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Le 1 er bâtiment maçonné (UA 8001) : la 1 ère turris ?

III. LES RESULTATS

III.2 Le 1 er bâtiment maçonné (UA 8001) : la 1 ère turris ?

Un premier bâtiment maçonné est construit sur le sommet de l’oppidum de Pons à l’époque médiévale. La présence de cette structure avait été sentie en 2005 et 2006, dans les élévations Nord et Ouest de l’actuel donjon, mais sans en comprendre l’organisation et en commettant une grosse erreur d’interprétation 67. En 2009, dès le décapage, est apparue une maçonnerie arasée

totalement inédite au pied du mur ouest de l’actuel donjon, permettant de comprendre l’ensemble. III.2.1 Dispositions générales

Le mur nord du bâtiment est entièrement perceptible, fossilisée sous et dans la face nord de l’actuel donjon (pl. 34 à 36). Dans sa partie orientale (pl. 35), la mieux conservée, il présente encore une élévation de 3,4 m de haut (1,96 m à l’ouest) 68. Long de 12,96 m, il possédait au

moins deux contreforts rectangulaires, près des extrémités (UA 8045 à l’est, UA 8048 à l’ouest, pl. 37). De ces derniers, il ne subsiste que les fondations, englobés dans les maçonneries des annexes construites postérieurement. Larges de 76 cm (est) / 79 cm (ouest), leur saillie n’excédait pas 54 cm (vraisemblablement environ 50 cm, comme les contreforts du mur ouest). Le contrefort Est est en retrait de 107 cm par rapport à l’angle nord-est du bâtiment, et le contrefort ouest, à 114 cm de l’angle nord-ouest. On ne peut dire s’il existait un 3e contrefort au centre du mur. Si ce

dernier a existé, il a été englobé par l’enceinte castrale 69. L’épaisseur du mur est d’environ

172 cm : l’angle nord-ouest des parements intérieurs est partiellement visible. Cette épaisseur correspond à la profondeur du conduit de latrine de l’actuel donjon : au fond du conduit, le parement de moellons correspond aux fondations du mur nord du donjon actuel, dans son premier état, et qui étaient à l’origine masquées par le mur nord du premier bâtiment, selon un processus qui s’observe également pour le mur ouest.

Le mur ouest du bâtiment est partiellement conservé sur une longueur de 12,13 m (pl. 38) 70.

Son épaisseur est de 172 / 176 cm. Il a été arasé à l’altitude de 39,1 / 39,8 m NGF, laissant subsister une élévation de 1,57 m au maximum (pl. 39, 40). Deux contreforts sont conservés : larges de 78 / 80 cm et saillants de 47 cm, ils sont espacés de 4,98 m. Le 1er contrefort nord se situe à 111 cm de l’angle nord-ouest du bâtiment. L’existence d’un 3e contrefort au sud est vraisemblable (négatifs des pierres de chaînage, avec un espacement restitué légèrement moins important, de 4,7 / 4,8 m). La partie sud du mur a été entièrement détruite lors de la construction des communs au XVIIe siècle, ne permettant pas d’avoir de certitudes quant à la longueur initiale de l’édifice 71. Si l’on admet des espacements à peu près constants entre les contreforts, plusieurs

hypothèses peuvent être émises : environ 14,3 m, avec trois contreforts, environ 20 m avec quatre contreforts, environ 25,8 m avec cinq contreforts (pl. 90).

Cette dernière hypothèse placerait le mur sud du bâtiment exactement sous celui de l’actuel donjon. Cette coïncidence n’est peut-être pas le fruit du hasard. La construction de ce dernier a largement utilisé les restes du premier bâtiment au nord et à l’ouest : il ne paraît pas illogique qu’il puisse en aller de même au sud. D’autres éléments plaident également pour la dernière hypothèse. Une fine couche de mortier jaune (moins de 4 cm) avait été fouillée en 2005 et 2006 dans le prolongement du mur (US 4013 / 4015 / 4312 72) : impossible à interpréter à l’époque, on

peut y voir les restes de la semelle de fondation du mur, portant sa longueur minimale à 18,4 m. Le dernier élément sera développé plus longuement ultérieurement : le mur ouest de l’actuel donjon a

67 Concernant ce qui s’est avéré être les fondations de l’actuel donjon, cf. infra.

68 UA 8022 (extrémité est), UA 8024 (dans l’ES 4, équivalent aux UA 3040, 3080 et 3100 de la campagne de 2005), UA 8034 (dans l’ES 4, fondations, équivalentes à l’UA 3060), UA 8003 (dans l’ES 6), UA 8049 (dans l’ES 6, fondations).

69 L’espacement entre les contreforts serait alors de 4,19 m.

70 UA 8001. Ce mur n’a pas été décomposé en plusieurs UA, contrairement au mur nord. L’UA 8001 intègre l’ensemble du mur (parements extérieurs et intérieurs) ainsi que les contreforts.

71 En 2006, la bordure nord du sondage 4 se situait à 50 cm seulement de l’extrémité de la maçonnerie (pour le plan des communs Champagne, Mandon 2006 : p. 23-28, planche 5).

été construit contre la face interne du mur ouest du 1er bâtiment. Il présente deux appareillages complètement différents : petit appareil de moellons en partie basse et moyen à grand appareil de pierres de taille pour l’essentiel de l’élévation. La partie basse avait été mal interprétée en 2005 et 2006, en raison de la disparition du mur ouest du 1er bâtiment et de deux C14 ayant fourni des datations très hautes (cf. annexes). Avec les dernières découvertes, il s’avère de cette maçonnerie de moellons correspond aux fondations du mur ouest de l’actuel donjon et non à une construction antérieure. Elle se distingue nettement des autres fondations du donjon 73 et ne peut se

comprendre que si le mur du 1er bâtiment était encore présent pour la renforcer et la masquer.

Avant les restaurations du début du XXe siècle, elle se prolongeait presque jusqu’au mur sud du

donjon, et atteignait l’altitude de 44,4 m NGF, soit une hauteur de 6,85 m par rapport au substrat calcaire (pl. 13). Ce dernier élément plaide pour la présence du mur ouest du 1er bâtiment au pied

du donjon, sur toute sa longueur.

Cette dernière hypothèse est la plus logique et la plus simple, mais en l’absence des maçonneries et de la stratigraphie dans la zone sud, rien ne peut être sûr et on peut éventuellement imaginer des dispositions plus complexes, détruites au XVIIe siècle 74. Même s’il a

été également décaissé, l’intérieur de l’actuel donjon est le dernier secteur pouvant encore apporter des informations, comme l’emplacement du mur sud du 1er bâtiment.

III.2.2 Techniques de construction

L’appareillage des parements extérieurs associe des pierres de taille et des moellons en calcaire coquillier local. Un moyen appareil de pierres de taille est employé pour les éléments structurants : les angles et les contreforts, chaînés au mur 75. Taillées dans un calcaire coquillier

relativement fin, les pierres ont été dressées au marteau-taillant droit (pl. 41-A). Les traces d’impact sont assez marquées et seuls quelques blocs se distinguent par un layage un peu plus fin (dans l’UA 8001 notamment, pl. 41-B). La géométrie des blocs n’est pas parfaitement régulière (faces parfois un peu biaises), de même que leur pose. La hauteur des assises est variable, entre 22 et 43 cm, avec une moyenne autour de 31 cm. La largeur des blocs est encore plus variable : située autour de 45 / 55 cm, certains blocs sont particulièrement larges (jusqu’à 108 cm, disposés aux angles). Les faibles largeurs (jusqu’à 20 cm) correspondent à des faces de blocs plus longs, intégrés aux chaînes d’angle, mais pas uniquement. La profondeur des blocs est de 20 / 30 cm, sans véritables boutisses. De part et d’autre des contreforts, les assises sont régulières. Une seule irrégularité est à noter à hauteur du contrefort UA 8048 (angle nord-ouest), avec un décalage rattrapé par un bloc taillé en L.

Le reste des parements est en petit appareil de moellons assez mal dégrossis, voire bruts de taille. Les assises sont régulières (hauteur de 10 / 14 cm, avec quelques irrégularités), calées sur l’appareillage de pierres de taille (deux à trois assises de moellons pour une de pierres de taille, avec toujours quelques irrégularités). La dominante correspond à des moellons presque cubiques (légèrement allongés). Certains moellons sont toutefois plus gros, principalement en partie basse des murs et on note la présence de quelques blocs bien dégrossis. Ponctuellement, des portions en opus spicatum sont présentes. La construction du blocage respecte les assises de moellons et se compose également de petits moellons informes.

Le parement intérieur est uniquement observable dans le mur ouest (pl. 41-C). Sans aucune structure interne, il est droit et entièrement en moellons. Seule une pierre de taille subsiste à l’angle nord-ouest du bâtiment, indiquant qu’il présentait une chaîne d’angle. Sous ce bloc, seuls des moellons sont visibles : la chaîne n’était vraisemblablement pas complète sur toute la hauteur.

73 Ces fondations, observées sous les murs nord et est, sont nettement saillantes et supportent les contreforts. 74 Le secteur sud du site pose d’autres problèmes, comme l’absence totale de l’enceinte castrale entre la falaise et le donjon. Cette dernière n’a pas été retrouvée lors du diagnostic de Bastien Gissinger (Gissinger 2009).

75 La chaîne est parfois incomplète : pour le contrefort UA 8045, les assises de moellons se poursuivent alors jusqu’au droit du contrefort, sans l’intermédiaire d’une pierre de taille. Il semble que ce dernier comportait également quelques moellons à sa base (flanc ouest, un moellon en place).

Le mortier présente un granulat moyen. De nombreux charbons de bois sont présents. Sa couleur varie du gris au beige-jaune. Le mortier du blocage comble globalement les interstices entre les blocs mais quelques vides subsistent, au-dessus des lits d’attente (mur ouest). Sur la face nord, les vides sont très présents dans le parement extérieur. Sur la face ouest, les joints largement beurrés sont mieux conservés. Ils colmatent ou masquent les vides. Sur l’UA 8003 (face nord, moitié ouest, pl. 42-A), cet enduit ne subsiste que partiellement, formant deux bandes correspondant à deux assises de moellons (une assise de pierre de taille). Le jointoiement semble avoir suivi de près le phasage du chantier : à cet endroit, le mortier de pose de l’assise supérieure recouvre légèrement l’enduit 76. La construction des murs semblent donc avoir progressé par lits

horizontaux (deux ou trois assises de moellons, équivalentes à une de pierres de taille), aussitôt enduits. Sur l’UA 8024 (face nord, moitié est), l’enduit UA 8035 peut correspondre à un rejointoiement 77. Les quelques zones conservées semblent indiquer que les joints entre les

pierres de taille étaient simplement pleins, voire légèrement couvrants, sans traitement particulier (de type joint rubané). Compte tenu de la pose assez irrégulière des blocs, l’épaisseur des joints varie assez, entre 1 et 2 cm.

Les fondations du bâtiment n’ont pas été entièrement dégagées. Celles du mur nord (UA 8034, pl. 42-B) ne sont visibles que dans l’ES 4. La première assise est en saillie d’environ 10 cm et repose directement sur le substrat calcaire. Elle est assez irrégulière et a été posée au fond d’une tranchée plus large, débordant d’environ 30 cm par rapport au parement extérieur du mur (US 8478). Dans l’ES 6, la première assise ne présente aucune saillie et comporte un moyen appareil de moellons bien dégrossis (UA 8049). Elle se situe à la même altitude que dans l’ES 4 mais repose sur un niveau antique (US 8179) qui comble vraisemblablement un creusement, et non sur le substrat calcaire. La tranchée de fondation est également débordante (US 8180) et s’élargit vers l’ouest pour atteindre 65 cm (correspondant à la saillie du contrefort). Le mode de fondation de l’angle nord-ouest (UA 8001) est différent : il repose sur un blocage occupant toute la tranchée de fondation (UA 8030, pl. 43-A), épais de 10 / 15 cm. Ce dernier n’est présent qu’à hauteur de l’angle : au-delà du contrefort nord du mur ouest (pl. 43-B), aucune fondation n’est perceptible et le mur repose sur une fine couche de terre antique (US 8186) ou directement sur le substrat rocheux. La tranchée de fondation y est à peine perceptible (US 8187).

Sur la face ouest, quatre trous de boulins sont conservés. La première paire (travée nord, pl. 43-C), aménagés dans la même assise, se situe à 113 cm du substrat rocheux. Le seconde est présente une assise plus bas. Ils sont distants de 90 / 100 cm des contreforts (soit des entraxes de 302 et 262 cm). Les trous sont approximativement carrés (15 cm de côté) et appareillés. L’entrée du trou le plus septentrional possède un linteau en pierre de taille (mal posé). Les négatifs laissés dans le mortier correspondent à des boulins de section circulaire, mis en place lors du montage. Les trous ne semblent pas traversant : profondeur minimale de 50 cm, atteignant 80 cm 78. Au pied

du premier trou nord, les fondations du mur (UA 8030) contournent un vide qui pourrait correspondre au négatif d’une perche, située au raz du parement. Sauf bouchage non repéré sous l’enduit UA 8035, aucun trou n’est présent sur la face nord du bâtiment. Au pied du 1er trou nord, un négatif apparaît dans l’UA 8030, sans qu’un éventuel comblement ait pu être repéré (pl. 43-B) : il peut correspondre à l’empreinte d’un poteau de l’échafaudage, qui aurait alors eu deux rangées de perches 79. Malgré le faible nombre de trous de boulin conservés, nous pouvons signaler la faible hauteur de la première rangée, à 110 cm du substrat. Cela pourrait suggérer l’absence de berme au pied du mur ouest du bâtiment, contrairement à l’angle nord ouest et au côté nord.

76 Cette chronologie est visible en partie basse, du fait que les assises enduites sont légèrement en retrait par rapport aux assises supérieures (légère erreur de pose). Cela semble expliquer également la bonne conservation de l’enduit à cet endroit.

77 Un tesson de céramique à glaçure verte plutôt moderne y était noyé. Nous attendons la validation de la céramologue. 78 Le fond des trous étaient encombrés : la profondeur reste incertaine.

79 L’idée que la présence de trous de boulins implique la présence d’une seule rangée de perche, éloignée du mur, distinguant l’échafaudage indépendant à deux rangs de perches, ne se vérifie pas toujours et doit être nuancée (Echafaudage 1996 : p. 26-27).

III.2.3 Stratigraphie et relations avec les autres maçonneries

En préambule, il convient de noter la quasi-inexistence de stratigraphie sédimentaire associée à ce bâtiment. Aucun niveau de sol ne subsiste et le comblement des tranchées de fondations se réduit parfois à quelques centimètres en raison des aménagements et décaissements postérieurs (bâtiments annexes, fossé, maçonneries accolées). C’est particulièrement le cas dans l’ES 4 (US 8477). Dans l’ES 6, le comblement US 8178 est conservé sur une épaisseur plus importante (34 cm) mais reste incomplet (pl. 44-A). Il se compose de terre noire et d’éclats calcaire, avec ponctuellement des coulures de mortier. Son mobilier est antique, voire du haut Moyen Age, provenant probablement des niveaux traversés par la tranchée. Dans l’ES 8, la tranchée est inexistante et le chantier n’est matérialisé que par des coulures de mortier recouvrant l’occupation antique US 8186 et les fondations UA 8030 (US 8184, 8185).

A hauteur de l’angle nord-ouest, le comblement de la tranchée est mieux conservé, avec notamment des niveaux antérieurs au comblement du fossé. En coupe, on retrouve l’US 8203, terre noire et éclats calcaire comblant la tranchée de fondation US 8180 (pl. 36, 44-B). Celle-ci recoupe des niveaux antiques (terre marron US 8113 et terre noire US 8202. L’ensemble est recouvert par un niveau de terre marron (US 8201) puis de terre noire et de cailloux (US 8199). Très proches de part leur nature des niveaux antiques, ces derniers peuvent correspondre aux déblais issus d’un décaissement, celui du fossé ou celui pour la construction du bâtiment. La fine couche de terre noire US 8198 pourrait correspondre à un niveau d’occupation. L’US 8197 est composée d’éclats calcaire, en cela, relativement proches de ceux recouvrant les structures du haut Moyen Age, mais avec la présence de fragments de mortier. Il est difficile de dire s’il s’agit d’un niveau de chantier (éclats calcaire provenant de la taille des blocs), de déblais du creusement du fossé ou plutôt d’un niveau de démolition. L’unique certitude est qu’il est antérieur au comblement du fossé et surtout, à la construction de l’annexe extérieure UA 8000. Tous ces niveaux (US 8201 et supérieures) semblent bien recoupés par le fossé, mais on ne peut exclure qu’il s’agisse de terres rejetées sur la bande de terre présente entre le bâtiment et un fossé, soit préexistant, soit en cours de creusement. Le fait que ces niveaux soient plutôt compacts plaide toutefois pour un creusement du fossé postérieur à ces niveaux (compactage causé par une circulation plus importante que celle possible si le fossé préexistait).

Les données chronologiques offertes par les relations stratigraphiques sont faibles. Le bâtiment est postérieur aux niveaux et structures antiques, mais aucune relation ne subsiste avec les niveaux du haut Moyen Age, que ce soit les structures ou le remblai calcaire. Il est possible que ces structures subsistassent encore en partie après la construction du bâtiment. Ce dernier est antérieur à plusieurs maçonneries : l’enceinte castrale, les annexes des ES 4 et 6, la maçonnerie UA 8027 et l’actuel donjon. En l’absence de relation avec les niveaux clairement contemporains de la construction de la 1ère turris, la chronologie relative avec le fossé reste

incertaine, même s’il semble plutôt postérieur.

L’altitude du niveau de circulation à l’extérieur du bâtiment peut être estimée. Les fondations légèrement débordantes du contrefort nord-est UA 8045 apparaissent en effet à la cote de 38,32 m NGF. A l’angle nord-ouest, le sommet des niveaux recoupés par la tranchée de fondation est à 38,24 m NGF (pl. 36).

III.2.4 Datations

Les lacunes stratigraphiques ainsi que l’absence de mobilier archéologique utile ne permettent guère de proposer une datation pour ce bâtiment. Seule la datation des structures postérieures permet de donner un terminus antequem, relativement imprécis (XIe – XIIe siècles, cf. infra). Les

mentions textuelles sont également assez tardives.

Les techniques de construction employées sont bien connues pour le XIe siècle

(principalement la 1ère moitié) : on la retrouve employée à l’abbatiale de l’abbaye aux Dames de

Saintes (milieu XIe siècle) ou encore à la tour de Broue, datée du milieu du XIe siècle, et qui

présente un plan proche du bâtiment de Pons 80. Mais il faut bien avouer notre méconnaissance

80 Faucherre 2004, p. 70.

des techniques antérieures dans la région. De plus en plus d’édifices employant les mêmes techniques sont maintenant datés du Xe siècle (édifices religieux en Anjou ou en Bourgogne notamment). Cela ne constitue donc plus un critère précis de datation. On peut noter les quelques irrégularités de la mise en œuvre, qui en étant caricatural, pourraient être considérées comme archaïques, mais c’est également le cas à Broue, pour une période où l’on observe des mises en œuvre plus abouties. Cela ne peut donc pas être retenu pour vieillir l’édifice.

Quatre datations par le radio-carbone ont été réalisées à partir des charbons de bois prélevés dans le mortier du mur ouest 81. Elles sont relativement homogènes et présentent des âges

calibrés situés entre :

- 883 et 1015 ap. J.-C. (prélèvement 8001 P22, dates les plus probables : 902, 968, 915, 785) - 877 et 1011 ap. J.-C. (deux prélèvements 8001 P2, 8001 P3) (dates les plus probables :

899, 919, 785)

- 781 et 987 ap. J.-C. (prélèvement 8001 P21, dates les plus probables : 894, 933, 928, 785) Les dates les plus probables indiquées par le Centre de Datation de Lyon se situent autour de 900. Les courbes forment des paliers vers 900 et dans le 2e tiers du Xe siècle. Dans certains cas,

les charbons, présents en abondance dans le mortier, provenaient assurément de branchages. Sauf présence exceptionnelle de cheville de bois, cela permet a priori d’exclure l’utilisation de bois de construction provenant d’un édifice antérieur. L’avis des techniciens du laboratoire est de conserver, pour une question de fiabilité statistique, les âges calibrés communs aux quatre charbons. Ceci nous donnerait une fourchette restreinte 883-987.

Nous reviendrons plus loin sur le problème posé par ces datations relativement précoces et l’interprétation de ce bâtiment, qui peut vraisemblablement être identifié à l’une des turris mentionné au XIIe siècle.

III.3 Autour du 1

er

bâtiment : l’enceinte du castrum, les annexes, le fossé et