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C’est dans le cadre du MAS « Théories, pratiques et dispositifs de formation d’enseignant » que nous nous sommes rencontrées : Lydia Curtet formatrice suppléante en didactique de l’informatique à l’IUFE, et Sylvie Tissot responsable de la formation aux compétences de base en informatique pour les étudiants en Bachelor 1re année et le personnel administratif et technique de l’Université. Ce Bachelor réunit en 1re année, les étudiants de deux sections, psychologie et sciences de l’éducation de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation4.

À plusieurs reprises, nous avons collaboré dans des travaux de groupe, notre discipline nous a rassemblées et ces collaborations nous ont permis d’échanger sur nos pratiques professionnelles et d’élaborer le projet qui nous occupe dans ce mémoire.

1.1 Naissance du projet

L’idée a germé dans la tête de l’une d’entre nous (Lydia) lors de nos discussions au sujet de la didactique de l’informatique et des incidences sur l’enseignement-apprentissage (indifféremment, en présentiel ou en ligne). Et puis, la comparaison de deux formations en ligne, côtoyée par l’une (Sylvie) ou par l’autre (Lydia), portant sur le même enseignement, les outils bureautiques. Ayant cependant des sensibilités, des vocations, des intérêts, des fondements pour le moins différents.

Finalement, Lydia soumet une proposition à Sylvie (gérant la formation à Genève) et à Étienne (gérant l’autre formation en Belgique) « et si on importait une formation plus « didactique » à l’Université de Genève ? » Les deux parties (Sylvie et Étienne) ayant trouvé l’idée intéressante, il fallait encore avoir l’aval de la directrice de la formation de Genève et de la commission informatique présidée par Mireille Bétrancourt qui ont donné le feu vert… et c’est parti…

Vous n’avez pas tout compris ? Alors, il va vous falloir aller plus loin dans la lecture de ce mémoire…

1.2 Nos motivations

Nous allons déroger aux règles d’usage de l’écriture de ce type de travail, nous utiliserons alors le

« je » uniquement pour les parties « personnelles ». Afin de bien ancrer chaque personne de ce duo dans sa réalité, chacune dans son contexte, assez différent et dont les motivations vont être exposées ci-dessous. Il nous semble important d’expliquer ce qui nous a finalement réunies autour de ce projet, stimulant mais parfois complexe à gérer, surtout pour Sylvie qui, selon son cahier des charges à l’Université, s’est occupée de l’organisation et de la bonne marche à suivre de la formation auprès des étudiants, des tutrices, ou encore de collègues indirectement touchés par les choix opérés dans cette étude.

1.2.1 Pour Lydia

Ma motivation d’enseignante a toujours été liée au désir de comprendre comment les élèves apprennent afin de pouvoir les aider à maîtriser les enseignements que je leur propose. Déjà lors de ma propre formation pédagogique, j’étais intéressée par les théories s’y rapportant. Ensuite, lorsque j’ai été engagée par l’IUFE pour animer un atelier de didactique de l’informatique, j’ai rencontré Étienne Vandeput qui dispensait le cours de didactique aux étudiants en formation pour l’enseignement secondaire. Son cours répondait à des interrogations qui m’habitaient

« comment mieux enseigner la discipline informatique pour favoriser l’apprentissage de l’élève ».

Dans le cadre d’une recherche menée en Belgique avec son équipe, il a conçu, pour pallier l’absence d’enseignement de l’informatique dans le cursus scolaire belge, un dispositif de

4 FAPSE

formation à distance pour l’enseignement des technologies de l’information et de la communication. Ce dispositif m’a très vite séduite, malgré son statut de formation à distance, car il me semblait être proche de ce qu’un enseignement en présentiel pouvait être. Jusque-là, je n’avais jamais porté d’intérêt à la formation à distance, que je n’appréciais pas, aimant le climat de la classe, privilégiant les échanges avec les élèves pour faire apprécier une matière, une discipline.

Dans nos échanges avec Sylvie sur nos pratiques respectives nous avons discuté des formations à distance que chacune d’entre nous côtoyait. La façon très différente d’opérer, de l’une et de l’autre, a commencé à m’interpeller. Qu’en était-il de l’apprentissage après avoir suivi l’une ou l’autre de ces formations ? L’idée a alors germé en moi de proposer à Étienne ainsi qu’à Sylvie d’importer le dispositif visaTICE à la FAPSE, et c’est ainsi que notre projet a démarré.

Ce qui me motive c’est de mettre en discussion un enseignement-apprentissage conçu selon les principes élaborés et discutés par la didactique de l’informatique, la même que nous travaillons avec les étudiants dans mon atelier à l’IUFE. Me poser des questions sur l’effet de cet enseignement et encore plus de cet apprentissage. Finalement, est-ce que grâce à un dispositif pensé pour améliorer l’apprentissage des TIC, nous pourrions mettre en évidence des différences ou d’autres éléments d’ailleurs ? Quelles seraient les retombées sur mes étudiants (et leurs élèves) ainsi que sur mes élèves, et par ricochet sur mes collègues, lors de discussions par exemple.

Évidemment, je n’oublie pas les principaux sujets de cette étude, les étudiants en SED, futurs enseignants du primaire. Ils seront amenés à travers les objectifs du Plan d’Études Romand5 à mettre en pratique les technologies et peut-être même à devoir les enseigner. Ce qui m’a interpellée à ce sujet c’est la phrase se trouvant dans la plan d’études du secondaire I pour les MITIC, qui fait office de document de liaison avec le PER « MITIC, cours de base 9e, Programme de 10e CT » : (…) nous devons tenir compte du fait que l’enseignement des TIC sera, à l’avenir, entamé au cycle 2 (enseignement primaire) et qu’il faudra donc adapter notre enseignement en fonction des compétences acquises par les élèves avant l’entrée au Cycle d’Orientation. ». Le rôle joué auprès des jeunes élèves du primaire par les futurs enseignants généralistes devient alors primordial pour la discipline MITIC, en tant que précurseurs de cet enseignement. Ils poseront les jalons de cette discipline, avant les enseignants du secondaire les spécialistes. La formation des futurs enseignants du primaire en ce qui concerne les technologies mérite alors de retenir toute notre attention. Et c’est le sujet de ce mémoire.

Par ailleurs, proposer dans le cadre universitaire le produit d’une recherche académique, le dispositif visaTICE, me semblait également avoir de la cohérence. La recherche porte ses fruits et les Universités sont des lieux où elle peut être exploitée et questionnée. Un produit du marché, développé également pour les entreprises a peut–être un objectif différent de celui d’une recherche en didactique de l’informatique.

Au-delà de toutes ces motivations, je reviens à la première, celle de l’enseignante que je suis.

Mieux enseigner les TIC pour mieux faire apprendre et amener les élèves à de réelles compétences pérennes. Et puis par ricochet, toucher mes collègues, enseignant la même discipline, toujours stressés par le temps, les impératifs du plan d’études, les élèves qui ne veulent pas travailler, ne veulent pas faire d’efforts, ne veulent pas comprendre ce qu’on s’évertue à leur apprendre. Stressés également par les réformes qu’ils subissent car on les met devant le fait accompli, ils n’ont pas d’alternative. Et la dernière, c’est l’enseignement orienté problème pour les écoles professionnelles (celle dont je fais partie). Lorsque j’aborde des discussions au sujet de réflexions issues de la didactique qui permettraient d’améliorer notre enseignement, je ne réussis pas toujours à motiver mes collègues. J’ai certainement encore beaucoup à apprendre.

5 PER

1.2.2 Pour Sylvie

Au cours de notre formation, Lydia m’a fait découvrir la (récente) plateforme d’apprentissage visaTICE sur les technologies de l’information et de la communication. Ses arguments par rapport à l’apprentissage basé sur les invariants m’ont interpellée et m’ont poussée à en savoir davantage. De plus, l’atout de cette plateforme par rapport au dispositif actuel, est celui de l’indépendance de la suite bureautique et du système d’exploitation pour effectuer la formation.

J’ai donc demandé à tester la plateforme. Puis, réciproquement, je lui ai également montré la plateforme MEDIAplus pour l’apprentissage des logiciels Microsoft (Word, Excel, Powerpoint) proposée aux étudiants B1 (SED et psychologie), déjà depuis six ans. Cette formation a été implémentée à l’Université de Genève pour pallier les importantes différences de niveaux en bureautique dues aux larges horizons de provenance des étudiants. Selon les sondages effectués chaque année auprès des étudiants, ce dispositif, comprenant la plateforme MEDIAplus et l’accompagnement par des tutrices, répond à leurs besoins et est appréciée. De plus, la faculté permet aux étudiants de passer la certification ECDL6 Start en fin de formation. Je tiens à préciser que la formation e-learning MEDIAplus des Editions ENI est une plateforme développée à l’origine, par des enseignants des ENI (École Nationale d’Ingénieurs, en France).

Leur objectif était de fournir un support à leur enseignement dans lequel on privilégie les fondamentaux et les cas pratiques ; la plateforme étant destinée à apprendre, de façon autonome, les fonctionnalités d’un logiciel. Cet outil a été ensuite adapté pour que des chefs d’entreprises le proposent à leur personnel. Il est actuellement implanté dans de nombreuses entreprises, Universités, centres de formations, administrations et également à l’Université de Genève pour le personnel.

La conviction de Lydia pour la plateforme visaTICE m’interpella, et a fait jaillir en moi le doute sur la qualité de l’apprentissage dans la formation MEDIAplus. J’ai un peu résisté, mais j’ai dû déconstruire mes propres préjugés et tout à coup, j’ai eu confiance. J’étais alors motivée de partir à la recherche d’inconnues au sujet des deux formes d’apprentissages. Cette motivation était également très grande lorsque je pensais aux étudiants des Sciences de l’éducation, destinés à devenir de futurs enseignants du primaire, et à transmettre, entre autres les MITIC, prescrits dans le Plan d’Etudes Romand.

De plus chaque année, en fin de formation, le bilan montre un nombre d’abandons qui me questionne. Cette étude comparative amènerait-elle une explication ? Je souhaiterais comprendre d’une part ce qui se passe particulièrement chez l’étudiant dans son désir d’apprendre, sa façon d’apprendre à partir de l’une ou de l’autre plateforme à distance et d’autre part jusqu’où le tuteur peut l’aider au niveau des apprentissages de chaque plateforme. Ainsi, nous avons décidé de nous lancer dès la rentrée 2012 dans une recherche comparative de ces deux plateformes à partir d’un échantillon d’étudiants en SED et en Psycho.

1.3 Plan du travail

La partie introductive de ce travail nous a permis de poser le contexte et d’expliciter nos motivations. Le projet expose la situation actuelle, la formation MEDIAplus et ses caractéristiques, ce qui nous amène à évoquer le questionnement qu’elle soulève en nous. Et ensuite à présenter la formation testée en 2012-2013, visaTICE.

Afin d’étayer nos réflexions par rapport aux questionnements soulevés par ce projet, nous allons à la recherche des conceptions de l’apprentissage, selon différents auteurs. Nous nous intéressons ensuite à la discipline concernée par notre recherche, par le biais de la didactique, et finalement, nous abordons les théories liées aux environnements numériques.

6 European Computer Driving Licence

A ce stade, nous explorons la didactique propre aux formations en ligne. Nous terminons ce cheminement par les théories liées aux environnements numériques.

Nous en arrivons à poser nos questions de recherche et à voir également comment nous allons pouvoir y répondre, tout au long de ce projet. Nous exposons ensuite la méthodologie, avec le déroulement de l’expérience, ainsi que les différents moyens de récoltes des données. L’analyse des résultats nous permet de dépouiller les données et de faire le lien avec la théorie, mais aussi de poser nos propres hypothèses. Et pour terminer, avant d’évoquer les obstacles rencontrés dans cette recherche, nous allons la situer dans le cadre du MAS « Théories, pratiques et dispositifs de formation d’enseignant ». Dans la conclusion, nous revenons à nos questions de recherches, afin de voir comment nous avons pu (ou pas) y répondre et faisons une synthèse de nos résultats.

Nous évoquons également les apprentissages réalisés grâce à cette recherche ainsi que nos perspectives personnelles.