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La difficulté à se rassembler, à promouvoir et mettre en valeur sa culture et à se fédérer entre

3.5 La révolution de 2011 : Mutation et publicisation du discours caché et des formes

3.6.5 La difficulté à se rassembler, à promouvoir et mettre en valeur sa culture et à se fédérer entre

Ces éléments sont particulièrement en rapport avec le contexte d’analyse du transnationalisme que Lafleur nous a renseignés précédemment dans ce mémoire (Lafleur, 2005 ; pp. 48-61), en particulier la « mobilisation, cohésion et définition de l’agenda politique transnational ». Pour rappel, selon Jean-Michel Lafleur, la concentration géographique de la communauté transnationale représente un atout. Mais bien plus que cela, il s’agit ici d’analyser la fédération (malgré le pluralisme) ou, au contraire, la division qui peut empêcher toute action coordonnée des organisations sur la scène politique (Ibidem ; p. 56). Il semblerait donc que « le leadership dans la communauté » soit un élément clé dans la mobilisation et la mise en place d’activités concrètes et coordonnées. En effet, l’absence de leadership clair et assumé peut semer le doute et l’hésitation de la part des autorités du pays d’accueil en ce qui concerne la perception de la représentativité et des capacités à répondre aux attentes de la communauté. Nous suggérons également que ces mêmes facteurs peuvent aussi semer un doute au moins équivalent dans la population de la communauté belgo-tunisienne par rapport à la possibilité de s’engager collectivement ou de se sentir « bien » représentée. Bien que le cadre de ce mémoire ne nous permette pas d’exploiter davantage cette théorie, nous pouvons ici citer des étapes qu’un sociologue de l’action collective, Guy Bajoit (Bajoit, 2011), renseigne pour le bon déroulement d’une action mobilisée : le passage de la privation à la frustration ; de la frustration à la mobilisation ; de la mobilisation à l’organisation, notamment via un leadership clair et affirmé, des activités coordonnées, des objectifs communs, réalisables et fédérateurs, etc.

A une difficulté en termes de mobilisation, de cohésion et de définition de l’agenda politique transnational, se mêle une certaine forme de concurrence non productive entre les associations se matérialisant surtout via l’organisation d’évènements similaires mais de manière parallèle et concurrentielle28. Bien que cela soit propre au monde associatif dans son ensemble, des conflits d’intérêt sont également fréquents au sein de certaines associations (entre les plus âgés et les plus jeunes, entre les différents egos, entre les différentes affinités politiques ou idéologiques,…) et entre les associations elles-mêmes. Selon plusieurs intervenants et selon nos observations sur le long terme, même si certaines (grosses) associations rencontrées comme le CVDT, L’ADTB, la FETCA,… affirment et affichent clairement leurs objectifs, les associations belgo-tunisiennes, dans leur

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Ainsi, à titre d’exemple, dans une même ville, plusieurs événements sportifs du même type peuvent être organisés en même temps. Ou encore, dans des conditions similaires, des événements autour de la commémoration de la révolution ou autour des enjeux de la transition démocratique peuvent être organisés par des associations et membres similaires, mais sans partenariat ou collaboration.

ensemble, manqueraient d’une vision partagée et d’objectifs clairs, ce qui poserait des problèmes au niveau de la durabilité et des impacts des initiatives, tantôt dispersées envers la Tunisie, tantôt orientées vers la vie en Belgique et se superposant les unes aux autres. De plus, certain(ne)s interviewé(e)s déplorent le manque d’engagement des citoyens belgo-tunisiens sur le long terme. Ils constatent que l’engouement de 2011 est déjà en partie retombé, regrettent l’absence de mobilisation continue et enfin, expriment leurs craintes concernant la relève ou la continuité des associations, en diminution depuis les premières heures de la révolution.

Bernard Eme va dans ce sens en posant l’hypothèse d’une « crise larvée mais profonde dans les nébuleuses associatives » (Eme, 2010 ; p. 28). En accord avec certains de nos éléments empiriques, il nous renseigne une crise culturelle (brouillage de sens et d’objectifs dans les différentes pratiques) combinée à une crise politique où les finalités et les orientations générales des associations semblent se perdre dans des logiques technico-instrumentales ou dans des systèmes politiques et de rapports de pouvoir. Des logiques qui s’installent au détriment des logiques militantes coordonnées (ou qui provoquent une certaine dispersion), des logiques civiques de solidarité (entre les membres de l’association et les autres membres de la société ou communauté), ou encore d’une visée (politique) claire et coordonnée de transformation de « sa » société (Voir Annexes 3.21 Hamid, enregistrement du 30 mars 2016 ; 3.15 Hamid, enregistrement du 2 juin 2016 ; 3.11 Hamid, enregistrement du 2 juin 2016 ; 3.8 Hamid, enregistrement du 2 juin 2016).

Comme nous l’avons démontré tout au long de ce mémoire, la sociologie associative, les motivations à l’engagement et les modalités des pratiques présentées, montrent bien que l’absence de course au profit (économique ou personnel) dans les associations n’occulte pas spécialement la course au pouvoir, ceci y compris les stratégies personnelles, les comportements autoritaires, etc. Scott (Scott,, 1992), auteur clé dans l’architecture du raisonnement de ce mémoire, soutient également que plus la domination est importante et plus le pouvoir est menaçant dans une société donnée, plus le « texte caché » développe des trésors d’ingéniosité et le masque se fait plus épais chez le dominé. L’ambivalence de la métaphore de Scott qui est pointée ici se matérialise dans le fait que quand les « dominés », par des situations de domination, sont amenés à feindre le port d'un masque, ils peuvent un jour se rendre compte que leurs visages en viennent à épouser certains des contours de ce masque. Les éléments empiriques et les enjeux et clivages gravitant autour de (l’accès à) la participation des associations des Tunisien(ne)s de Belgique débouchent sur une situation de méfiance et de doute de la part des personnes gravitant autour du monde associatif belgo-tunisien, mais aussi au sein de ses membres eux-mêmes. Des doutes et une méfiance envers l’Etat et les institutions mais également envers le contexte et les pratiques de cette floraison civique, citoyenne et associative, encourageante et très positive, mais encore dispersée et en construction selon la bonne volonté et les bonnes intentions isolées de chaque association. Bien que les initiatives des associations continuent à se développer de manière très positive et influente sur le débat public et la construction de sens commun

autour de la compréhension de la participation à la transition démocratique, une méfiance semble persister envers les modes de fonctionnement constitutifs de l’environnement des associations sous régimes autoritaires que la révolution n’aurait pas permis d’éradiquer complètement. Autant d’éléments évoqués dans les entretiens comme la corruption, les problèmes organisationnels et administratifs, des « problèmes de mentalité » et « d’individualisme », un « virus de la dictature »,…).

4 Conclusion(s) générale(s)

Durant cette analyse, nous avons eu l’occasion de tenter de déterminer dans quelle mesure et dans quelles conditions le groupe observé participait au processus de transition démocratique en Tunisie. Préalablement, nous avions proposé en introduction à cet ouvrage, une précision « ethnographique » et politique des acteurs étudiés dans ce mémoire, un cadrage théorique des différents concepts gravitant autour de ces derniers ainsi qu’une présentation du prisme et du renversement de perspective que nous préconisions. La première hypothèse et conclusion centrale que nous avons tirée dans ce mémoire s’exprime, en définitive, par le fait que les associations belgo-tunisiennes semblent connaître une évolution et une transformation selon les productions et les interactions des changements socio-politiques en cours en Tunisie. Cela implique en retour que la diminution des moyens de contrôle et de répression de l’Etat tunisien aurait permis, autant ou plus que les facteurs traditionnels qui ont été présentés dans ce mémoire, le développement des pratiques transnationales et des formes d’engagement diverses et variées des Tunisien(ne)s de Belgique. De plus, ces changements sociopolitiques auraient changé le rapport entre le monde associatif et la société civile belgo-tunisien(ne) et l’Etat tunisien. L’une des limites de ce mémoire consiste certainement dans le fait que nous n’avons pas eu l’espace et le temps de décrire plus en détails ce que d’autres auteurs que nous entendent par l’émergence d’une nouvelle forme de citoyenneté politique à distance. De plus, bien que nous ayons à de nombreuses reprises évoqué et décrit le sujet, nous avons eu peu l’occasion d’analyser et de préciser ce que le changement de régime implique pour les Tunisien(ne)s en termes de nouvelles perspectives de représentation institutionnelle. Nous laissons ces thématiques pour des recherches et des réflexions futures et remettons le lecteur dans les mains des nombreux auteurs spécialisés en transnationalisme ou en sociologie politique, qui ont commenté le sujet. Il n’empêche que nous pouvons également conclure que les changements sociopolitiques qui ont été analysés ont une influence au niveau juridique, électoral et en ce qui concerne la (nouvelle) citoyenneté politique des Tunisien(ne)s de Belgique.

La deuxième hypothèse et conclusion centrale de ce mémoire réside dans le fait que les contraintes des rapports de force, de pouvoir, et de domination, ainsi que les différences socio-économiques

entre les individus influenceraient la typologie et la diversité des modalités d’engagement (associatives, transnationales et en terme d’action collective) des Tunisien(ne)s de Belgique.

Comme nous l’avons de nombreuses fois souligné dans ce mémoire, le prisme qu’implique cette hypothèse, autour de concepts comme l’action collective et surtout, le transnationalisme, pourrait ouvrir une nouvelle porte ou apporter une approche quelque peu différente en permettant de prendre les « façades » et les interactions complexes entre les acteurs en question, pour ce qu’elles sont. Du moins, c’est le pari que nous avons tenu à faire dans ce mémoire. Cette approche a pris forme à travers plusieurs éléments empiriques (la présentation des acteurs, de leurs motivations multidimensionnelles à l’engagement, des problèmes qu’ils identifient comme poussant ou freinant à l’action collective et la pluralité de leurs formes d’engagement), des exemplifications à travers des extraits de nombreux entretiens menés et plusieurs éléments de cristallisation, de clivages et d’enjeux sur lesquels nous venons de conclure et qui conditionnent le jeune monde associatif belgo-tunisien.

Autant d’éléments qui, dans leur nature, pourraient laisser croire au lecteur que nous concluons ce mémoire sur une note de pessimisme et de déterminisme culturel. Il n’en est point.

Une posture contre le déterminisme culturel et en faveur d’une approche complexe et multidimensionnelle de la culture

Tout comme nous l’avons constaté à titre non exhaustif et expérimental tout au long de notre expérience dans le monde associatif et la société civile belges, européen(e)s, béninoi(se)s et marocain(e)s, il est nécessaire de prendre conscience que, dans tout projet, dans tout partenariat, dans toute association, dans toute mobilisation,… ; les participants portent en eux et reproduisent des référents culturels et des expressions de leur socialisation, de leur éducation, de la tradition de laquelle ils sont issus ainsi que de l’histoire sociopolitique qu’ils ont vécus. Dans cette optique, les initiatives, les comportements et les pratiques que l’on observe doivent être accompagnées de la considération de l’imperfection de l’Homme, de son caractère justement « humain », et du temps qui est souvent nécessaire pour mener à bien les changements et les processus qu’il souhaiterait voir concrétisés. Les perceptions et les mobilisations de la « société civile » sont souvent diverses et marquent surtout l’opposition entre universalisme (prescriptif) et exceptionnalisme occidental. L’universalisme du concept voudrait sa propagation à l’échelle du monde sous le schéma (occidental) classique : plus une société civile est développée dans un Etat ou une communauté (et donc plus la société est « civilisée »), plus la démocratie progresse et plus l’autoritarisme et l’arbitraire du pouvoir reculent. L’exceptionnalisme occidental, quant à lui, doute de l’existence d’une société civile en dehors du cadre sociopolitique occidental. Ce courant met l’accent sur l’impossibilité constante de voir émerger un espace qui serait autonome à l’égard des contraintes de la sphère de l’Etat et de celle des liens familiaux (Pirotte, Poncelet, 2007).

Nous avons largement laissé envisager que les acteurs associatifs que nous avons présentés dans ce mémoire sont le fruit d’une floraison d’identités, d’identifications et de pratiques culturelles, entre Europe et Tunisie, entre Occident et Orient, entre laïcité et Islam. Dans cette conclusion, nous contestons, bien entendu, et à notre époque plus que jamais, l’idée trop souvent répandue que les maghrébins et les arabes, notamment par l’intermédiaire de l’Islam, seraient condamnés à faire preuve d’une affection innée pour l’autoritarisme. Si culturalisme il doit y avoir, celui-ci doit être « raisonné » et s’exprimer par la capacité à appréhender la culture dans sa perspective et son évolution historique et constamment sujette au changement. L’élément culturel intervient, certes, mais d’une façon non déterministe. Nous contestons également et vivement le fait que certains théoriciens s’obstinent à vouloir transférer les mêmes logiques et schémas de reproduction entre des aires culturelles complètement différentes. Le concept de « société civile » tel que l’on a tendance à l’appréhender aujourd’hui a été élaboré et pensé sur base d’expériences et de théories occidentales et son exportabilité dans le monde et la culture arabe et maghrébine pose problème. Par exemple, il y a de nombreux contrastes entre l’identité socio-historique de la modernité politique occidentale et celle du Maghreb par la distinction entre l’égalité et la hiérarchie (relation maître-esclave) d’une part, et entre l’individualisme et le holisme d’autre part qui sont, par exemple, des éléments déterminants à prendre en considération. De plus, nous estimons avoir assez développé dans ce mémoire que les relations au pouvoir et à l’autorité ne sont pas les mêmes et que dans la culture maghrébine en général, même en situation d’oppression apparente, les individus peuvent mobiliser tout un système ingénieux et invisible (à l’œil de celui qui ne veut pas voir) pour contrecarrer l’autorité. En outre, plus les opposants, même cooptés, croient qu’une démocratisation est possible, plus ils contribuent à la rendre possible. En d’autres termes, l’adoption d’institutions démocratiques et le développement d’une société civile et articulée autour d’un monde associatif (surtout urbain) significatif en Belgique et en Tunisie (re)crée des pratiques et des comportements favorables, à long terme, à la démocratie. Enfin, quand une fenêtre d’opportunité sociopolitique s’ouvre, comme ce fut le cas pour nos acteurs belgo-tunisiens, l’histoire prouve qu’il leur est tout à fait possible de renverser la hiérarchie et la domination et d’influer sur la construction de leur société. Ces associations et cette société civile tunisienne(s), récent prix nobel de la paix, par une complexe combinaison entre terreaux historiques et socio-culturels favorables, émerge comme l’acteur déterminant de la reconstruction politique et sociale du pays. Ces faits ne montrent-ils pas les contours et les aperçus d’une culture émancipatrice, contestataire et civique forte ? Une « culture » qui prendrait tout simplement des formes tout à fait différentes (et parfois beaucoup plus marquées et convaincantes) par rapport à la ou aux culture(s) occidentale(s).

En d’autres termes, nous sommes d’avis qu’il existe toute une série d’habitus (comportements et habitudes propres à l’individu, dictés par sa culture et son éducation) qui contraignent une société civile dans l’exercice de la démocratie. Cela dit, ce qui nous fait nous détacher de façon

complète et radicale du « déterminisme extrême » réside dans le fait que nous pensons que chaque individu, face à un problème social donné et grâce à ses interactions et ses alliances avec la société et d’autres groupes d’individus, à un moment donné de l’histoire, a la capacité de remodeler ses habitus et ses pratiques culturelles, et de (re)penser la notion de « démocratie » et l’action collective et civile. Bien que nous reconnaissions volontiers notre influence bourdieusienne et son influence prégnante sur l’une des facettes analytiques de ce mémoire, nous approuvons tout autant la critique et le dépassement critique que fait Bernard Lahire de la notion d’habitus (Dortier, 1998). Selon ce dernier, chaque acteur social dispose non pas d'un seul mais d'une multiplicité d'habitus liée à la diversité de ses univers de socialisation, parfois contradictoires, comme le prouve très bien le contexte et l’identité multiple des acteurs présentés dans ce mémoire. De plus, en lien avec le problème de la transmission générationnelle que nous avons soulevé, la transmission d'un héritage culturel et identitaire ne se réalise pas par un simple « transfert » d'une génération à l'autre, mais induit de nombreuses adaptations, évolutions et réinterprétations. Face à l’ensemble de ces considérations, on peut en conclure que les pratiques sociales sont multiples et ne se laissent pas enfermer dans une grille de lecture unique.

Ce fut notre intention durant tout ce mémoire : à pluralité d'actions, pluralité des outils d'analyse et des approches. Une intention qui rejoint l’intuition de l’approche multidimensionnelle et complexe, tant pour la compréhension des différents contextes des pratiques (politiques) transnationales, des motivations et des formes d’engagement, des différentes approches de l’action collective et finalement, de la culture, que nous avons voulu présenter dans ce mémoire et sur lesquelles nous voudrions conclure, comme le préconisent des penseurs et sociologues comme Edgard Morin (Morin, 2005) ou Jacques Ardoino (Ardoino, 1971). En particulier en se basant sur les théories de ce dernier, la compréhension de la réalité sociale, de l’engagement associatif et transnational et des particularités et déterminismes culturel(le)s et identitaires multiples des Tunisien(ne)s de Belgique a été menée sur six niveaux de compréhension. Le premier niveau, l'individuel, nous fait considérer chaque acteur associatif belgo-tunisien et membre de la communauté belgo-tunisienne dans son individualité en prenant en compte ses caractéristiques individuelles, ses motivations (à l’engagement), ses récits, régimes de sens, ses traits de caractère, comportements (solidaires, égalitaires, conflictuels, individualistes, autoritaires,…). Un niveau tout à fait en accord avec la perspective microsociologique qui, sans induire l’origine et la solution des dysfonctionnements dans la nature des individus et en insistant tout autant sur des éléments systémiques et structurels, a été préconisée dans ce mémoire. Le deuxième niveau, le relationnel, a insisté tout particulièrement sur les relations interpersonnelles entre les acteurs associatifs belgo-tunisiens et les membres de leur communauté, pour en extraire, justement, leurs logiques (sous-jacentes), leurs positions sociales et la nature de leurs rapports de force. Le troisième niveau, legroupal, nous a fait nous intéresser aux phénomènes analysés en nous situant au niveau des phénomènes et dynamiques de groupe, c’est-à-dire, les associations et la communauté

belgo-tunisienne (les membres rencontrés) en elles-mêmes. Autant d’éléments comme, dans la limite des possibilités de notre terrain, la compréhension et l’observation des conditions des règles de fonctionnement, des prises de décision, de l’expression des leaderships au sein des associations et de leur communauté associative et les capacités à s’allier ou au contraire, se concurrencer, etc. Le quatrième niveau, l'organisationnel, a été exploité dans l’analyse des acteurs, des relations de pouvoir mais très peu au niveau de l’analyse des structures organisationnelles et sans mobiliser les auteurs classiques de la sociologie des organisations (Crozier, Mintzberg,…), au vu des restrictions de ce mémoire et pour ne pas nous éloigner de nos hypothèses. Le cinquième niveau est l'institutionnel et il nous a amené à nous focaliser, plus seulement sur le niveau des associations, mais sur celui, plus général, des politiques et des enjeux dans lesquels elles s’inscrivent. C’est ce qui nous a poussé à nous intéresser notamment aux enjeux de la représentativité institutionnelle des Tunisien(ne)s de Belgique, aux relations avec le nouvel Etat tunisien, les organes institutionnels et les partis politiques, aux conditions de l’émergence de leur nouvelle citoyenneté politique, à l’état de la transmission intergénérationnelle, etc.

Le dernier niveau, l’historicité, nous amène à la conclusion et à l’essence même de ce que nous suggérons de retenir de ce mémoire. Autant nos hypothèses que la présentation des pratiques et des formes d’engagement des Tunisien(ne)s de Belgique nous ont montré l’intime relation que ces acteurs ont avec les grands changements sociopolitiques de la Tunisie et les nouveaux rapports de force qu’ils induisent. Une capacité auto-transformatrice de la communauté belgo-tunisienne capable, s’il est