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III. LES RESULTATS

III.3 Autour du 1 er bâtiment : l’enceinte du castrum, les annexes, le fossé et divers

III.3.3 Les annexes

III.3.3.1 L’annexe Est UA 8010

En 2005, nous avions découvert un bâtiment totalement inédit, nommé annexe intérieure. Son plan avait été repéré ainsi que son mode de construction (pl. 45). Il délimite l’ES 4, qui a pu être fouillé intégralement lors de la campagne de 2009.

• Description

Il s’agit d’un bâtiment approximativement quadrangulaire (UA 8010, éq. UA 3020), construit dans l’angle intérieur de la première turris et de l’enceinte castrale, auxquels il est postérieur (pl. 50-A). Il présente une largeur est-ouest hors-œuvre de 4,15 m (mur nord) / 4,66 m (au sud) 92,

pour une longueur nord-sud hors-œuvre de 4,4 m. Le mur nord est épais de 1,3 / 1,4 m à la base, épaisseur réduite à 1,03 m au centre du mur, au niveau de l’arase. Le mur oriental, s’évasant légèrement vers le sud, présente une épaisseur maximale de 1,5 m, réduite à 1,24 m à l’arase. La superficie de l’espace intérieur peut donc être estimé à presque 10 m2. Le bâtiment a été arasé

aux cotes de 38,76 – 38,56 m NGF.

Ces données restent imprécises puisqu’il ne subsiste de la construction que les fondations. La méthode de construction varie légèrement selon les parements. Le parement extérieur du mur nord se compose d’un petit appareil de moellons mal dégrossis, assisés, liés à un grand appareil de pierres de taille formant une chaîne d’angle au nord-est (pl. 50-A, 51-A). Ce grand appareil, bien que non chaîné avec l’enceinte castrale UA 8004, est aussi présent au nord-ouest 93. Le

chaînage pouvait éventuellement être présent plus en hauteur, par incrustation dans l’élévation de l’enceinte. En plan, le parement extérieur dessine une légère courbe convexe. En élévation, il pouvait se situer à hauteur des pierres de taille, voire complètement en retrait. Le parement extérieur du mur Est est également irrégulier (oblique). En élévation, ce parement devait se greffer au mur nord de la première turris, à hauteur du flanc est du contrefort, arraché lors de la construction de l’annexe. Aucune pierre de taille n’est par contre présente au contact de la turris.

Le parement intérieur, entièrement en petit appareil de moellons (pl. 50-B), se compose d’assises en saillies successives ou légèrement talutées (le mur Est présente des saillies moins prononcées).

Lors du démontage d’une partie du blocage, plusieurs blocs informes ont été repérés. Ils portent tous des impacts de marteau-taillant droit, indiquant qu’ils ont bel et bien été taillés. La forme de l’un d’entre eux (pl. 87, isolat 8010-01), évoquant avec un peu d’imagination un fragment de chapiteau à volute, n’est donc peut-être pas naturelle : on imagine mal les constructeurs s’embêter à retailler des blocs bruts destinés au remplissage du blocage. Ces remplois restent toutefois difficiles à identifier et s’il s’agit bien de décor, il était plutôt frustre.

Le mur Est est accolé au mur nord de la turris, sans chaînage. Le contrefort Est de cette dernière a été entièrement arraché : ses fondations étaient recouvertes par la nouvelle maçonnerie 94. L’arrachement de ses pierres de taille a pu servir à ancrer plus solidement la

nouvelle construction dans le mur nord de la turris.

La construction a été fondée à l’intérieur d’un important décaissement occupant toute la surface. La tranchée de fondation est ainsi perceptible uniquement à l’extérieur (US 8309), recoupant la couche de déchets calcaire US 8307 (pl. 50-C). La paroi de la tranchée n’est pas verticale et se rapproche du mur en partie basse (environ 60 cm de profondeur). Elle déborde du

92 La différence est liée à l’angle légèrement aigu formé par le mur nord de la turris et l’enceinte.

93 Les blocs ont une hauteur de 34 cm, pour une largeur atteignant 52 cm. Ils ont été dressés au marteau-taillant droit (taille moyennement fine, laissant des impacts assez marqués).

94 Elles ont été repérées suite à un sondage dans la maçonnerie UA 8010. Non repéré en 2005, cela avait conduit à une mauvaise interprétation des pierres de taille de la turris : le mur nord de cette dernière avait interprété comme étant une structure antérieure en partie basse, surmontée par une élévation contemporaine de l’annexe, intégrant des pierres de chaînage. La découverte du contrefort et la fouille plus exhaustive a changé la donne. Dans l’ensemble, les mortiers des différentes constructions, ainsi que les enduits (d’origine ou liés à un rejointoiement) sont très proches.

mur de 20 cm maximum au nord et jusqu’à 80 cm à l’Est. Le comblement est assez hétérogène : en partie basse, dans la zone étroite, les déchets calcaires se sont déversés et apparaissent mêlés à de la terre noire (US 8420), plus dominante en partie haute (US 8308). A l’intérieur, la tranchée de fondation est à peine perceptible (US 8474) : le substrat rocheux a été recherché uniquement dans l’emprise des murs, mais le décaissement a concerné l’ensemble de l’espace intérieur, ne laissant subsister qu’une faible part de la stratigraphie antérieure, que ce soit la tranchée de fondation de la turris (US 8477, 8478) ou les niveaux de terre noire (US 8453). Le mobilier céramique retrouvé ne peut guère aider à la datation.

• Stratigraphie intérieure

Si jusqu’à présent aucune couche contemporaine des bâtiments maçonnés n’a été conservée et présentée, cette annexe a conservé une partie des siennes. Une partie de ces niveaux a été profondément perturbée par différents travaux du dernier tiers du XIXe siècle concernant le donjon

(importante fosse, mise en place de l’escalier extérieur du donjon). Cela explique que leur conservation soit meilleure dans la partie nord de l’annexe (pl. 51-B, 52-A). Le premier de ces niveaux, contemporain du donjon et de ses annexes est l’US 8440. Ce remblai de cailloux compact. Il pourrait s’agir d’un niveau de chantier, mais il n’est pas visible partout.

A l’intérieur du bâtiment, quelques couches de remblais se succèdent ensuite :

• Mieux conservée au nord, une terre noire associée à des cailloux et du mortier désagrégé (US 8427).

• Un niveau de mortier jaune et meuble (US 8415), uniquement situé au nord.

• Un remblai de pierres calcaires et de terre grise (US 8403), lui aussi uniquement localisé au nord de l’espace intérieur (pl. 52-B).

Les deux derniers niveaux ont été bien abîmés par les restaurations du donjon aux XIXe et

XXe siècles. Nous raisonnons donc sur des surfaces réduites. L’US 8403, un niveau de pierre, est

la dernière conservée, qui pourrait être contemporaine de l’annexe intérieure. La matrice des blocs calcaires contient aussi beaucoup de mortier et de terre très proche du niveau supérieur (couche de démolition US 8399) dont nous n’avons pas encore parlé. Cette proximité pourrait être liée à des infiltrations (US 8399) venant de ce niveau supérieur durant la phase de démolition du bâtiment. Nous pourrions donc avoir durant la phase d’occupation du bâtiment un niveau de blocs calcaire, sans terre ou mortier. Ce remblai de blocs calcaires est un point commun avec l’autre annexe, nous y reviendrons. Deux possibilités s’offrent à nous pour interpréter la vie de ce bâtiment sur lequel nous savons bien peu de choses. Soit la démolition a détruit un éventuel sol dallé ou de terre battu dont l’altitude était plus élevée (l’arase du mur 8010 est à la même altitude que l’US 8403), soit nous avions un plancher sur vide sanitaire comblé en partie de blocs (US 8403). Cette dernière hypothèse expliquerait la présence de petit mobilier dans ces blocs dont l’isolat 8403-01, un petit fragment de verre coloré de la fin de la période carolingienne 95. Ces

niveaux sont aussi relativement riches en mobilier, faune et céramique notamment, ce qui ne colle pas véritablement avec une interprétation de niveau de construction. L’hypothèse d’un plancher pourrait expliquer cela. Il faut noter que l’US 8403 contenait les fragments d’un bassin en pierre, élément qui était disposé sur un support ou encastré dans une maçonnerie (isolat 8403-02, pl. 86).

Ces niveaux sont provisoirement datés par la céramique des XIe-XIIe siècles, sachant que pour cette période la fourchette de datation risque d’être large. Le fragment de verre, quant à lui, aurait tendance à vieillir ces niveaux.

La destruction de l’annexe intérieure est stratigraphiquement perceptible. Les niveaux suivants sont postérieurs à la vie du bâtiment. L’US 8399, un niveau de mortier jaune recouvre en partie l’arase du mur 8010. Par-dessus, l’US 8389 est elle aussi composée de mortier jaune mais associé à plus de terre, de petits cailloux et du charbon. Le mobilier céramique y est très homogène, associé à un beau fragment de détente d’arbalète (n° 8389-01, pl. 85). Nous pourrions être sur un niveau de circulation, peut-être extérieur.

La suite de la stratigraphie est plus trouble. Deux creusements, US 8388 puis US 8369, viennent entamer ce qu’il nous restait de ce sol. Ces fosses et le niveau 8370 ont fourni du 95 Cf. infra, partie III.7.2.

mobilier de la fin du Moyen Age ; certains de ces niveaux sont même assez riches comme l’US 8377, une terre noire, cendreuse. Mais cette dernière couche a livré quelques tessons modernes côtoyant une majorité de mobilier médiéval. Cela nous ramène à la réalité de ce chantier perturbé, en nous faisant directement quitter le Moyen Age et faire un bon de 500 ou 600 ans.

La suite de la stratigraphie a totalement disparu dans le secteur, probablement dès l’époque moderne.

Si la fouille de cette annexe était un des objectifs de cette campagne de recherche, la découverte de la seconde annexe, dite l’annexe extérieure (UA 8000) est une des très bonnes surprises de l’été 2009.

III.3.3.2 L’annexe Ouest UA 8000

Celle-ci est dans l’angle extérieur formé par la première turris et l’enceinte castrale, auxquelles elle est postérieure (pl. 53). Elle présente des dispositions parfaitement identiques à celles de l’annexe intérieure, plaidant pour une contemporanéité. Elle est simplement de taille plus réduite.

• Description

Il s’agit d’un bâtiment approximativement quadrangulaire (UA 8000). Il présente une largeur est-ouest hors-œuvre de 3,64 m (mur nord) / 3,87 m (au centre), pour une longueur nord-sud hors- œuvre de 3,26 / 3,44 m. Le mur nord est épais de 1,1 / 1,2 m à la base, épaisseur réduite à 1 m si l’on tient compte de l’emplacement des pierres de taille de l’angle nord-ouest. Le mur oriental présente une épaisseur maximale de 1,3 m et minimale de 1,1 m. La superficie de l’espace intérieur peut donc être estimé à 5,75 m2. Les murs ont été en grande partie récupérés au

XIXe siècle : l’arase se situe entre 37,93 et 38,25

m NGF

.

Comme pour l’annexe intérieure, ces données restent imprécises puisqu’il ne subsiste de la construction qu’une faible partie des fondations. La méthode de construction reste la même, avec des parements en petits moellons et des pierres de taille à l’angle nord-ouest et au contact de l’enceinte (parement extérieur uniquement, et dont l’existence n’est attestée que par le négatif laissé dans le mortier resté en place). En partie basse, les parements présentent les mêmes irrégularités.

Le mur ouest est accolé au mur nord de la turris, sans chaînage. Le contrefort ouest de cette dernière a été arraché, mais dans une moindre mesure par rapport à son équivalent oriental.

La technique de fondations est également la même, avec une tranchée perceptible à l’extérieur (US 8106, 8170), dont le débord atteint 60 cm au nord (pl. 53), et presque imperceptible à l’intérieur (US 8158), la construction étant fondée à l’intérieur d’un important décaissement occupant toute la surface. Le comblement de la tranchée extérieure est également proche de son équivalent à l’intérieur de l’enceinte (pl. 54), car traversant un niveau de déchets calcaires (US 8107) : assez hétérogène, avec en partie basse, des déchets calcaires tombés de la coupe (US 8108) et à base de terre noire en partie haute (US 8105). Du côté ouest, le comblement est homogène sur toute la hauteur (US 8169, pl. 48). On ne peut dire si le substrat rocheux a été recherché. Cela ne semble pas être le cas et la tranchée de fondation intérieure (US 8158) devient inexistante bien avant de l’atteindre 96.

• Stratigraphie intérieure

Soit en cours de chantier, soit après, un remblai est déposé à l’intérieur du bâtiment, recouvrant les niveaux antiques (US 8179) et les comblements des tranchées de fondations de la

turris et de l’annexe (pl. 48, 54, 55-A). Celui-ci est composé de ce qui ressemble à des déchets de

carrières (US 8156 et US 8157). Il est relativement épais, environ 40 cm, par endroit bien blanc, 96 Dans l’ES 6, les niveaux antiques n’ont pas été fouillés, ne permettant pas de déterminer ce point.

mais ailleurs plus terreux. Ils ne sont pas sans faire penser au niveau 8403, présent dans l’annexe Est 8010 et dont l’épaisseur varie entre 25 et 50 cm.

Cette annexe, dont nous ignorons la fonction, a peut-être un autre niveau contemporain de son chantier. L’US 8155 est constituée d’un mortier gris-blanc différent de celui de l’annexe, pouvant correspondre à des débris d’enduits tombés à l’intérieur de l’annexe. Nous pourrions avoir ici, aux environs de la cote 38,35-38,45 m NGF, le début des niveaux de démolition de cette annexe, sans véritable occupation, comme pour l’annexe intérieure.

Une petite partie de la stratigraphie intérieure de l’annexe extérieure est difficile à caler. Il s’agit de trois niveaux US 8153, 8150 et 8149. L’US 8150 est une couche de mortier beige, épais d’environ 15 cm recouvrant tout l’intérieur de l’annexe. Sa composition fait fortement penser à un niveau de démolition de cette annexe, mais il a peut-être servi de sol, puisque deux trous de piquet y sont conservés (US 8151 et 8152), dans un niveau non nivelé (pl. 55-B). Leurs diamètres sont de 35 mm pour l’US 8151 et de 70 mm pour l’US 8152. Ils sont grossièrement axés nord-sud, vaguement parallèles au mur ouest de l’annexe, mais il est difficile d’en donner une interprétation. Ils pourraient correspondre à une structure légère. Ils sont scellés par une couche de concrétions, US 8149 (pl. 55-A). Celle-ci semble surtout présente le long des parois de l’annexe, mais curieusement pas dans l’angle du donjon (UA 8003) et de l’enceinte (US 8004), juste sous le conduit des latrines. Rien cependant n’est suffisamment net dans ses limites pour conclure à un effet de paroi. Cette répartition est proche de celle de l’autre niveau concrétionné plus ancien (US 8153), présent ponctuellement en bordure ouest, sous l’US 8150. Les prélèvements réalisés dans la couche 8149 témoignent de la présence de cendres, de fragments de mortier, de pierres calcaires, d’un peu de faune, de bois et de charbons, de quelques tessons ainsi que d’une monnaie illisible, le tout pris dans une importante gangue d’oxydation. Cela nous fait penser à un curage de latrines. Aussi est-on tenté de lier ces niveaux à la latrine installée dans le second donjon et dont le conduit débouche juste au-dessus. Le mobilier très hétérogène couvre le Moyen Age et l’époque moderne à une époque où l’annexe est assurément détruite, mais pas forcément entièrement arasée (cf. infra).

L’US 8149 présente à la cote de 38,55 m NGF est un élément important pour comprendre la chronologie de plusieurs maçonneries, même si plusieurs hypothèses peuvent être émises, en raison de la récupération des maçonneries de l’annexe. Soit cette dernière présentait encore une élévation encore importante lors de l’achèvement de l’actuel donjon et servait de fosse-réceptacle à la latrine. Dans ce cas, l’US 8149 correspondrait au fond du dernier dépôt. Sa faible épaisseur induirait alors un curage, ou une évacuation vers le fossé. Soit l’annexe était arasée à cette même cote : les déchets provenant des latrines s’écoulaient alors directement vers le fossé et l’US 8149 en serait la trace. Cette hypothèse indique donc que ce niveau d’occupation et son mobilier, forcément antérieurs au remblaiement général du secteur lors de la construction de la fausse- braie, permettent de donner un terminus post-quem à la construction de cette dernière 97.