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III. LES RESULTATS

III.1 Les niveaux protohistoriques, antiques et du haut Moyen Age

III.1.2 Le haut Moyen Age

La définition de ces niveaux est sujette à l’identification de la céramique qui, comme pour les niveaux antiques, est, non seulement très fragmentaire, mais encore peu nombreuse. Elle est de plus relativement mal connue dans la région pour cette période. Grâce à l’aide d’Eric Normand, nous avons pu, en attendant l’étude céramique, distinguer les niveaux contenant quelques tessons du haut Moyen Age, sans pour le moment être en mesure d’affiner la chronologie entre des niveaux éventuellement mérovingiens et d’autres carolingiens. C’est essentiellement à l’intérieur de l’enceinte du château médiéval, UA 8004, que sont concentrés ces niveaux. En effet, à l’extérieur de l’enceinte, les premiers niveaux médiévaux sont, soit en lien avec les premières maçonneries (US 8177, 8182), soit, dans le comblement du premier fossé médiéval (US 8125), et donc, dans les deux cas, plus tardives.

64 L’opération en question est le diagnostic réalisé préalablement à l’implantation de la nouvelle chaufferie municipale à proximité du lycée. Connet et al. 2009.

III.1.2.1 Les niveaux d’occupation et les bâtiments

C’est dans l’ES 3, où avait été repéré un fragment de solin (UA 3050) associé à quelques tessons du haut Moyen Age, que les éléments médiévaux antérieurs à la première construction maçonnée médiévale ont été repérés et sont donc en place. Il a été possible de réaliser une passe mécanique sous le niveau de ce solin daté du haut Moyen Age. L’US 8428 a notamment fourni du mobilier antique, à la cote 38,29 m NGF. C’est l’indice dans ce secteur, de profondes perturbations médiévales, mais illisibles.

Ici, ont été fouillés des niveaux de terres noires localisés dans l’angle de deux maçonneries postérieures, UA 8004 et 8005 (pl. 28-D). Elles n’avaient pas été fouillées en 2005, et elles ont été épargnées par les aménagements successifs du site. Cela représente moins d’un mètre carré en surface, mais ces terres noires culminent (très ponctuellement) à la cote 39,09 m NGF, soit les niveaux les plus hauts conservés 65. Cette zone a été fouillée en passe mécanique d’une dizaine

de centimètres pour les parties hautes dans lesquelles aucune stratigraphie était visible (US 8343, 8357, 8363, 8386). Ces niveaux reposent sur non seulement d’autres couches de terre noire (US 8390 et 8408), mais aussi sur un empierrement calcaire (US 8391, pl. 28-A). Le mobilier y est mélangé, soit uniquement antique (US 8343), soit majoritairement antique et alto-médiéval dans tous les autres cas. En fond de fouille, seule l’US 8441 pourrait être antique (pl. 28-D). L’épaisseur des terres de cette période serait ici au moins de 90 cm.

Plus l’Est, les niveaux 8373 et 8397 ont fourni le même type de mobilier. Cela témoigne de l’importance en surface de ces niveaux alto-médiévaux qui sont donc présents à peu près partout à l’intérieur du castrum.

Les quelques blocs présents à l’est de ces niveaux (US 8392, pl. 28-A, C et D) correspondent au prolongement de la maçonnerie UA 3050 mis au jour en 2005 (large de 70 cm, pl. 28-B). Cette dernière a été installée en bordure ouest d’une excavation (US 8482, pl. 29) dont la bordure Est, linéaire et sans maçonnerie conservée apparaît nettement (pl. 30-A). Visible sur 4,55 m, elle recoupe les niveaux antiques ou alto-médiévaux US 8373 et 8397 qui culminent à 38,60 m NGF. A l’ouest, l’excavation recoupe au moins les plus anciennes terres noires (US 8386 et antérieures). Au nord-ouest, le fond est à la cote de 38,53 m NGF. Il présente un léger pendage vers le sud-est (fond à 38,30 m NGF). Aucun trou de poteau n’a été repéré en liaison avec ce bâtiment. La structure 3050 / 8392, très grossière, peut être interprétée comme un solin, destiné à porter un éventuel mur en matériaux périssables : il faut noter que les niveaux postérieurs (comblements de tranchées de fondation des maçonneries médiévales) ont fourni des fragments de torchis. Les limites du bâtiment au nord et au sud sont inconnues (chemise UA 8005 et annexe UA 8010).

L’ensemble de la zone est scellé par une importante couche de déchets calcaire, parfois de grosses dimensions (US 8307). Ce remblai, antérieur aux maçonneries médiévales (UA 8004, 8005 et 8010), comble l’espace excavé et recouvre les restes du solin Ouest. Ces blocs ne semblent pas liés à un éventuel chantier de construction mais plutôt à une excavation importante à travers le substrat rocheux. Parfaitement homogène, le remblai ne contient pas de terre mais uniquement des blocs et de la poudre calcaire.

Le bâtiment ne semble pas isolé. Une autre structure, matérialisée par un alignement de blocs (reste de solin ?) perpendiculaire au premier bâtiment, subsistait partiellement entre ce dernier et l’enceinte (US 3011, pl. 28-A). Une seconde pourrait avoir existé 2,85 m plus au sud : coincée entre le fossé, la fausse-braie, l’annexe extérieure et l’enceinte castrale, seule une petite bande de stratigraphie a été épargnée. Les niveaux antiques US 8113 sont recoupés par un creusement dont la bordure nord, linéaire, est conservée (US 8109, pl. 30-B). Il est comblé par un niveau de déchets calcaire, très proche de celui observé à l’intérieur de l’enceinte (pl. 30-B et C). Il recouvre également l’US 8113 dont le sommet se situe à 38,43 m NGF. L’excavation à une profondeur minimale de 40 cm (présence d’un pendage nord-sud).

65 Cette petite zone est recoupée par un creusement (US 8342) dont l’altitude du fond coïncide avec celle de l’arase de la chemise du donjon UA 8005 : il peut être lié à l’arasement du site et à la récupération de cette dernière au

XIXe siècle. Le comblement US 8341 contenait du mobilier antique et médiéval, comme dans d’autres comblements de tranchée de récupération datant pourtant de l’époque contemporaine. Ce creusement s’arrête à peine 15 cm de l’enceinte UA 8004, ne laissant donc qu’une petite bande de terre noire.

L’interprétation des déchets calcaire scellant ces structures reste délicate. Il est tentant de les associer au creusement du fossé médiéval. Ils sont par contre antérieurs à la construction de l’enceinte castrale. Aucune relation stratigraphique n’existe avec la première turris. Il est impossible de dire si les structures antérieures étaient encore conservées lors de la construction de la 1ère turris, mais elles semblent lui être immédiatement antérieures. Leur orientation est différente (9,5°). Au pied du mur Est de l’actuel donjon, une autre structure interprétée comme solin était présente dans le secteur 2 (US 2100, angle 3,5° par rapport au donjon, pl. 89 66).

III.1.2.2 Les structures en creux

Si dans ce secteur, le substrat rocheux n’a pas été atteint, ne permettant pas de repérer d’éventuelles structures en creux du haut Moyen Age, il n’en est pas de même pour les ES 1 et 4. Dans l’ES 4, les creusements semblent plutôt devoir être attribués à l’époque antique.

Pour l’ES 1, les données sont plus claires. Le dernier niveau fouillé sur le substrat (US 8435) contient de la céramique alto-médiévale, qui comme dans le cas précédent pourrait provenir de la pollution des creusements médiévaux, non repérés avant d’atteindre le rocher. Ici, à la différence de l’ES 4, la fouille de certaines structures en creux a fourni des tessons du haut Moyen Age, permettant de lier la réalisation des creusements à cette période (pl. 24). C’est le cas des structures 8430 et 8434 (pl. 31-B et C, pl. 25-C). Cette dernière est comblée par un niveau marron (US 8433) riche en terre mal cuite et de quelques tessons alto-médiévaux. Ce comblement permet de caler ce creusement après la saignée 8450, plus ancienne. Un autre creusement pourrait aussi appartenir à cette phase, il s’agit de l’US 8452, qui semble orientée nord/sud, donc comme les futures constructions maçonnées médiévales et non comme les structures antiques (pl. 32-A à C).

Tableau 2 :

Synthèse des données morphologiques des structures médiévales des ES 1 et 4

US creusement

US comblement

Diamètre

Profondeur

conservée

Datation

proposée

8430 (pl. 31-B et

C)

8429

de 40 à 60 cm

50 cm

Haut Moyen Age

8434 (pl. 32-D)

8433

60 cm

15 à 20 cm

Haut Moyen

Age

8444 (pl. 33)

8442, 8443

100 cm

46 cm

Haut Moyen

Age

8452 (pl. 32-A à

C)

8451

50 cm

40 cm

10-12

e

s.

Parmi ces creusements, l’un possède un comblement qui le distingue des autres. La grande fosse 8444 est comblée par deux niveaux distincts (pl. 33). L’US 8442 est un comblement marron avec des fragments de terres cuites, puis l’US 8443, un niveau plus gris et chargé de blocs calcaires (pl. 33-A). C’est un des rares exemples où la stratigraphie est lisible.

Tout cela confirme donc l’impression que nous avions en découvrant le secteur en 2005, à savoir que l’occupation du haut Moyen Age antérieure aux premiers bâtiments maçonnés est bien réelle, associées à des structures pour le moment diffuses, autant pour des raisons de remaniement que pour des raisons de lecture difficile de la stratigraphie dans ces terres noires.

Comme pour les niveaux protohistoriques ou antiques, aucune organisation n’est pour le moment compréhensible, mais l’occupation est plus dense et plus organisée que ce que nous avions remarqué en 2005. Cette phase semble s’achever via la présence d’une interface résiduelle, US 8416 dans l’ES 3, assez charbonneuse.

66 Champagne, Mandon 2005, p. 20, fig. 12.