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: habitats naturels présents sur la parcelle retenue pour la compensation écologique

Dans le document Dossier CNPN (Page 161-167)

favorable en l’état à la Tortue d’Hermann ainsi qu’au Lézard ocellé. Quelques gîtes composés de roches siliceuses sont également présents au sein de cet habitat ouvert à semi-ouvert ; ils représentent des habitats propices à la présence du Lézard ocellé. Rappelons qu'une donnée de l'espèce est connue un peu plus au sud de la parcelle. Le vallon du Verne, ruisseau situé en périphérie de la parcelle de compensation, offre, quant à lui, des habitats indispensables à la Tortue d’Hermann. Non seulement il s'agit d'un point d'eau mais la ripisylve assez dense de ce ruisseau met à disposition des milieux frais nécessaires à cette espèce en période estivale. De plus, des zones sableuses et autres zones ouvertes bien exposées sont présentes au sein du maquis ouvert, offrant ainsi des zones de pontes pour la Tortue d’Hermann.

Gîtes favorables au Lézard ocellé (photo de gauche) et zones sableuses à proximité du vallon du Verne, favorable à la ponte de la Tortue d’Hermann (photo de droite) – CBE, 26/11/2015

La partie sud et est de la parcelle est composée de maquis dense avec un couvert arboré plus important (pins et Chênes-lièges). L’alternance de zones ouvertes à buissonnantes et de secteurs arborescents permet d’obtenir une mosaïque d’habitats également intéressante pour la Tortue d’Hermann. En effet, cette espèce reste typique des lisières et des interfaces entre milieux, notamment durant les périodes de sécheresse (Celse et al. 2014). Notons que ce secteur est moins intéressant pour le Lézard ocellé qui privilégie les milieux bien ouverts.

Mosaïque d’habitats au sud et à l’est alternant maquis ouvert et couvert arboré (pins et Chênes-lièges) – CBE, 26/11/2015

Enfin, le secteur nord de la parcelle est composé d’une plantation de Pin maritime, datant des années 1990, non favorable, à l’heure actuelle, aux reptiles. Cette plantation reste relativement homogène, bien que quelques Chênes-lièges et zones buissonnantes de bruyère soient présents. Cette pinède ne présente aucun intérêt pour la Tortue d'Hermann et le Lézard ocellé de par la présence de jeunes pins (environ 3 m de haut) présents sous une forme très dense.

Aucune espèce patrimoniale (reptiles, oiseaux ou insectes) n'est, d'ailleurs, vraiment attendue dans ces milieux. De plus, peu de gîtes pouvant servir aux reptiles ont été identifiés au sein de cette plantation ou en périphérie, limitant ainsi la colonisation de ces milieux par ce groupe biologique et notamment par le Lézard ocellé.

L’objectif de la compensation serait alors de rendre ce milieu attractif afin d’augmenter les surfaces d’habitats favorables à ces deux espèces localement, ainsi que de les mettre en lien direct avec les milieux naturels actuellement favorables en périphérie.

Secteur ciblé par la compensation (en rouge) - CBE, 26 novembre 2015

Rappelons à ce stade que toutes les mesures compensatoires seront encadrées par un plan de gestion des parcelles de compensation qui sera renouvelé tous les 5 ans jusqu'à la fin de la durée des mesures compensatoires (cf. encadré suivant). Notons qu'au préalable à ce plan de gestion, un "état zéro" des parcelles de compensation es t obligatoire. Cet état zéro doit, en effet, permettre de bien connaître les enjeux écologiques des parcelles sur lesquelles une action est

envisagée afin d'ajuster au mieux les opérations de gestion pour qu'elles soient favorables aux espèces ciblées, sans impacter d'autres espèces patrimoniales locales (même si, aujourd'hui aucune espèce patrimoniale n'est vraiment attendue dans cette jeune plantation de pins).

Le Plan de gestion

L’élaboration d’un plan de gestion est la base de toute action de gestion. Il s’agit, en effet, d’un document qui définit les enjeux d’un territoire donné et les objectifs en termes de gestion (description fine des moyens techniques et financiers à mettre en œuvre pour cette gestion).

Pour cette étude, un plan de gestion doit être élaboré sur les parcelles de compensation. Il décrira très précisément les mesures compensatoires à réaliser et les protocoles d’intervention.

Le plan de gestion inclut donc un cahier des charges précis, qui détaillera toutes les mesures à appliquer : identification du site géré en compensation (n° de parcelles, surface, identification propriétaire, description de l’habitat actuel), mesures techniques et périodicités (types de débroussaillage, planification des actions sur la durée de la compensation, mesures de suivis), coûts associés et partenaires (rôle de chacun – propriétaires, intervenants extérieurs - coûts d’interventions, coûts achats ou location, etc.). Ce cahier des charges sera validé par les services de l’Etat.

L'état zéro des parcelles de compensation et lien avec les suivis écologiques

Cet état zéro, également appelé état initial écologique, correspond à un inventaire à réaliser en amont du plan de gestion et avant toute intervention sur site (donc ici, avant toute action de gestion sur les parcelles de compensation). Il est primordial car il permet d'ajuster les actions de gestion au mieux (dans le plan de gestion) selon les objectifs visés par la compensation, sans aller à l'encontre d'un éventuel autre enjeu écologique local. Par ailleurs, il servira de base au suivi des mesures compensatoires. En effet, avec un protocole d’inventaire donné (qui devra être repris dans les suivis), il a pour objectif de qualifier et quantifier les populations présentes sur un secteur donné (les parcelles compensatoires) au temps t0. Une fois les actions de gestion

Rappelons l'importance, dès cet état zéro, d'intégrer un ou plusieurs "échantillons témoins"

(échantillons hors des zones de compensation) permettant, lors du suivi, la comparaison des populations faisant l’objet de gestion et des populations neutres en libre évolution. Cet aspect, bien souvent oublié, est nécessaire pour interpréter l’évolution des populations ou des habitats faisant l’objet de mesures de gestion. Il permet par exemple de différencier les variations d’effectifs d’une population liées à un contexte météorologique particulier (ou à une perturbation externe), des variations liées à des mesures de gestion.

XXII.2.3.c Nature de la compensation

Les différentes actions de gestion envisagées sont explicitées ici pour en comprendre l'intérêt écologique. Les aspects techniques et financiers de ces mesures sont ensuite précisés dans les fiches dans le chapitre suivant.

Mise à disposition d’une mosaïque d’habitat

La réouverture de milieux

Le périmètre défini pour la compensation est essentiellement composé d’une jeune plantation de Pin maritime trop dense pour permettre une colonisation par des reptiles (cf. carte d'habitat précédente). L’objectif va donc être, dans un premier temps, de réaliser une ouverture du milieu

afin d’obtenir une alternance de milieux ouverts et de zones buissonnantes à arborés, assez proche des autres habitats présents sur la parcelle communale, notamment à l'ouest.

Remarque : notons que ce type d'opération au sein d’une plantation, a déjà été réalisé sur la commune dans le cadre du Programme LIFE sur la Tortue d'Hermann, avec notamment des restaurations d’habitats sur près de 260 ha au cœur de 4 sites Natura 2000 dans le Var dont le secteur du Bois de Rouquan pour la commune de Vidauban (ARPE, 2014).

Nous préconisons d’effectuer des éclaircies forestières au sein de la plantation avec pour objectif final une mosaïque d'habitats comportant une couverture de 60 % de milieux ouverts, les 40%

restants étant les pins maritimes ou autres essences arborées préservés.

Généralement, le taux d’ouverture visé pour la Tortue d’Hermann est de 50 %, avec comme optimum 50% de strate herbacée et 50 % de strate arbustive à arborée. Hors, la présente dérogation concernant également le Lézard ocellé, espèce typique des milieux ouverts, nous préconisons une ouverture un peu plus importante et, bien entendu, compatible avec la Tortue

Les opérations de restauration d’habitats seront réalisées par intervention manuelle du fait de la présence de la Tortue d'Hermann localement. Les actions de gestion à mener seront les suivantes (cf. devis ONF en annexe 10 et fiche technique n°3) :

- Eclaircies régulières limitant l’effet dense de la jeune pinède :

Cette action va permettre d’obtenir un boisement plus diffus avec des effets de lisières ainsi que la création de clairières au sein de la parcelle. Une coupe d’arbre sélective et manuelle sera réalisée, permettant la conservation des Chênes-lièges dont l’ombrage est particulièrement apprécié par la Tortue d’Hermann (Celse et al. 2014).

- Broyage des végétaux coupés et évacuation des rémanents :

Les végétaux coupés seront broyés et en partie exportés. Quelques petits tas de bois et broyats pourront être conservés sur la parcelle, créant ainsi des zones de refuges pour la faune et l’installation d’insectes saproxyliques patrimoniaux (Celse et al. 2014).

- Débroussaillage en mosaïque :

L’objectif n’est pas ici de réaliser une coupe rase mais de créer une mosaïque d’habitats en conservant des patchs de strates herbacées et arbustives en favorisant les formations avec un couvert au sol dense. Il sera nécessaire de procéder à une coupe sélective afin d’éliminer en priorité, les Pins maritimes et, parmi des essences arbustives pouvant être présentes, celles à forte dynamique ou particulièrement inflammables telles que la Bruyère, les Cistes ou les Calycotome. Les formations arbustives composées de mates d’Arbousiers, de Filaires ou de Pistachiers seront favorisées, si présents au sein de la parcelle concernée (Celse et al. 2014).

Résultat : le débroussaillage réalisé permettra d'optimiser les lisières au sein de la plantation (création de trouées sélectives). Cela créera des milieux semi-ouverts particulièrement appréciés par la Tortue d'Hermann, le Lézard ocellé et d'autres espèces de milieux semi-ouverts. Ces milieux seront, par ailleurs, en lien avec des milieux favorables alentour : le maquis plus denses présents au sud, à l’est et au nord de la parcelle, le maquis semi-ouverts à l'ouest.

Les schémas suivant permettent d’illustrer les actions à mener sur la plantation de Pin (Source : Celse et al. 2014). Notons, toutefois, qu'au niveau de la plantation, il est possible que des trouées plus large soient mises en place (plus large que les 3m préconisés dans la figure de gauche) pour permettre de favoriser le Lézard ocellé mais également la Tortue d'Hermann. En effet, dans les milieux arborés (destination de la pinède), il peut être nécessaire de créer de plus grandes surfaces ouvertes car ce qui est important, pour la Tortue d'Hermann, c'est l'accès de la lumière au sol (Celse et al. 2014). Le plan de gestion aura à charge de bien préciser ce point.

Schéma théorique de restauration d’habitats par la création d’une mosaïque alvéolaire et d’une optimisation de lisière en faveur de la Tortue d’Hermann – Celse et al. 2014

Les actions, mentionnées ci-dessus, se basent sur le guide de gestion des habitats en faveur de la Tortue d’Hermann (Celse et al. 2014). Toutefois, ces mesures visent une réouverture de milieux qui sera également favorable au Lézard ocellé.

Milieux arborés à rouvrir (photo de gauche) afin d’obtenir une mosaïque d’habitats favorable aux reptiles (photo de droite) - CBE, 26 novembre 2015

En plus de cette zone de plantation, nous souhaitons intervenir le long de la piste bordant la parcelle dans sa partie nord (cf. carte d'habitat précédente). En fait, les bordures de cette piste sont entretenues par l'ONF environ tous les 7 à 8 ans. Lorsque nous sommes passés sur la parcelle, les milieux le bordant étaient assez denses et peu propices aux deux espèces cibles de cette dérogation. C'est pourquoi, nous souhaitons également permettre une restauration des milieux ouverts sur ce linéaire (débroussaillage). Il conviendra, donc, d'effectuer un entretien plus régulier le long de cette piste avec une intervention estimée tous les 3-4 ans. Le linéaire devra être débroussaillé sur une largeur de 6 mètres sur la parcelle communale, voire de part et d’autres du sentier suivant l’accord de la commune de Les Arcs. L’objectif n’est pas ici de réaliser une coupe rase mais d’effectuer un débroussaillage sélectif en préservant quelques mattes des essences arbustives locales, en évitant les essences les plus inflammables (bruyère).

Cette intervention a été discutée avec l'ONF (M. Ciappara) qui a validé une plus forte fréquence de débroussaillage sur les abords de piste, sans coût particulier.

La réouverture de ce linéaire jouera un rôle de corridor écologique localement, notamment pour le Lézard ocellé. Ce rôle de corridor permettra, alors, une colonisation optimale de la parcelle restaurée.

Piste au nord de la parcelle à rouvrir par débroussaillage manuel - CBE, 26 novembre 2015

Ces deux opérations permettront, à la fois, de mettre à disposition des habitats favorables aux espèces concernées par la dérogation ainsi que de limiter la propagation du feu en cas d’incendies.

Il est important de noter que les incendies représentent une importante cause de mortalité pour la Tortue d’Hermann (Celse et al. 2014, Santos & Cheylan 2013, Cheylan et al. 2009). De plus, la commune de Vidauban a subi un important incendie, lors de la grande sécheresse de 2003, détruisant la majorité des habitats présents sur le secteur de Ganchouresse (cf. carte suivante). Il est donc important de participer à la lutter contre les incendies dans le cadre de la compensation en faveur de la Tortue d’Hermann. Notons que pour le Lézard ocellé, les incendies représentent moins une menace, l'espèce étant même connue pour apprécier les milieux post-incendie (Santos & Cheylan 2013). Ici, l'ouverture du milieu manuelle augmentera les surfaces de milieux ouverts pour cette espèce typique des milieux steppiques et arides.

Rappelons, pour finir, que toutes ces opérations seront clairement détaillées dans le plan de gestion de ce secteur de compensation.

Dans le document Dossier CNPN (Page 161-167)

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