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Mpal, une position stratégique dans l’arrière-pays rural

Partie III : Le district de Saint-Louis : description et analyse des disparités spatiales de

Carte 14 Mpal, une position stratégique dans l’arrière-pays rural

o Une localité ancienne…

Si la commune de Mpal est née du découpage administratif de 2008226, le village de Mpal a

plus de trois cents ans d’histoire. Fondé à l’époque par un prince du Cayor, le village de Mpal fut ensuite un comptoir colonial avant de devenir la petite ville commerciale que l’on connaît aujourd’hui. Birane Samba FALL, qui a fortement participé à la renommée du village, est l’homme qui a bâti les premières cases du village. Son importance se traduit encore aujourd’hui dans les chefferies qui lui ont succédé toujours assurées par les descendants de la famille FALL. Alors qu’il était destiné à régner sur le royaume du Cayor, ce prince borgne ne put prétendre accéder au trône à cause de son handicap. Décidé à fonder son propre village, il s’installe au carrefour des trois plus grands royaumes du Sénégal (Djolof, Cayor, Waalo). Cette position stratégique et la fertilité des terres qui bénéficient par ailleurs d’une protection mystique, vont attirer de nombreuses populations qui viennent s’y établir, de Mauritanie jusqu’au Fouta Diallo.

C’est en 1884, alors que s’achève la construction du chemin de fer « Saint-Louis/Mpal », que le village va véritablement prendre de l’ampleur. Le marché, déjà présent à l’époque, va drainer autour de la gare une part considérable de la population et des productions sur le territoire : les banabanas (vendeurs à la sauvette) des villages environnants se localisent autour des voies ferroviaires pour vendre leur marchandise, les paysans locaux viennent y échanger leurs produits, et les récoltes sont évacuées par le train vers la capitale coloniale.

o …érigée depuis peu en commune…

Aujourd’hui, ses potentialités démographique, socio-économique et religieuse lui ont permis d’accéder au rang de commune. Avec ses 5 436 habitants et son territoire de 568,3 hectares, la ville de Mpal a l’allure démographique des nouveaux quartiers de Saint-Louis. Sa densité est faible (9,6 hab./ha), sa population est jeune (58 % de la population a moins de 20 ans) et les femmes, plus nombreuses que les hommes (on dénombre 2 953 femmes pour 2 483 hommes), participent activement au rayonnement économique de la ville227. Ces atouts démographiques

cumulés avec les réserves foncières dont dispose la ville vont lui permettre de valoriser son économie et de développer son urbanisation.

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Décret n°2008-748 du 10 juillet 2008 portant création de communes dans les régions de Fatick, Kaffrine,

Kaolack, Kédougou, Kolda, Louga, Matam, Saint-Louis, Sédhiou, Tambacounda, Thiès et Ziguinchor.

Économiquement, Mpal fait figure de locomotive de développement. Son poids économique dans l’arrondissement de Rao est considérable. Sa position centrale vis-à-vis des communautés rurales du nord-ouest du Sénégal (Keur Momar Sarr, Ross Bethio, Fass Ngom, Gandon, Ndiébène Gandiole, Sakal) lui confère une place privilégiée dans les échanges de biens et de services sur l’ensemble de la zone. Son marché, qui est l’un des plus importants de la sous-région, va drainer et acheminer une bonne partie de la production locale et assurer à la ville une assiette financière respectable.

Photographie 12 :Le marché de Mpal

Enfin, Mpal bénéficie d’une grande renommée religieuse. Elle abrite sur son territoire le

mausolée du khalife El Hadji Mame Rawane NGOM, guide spirituel populaire accueilli en

1910 par le chef du village et fidèle compagnon de Seydi El Hadj Malik SY, tous deux vénérés par la population. L’homme a fait de la localité un véritable foyer arabo-islamique. Son rayonnement qui dépasse les frontières du pays lors des cérémonies religieuses, attire chaque année une foule impressionnante de fidèles. Son empreinte religieuse lui a d’ailleurs valu de faire partie des étapes du président Macky SALL lors de la dernière campagne

« Photographie non reproduite par respect du droit d’auteur »

Source : Anonyme, Mpal.

« Photographie non reproduite par respect du droit d’auteur »

« Photographie non reproduite par respect du droit d’auteur »

« Photographie non reproduite par respect du droit d’auteur »

électorale. Ces jeux de pouvoir entre politique et religieux ne sont certainement pas étrangers au changement de statut du village de Mpal.

o …aux fonctions urbaines encore incertaines.

Érigée depuis peu en commune pour des raisons politiques, la ville de Mpal ne bénéficie pourtant pas des infrastructures nécessaires aux besoins de sa population. Reliée de part et d’autres aux localités de Saint-Louis et de Louga par la route nationale, la petite ville est accessible en toute saison, à condition de provenir d’une localité située sur cet axe et de ne pas vouloir en sortir. Mpal ne dispose en effet pas de garage et peu de ses habitants possèdent de véhicule. S’y rendre à partir d’une grande ville (Saint-Louis, Louga) ne pose aucun problème, en sortir nécessite en revanche d’attendre le passage de transports en commun qui bien souvent ne disposent plus de place, la destination finale des passagers n’ayant pas encore été desservie. Pour les localités qui ne se situent pas sur cet axe routier, que l’on souhaite se rendre à Mpal ou se diriger vers les villages environnants, les moyens de communication se réduisent considérablement: seules les charrettes disponibles et la marche à pied permettront alors de se déplacer. Les ruelles de la ville ne sont pas bétonnées et les pistes alentour difficilement praticables en saison des pluies. Tous ces éléments confèrent à la ville une organisation et un paysage très ruraux, difficilement acceptables lors d’une urgence médicale par exemple.

Ses équipements urbains ne viennent malheureusement pas améliorer le tableau. La ville n’est que partiellement desservie par les réseaux hydro-électrique et d’assainissement, et si l’on note ici ou là plusieurs forages à motricité humaine, quelques épiceries et un poste de santé, le secteur tertiaire est quasi absent de la localité. Seule la couverture scolaire, qui propose une gamme complète d’enseignement, semble ici satisfaisante : en plus des cases des « Tout- petits », la ville dispose de cinq écoles élémentaires, d’un collège et d’un lycée. Le poste de santé, en revanche, qui polarise la ville mais aussi les communautés rurales avoisinantes (Fass Ngom, Gandon, Sakal), mériterait d’être hissé au statut de centre de santé pour élargir ses services actuellement très sollicités. Il reste à espérer que le statut de commune et les nombreuses potentialités de Mpal permettent à l’avenir de nouvelles activités, de nouveaux services et de nouvelles structures au bénéfice de l’ensemble de la population.

B. UN ARRIÈRE-PAYS SAHÉLIEN RURAL PAUVRE

Le département de Saint-Louis dispose, en plus de la cité centenaire et de la récente commune de Mpal, de trois communautés rurales. Elles se situent dans l’arrondissement de Rao à l’est de Saint-Louis et ont été créées lors de la dernière réforme administrative et territoriale de 2008228.