• Aucun résultat trouvé

Les motifs de l’engagement (et les systèmes de valeurs)

3.3 Les motifs de l’engagement, l’identification des problèmes, les solutions et les stratégies

3.3.1 Les motifs de l’engagement (et les systèmes de valeurs)

Les éléments d’enquête, d’entretiens et des observations participantes nous ont renseigné les éléments suivants. Pour cette typologie, nous avons effectué un recensement et une priorisation de données selon le calcul de celles qui revenaient le plus dans les entretiens et dans les expressions spontanées des motivations et raisons d’être des associations et de leurs membres. Pour en vérifier la véracité, nous avons également croisé ces données avec les « valeurs » et les objectifs que l’on trouve sur les sites internet ou les différents documents de présentation des différentes associations étudiées.

Données à corrélation et récurrence très forte

Volonté de se fédérer, de se rassembler (entre belgo-tunisiens, amis et connaissances, familles originaires de la même région,…).

Rendre au pays et à la communauté ce qu’il/elle a donné, ce que l’on n’a pas pu donner pendant les années de dictature et apporter une aide/expertise.

Sensibiliser à la réflexion et à l’ouverture, l’intégration, éviter le communautarisme.

Offrir des activités et des services culturels et de loisir (apprentissage de la langue arabe, sport, voyages,…).

Promouvoir la culture et l’identité tunisienne et arabo musulmane.

Données à corrélation et récurrence forte mais parfois moins perceptible

Participation à la transition démocratique en Tunisie, débattre des questions sociales et politiques en Tunisie (dignité, droits pour tous, humanisme, solidarité, liberté, égalité, droit au travail et au développement économique…).

Promouvoir un islam tolérant.

Un grand nombre d’associations tunisiennes en Belgique se sont formées dans les mois qui ont suivi la révolution de fin 2010 et de début 2011, créations en partie cristallisées autour de l’organisation des premières élections libres en 201119. Une création d’associations et une motivation à l’engagement d’autant plus dopées par l’influence des amitiés, des connaissances, des affinités ou mobilisations politiques présentes ou partagées dans le passé ou tout simplement par « ouï dire », comme le confirment un certain nombre d’intervenants.

L’engagement associatif des Belgo-Tunisien(ne)s, à ce stade, peut résulter d’un état de polarisation assez typique au monde associatif. D’une part, un aspect socio-politique d’association, qui résulte d’une volonté de « s’associer en commun » et de créer des liens sociaux et de solidarité (Chanial, 1998 ; p 32). Dans ce cas, il s’agit en fait de recréer (librement) des liens sociaux entre individus d’une même communauté et avec la société d’accueil et d’origine.

D’autre part, un aspect économique dans le sens où l’entend Eme, c’est-à-dire simplement, une production d’activités. Une production de biens et services divers, en faveur de ses membres et de toute personne fréquentant l’association (Eme, 2010 ; p. 30).

19

Un grand nombre d’entre elles ont d’ailleurs joué un rôle important dans la surveillance des élections et processus électoraux.

3.3.1.1 Les motivations individuelles, « émotionnelles » et liées aux perceptions du pays d’origine

En tout premier lieu dans la conduite des entretiens et dans l’observation participante, un lien sentimental fort envers la Tunisie était très aisément perceptible. Cette observation vaut particulièrement pour les Belgo-Tunisien(ne)s de première génération d’immigration.

Nous ajoutons également à cela la perception dans les entretiens d’un certain « sentiment de redevance » de la part des interviewés envers la Tunisie. Un sentiment, tant pour les bienfaits (éducation, scolarité,...)20 que le pays leur a apporté, pour l’affection pure pour leur pays d’origine, que pour, et c’est cette dernière information qui retient tout particulièrement notre attention dans ce mémoire, le regret d’inactivité ou de sentiment d’impuissance sous l’ère du régime de Ben Ali. Ces observations recoupent celles recensées dans l’étude de Gsir et Mescoli, qui, en plus de la perception d’un lien sentimental fort et d’un sentiment de redevance, nous renseignent également la présence d’une « conscience collective » de la Tunisie et de l’identité tunisienne (Gsir, Mescoli, 2015 ; p. 36).

L’ensemble de ces considérations, au risque de nous répéter, reflètent plus que jamais l’importance de se focaliser (dans un premier temps) sur les représentations et les perceptions qu’ont les acteurs de la Tunisie. Leurs raisons d’engagement et leurs motivations à s’associer dans l’un de leurs « pôles d’engagement » (le présent et l’avenir social, culturel, économique et politique de la Tunisie) sont intimement dépendantes de leurs représentations du pays et de la société tunisienne ainsi que de la diversité de leurs parcours et de leurs histoires propres.

Nous avons également décelé l’importance de se rassembler autour de valeurs qui sont déterminées comme fédératrices et représentatives de la « Tunisie » ou d’une certaine forme de « culture » ou « mentalité » tunisienne au sens large. Autant de valeurs comme « la solidarité », « le respect », « l’ouverture », « l’égalité »,…

Selon certains intervenants mais également selon les objectifs de certaines de leurs activités, la motivation à l’engagement se traduit également dans la volonté d’exercer une certaine « responsabilisation » ou encore sensibilisation des personnes en Tunisie, autant les citoyens que les responsables administratifs et politiques. Cette interprétation est à mettre directement en corrélation avec la présentation du profil socio-économique des acteurs que nous découvrirons d’ici quelques pages, ainsi qu’avec les conditions et les contextes particuliers du contexte éminemment transnational des acteurs.

20

A ce sujet, une certaine nostalgie de l’époque de Bourguiba (de 1957 à 1987) est perceptible dans les propos de certains intervenants. Ils y font mention d’un système scolaire efficace et de politiques ou d’un vrai budget alloué(e)s à des thématiques comme l’éducation, la santé, la famille,... (VoirAnnexe 3.10 Majid, enregistrement du 5 février 2016).

Le premier élément qu’implique cette observation, est que pour les acteurs, la démocratie est « en apprentissage » ou « en cours de construction ». Deuxièmement, nous pensons que certains des acteurs ressentent un « sentiment de légitimité et de compétences », tant au vu de leur niveau élevé de formation qu’au vu de leur « expérience », « identité », et plus probablement culture civique européennes, par rapport à leurs compatriotes et pays d’origine. Il s’agirait ici, au final, d’« apprendre la démocratie aux gens » ou de la renforcer selon toute une série d’apports que la communauté tunisienne de Belgique pourrait apporter, toujours selon les acteurs, à la consolidation du processus de transition démocratique en cours en Tunisie (formation, rigueur, organisation et professionnalisme, qualité des initiatives, tradition du « compromis à la belge »,…). Nous nous référons notamment ici à la notion de « musawat », qui en langue arabe pourrait être traduite par « égalité », et qui traduit, dans ce contexte, l’intention de la part des acteurs de transmettre aux dirigeants, aux acteurs de la société civile tunisienne, ainsi qu’à eux-mêmes, des valeurs et des comportements comme l’égalité (entre membres, hommes-femmes, entre classes sociales,…) ou encore la notion de bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, etc (voir Annexes 3.13 Aicha, enregistrement du 16 février 2016 ; 3.15 Hamid, enregistrement du 2 juin 2016).

Enfin, cette dernière considération introduit déjà la partie suivante de ce chapitre : les motivations et les raisons d’engagement de tous et toutes les tunisien(ne)s de Belgique rencontré(e)s (sans exception), sont fortement corrélées avec une forte conscience des problèmes et des inégalités en Tunisie mais également en Belgique. Des problèmes qui, comme nous l’analyserons par la suite, sont de nature socioéconomique, politique ou encore liés à l’organisation même du monde associatif et de la société civile belgo-tunisien(ne).

3.3.1.2 Les raisons d’ordre structurel et les motivations socioéconomiques et politiques de l’engagement

Pour rappel, Jean Michel Lafleur, dans la présentation des différents contextes du transnationalisme, nous recommande d’envisager nos acteurs belgo-tunisiens (et donc leurs motivations à l’engagement,

en partie, transnationales) selon leur contexte de départ. De ce fait, les raisons du départ et l’importance des motifs qui poussent un individu à quitter son pays s’avèrent capitales dans la teneur et l’intensité des actions politiques qu’il entreprendra depuis son pays d’accueil (Lafleur, 2005, p.48). En ce qui concerne nos acteurs, les conditions de l’immigration peuvent être attribuées à des raisons aussi variées que la migration de travail ou d’étude, le regroupement familial ou le mariage, mais également et surtout pour cause d’incompatibilité ou de désapprobation en ce qui concerne le régime politique, allant même, pour certains intervenants, jusqu’à une sorte d’asile politique, leur sécurité et celle de leur famille n’étant plus assurée en cas de retour en Tunisie.

La perspective du retour, autre facteur indispensable de l’analyse du « contexte de départ », représente l’espoir ou l’envie de retourner fréquemment ou définitivement dans le pays d’origine (Lafleur, 2005 ; p.49). Autant de sentiments et de perceptions qui sont directement en lien avec les observations, tirées des entretiens et des observations, que nous allons vous présenter. La vision qu’a le pays d’origine de sa diaspora (critère symbolique) nous renseigne sur les dispositions légales du « homeland » en relation avec sa diaspora (Ibidem ; p. 50), notamment sur les questions liées à la citoyenneté, éléments que nous aborderons plus en détail dans un chapitre suivant.

Autant de critères pour mettre en exergue que nos acteurs belgo-tunisiens, en ce qui concerne un nombre significatif d’entre eux, ont quitté ou fui leur pays pour des raisons diverses. Cela dit, une grande majorité d’entre eux ne bénéficiait par contre pas de la possibilité soit : de rentrer librement chez eux, de participer, de près ou de loin, au débat politique de leur pays d’origine mais également à la mise en place d’activités transnationales (vers la Tunisie) sans souffrir d’évènements fâcheux comme des ennuis administratifs, la corruption ou dans certains cas, des menaces.

La recherche dans les associations d’un moyen de compenser les divers manques ressentis dans les autres sphères de la vie sociale antérieure (d’avant la révolution).

Il nous a semblé, au vu des éléments empiriques recueillis sur notre terrain d’étude et parmi ceux que nous avons déjà présenté dans ce mémoire, que les associations assurent une fonction de substitution en regard de la frustration relative et antérieure éprouvée. Une fonction qui permet aux adhérents les plus impliqués et aux responsables de faire dans l’association ce qui leur était difficilement possible de faire dans leur vie d’avant la révolution, en tous cas, en ce qui concerne plus particulièrement les activités de type militantisme et engagement politique.

De plus, pour rejoindre le premier type de motivations à l’engagement expliqué précédemment, plusieurs intervenants nous ont confié qu’ils ressentaient comme un sentiment de dette envers leur pays d’origine. Pour rappel, soit envers leur pays qui leur a permis de se former et d’accéder à l’instruction, soit envers la volonté de rattraper le temps perdu par rapport à la mise de côté antérieure de leur engagement militant. Une mise de côté par peur de représailles ou de pressions sur eux ou leurs familles ou encore par rapport au fait d’avoir écarté leur simple volonté de s’associer pour le bien commun, en dehors des amicales du parti RCD21 (voir Annexes 3.2 Abdelkader, enregistrement du 19 juin 2016 ; 3.3 Samira, enregistrement du 19 juin 2016 ; 3.4 Bilal, enregistrement du 19 juin 2016 ; 3.5 Majid, enregistrement du 5 février 2016).

Ces observations auront un impact important sur les conclusions que nous tirerons dans ce mémoire

.

21

Comme nous l’avons évoqué précédemment dans notre partie sur l’action collective, les théories de la mobilisation des ressources supposent traditionnellement que les acteurs ont besoin d’un certain nombre de ressources pour s’engager dans une action, ce qui peut d’ailleurs parfois permettre d’expliquer le manque d’impact ou l’échec d’initiatives et de mobilisations collectives de personnes sans ressources comme les chômeurs, les sans-papiers, etc. (Hamidi, 2002 ; p. 157). Cela dit, nos acteurs, leur(s) contexte(s) et leur histoire respective nous montrent que l’absence ou la privation de l’expression de ressources sociales, culturelles,… ; peut, au contraire, propulser l’engagement, dès lors tout de même que les acteurs ont des ressources d’un autre type à faire valoir.

Acquérir de nouvelles compétences, de nouveaux réseaux, de nouvelles reconnaissances qui peuvent servir au niveau personnel et professionnel.

L’engagement associatif fournit aux membres l’opportunité d’occuper des postes et des fonctions dont l’équivalent leur serait moins facilement accessible sur le marché du travail. Dans ces postes et ces fonctions, on peut mentionner des positions hiérarchiques favorables, la rencontre de gens importants (ministres tunisiens et belges, hommes politiques, grands responsables de la société civile, journalistes, etc.), la participation à des évènements d’envergure et gratifiants (des colloques et forums, des conférences, une cérémonie du prix Nobel de la paix, un forum social mondial, etc.). Egalement des types d’activités plus variés qu’en entreprise, plus adaptés aux goûts et préférences, proférant plus de responsabilité et d’autonomie, etc. Selon cette logique, l’engagement associatif peut donc permettre aux acteurs d’avoir accès à des postes et des responsabilités plus en adéquation avec leurs ambitions personnelles et plus gratifiantes. Il peut également émerger comme une réponse au sentiment de frustration relative analysé plus haut.

Un lien évident est à faire ici avec les « capitaux » de Bourdieu22. Comme nous le détaillerons un peu plus loin dans cette partie analytique, dans le cas du groupe d’acteurs observés, une part significative des personnes qui sont membres des associations et qui expriment leur engagement sont intégrées économiquement (classe moyenne et revenus à priori satisfaisants) et possèdent un bon ou haut niveau de qualification (diplômes de l’enseignement supérieur et universitaire, professions valorisées socialement, etc.). Il s’agit donc, à priori, comparativement à d’autres échantillons de populations issues de l’immigration, et dans leur ensemble, de personnes déjà relativement bien intégrées dans le tissu socioéconomique belge. Leur engagement et les résultats bénéfiques qu’ils retirent du succès ou

22

Selon lui, les capitaux que possède un individu déterminent sa position au sein de la société, à travers la palette de ressources dont il bénéficie. Ces ressources sont de quatre types. Le capital économique regroupe les ressources matérielles et financières qui appartiennent à l’individu (revenus, patrimoine). Le capital culturel se compose, lui, de trois éléments : les comportements « incorporés » que chacun a acquis au cours de son éducation et de sa socialisation (« habitus »), les biens culturels que chacun peut s'approprier et enfin, les titres et diplômes scolaires acquis. Le capital social regroupe, d'une part, le réseau de relations sociales qu'une personne peut mobiliser à son profit (ou au profit de ses proches), et d'autre part les ressources symboliques que sa position sociale lui confère (rayonnement, autorité, respect,…). Le capital symbolique est généralement la ressource qui provient de la reconnaissance, par les dominés, de la légitimité de la domination, et dont disposent donc les dominants. Elle s’ajoute aux autres capitaux, venant augmenter ainsi leur efficacité.

de la valorisation de leurs activités, combinés à leur capital économique et leur capital culturel déjà importants, augmentent de manière significative leurs capitaux social et symbolique dans la société et au sein de leur communauté. (voir Annexe 3.18 Sara, enregistrement du 22 avril 2016).

Un outil d'intégration par le politique ou vers le politique

Comme nous le confirme à nouveau Camille Hamidi (Hamidi, 2002 ; p. 159) mais également des auteurs comme Jean Louis Laville (Laville, 2010 ; pp.62-140), l’activité associative peut constituer un tremplin vers un autre engagement symboliquement très fort en termes d’intégration politique et sociale : l’engagement militant de type lobbying politique ou l’engagement politique tout court. Le terrain et les entretiens menés révèlent que pour certains membres déjà politisés (soit militants, soit sympathisants et membres de partis), le fait d'être cadre ou responsable d'une association peut aisément constituer un tremplin vers une reconnaissance politique, ce dernier facteur augmentant encore plus leur intégration sociale. C'est le cas de certains membres ou responsables associatifs qui peuvent intéresser des partis (tunisiens et belges) désireux de dénicher des personnalités issues de la société civile (voir également de l’immigration).

A l’inverse, après 2011, ces mêmes personnes ont pu faire le trajet opposé d’une zone d’influence et d’action politique vers la zone d’activité et d’engagement associative. Nous parlons précisément de personnes qui viennent de partis ou de milieux politiques et qui par sympathie pour une cause ou pour des connaissances, ont rejoint l’association.

Pour rappel, dans le cas des associations interrogées et observées, aucune n’est rattachée officiellement et à titre organisationnel à des partis politiques tunisiens ou belges. De plus, un grand nombre d’entre elles manifestent une volonté ferme d’être « apolitiques » et de respecter le pluralisme des idées politiques en leur sein. Certaines personnes ayant fait le transfert du politique vers l’associatif ont donc dû abandonner leur étiquette de parti pour pouvoir être acceptées en tant que membres. Ceci n’empêche, bien évidemment, aucunement le fait qu’un certain nombre de membres soient sympathisant ou militants, à titre personnel, de partis bien définis (« ennahda », « nidaa tounes », des partis de gauche radicale,…).

Au-delà de la sympathie ou de l’engagement partisan(e), d’autres membres rencontrés ont également joué un rôle déterminant et charismatique dans la tenue d’événements politiques comme les premières élections libre de 2011. En outre, ce qui ressort le plus de notre terrain est l’organisation ponctuelle de manifestations ou de lobbying politique concernant des causes aussi variées que la promotion et la relance du tourisme en Tunisie, la formation à l’observation des élections, etc.

L’ensemble de ces considérations ne renseigne aucunement une réalité figée et établie de la typologie et des contextes des motivations politiques de l’engagement des Tunisien(ne)s de Belgique. D’autant plus que nous n’avons pu rencontrer que des associations à action non militante (associations

socioculturelles, de loisir,…), ou des associations militantes et/ou de type lobbying politique mais qui se revendiquent apolitiques (en terme d’appartenance à des partis). De plus, les informations dont nous disposons sur l’engagement personnel de membres dans des partis ou des milieux politiques bien précis nous viennent bien souvent des déductions intuitives et personnelles que nous avons pu nous-mêmes faire, ou de renseignements de personnes tierces (d’autres associations ou observateurs du monde associatif belgo-tunisien). Enfin, malheureusement, les associations officiellement rattachées à des partis ou les milieux d’engagement rattachés à une mouvance « islamiste » n’ont pas pu être rencontrées de manière satisfaisante dans le cadre de ce mémoire.

Cela dit, il apparait évident que ces premières informations sur les composantes et les contextes politiques des associations et des personnes de la société civile rencontrées nous renseignent déjà sur les formes de matérialisation infra-politiques des motivations et des formes d’engagement et, dans le cas de notre groupe d’acteurs, sur les aménagements de contexte, ainsi que sur les clivages ou les tensions autour du « politique » que nous analyserons plus avant dans cette partie analytique.

En conclusion,

l’analyse des motivations de l’engagement associatif des Belgo-Tunisiens

renseigne ce dernier comme

un outil d’ascension et une réponse à un formidable appel de

conquête de l’espace public après la révolution de 2011.

L

a présentation de notre terrain et des motivations à l’engagement de nos acteurs reflète également la diversité des différentes approches de la sociologie des associations et de l’action collective qui ont été présentées précédemment dans ce mémoire. Nous tenons ainsi à réaffirmer ici que différents individus peuvent être analysés et considérés comme porteurs de différentes logiques, et de diverses traditions d’analyse. Certains individus, certaines associations, certaines pratiques ou certaines formes d’engagement seront parfois analysables, en même temps, en termes de rétributions du militantisme et/ou de déterminants sociaux et/ou de construction identitaire, etc.

Dans un cadre beaucoup plus large, la floraison associative et les motivations à l’engagement des Belgo-Tunisien(ne)s sont à mettre en parallèle avec les évolutions structurelles des sociétés (capitalistes occidentales ou maghrébines) en général. Plus précisément encore avec l’apparition de nouvelles aspirations « post-matérialistes » à la liberté (« Postmaterialist Liberty Aspirations »), résultant de l’avènement d’un syndrome plus large de valeurs d’expression de soi (« Self-Expression Values Syndrome ») tel que décrit comme variable centrale dans l’œuvre et dans le modèle d’analyse de Ronald Inglehart (Inglehart, Welzel, 2005) et d’autant plus permis et libéré au grand jour par le