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des Mousquetaires est totalement organisé autour du système du cou­ loir (fig.59).

Le r81e de liant de la circulation a été décrit mais il s'avère ici qu'elle n'est pas seulement relation entre les parties, elle

intervient aussi pour affirmer les caractères formels: elle souli­ gne la découpe intérieure du plan car elle occupe toujours la même situation entre une batterie de pièces qu'elle équipe et une cour qu'elle borde en la répercutant dans la matière (fig.60).

f-tg.40 P r t i o n . . . , 8 a r f ù i, plan da la d i s t r i b u t i o n .

Dans cette répartition, on retrouve l'influence de Jules Hardouin- Mansart, architecte-aménageur, et la présence du modèle versailiais pour l'ensemble du dispositif de distribution: enfilade dans le corps central et couloir dans les autres corps. De plus, générale­ ment, la circulation ne se présente pas sur la bordure extérieure du plan qui est cédé au programme; une exception s'introduit dans cette règle, elle concerne la conception du côté-jardin où la dis­ tribution se retrouve alors en périphérie, tenant lieu d'observatoi­ re sur la nature, de déambulatoire en position haute comme la Gale­ rie des Glaces du Château de Versailles, comme une loggia close. Les visites annuelles de Versailles commentées par J.F. Blondel semblent là porter leurs fruits.

La comparaison des surfaces de distribution et de programme don­ ne une plus grande importance au programme mais le rapport n'est pas stable: il varie en fonction de la différence de charge d'ap-

c a r a t entre l e s d i f f é r e n t s programmes. Dans le cas d'une forte cr - r a n c e d e c e l l e - c i , il y a davantage de nièces de représentation

e t a u s s i u n e p l u s grande difficulté pour l'attribution de certai­ n e s f o n c t i o n s à c e r t a i n e s pièces dont la situation dans le plan est

nabi~Ue: ainsi l e s salons d'angle sont nécessairement des lieux de passape, de mène que les pièces en enfilade. Une autre difficulté

p o u r cette détermination provient de l'emploi de certaines formes

t y p i c u e s , parfois pour la circulation, parfois pour le programme: c'est le cas des formes de noeuds de circulation.

Tous les projets classiques produits par les élèves-ingénieurs ne possèdent pas de centralité ponctuelle et bâtie. Ce rôle était celui du corps principal, du corps central dans le chateau classi­ que non urbain; la venue des avant-corps urbanisant le plan l'en a dépossédé. L a centralité est ici axiale et non bâtie. Il s'agit

bien davantage d'une pratique, celle de l'individu avançant le long de l'axe de symétrie, en représentation (cf. article n°7). La coupe longitudinale décrit le passage de cette centralité li­ néaire mais le document situe l'observateur à l'extérieur; la cou­ pe latérale lue à la suite de l'élévation côté voirie ne montre pas l'ensemble du parcours mais elle positionne l'observateur dans le plan et lui fait découvrir des étapes successives de son trajet. Seuil Bertin, dans son projet de Prison, propose un autre type de centralité : un vide pratiquable et enclos, une cour carrée inté­ rieure et inerte: rien à signifier, rien à représenter. Cette cen­ tralité n'est pas pour autant révolutionniste, elle est surtout anti-classi que.

Pour leur projet d ’édifices publics, les élèves-ingénieurs s'ap- puyent donc sur l'expérience de l'iTChitecture privée, mais aussi urbaine alors qu'ils agissent comme si l'idée de contrainte contex­ tuelle leur était totalement étrangère.

Le plan classique qu'ils produisent de la sorte est fabriqué sur des situations typiques: forme du plan, positions de la circulation et du programme, symétrie unique, double axialité, centralité li­ néaire, etc. Il y a permanence des éléments architecturaux et l'évo­ lution de cette architecture classique est celle de ses éléments constants.

Cette transformation n'a pas de chronologie dans notre corpus: les différents stades se chevauchent et se répartissent entre 1770 et 1778. Pendant cette période, l'influence de la manière révolu- tionniste commence à transformer certaines attitudes face au projet. Elle a séduit o.uelques indécis alors producteurs d'une architecture éclectique à la fois classique et révolutionniste, étudiée de ma­ nière autonome par la suite.

Pour lors détaillons les caractéristiques de l'architecture ré- volutionniste produite à l'Ecole des Ponts et Chaussées afin d'être

LE PLAN REVOLUTIONNISTE.

Détail de la forme.

Entre 1776 et 1788 les élèves-ingénieurs produisent sept projets primés par la pédagogie de l'Ecole et répondant aux critères formels de l ’architecture révolutionniste.

Les deux premiers, le Temple des Arts de Henry en 1776 (fig.l) et le Palais de Justice de Sevestre en 1702 (fig. 2 ), ne sont pas projetés sur un plan de foras ré­ gulière ce qui caractérisera les autres projets de ce chapitre comme l'ensemble de la production ré­ volutionniste. Ces deux plans privilégient une ap­ proche: cette disposition semble alors les lier au classicisme mais elle ne suffit pas pour en faire des ouvrages éclectiques comme cerne de Faulain et Hontluisant étudiés au cha­

pitre suivant, car, pour inventer le Temple des Arts et le Palais de Justice, Henry et Sevestre se sont référés à des oeu­ vres appartenant à l'histoire de l'architec­ ture révolutionniste.

Outre l'approche privilégiée, le plan du Temple des Arts conserve du classicisme une certaine proliférance (fig.3), mais sa géo-

f -tg .J Temple dus A r t s , géométrie gé n é ra l* . 73 ■ L J Ï1 r— j a ■ H PJ ■ • L_i Ü L CüëJ f—t «ftnjl tfflwy. T— . én Art» U7< J L f lg .1 1776, Henry, Tampla des A rt* , f i g . 2 1782, S evestre, P a la is da J u s t ic e .

ItA.' IW-. f*Cg.4 marché da Chaux, Ltdoux, p la n . R. Smm(Uw«»> buM M M H A U riMWII. * ‘ - | * ‘ - - .... - ‘-Jf-* •Kg.S E g lts # d t X» S r t n t B - Tp-Cn-tté, J . L . L « g « « « , p l » n . p la n .

métrie générale carrée, sa composition sur cours elles aussi carrées et la possibilité des quatre approches du plan en font assurément un projet révolutionniste. Il reprend d'aileurs le thème géométrique et l'implantation urbaine du Marché conçu par Ledoux pour Chaux (fig. 4).

La décision prise par Sevestre d'inscrire un Palais de Justice dans un plan circulaire suffit pour reconnaître là une production révolutionniste. La Justice loge au sein de la forme la plus égali­ taire, celle où tous les points sont équidistants du centre. Comme l'écrit Jean Starobinsky à propos de la cité utopique de l'époque, "tout se passe comme si les grandes notions de l'égalité selon la nature ou de l'égalité devant la loi trouvaient immédiatement leur expression spatiale par la règle ou le compas" (57). Il y a effecti­ vement dans le projet de Sevestre un exemple de la notion de "carac­ tère", Boullée définit ainsi cette idée fondamentale du révolution^, nisme: "Ce que j'appelle mettre du caractère dans un ouvrage, c'est l'art d'employer dans une production quelconque tous les moyens pro­ pres et relatifs au sujet que l'on traite, en sorte que le specta­ teur n'éprouve d'autres sentiments que ceux que le sujet doit com­ porter, qui lui sont essentiels et dont il est susceptible" (58).

Dans le Palais de Justice contrairement au projet précédent, l'existence d'un plan orien­ té ne trouve pas sa raison dans un rapport au contexte: celui-ci n'est pas représenté: le plan est simplement posé sur un fond d'un gris monotone, sans tracé de voirie ou de jardin. Sa forme particulière trouve plutôt son origi­ ne soit dans le proche passe de la manière ré­ volutionniste dans les églises Sainte-Hedwige ou de la Sainte-Trinité (fig.5) dessinées par Jean-Laurent Legeay, maître de Boullée, soit

d a n s l e c a s s é p l u s l o i n t a i n , celui des sources historiques, dans le c l a s s i c i s m e romain e t le modèle Panthéon ( f i g . 6). Une forme sembla­

ble mais p l u s petite est apparue en 1776 pour une chapelle imaginée par Desgranses lors d'un prix d'émulation de l'Académie d'Architec- ture ( f i g . 7 ) .

Les cinq autres projets possèdent des plans de forme archétypi­ quement révolutionniste. La Cathédrale de Forestier (fig.S), premier

prix en 1782, est produite la même année que la Métropole de Boullée (fig.S): toutes deux parachè­ vent l'idée du plan en croix grecque abordée par Soufflot pour la Chapelle Sainte—Geneviève (fig. 10). Une année auparavant Combes, élève de Boul- fTig.s 1782, F'.rîst-iir, îée (59) , a gagné le premier prix de l'Académie C a th é d r a l» .

avec une Cathédrale inventée sur le même plan (fig.11). Moitte remportait cette année— là le second prix de l'Aca­ démie en proposant une Cathédrale dont le plan est celui de l'Eglise de la Madeleine selon Boullée, avec absides latérales arrondies (fig.

1 2 & 13), Les différences entre les productions de Boullée ou influen­ cées par lui et l'église de Soufflot sont importantes aussi bien du point de vue spatial que de l'apparence et du plan: s'en tenant à ce dernier, il apparaît que Soufflot ne permet qu'une seule approche de­ puis le Luxembourg; Boullée en permet toujours quatre: les conséquen-

f i g . 8 ‘ C athédral*, F o r a s t ia r , p la n .

f i g . 9 m étrop- .j, 8 o u V U a , p io n .

f i g . 11 C a th é d ra l* , Cooeaa, Acadésri* 1* p rix 1 7 m , pla n .

f i g . 12 C a th é d ra l* , m o itta , Acadéni* 2 *prtx 17B1, p la n . f i g . 10 Chapalla S a in ta - G a n a viiva , S o u f f lo t , p la n .

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M-VW .1 . « r - m - t 75 f i g . 13 E g lis a de la iil»d«l«xn* BouVLéa, p l i » '. __________

ces sur l ’espace intérieur sont considérables tout comme sur l ’envi­ ronnement urbain ou naturel (cf. conclusion: " L ’architecture comme

caution culturelle").

f i g . ^ 1784, Qu R incé, B ains p u b l i c s .

Le plan des Bains Publics de Du Rancé (1784) comporte plusieurs"fautes" de syntaxe révolution- niste (fig.14). Ses cours ne sont pas carrées mais de plusieurs sortes de rectangle. En outre, elles sont symétriques trois à trois retrouvant par là le chiffre du classicisme dans un oubli de la composition binaire révolutionniste. Comme pour amortir l'effet de ces anomalies intérieures, Du Rancé cherche à réaffirmer l'isomorphisme de base du plan carré: ne pouvant le fai­ re en dedans il développe identiquement les quatre côtés du plan par un exercice de géométrie baroque dans une suite de socle, esca­ lier, terre-plein et rampe.

La forme du Palais de Justice de Duvaucelle

f*g.1S 1704, Q u u * u c «lt«,

W l 1 ' d* J u « t - t c « . (1784) est originale et môme unique dans l'ensem­ ble de la production révolutionniste y compris par­ mi celle extérieure à l'Ecole des Ponts (fig.15). Le plan est isomorphe mais la répartition des cours intérieures ne respectent pas cette disposition: Duvaucelle installe une seule cour circulaire, sans la situer au centre du plan ce qui crée un déséquilibre inter­ ne. Croix, cercle, carré, le projet se sert de formes simples et la

forme générale de son plan est répétitive, expression de la "régu­ larité" (60). Mais la symétrie est unique à cause de la présence du cercle, et seules deux approches sont favorisées. Il semble que Du­ vaucelle n'ait pas cherché à représenter le caractère de son ouvrage car, sauf s'il fait référence à une justice divine, le choix d'une croix pour la forme du plan d'un Palais de Justice ne semble pas si­ gnifiant: de plus, la tension introduite entre le cercle et les qua- tres cours carrées opposés à l'intérieur éloi­ gne l'idée d'une balance toujours en équilibre grâce à la Justice. Duvaucelle a—t-il réalisé la trop forte tension ou l'ignore-t-il? Le fait est qu'il cherche à la banaliser. Le po­ ché noir accentue l'opposition géométrique et trompe peut-être les intentions alors mal ex­ primées de Duvaucelle, car le réseau des axes dessinés par lui laisse percevoir le désir d'une uniformisation (fig.16) dans le tracé

m ?i16 * 0uu*u" d'un système d'axes réguliers, presque une

• K g . 17 P a l a i s de J u s t i c e , O u u a u c e l l e , ala n de masse.

K g . 18 P a la is da J u s t ic e , Ouuaucelle, bStiment i s o l é .

trame. De plus le bâtiment est inscrit dans un cercle dont le cen­ tre coïncide avec le centre géométrique de la croix: la lecture comparative du plan dans son ensemble (fig.17) et de celui du bâ­ timent isolé (fig.18) montre clairement l'effet stabilisateur du cercle périphérique qui compense artificiellement le conflit in­ térieur . K g . 19 1796, Q u b ra u il, muséum. S ib lio th è q u a . f i s . 21 T h é a tra , B o u llé a , im p la n ta tio n au '.ouvra.

Le plan du Muséum de Dubreuil (1786) et de la Bibliothèque de Benoit (1788) sont deux formes primaires, l'une ronde, l'autre carrée, divisées par quatre cours semblables (fig.19 & 20): les médianes des plans sont construites. Le projet de Dubreuil fait apparaître une nouvelle notion qu'esquissait celui de Duvaucelle: l'enceinte. Boullée l'emploie souvent pour ses projets de cé­ notaphes et il la recherche aussi pour son théâtre au Palais Royal et au Louvre (fig.21), car il en apprécie le rôle de faire valoir: "Des enceintes ne contribuent pas peu à faire valoir les monuments ainsi les Anciens avaient— ils soin de les isoler pour leur donner du caractère" (61). On trouve un préalable à l'Académie avec le projet déjà cité de Chapelle par Defgranges. Le Camus de Mézières a déjà produit un bâtiment circulaire (la Halle au blé) dans les années 1760, mais l'opération immo­ bilière qui a permis de le financer (62) lui res­ te coller à la peau: au lieu d'une enceinte qui le favoriserait, il est installé dans un carcan qui le brime (fig.22).

Le plan carré sur cours carrées de la Biblio­ thèque de Benoit est une obsession projectuelle

K g .22 H a l l a au b U , Le Camus da flliz-Càras, p la n .

de rioullée: rêve de sa Bibliothèque publique (fiq.