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Partie 3: Analyse des résultats

3. Comparaison avec la littérature

FRANCOIS, M., 2011 3. Comparaison avec la littérature

3.1. Étude de S. Ogay

Suzanne Ogay, psychomotricienne et musicothérapeute, a mené une étude sur la communication et l'expression des affects du « dément » par la musicothérapie (Ogay S., 1996).

Elle est partie du principe que la musicothérapie est une thérapie non verbale car elle permet d'établir une communication par l'intermédiaire de la musique avec le patient.

La prise en charge est ici individuelle et une séance suit le déroulement suivant: • Relaxation de type Jacobson basée sur la tension-détente.

• Audition d'un ou deux airs de musique, le premier reflétant l'humeur et les sentiments du patient et le second ayant un caractère plus dynamique ou plus relaxant selon l'effet recherché. L'audition permet parfois une verbalisation à ce moment de la séance. • Expression verbale par des chants de jeunesse ou d'enfance.

• Improvisation sur instrument de musique.

• Travail sensori-moteur par un jeu d'échange avec un ballon de peluche mou.

• Danse quand la personne est valide pour produire une forme d'excitation motrice et sensorielle.

Les séances ont eu lieu chaque semaine à la même heure et dans la même salle pour favoriser un cadre sécurisant et permettre l'émergence de repères spatio-temporels.

Six patients ont participé à cette étude sur une durée de six mois à un an.

La conclusion générale de cette étude est la suivante: par le biais de la musicothérapie, il est possible d'entrer en communication avec la personne confuse et de lui permettre d'exprimer ses affects afin de ressentir un mieux être. Plus précisément, l'étude a mis en évidence un replacement du sujet en tant que personne à part entière. Cela s'est traduit par une diminution de l'anxiété, de l'angoisse et du mal-être qui étaient des caractéristiques communes à tous les patients suivis. Un changement a également eu lieu sur le plan de la tension physique: les participants étaient beaucoup plus détendus pendant la séance. Une conservation des traits de personnalité a également été observée à des degrés différents chez tous les participants.

Rappelons que les objectifs principaux de cette étude étaient l'expression et la communication par le canal non verbal essentiellement. Cette hypothèse a été validée.

3.2. Étude de H.K. Lesniewska

Henryka Katia Lesniewska, docteur en psychologie, a mené une étude sur les effets de la musicothérapie chez des patients de long et moyen séjour présentant des troubles démentiels

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L'atelier avait pour objectifs l'amélioration de l'humeur et de la qualité de vie, l'ouverture d'une approche esthétique en institution, la stimulation de la communication verbale et non verbale, l'entretien des fonctions mnésiques et la favorisation des repères spatio-temporels ainsi que le renforcement de l'identité, la stimulation des sens et de la coordination motrice et enfin la création d'un support à l'expression de l'agressivité.

Au cours d'une séance, le chant et l'écoute musicale étaient associés et le déroulement d'une séance comprend la musicothérapie active (production avec un instrument), la musicothérapie réceptive (écoute de morceaux pré enregistrés) et le chant individuel ou en groupe.

Les séances ont eu lieu deux fois par mois et trente-six patients ont participé à l'étude. Les pathologies représentées sont les suivantes: vingt-quatre démences, quatre altérations des fonctions supérieures sans démence déclarée, cinq syndromes de Korsakoff et trois autres pathologies psychiatriques.

Les résultats observés suite à la participation régulière des patients ont suggérés: • Le vécu d'un plaisir esthétique.

• Une amélioration de l'humeur (sourires, plaisanteries, taquineries).

• La disparition des manifestations d'angoisse, d'agressivité et des troubles du comportement. Une diminution du refus de participer est également évoquée.

• Un progrès dans la manipulation d'instruments de percussions et une utilisation adéquate de ceux-ci, une participation plus fréquente au chant, entrainant un apprentissage des mélodies et une réactivation des automatismes gestuels.

• La réduction des comportements répétitifs gênant l'audition musicale.

• Une légère amélioration du MMS de trois à cinq points chez les patients présents régulièrement aux séances. Les autres résultats demeurant inchangés, donc non aggravés. Cela suggère une forme de succès étant donné la pathologie dégénérative.

3.3. Étude de S. Bass

Séverine Bass, psychologue gérontologue, a mené une étude fondée sur la médiation thérapeutique en maison de retraite.

Un groupe de six personnes s'est réuni à raison d'une heure par semaine pendant quatre mois (seize séances). Les participants présentaient des troubles cognitifs légers à sévères.

Les séances avaient lieu chaque semaine à la même heure et au même endroit. Il n'y avait pas de déroulement fixe mais plusieurs activités ont été proposées comme l'écoute musicale,

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canal sonore, visuel, tactile, olfactif ou gustatif, des jeux psychomoteurs, des associations visuelles et sonores ou encore une création manuelle...

Les hypothèses de travail concernait le bien-être, la démentification d'un point de vue cognitif, le cadre comme contenant psychique et enfin la fonction groupale.

Suite à la participation, l'hypothèse d'une amélioration du bien-être a été validée pour quatre sujets et invalidée pour les deux autres. L'hypothèse d'un maintien ou d'une amélioration des fonctions cognitives a été validée en ce qui concerne la moyenne des résultats (on note trois améliorations, deux maintiens et une diminution). L'hypothèse suggèrant que le cadre apporte un contenant psychique a été validée pour cinq participants et invalidée pour un patient. Enfin, l'hypothèse d'une évolution groupale sur le plan de l'état émotionnel, de la cohésion du groupe et la fluidité des échanges, du contenu des échanges, le niveau sonore du groupe et des mouvements dans l'espace a été validée dans l'ensemble.

3.4. Étude de C. Barrier

Céline Barrier, orthophoniste, a mené une étude sur l'incidence d'un atelier de musique thérapeutique sur la communication de personnes institutionnalisées atteintes de démence de type Alzheimer. Cette étude portait sur cinq malades de stade modéré à sévère (étude parue dans l'ouvrage de Rousseau J., 2007).

A l'issue de l'étude, une légère augmentation des comportements communicationnels a été mise en évidence chez chaque participant. Le lieu, le jour, l'heure et la disposition des instruments mis à disposition sont restés fixes pendant toute la durée de l'atelier.

Chaque séance se déroulait ainsi:

• Présentation de la date et resituation du but des rencontres. • Jeu des prénoms pour une reconnaissance mutuelle.

• Jeu des percussions permettant un temps libre d'expression rythmique et/ou vocale. • Écoute musicale de deux à trois morceaux sélectionnés à l'avance.

• Discussion et expression des ressentis face au déroulement de la séance. • Jeu des prénoms.

L'atelier a duré six mois, soit dix-neuf séances.

L'hypothèse unique de cette étude était la suivante: la participation régulière à l'atelier musique en groupe offre un espace psychique et relationnel particulier qui permet d'explorer, de stimuler et maintenir l'expression et la communication sous toutes leurs formes des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, via le média musique, tant entre les

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Cette hypothèse a été validée puisqu'une légère progression dans les comportements communicationnels sur le plan non verbal mais surtout verbal a été suggérée.

3.5. Regards croisés

Au regard des ces différentes études, on remarque une hypothèse commune qui se dégage: le maintien de la communication. Chacune d'elle a montré une évolution sur le plan communicationnel grâce à la prise en compte du canal verbal et non verbal. Le sujet dément a également pu être remis à sa place de sujet communicant, paramètre essentiel pour l'émergence de tout essai communicationnel. Cette hypothèse était également à la base de notre étude et nous verrons qu'une amélioration générale a été observée suite à la participation régulière à l'atelier musique.

Certaines études ont également suggéré une amélioration sur le plan mnésique par l'augmentation générale des scores à l'épreuve du MMS, ou plus largement par un maintien ou une amélioration des fonctions cognitives grâce notamment aux repères spatio-temporels fournis. Là encore, cette hypothèse fait partie de notre étude. Nous nous appuierons sur les scores obtenus aux différents bilans mais également sur un plan plus qualitatif, sur l'augmentation des évocations personnelles par le partage de souvenirs. La reconnaissance de l'espace, du temps, du but des rencontres et des participants permet également de suggérer un maintien mnésique dans le cas où ces reconnaissances sont répétées.

Notre dernière hypothèse concernait le maintien de l'adaptabilité sociale. Celle-ci passe par un comportement adapté en séance mais aussi par une émergence des échanges entre les participants qui se retrouvent chaque semaine. Dans les études que nous avons décrites précédemment, les hypothèses de départ concernait le bien-être, la réduction de comportements répétitifs, l'apport du cadre comme contenant psychique, l'amélioration de l'humeur ou la diminution des manifestations d'angoisse et des troubles du comportement. Ces éléments se retrouvent dans notre étude qui suggèrent également une amélioration dans ces différents domaines.

Enfin, on notera que certaines hypothèses comme l'évolution groupale, la diminution de la tension physique ou la conservation des traits de personnalité n'ont pas été prises en compte dans notre étude.

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