1.3 Interactions quantiques r´ep´et´ees
1.3.1 Mod`ele discret
On consid`ere une interaction entre un syst`eme H0 et une chaˆıne infinie de syst`emeH, chaque syst`eme interagissant avec H pendant une dur´ee h.
Espace d’´etat
Comme la chaˆıne est suppos´ee infinie, l’espace d’´etat qui permet de d´ecrire ce principe d’interactions r´ep´et´ees est le produit tensoriel
Γ = H0⊗ H ⊗ H ⊗ . . . = H0⊗ ∞ O k=1 Hk, (1.33) o`uHk≃ H correspond `a la k`eme
copie de H. Dans la suite nous consid´ererons Hk ≃ CK+1
le produit tensoriel d´enombrable TΦ(K) = ∞ O i=1 Hk,
Cet espace sera appel´e b´eb´e Fock (Toy Fock space en anglais).
On fixe une base (Xi)0≤i≤K et on note X0 = Ω. L’espace TΦ(K) est alors l’espace de Hilbert d´efini `a partir de la suite stabilisatrice Ω. Cela signifie qu’une base orthonorm´ee de TΦ(K) est d´ecrite par la famille
B∞={Xσ, σ∈ P},
o`u l’ensemble P correspond `a l’ensemble de tous les sous ensemble de la forme {(n1, i1), . . . , (nk, ik)},
avec k ∈ N⋆, les termes ni sont des entiers deux `a deux distincts et les termes ij sont des entiers de {1, . . . , K} pour tout j ∈ {1, . . . , k}.
Un ´el´ement Xσ deB∞ repr´esente alors le vecteur
Ω⊗ . . . ⊗ Ω ⊗ Xi1 ⊗ . . . Ω ⊗ . . . ⊗ Ω ⊗ Xi2 ⊗ . . .
o`u le terme Xij apparaˆıt `a la nj`eme place dans le produit tensoriel, c’est `a dire dans la nj`eme
copie de H. Tout ´el´ement f de TΦ(K) s’´ecrit donc :
f = X
σ∈P
f (σ)Xσ.
Pour clore la description de la structure de l’espace TΦ(K), nous allons d´ecrire les op´erateurs de base sur cet espace, nous allons notamment d´efinir les bruits quantiques dis-crets. Pour cela on consid`ere les op´erateurs suivants surH d´efinis sur la base {X0, . . . , XK} :
aijXk = δkiXj.
Ce sont les op´erateurs de la base canonique de MK+1(C). On prolonge de fa¸con naturelle ces op´erateurs sur TΦ(K) en consid´erant les op´erateurs ai
j(k) qui agissent comme ai j sur la k`eme
copie de H et comme l’op´erateur identit´e sur le reste du produit tensoriel. On peut remarquer notamment que la famille d’op´erateurs{ai
j(k); k ∈ N⋆} forme une base de l’alg`ebre TΦ(K).
Dans toute la suite nous poserons Ω = X0 et l’´etat de r´ef´erence de l’espace H, ca-ract´eristique de la chaˆıne, sera l’´etat β =|ΩihΩ|.
Evolution
Pour d´ecrire le principe d’´evolution nous reprenons rapidement la description de l’in-teraction entre deux syst`emes. On consid`ere une inl’in-teraction entre deux syst`emes H0 etH pendant un intervalle de temps h. L’´evolution est donc d´ecrite par un unitaire U = U (h) (pour le reste de cette sous-section nous ne sp´ecifierons plus le param`etre h, il apparaˆıtra `a nouveau lorsque l’on ´etudiera les probl`emes de convergence). Dans la repr´esentation de Schr¨odinger, son action sur les ´etats de H0⊗ H est donn´ee par
ρ7−→ U ρ U⋆.
Pour d´ecrire cette interaction sur l’espace Γ = H0 ⊗Nk≥1Hk, on d´efinit l’op´erateur U1
qui agit comme U sur H0⊗ H1 et comme l’op´erateur identit´e sur toutes les autres copies de H. Par cons´equent si ˜ρ d´esigne l’´etat de r´ef´erence sur Γ, apr`es la premi`ere interaction, l’´etat devient
U1ρ U˜ ⋆ 1
D´ecrivons de la mˆeme mani`ere la k`eme
interaction. On consid`ere l’op´erateur unitaire Uk
qui agit comme U sur H0 tenseur Hk la k`eme
copie de H et qui agit comme l’op´erateur identit´e sur le reste du produit tensoriel. Cet op´erateur agit sur les ´etats de la mˆeme mani`ere
˜
ρ7−→ Ukρ U˜ k⋆.
La succession d’interaction est alors d´ecrite par la suite d’op´erateur Vkd´efinie par la formule
de r´ecurrence :
Vk+1 = Uk+1Vk
V0 = I (1.34)
L’effet sur les ´etats de Γ est donc ˜
ρ7−→ Vkρ V˜ k⋆.
On d´efinit donc la famille d’op´erateurs (jk) agissant sur les ´etats de Γ jk(˜ρ) = Vkρ V˜ k⋆;
cela d´efinit donc la dynamique discr`ete sur Γ, d´ecrivant les interactions quantiques r´ep´et´ees. On peut alors exprimer les op´erateurs (Uk) et (Vk) en fonction des bruits quantiques (ai
j(k)). Concernant la d´efinition de U (qui permet de d´efinir ensuite les Uk), comme op´erateur surH0⊗ H, il peut s’´ecrire sous la forme
U = X
0≤i,j≤K
Uji⊗ aij,
o`u les Ukl sont des op´erateurs sur H0 (les Ukl correspondent aux coefficients de la matrice U = (Ukl) ´ecrite par bloc dans une base ad´equate, de la mˆeme mani`ere que dans la section 1.2.2). Il est alors facile de voir que
Uk = X
0≤i,j≤K
La formule de r´ecurrence donnant (Vk), peut s’´ecrire Vk+1 = X 0≤i,j≤K UjiVk aij(k + 1) V0 = I (1.35)
Il s’agit maintenant de d´ecrire les transformations successives subies par le petit syst`eme et d’´etablir l’analogue des ´evolutions lindbladiennes dans ce cadre.
Semi-groupe d’´evolution discret
Comme dans le cas continu, nous allons montrer que le mod`ele d’interactions quantiques r´ep´et´ees donne naissance `a un semi-groupe discret d’applications compl`etement positives et que r´eciproquement, si on se donne un tel semi-groupe, on peut l’obtenir `a l’aide d’un sch´ema d’interactions r´ep´et´ees.
A partir de la description pr´ec´edente on consid`ere un petit syst`eme H0 en contact avec une chaˆıne infinie de syst`eme quantique. On fixe un ´etat initial ρ sur le petit syst`eme H0
et l’´etat β =|ΩihΩ| sur H. On rappelle que Ω = X0 et que X0 d´esigne le premier vecteur de la base orthonorm´ee de H que nous avons ´evoqu´ee pr´ec´edemment. L’´etat initial sur le petit syst`eme coupl´e avec la chaˆıne est donc
µ = ρ⊗
∞
O
k=1
β. Apr`es k interactions, on a alors
˜
µk = jk(˜µ) = Vk(˜µ)Vk⋆.
On d´esigne ici par E0(˜η) la trace partielle surH0 d’un ´etat ˜η du syst`eme coupl´e. On d´efinit donc la famille d’applications Tk sur l’ensemble des ´etats deH0 par
ρk= Tk(ρ) = E0 " jk ρ⊗O k≥0 β !# , (1.36)
pour tout ´etat ρ de H0. La famille (Tk) d´efinit donc une dynamique discr`ete sur H0. Le th´eor`eme suivant est l’´equivalent discret des th´eor`emes 1.5 et 1.9, il est prouv´e en d´etails dans [Att08].
Th´eor`eme 1.10 Soit (Tk)k∈N la famille d’applications d´efinies sur les ´etats de H0 par (1.36). Cette famille d’applications forme un semigroupe d’applications compl`etement po-sitives sur B(H0), il existe alors une application compl`etement positive l telle que
R´eciproquement, soit (lk) un semi-groupe d’op´erateurs compl`etement positifs sur H0
telle que l(I) = I, alors il existe un espace de Hilbert H ´equip´e d’un ´etat β et il existe un op´erateur unitaire U sur H0⊗ H d´efinissant une dynamique (jk) sur
Γ =H0⊗ ∞ O i=1 Hk telle que lk(ρ) = E0 " jk ρ⊗O k≥0 β !#
pour tout entier k positif et tout ´etat ρ de H0.