au cours des six mois de notre étude. Rappelons que les troubles dont souffraient Mme L. au début de sa participation étaient décrits comme légers par le corps médical. Ceux-ci se sont largement aggravés dernièrement et le diagnostic de démence avérée a été posé en janvier 2011 par le centre mémoire de Lille. La participation de Mme L. a tout de même permis de valider deux hypothèses concernant le domaine mnésique et social mais sur le plan de la communication, la diminution importante du nombre d'intervention et de la qualité du discours nous ont amené à ne pas valider notre hypothèse pour ce domaine.

Les cas de Mme R. et Mme P. se rejoignent sur le fait que peu d'épreuves ont été diminuées. La majorité des épreuves du bilan ont été augmentées ou maintenues et toutes nos hypothèses de départ ont été validées pour ces deux participantes. La participation régulière et investie de ces dames leur a apporté beaucoup sur le plan communicationnel, mnésique et social. Ce n'est peut-être pas un hasard alors si une complicité plus forte s'est installée entre Mme R. et Mme P.

Mme D. a un profil plus à part suite aux résultats du bilan. En effet, de nombreuses épreuves sont chutées en comparaison avec le bilan initial notamment pour les épreuves mnésiques. Néanmoins, l'hypothèse d'un maintien des capacités mnésiques a été validée puisque Mme D. est l'une des rares participantes à évoquer le groupe en dehors de nos rencontres et elle reconnaît à la fois la salle, le but des rencontres et le nom de certains participants. On remarque également que les épreuves concernant le langage sont majoritairement augmentées. Ce profil atypique en comparaison avec les résultats des autres participants s'explique par une pathologie différente. Rappelons que l'ensemble des participants présentent une démence de type Alzheimer ou une démence mixte alors que Mme D. présente une démence vasculaire.

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participante. Mais à nouveau, il n'est pas possible de généraliser cette observation concernant un cas unique.

Mme Du. n'ayant pas accepté la passation du bilan initial, on ne peut quantifier les bénéfices du groupe musique pour cette participante.

Les enquêtes de pertinence menée auprès du personnel soignant ainsi que les observations recueillies au fil des séances ont permis de mettre en évidence des points communs quant aux comportements des participants. En effet, la majorité d'entre eux ont été décrits comme plus détendus suite à leur participation et l'envie de communiquer était aussi plus présente. Nous pouvons envisager le fait que les rencontres aient apporté un cadre fixe, rassurant et stimulant à la fois et que la musique proposée à l'écoute a permis une certaine canalisation des tensions et une détente pour certains. De plus l'atelier a été proposé à des personnes ayant un intérêt manifeste pour le média musique (confirmé par eux mêmes ou par la famille le cas échéant), la participation a donc été libre et sans injonction de soins. Cette notion est essentielle puisque le participant peut ainsi investir la séance de manière tout à fait différente. Il lui est dès lors plus facile de se placer en tant que sujet communicant et sujet à part entière puisqu'il n'est pas soumis à une attitude d'évaluation de la part d'un tiers.

De manière globale, on retiendra que la musique a permis le retour à notre état de tout petit. Comme le disait Golse B. (2006), les sons sont perçus par la peau dès le plus jeune âge. In utero déjà, le bébé perçoit les sons, la musique, la voix de sa mère par les vibrations. La perception musicale est donc tactile dans un premier temps. C'est quelque chose d'inné, aucune compétence n'est nécessaire pour ressentir la musique. L'écoute et les émotions se transmettent par la peau et nos participants retrouvent alors un cadre contenant, rassurant, instinctif qui permet l'émergence d'une communication avec l'autre.

La musique permet l'émergence des émotions enfouies qui sont ensuite traduites verbalement ou non et partagées avec l'autre. Cette émergence a permis aux membres du groupe de faire un travail important sur les émotions. Pendant les rencontres, chacun a ainsi pu évoquer son passé, son futur, la perte des amis, de la famille, de la mort... autant de sujets parfois difficiles à aborder avec les personnes âgées mais essentiels pour leur bien-être au quotidien. L'expression par la musique étant multiple, chacun peut y trouver une alternative qui lui correspond: expression par le chant, par le corps, par le rythme, par l'écoute, par les échanges verbaux...

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individuelle plus « classique » où on recherche une syntaxe adaptée dans le discours ou encore une réponse attendue suite à un exercice de mémorisation par exemple. Ici, l'accent est mis sur le nombre d'échanges et le contenu de ceux-ci. Les questions et les thèmes abordés sont plus existentiels et personnels.

La musique comme point de départ des échanges permet également une meilleure connaissance et reconnaissance de soi par les souvenirs et émotions qu'elle procure. On a ainsi pu voir que le média musique pouvait être un contenant à l'expression d'une agressivité tout comme il peut favoriser un état de bien-être et de détente.

Le groupe primaire ou restreint comme il a été décrit dans notre partie théorique aura permis d'instaurer un espace de créativité dans les échanges grâce au climat contenant établi, à l'attitude de non évaluation, à l'hétérogénéité enrichissante des participants mais aussi à l'homogénéité qui leur permet de se retrouver ensemble autour d'un élément commun (ici la musique). Le rôle de l'intervenant a favorisé la libération de l'esprit et la spontanéité des interventions de chacun.

Dans ce contexte, le groupe est devenu le lieu de tous les possibles pour les sujets communicants. Il favorise les relations interpersonnelles et permet une forme d'identification et d'appartenance car chacun y a trouvé sa place au fil des rencontres. Les échanges n'en ont été que plus riches et plus nombreux.

De plus, on remarque que le groupe est un reflet des relations humaines au quotidien. Pour être un groupe, il est nécessaire de prendre en compte l'autre dans son intégralité, avec ses capacités et ses limites. La gestion des conflits, des tensions ou au contraire la limitation des laisser-aller fait partie du quotidien des participants et tout cela a participé activement au maintien des capacités d'adaptabilité sociale de chacun.