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De façon générale, les JHA remplissent des fonctions semblables à celles associées aux activités ludiques n’impliquant aucune mise (Caillois, 1958; Huizinga, 1938/1951). On les associe notamment au loisir, à la récréation et même au tourisme (Jang, Lee Park, & Stokowski, 2000). Les individus s’y initient par désir d’expérimenter de nouvelles formes de divertissement. Quelqu’un n’ayant jamais mis les pieds au casino, par exemple, peut avoir envie de le visiter au moins une fois dans sa vie. Cette curiosité est d’ailleurs souvent exploitée par les promoteurs de JHA, qui élaborent sans cesse de nouveaux paris originaux pour maintenir un taux de vente satisfaisant (Chevalier, 2003). Si certains adultes se contentent d’une seule occasion, d’autres retirent des bénéfices tels qu’ils recommenceront.

Les JHA servent surtout à se délasser, se détendre, s’amuser et se changer les idées (Chevalier, 2003; Chevalier & Papineau, 2007). Ceci étant, ils permettent aux individus de surmonter le chaos de la vie quotidienne et les tracas potentiels liés au(x) travail/études, à la famille, à la vie conjugale, à la santé et aux finances. Pratiqués en groupe ou dans des endroits sociaux, les JHA deviennent une excellente source de

socialisation, en sortant de la maison, en retrouvant des amis et en faisant la connaissance de nouveaux camarades (Chevalier, 2003; Paradis & Courteau, 2003). Certains joueurs développent même un réel sentiment d’appartenance en partageant une passion commune pour le bingo ou en achetant des billets de loterie en groupe (Chevalier, 2003). Pratiqués sur une base récréative, les JHA exercent des effets positifs sur la santé, le bien-être et la qualité de vie des joueurs (Chevalier & Allard, 2001). Perçues comme un amusement, les dépenses accordées à ces activités s’inscrivent dans le budget familial parmi les vacances, le cinéma ou le restaurant (Valleur & Bucher, 1999).

Les JHA comblent également le goût pour l’aventure, le risque et la recherche de sensations fortes, en soulevant un vent de panique et en renversant la stabilité (Caillois, 1958). Lorsqu’un joueur place un pari à la roulette, par exemple, il quitte temporairement le monde réel pour pénétrer dans une expérience qui promet généralement d’être amusante et, surtout, excitante. Les émotions, dont le suspense, l’incertitude, la peur et l’espérance, ne proviennent pas uniquement de l’issue du jeu, mais également de l’attente du résultat (Reith, 2006b). Les JHA offrent la possibilité de vivre et d’exprimer des réactions vives : la joie, l’exultation face à un gain, la tristesse suivant une perte, l’impatience, l’anticipation, la croyance que tout est possible et l’ambivalence des joueurs qui passent tout près de gagner. Ces émotions diffèrent selon les types de jeux (Chevalier, 2003).

Bien que les motivations précédentes expliquent la continuation des habitudes de jeu, un facteur apparaît encore plus intimement lié au désir de gagner. Il ne faut effectivement pas sous-estimer le pouvoir du gain. L’argent occupe une place prépondérante, car il renforce la signification de la participation et augmente le degré d’implication dans la partie (Chevalier, 2003). Il demeure toutefois difficile d’évaluer rationnellement l’influence de la mise sur les émotions ressenties par le joueur, puisqu’elle peut avoir une valeur tout autant symbolique que matérielle. Caillois (1958) croit que c’est la tension entre les joueurs qui forme l’essence même de l’aspect ludique dans les JHA, alors qu’elle détermine l’importance du jeu.

Le simple fait de miser rehausse la tension et l’excitation. Le plaisir de gagner s’avère d’ailleurs l’une des raisons les plus souvent évoquées par les joueurs. Certains d’entre eux souhaitent remporter de modestes sommes pour améliorer un peu leur quotidien, alors que d’autres visent plutôt le gros lot et aspirent à un statut social plus élevé (Chevalier, 2003). Les JHA offrent effectivement la possibilité d’obtenir en quelques minutes un montant considérable, qui autrement demanderait du temps et beaucoup d’efforts. Cela dit, il ne faut toutefois pas condamner ces activités uniquement parce qu’elles permettent de s’enrichir rapidement (Paradis & Courteau, 2003). Le rêve et le fantasme ne sont pas nécessairement nocifs. Ils donnent surtout la chance de quitter la routine et les contraintes habituelles (Reith, 2006b).

Si plusieurs paris se basent uniquement sur le hasard, il existe en parallèle une gamme d’activités sur lesquelles une mise peut être placée et qui demandent certaines habiletés mentales et physiques. Par exemple, il est parfois question de connaître un large éventail de règles (échecs), un vocabulaire précis (poker) et des stratégies de jeu (blackjack); de posséder une importante force physique (bras de fer), une bonne motricité (billard), un niveau exceptionnel de mémorisation (comptage des cartes), un contrôle de soi élevé (poker), une concentration solide (échecs) et une capacité à réaliser des analyses complexes (paris sportifs) (Chevalier, 2003). Quand les habiletés entrent en scène, une véritable compétition s’installe entre les joueurs, entrecroisée par l’honneur et le prestige (Chevalier & Papineau, 2007). En plus de stimuler les capacités, ces jeux obligent à surmonter des obstacles et à vaincre des adversaires pour accéder à la victoire (Downes et al., 2006). Plus que de l’argent, le vainqueur gagne de l’estime personnelle et l’admiration des autres (Chevalier, 2003).

La rivalité peut effectivement être réelle et mettre de l’avant l’adresse des joueurs, comme au poker. Toutefois, à d’autres occasions, il est possible qu’elle soit perçue, comme c’est le cas des individus qui défient les machines à sous.

Que ce soit pour le plaisir, la gloire, la reconnaissance ou le gain, toutes les raisons sont valables pour se laisser séduire par les JHA. Il existe autant de motivations que de joueurs et de formes de paris. Celles décrites plus haut ne sont que les plus souvent rapportées dans la littérature scientifique. D’autres motifs pourraient donc être énumérés, d’autant plus que les précédents ne sont pas mutuellement exclusifs (Chevalier, 2003).

Somme toute, bien que les dernières informations décrivent les JHA comme un loisir fort agréable pour beaucoup d’adultes, cela n’empêche pas que des joueurs, une minorité seulement, rencontrent des difficultés attribuables à des habitudes abusives. En outre, il semble que certaines motivations augmentent même les risques de développer une dépendance. Le jeu pathologique demeure un phénomène complexe quant à son origine et à ses effets sur les individus, ce pour quoi la prochaine section lui est entièrement consacrée.