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Epidémiologie des cancers cutanés 2

2.1 Mélanome .1 Monde

2.2.1 Monde Taux d’incidence Taux d’incidence

Les carcinomes cutanés sont les plus fréquents des cancers cutanés. Chaque année, entre 2 et 3 millions de cas de carcinomes cutanés sont enregistrés dans le monde (68). Toutefois, comparés au mélanome, les carcinomes cutanés sont sous-étudiés. Il a été rapporté que le risque de développer un carcinome cutané était 18 à 20 fois plus élevé que celui du mélanome (69–72). Le risque d’avoir un carcinome cutané au cours de sa vie a été estimé entre 28 et 30% pour le CBC, et entre 7 et 11% pour le CSC (73). Comme pour le mélanome, l’incidence des carcinomes cutanés varie en fonction de la zone géographique (48), bien que le manque d’enregistrement de ces cancers dans les registres nationaux limite aujourd’hui l’estimation de leurs taux d'incidence de façon précise et comparable. Ainsi, les chiffres ci-après sont susceptibles d'être sous-estimés.

Le CBC représente la forme la plus courante des carcinomes cutanés chez les populations caucasiennes dans le monde. Le risque de développer un CBC est 4 fois plus élevé que celui du CSC et il apparait plus important chez les hommes que chez les femmes (74). Les taux d’incidence les plus élevés sont observés en Australie (avec plus de 1 000 cas pour 100 000 personnes-années pour le CBC), loin devant les Etats-Unis (450 cas pour 100 000 personnes-années) et l'Europe avec plus de 129,3 et 90,8 cas pour 100 000 personnes-années chez les hommes et chez les femmes, respectivement (49,75).

Le CSC, qui vient au deuxième rang des cancers cutanés par ordre de fréquence après le CBC, est deux fois plus fréquent chez les hommes que chez les femmes et son incidence augmente avec l’âge. Il survient rarement avant 50 ans (51). Plus de 80 % des cas surviennent chez des sujets âgés de plus de 60 ans. Comme pour les CBC, les Etats-Unis et l’Australie enregistrent les taux d’incidence les plus élevés de CSC.

Taux de mortalité

Bien que l’incidence des carcinomes cutanés soit très élevée, leur taux de mortalité est très faible comparé au mélanome cutané. Les taux de mortalité les plus élevés sont observés en Papouasie-Nouvelle-Guinée, avec un taux standardisé sur l’âge de la population mondiale de 7,2 décès par 100 000 habitants par an (43). Une étude américaine a estimé le taux de mortalité ajusté sur l’âge à 0,69 pour 100 000 habitants/an aux Etats-Unis entre 1969 et 2000 (76). La mortalité liée à ces cancers semble avoir diminué ces dernières décennies en Australie, aux Etats-Unis mais également en Europe (73,76,77). L’incidence des formes métastatiques du CBC et du CSC varie entre 0,003-0,05% et 0,5-16 %, respectivement, tandis que le taux de mortalité ajusté sur l'âge est estimé à 0,12 pour 100 000 habitants/an pour le CBC et à 0,3 pour 100 000 habitants/an pour le CSC (78,79).

65 Evolution de l’incidence et de la mortalité

L’incidence des carcinomes cutanés est en constante augmentation (74) : la tendance générale observée dans de nombreux pays suggère une augmentation d’incidence de 3 à 8 % par an (80). En Europe, les taux d’incidence de CBC ont augmenté à un rythme similaire au cours des quatre dernières décennies (81). Entre 2011 et 2014, les décès annuels attribués aux carcinomes cutanés étaient très faibles, avec un taux de mortalité chez les hommes 2,5 fois plus élevé que chez les femmes.

2.2.2 Europe

Les taux d’incidence des carcinomes cutané sont plus élevés chez les personnes à la peau claire et sensibles au soleil, comme pour le mélanome (82,83). Selon un rapport de l'OMS, la population européenne est composée de plus de 98 % d'habitants de peau sensible à l’exposition solaire (83). Comme mentionné précédemment, l'incidence de ces cancers est difficile à mesurer. D'une part, peu de registres enregistrent ces cancers, et d'autre part, certains regroupent le CBC et le CSC sous le terme global de « carcinomes cutanés » et les données ne sont pas collectées séparément (83). Toutefois, certains registres permettent de suivre et d’estimer ces cancers en Europe, et une série de publications a permis de donner un aperçu de l'épidémiologie des CBC et CSC. Les taux d’incidence les plus élevés sont rapportés en Allemagne avec plus de 129,3 pour 100 000 habitants chez les hommes et de 90,8 chez les femmes (49), suivie de l’Irlande, des Pays Bas, de la Belgique, de l’Angleterre et de la France, et des taux faibles sont observés en Europe de l’Est (64). Un ratio de 4:1 a été rapporté entre le CBC et le CSC dans les populations européennes (84).

En ce qui concerne le CBC, le taux d’incidence a été estimé à 81 pour 100 000 chez les hommes et 63 pour 100 000 chez les femmes en Allemagne en 2004 (85). Les taux d'incidence étaient de 76 pour 100 000 personnes-années en Angleterre, avec les taux les plus élevés enregistrés dans le sud-ouest de l'Angleterre (121,29 ⁄100 000 personnes-années) et les taux les plus faibles à Londres (0,24/100 000 personnes-années) (48). La Suisse et l'Italie présentent également des taux d'incidence élevés, soit environ 70/100 000 personnes-années en 1995 (86,87) ; alors que l'incidence en Slovaquie n'était que de 38⁄100 000 personnes-années en 1994 (88). Une étude européenne a rapporté que les taux d’incidence de CBC avaient augmenté de façon similaire dans tous les pays européens, avec une augmentation moyenne de 20 nouveaux cas pour 100 000 personnes-années tous les 15 ans, soit une augmentation de 5% par an (48) (Figure 23).

66 Figure 23 : Incidence du CBC, standardisée sur l’âge de la population mondiale, chez les

hommes en Europe au cours du temps

En revanche, cette même étude européenne a rapporté des taux d’incidence du CSC de 18,2 pour 100 000 chez les hommes et de 8,5 pour 100 000 chez les femmes en Allemagne en 2004 (85). Alors que l’Angleterre rapporte les taux d'incidence les plus élevés, la Suisse a affiché la hausse la plus rapide allant de 14 pour 100 000 en 1978 à 29 pour 100 000 en 1997 (Figure 24).

Figure 24 : L’incidence du CSC, standardisée sur l’âge de la population mondiale, chez les hommes en Europe au cours du temps

Cette augmentation des taux d’incidence observée au sein des pays de l’Europe pourrait être attribuée à plusieurs facteurs environnementaux, notamment une exposition accrue aux rayonnements UV, aux activités extérieures, aux changements de style vestimentaire, au vieillissement de la population ou encore à la dégradation de la couche d’ozone due aux changements climatiques (74).

La mortalité par carcinome cutané est majoritairement due au CSC. Les taux de mortalité en Europe présentent un gradient différent de celui du mélanome. Les taux les plus élevés sont observés chez les hommes et les femmes en Europe du Sud, notamment en Grèce, Espagne, Portugal et Italie, et des taux faibles sont rapportés dans les pays de l’Europe du Nord.

67 2.2.3 France

Les données épidémiologiques concernant les carcinomes cutanés sont rares et incomplètes, car de nombreux registres des cancers ne les prennent pas en compte. En France, nous ne disposons à ce jour de registres généraux des carcinomes cutanés que dans 9 départements (Bas-Rhin, Doubs, Calvados, Isère, Tarn, Somme, Hérault, Haut-Rhin et Vendée) pour estimer l’incidence de ceux-ci. Parmi eux, seuls les registres du Haut-Rhin, du Doubs et plus récemment du Calvados comptabilisent les CBC (89). Les données de ces registres ont suggéré une augmentation de l’incidence des deux types de carcinomes, avec une fréquence importante chez les hommes (plus marquée pour les CSC). Les CBC semblent être 3 à 6 plus fréquents que les CSC (plus marquée chez la femme) (Tableau 9).

Tableau 9 : Évolution de l’incidence des CBC et CSC par sexe entre 1983 et 2002 Source : Réalisé à partir des données du registre des cancers du Doubs, taux standardisés sur la population mondiale/100 000 habitants/an

Période CBC CSC

Femme Homme Femme Homme

1983/1987 1988/1992 1993/1997 1998/2002 46,03 54,70 70,92 92,85 45,79 66,55 85,28 107,32 6,26 10,20 13,71 16,87 18,46 23,67 29,93 31,47

Le nombre de CBC enregistrés dans le Haut-Rhin a augmenté de 25 % entre les périodes 1991-1993 et 1997-1999 (89). En ce qui concerne les CSC, les données du registre du Doubs montrent des taux d’incidence nettement supérieurs chez l’homme (sexe ratio proche de 2). L’âge moyen au diagnostic du CSC (74,4 ans chez les hommes et 77 ans chez les femmes) est supérieur de près de 10 ans à celui des CBC.

Une augmentation importante des taux d’incidence (d’un facteur 1,7 chez l’homme et 2,7 chez la femme) a été rapportée entre 1983 et 2002. Dans cette période de 20 ans, le taux annuel moyen d’évolution était ainsi de 3,62 chez l’homme et de 6,83 chez la femme, faisant du CSC l’un des cancers augmentant le plus rapidement dans le département du Doubs. Les données du Haut-Rhin confirment les disparités observées selon le sexe et les tendances évolutives observées dans le Doubs, avec une augmentation de l’incidence standardisée sur la population mondiale de 15,8 à 22,3 chez l’homme et de 7,5 à 8,4 chez la femme entre les périodes 1988-90 et 1994-1996 (89).

Les données de mortalité regroupent l’ensemble des carcinomes cutanés. Malgré l’augmentation régulière de l’incidence de ce cancer, le nombre de décès a diminué. Entre 1980 et 1983, une moyenne de 547 décès par an a été attribuée en France aux carcinomes cutanés, soit un chiffre peu inférieur à celui du mélanome durant la même période. Entre 2000 et 2003, ce chiffre était de 492 par an, alors qu’on notait un doublement des décès par mélanome.

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Facteurs de risque des cancers cutanés