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Un « mot » sur les apprentissages

6. Analyse des résultats

6.5 Un « mot » sur les apprentissages

Dans sa définition du terme apprendre, Reboul donne la compréhension comme supérieure à l’apprentissage, lui-même supérieur à l’information. Ce corrélat nous permet déjà de mettre en avant la caractéristique de la formation visaTICE, basée sur l’explication des concepts invariants, permettant aux apprenants de comprendre pour apprendre.

L’apprentissage des savoir-faire peut prendre différentes formes, l’imitation en est une, utilisée comme méthode de choix dans la formation MEDIAplus, la méthode analytique, découpant en une somme de savoir-faire partiels, est également une caractéristique de cette formation. Reboul explique à ce sujet qu’elle n’est pas égale à un savoir-faire final. D’ailleurs, lors des entretiens une étudiante a trouvé le pré et post-test réalisés pour la formation plus utiles que l’évaluation de points ponctuels tels qu’ils sont réalisés dans MEDIAplus. La certification ECDL procède également par savoir-faire partiels et à ce sujet nous pouvons évoquer le constat des étudiants réunis lors du focus group : ils ont estimé que cette certification était facile par rapport à ce qui leur a été demandé lors de la certification visaTICE.

Une autre caractéristique de la méthode, active ou passive, illustre le fonctionnement de MEDIAplus où l’élève est guidé pour accomplir la tâche et de visaTICE, où l’élève est livré à lui-même pour la réaliser. Reboul qualifie le savoir-faire comme une capacité à pouvoir agir intelligemment, en interprétant plutôt qu’en répétant. La méthode passive amène à une habitude spécialisée, non transférable, au contraire de l’habitude généralisable, induite par la méthode active.

Une des caractéristiques du behaviorisme est de décomposer une tâche en séquences courtes et faciles, ce qui implique la réussite de celles-ci, vécu comme renforcement positif, le feu vert donné par MEDIAplus en est un exemple. Dans ce modèle, la réussite est le renforcement.

Pour Reboul, comprendre un enseignement « c’est pouvoir l’expliquer plutôt que de le répéter ».

La motivation permet d’accepter les efforts à fournir, elle doit être intrinsèque pour motiver l’apprentissage plutôt qu’extrinsèque (comme dans le modèle behavioriste).

Vienneau, quant à lui, met l’accent sur la dynamique interne de l’apprentissage, le processus plutôt que la dynamique externe, les produits. En entretien, un étudiant ayant été formé sur MEDIAplus nous a dit « Ouais, le but ultime c’est de réussir l’exercice et passer au suivant... » et non de comprendre pourrait-on ajouter. Alors que dans le courant socioconstructiviste, les situations d’apprentissage sont ancrées dans la réalité sociale et l’environnement naturel de l’apprenant, sous forme de situations-problèmes. Selon la classification de Vienneau « le courant behavioriste s’intéresse au combien (j’ai appris), le cognitivisme au comment », nous pourrions alors situer la formation visaTICE dans le courant cognitiviste et la formation MEDIAplus plutôt dans le cours behavioriste, tout en étant conscientes que cette manière de classifier peut être réductrice et ne pas tenir compte de tous les aspects d’une formation.

Giordan, nous explique que pour que l’apprentissage se réalise, il doit permettre une élaboration de sens. L’élève doit comprendre que ses conceptions ne sont pas satisfaisantes, le pré-test a permis cette constatation, et l’enseignant peut alors proposer un savoir plus efficace. Il s’agit de déconstruire les savoirs existants qui ne sont pas adaptés et les reconstruire, à l’aide de la théorie proposée dans visaTICE et des exercices à réaliser pour acquérir des savoir-faire intelligents. Un des étudiants présent au focus group, à la question « que faire pour motiver les étudiants ? » répond qu’il faut leur dire que c’est très utile de pouvoir automatiser une tâche, qu’on gagne énormément de temps car on devient très efficace.

Dans la conception de l’apprentissage selon Giordan, l’accumulation d’informations dans la mémoire basé sur l’enregistrement est dépassée et à ce propos, il nous semble que la formation MEDIAplus entre dans ce modèle. Le modèle préconisé par Giordan est celui où le cerveau digère les informations reçues, il les organise, les interprète, une nouvelle information est tout de suite intégrée. La mobilisation de cette mémoire doit être possible dans un contexte éloigné pour que le transfert opère. Il nous semble que la formation visaTICE, basée sur des concepts invariants permet justement ce transfert ou du moins le préconise. Toutefois, nous avons constaté que la tâche du tableur est jugée par les étudiants (cf. entretiens) comme plus difficile à contextualiser, à transférer pour son usage personnel (en dehors des usages scolaires). La métaphore de l’ordinateur qui remplace la bibliothèque est tout à fait intéressante et elle nous semble bien convenir comme métaphore pour nos deux formations, évidemment en étant bien conscientes de la limite des métaphores.

Giordan nous parle également d’un langage imagé, métaphorique, utilisant l’analogie ou le schéma qui sont des aides pour faciliter la compréhension et la formation visaTICE foisonne de ce genre de langages (exemple ci-dessous).

Les entretiens nous ont permis de créer une arborescence de nos thèmes basée sur le monde réel, virtuel et intérieur. À ce sujet, Duchâteau nous a permis de mettre en évidence la méconnaissance pour beaucoup d’individus du monde virtuel, l’apprentissage tel que proposé dans la formation visaTICE cherche à rendre compréhensible les concepts sur lesquels s’articulent les différents logiciels étudiés. De plus, un chapitre traitant particulièrement du système informatique (ordinateur et programme) le TIN (traitement de l’information numérique) dévoile les mystères qui lui sont attribués, justement par méconnaissance. D’ailleurs, il serait intéressant de proposer l’étude de ce chapitre aux futurs tuteurs et de les questionner sur l’utilité pour les étudiants de le parcourir.

Vandeput propose à travers sa démarche d’identification des invariants une identification des

« savoirs à enseigner » propres à la transposition didactique. La définition des « savoirs enseignés » amène alors à des objectifs liés à la maîtrise de ces invariants à travers des activités et une évaluation pour un public particulier, le projet élaboré selon cette méthodologie, visaTICE est un exemple de cette deuxième étape.

Nous trouvons dans le dispositif visaTICE un tableau récapitulatif des compétences « Faire preuve d’autonomie dans l’apprentissage des technologies que l'on découvre par soi-même, qu'elles soient émergentes ou non » et « Faire preuve d’autonomie et d’efficacité dans l’usage des TIC en contexte d’apprentissage » en lien avec des sous compétences tels que « Produire et mettre en page un document » ou encore « Produire et retravailler des images numériques » eux-mêmes déclinés sous forme d’objectifs généraux du genre

« Définir et modifier des styles de mise en forme et en page des caractères et des paragraphes ». Ces objectifs généraux sont ensuite déclinés en objectifs opérationnels et reliés aux différents exercices proposés comme présentés dans la figure ci-dessous

Figure 6 Tableau tiré de la présentation des compétences sur le site visaTICE

Il nous semble que la réflexion sur les « savoirs à enseigner », tels que discuté par Baron et Bruillard ou par Caraballo et Cicala, cités dans ce travail, rejoint celle de Vandeput, telle qu’il la

Figure 5 Extrait du site visaTICE, chapitre 4, Trouver la bonne formule du livre « Concevoir et exploiter une feuille de calcul «

propose à travers visaTICE. Nous ne retrouvons pas de réflexions au sujet des objectifs proposés dans la formation MEDIAplus, c’est peut-être par méconnaissance du produit, toujours est-il qu’un étudiant lors des entretiens nous dit qu’il n’en percevait pas les attentes et que si les objectifs d’apprentissage étaient présents, ils n’étaient pas explicités.