I.2 Principe de fonctionnement
I.2.3 Modélisation électrique d’une cellule photovoltaïque
1 Modèle à une diode
D’après les considérations précédentes, une cellule photovoltaïque peut être modélisée par une diode en
parallèle avec une source de courant (principe de superpostion). Le courant total sous éclairement est alors
donné en convention photovoltaïque (convention générateur) par le photocourantI
phauquel se soustrait le
courant d’obscuritéI
obs:
I
′(V
′)= I
ph−I
obs(V
′) [I.8]
où le courant d’obscurité I
obsest la somme des courants de dérive et de diffusion. À l’équilibre, les deux
sont égaux au courant de saturation de la diode I0, mais ils sont de sens opposés. Ils ont donc une valeur
initiale égale àI
0et−I
0.
Lorsque la jonction est polarisée en direct à cause de la génération des paires de porteurs, la barrière
de potentiel est abaissée. La probabilité de passage des porteurs majoritaires (courant de diffusion) est
multipliée par un facteur exponentiel (exp(
kqVBT
)). Par contre, le courant dû au champ interne (courant de
dérive) n’est pas affecté, il garde sa valeur initiale (−I
0). Jusqu’à maintenant il a été considéré que le courant
de diffusion ne variait pas au sein de la zone de déplétion. En fonction de la qualité de la jonction, des
recombinaisons supplémentaires (voir le paragraphe 2 page 11) peuvent toutefois avoir lieu lorsque les
porteurs traversent cette dernière. Il faut donc ajouter un facteur d’idéalitén
1au terme exponentiel. Il permet
de prendre en compte la probabilité de recombinaison dans la zone de charge d’espace. Finalement,I
obsest
donnée par la relation de Shockley :
I
obs(V
′)= I
0exp qV
′n1k
BT −1
!
[I.9]
oùq≈ 1,61·10
−19C etk
B≈ 1,381·10
−23J·K
−1sont la charge élémentaire et la constante de Boltzmann.T
(en K) est la température , I
0(en A) est la valeur absolue du courant de dérive.n est le facteur d’idéalité :
n
1= 1 dans le cas idéal,n
1=2 si les recombinaisons dominent et 1< n
1< 2 entre les deux cas.
Cependant, ce modèle est une vision idéale d’une cellule photovoltaïque. Il décrit uniquement le cœur
d’une cellule (la jonction pn). Pour le compléter, il faut considérer les défauts de fabrication et les autres
composants tels que les contacts métalliques. Comme schématisé sur la figure I.9a, il faut alors ajouter au
circuit équivalent :
12. V
oc: « open-circuit voltage ».
13. I
sc: « short-circuit current ».
❐ Une résistance série R
S: elle modélise les pertes résistives (par effet Joule) dues au transport des
porteurs au sein des différents composants de la cellule (voir la section III.6 page 112). Elle affecte sa
puissance en causant une perte de tension :
V =V
′−I(V)R
S[I.10]
❐ Une résistance shunt R
S h(en parallèle): elle traduit les fuites de courant dues aux défauts de
fabri-cation (au niveau des défauts cristallographiques causés par l’endommagement des wafers ou encore
sur les bords de la cellule). Ces derniers permettent aux porteurs de charge de traverser la cellule par
un autre chemin. Ils ne passent pas par la résistance série et ils réduisent la puissance fournie par la
cellule en causant une perte de courant :
I(V
′)= I
′(V
′)−I
S h= I
′(V
′)− V
′R
S h[I.11]
En combinant les équations [I.8], [I.9], [I.10] et [I.11], le courant d’une cellule photovoltaïque en fonction
de sa tension est donné par :
I(V)= I
ph−I0exp q(V +IR
S)
n
1k
BT −1
!
− V+RIR
S S h[I.12]
oùR
SetR
S h(enΩ) sont les valeurs des résistances série et shunt.
a. Circuit électrique équivalent à une diode. b.Circuit électrique équivalent à deux diodes.
FigureI.9: Circuits électriques équivalents à une et à deux diodes d’une cellule photovoltaïque. La partie
en pointillés représente le circuit extérieur qui permet de collecter le courant généré par la cellule.
2 Modèle à deux diodes
Pour décrire encore plus précisément le fonctionnement réel d’une cellule, il est possible d’utiliser le
modèle à deux diodes en parallèle schématisé sur la figure I.9b. Dans ce cas, le courant d’obscurité est
séparer en deux composantes qui font intervenir
[15]:
❐ Une diode d
1: elle décrit le fonctionnement de la cellule en dehors de la zone de déplétion (facteur
d’idéalitén1 ≈1).
❐ Une diode d2: elle modélise la diffusion des porteurs et les recombinaisons à l’intérieur de la jonction
(facteur d’idéalitén
2≈2).
En séparant l’apport de ces deux contributions, l’équation [I.12] devient :
I(V)= I
ph−I
01exp q(V +R
S)
n1k
BT
!
−1
!
−I
02exp q(V+R
S)
n2k
BT
!
−1
!
− VR+IR
s S h[I.13]
3 Caractéristique courant tension I=f(V)
Le comportement d’une cellule photovoltaïque est résumé par sa caractéristique courant tension I(V)
avec ou sans éclairement. Dans le premier cas, elle correspond à celle d’une diode dans l’obscurité auquel
s’ajoute la contribution du courant photogénéré
[11]. Une fois mesurée, cette courbe peut être ajustée par les
modèles décrits précédemment. Comme schématisé sur la figure I.10, il est également possible d’extraire
les principales propriétés électriques d’une cellule grâce à cette caractéristique. Ces dernières sont :
❐ Le courant de court-circuit I
sc(pour V = 0 V). Il est égal au courant photogénéré I
ph(voir
l’équa-tion [I.12]). Comme la taille des cellules peut varier, il est généralement plus pratique d’utiliser la
densité de courant j
sc(en A·m
−2) pour être comparatif :
j
sc= I
scS
cpv[I.14]
oùS
cpv14(en m
2) est la surface de la cellule.
❐ La tension en circuit ouvert V
oc(pour I =0 A). En considérant le modèle à une diode et en négligeant
le terme dépendant de la résistance shunt, elle est reliée à la densité de courant de court-circuit j
scpar
la relation :
V
oc≈ q
n
1k
BT ln j
scj
0+1
!
[I.15]
où j
0(en A·m
−2) est la densité de courant de saturation de la diode.
❐ La puissance maximale de la cellule P
mp15. Le choix de la résistance du circuit extérieurR
extrégit
la puissance fournie par la cellule. Elle doit donc être soigneusement choisie pour que cette dernière
délivre la puissance maximale. Comme pour le courant, il est généralement plus pratique d’utiliser la
densité de puissance p
mp(en W·m
−2) définie par :
p
mp= j
mpV
mp= P
mpS
cpv[I.16]
❐ Le courant (ou la densité de courant) I
mp(ou j
mp) et la tension V
mpau point de fonctionnement
optimalmpde la cellule.
❐ Le facteur de forme (ou facteur de remplissage) FF
16:
FF = V
mpI
mpV
ocI
sc=
V
mpj
mpV
ocj
sc[I.17]
Graphiquement, il correspond à l’aire du rectangle de côtéI
mpetV
mpsur celle du rectangle de côté
V
ocet I
sc. La figure I.10 montre qu’il dépend directement des résistances série (R
S) et shunt (R
S h)
contrairement au courant de court-circuit I
scet à la tension en circuit ouvert V
oc. Il donne donc une
indication sur la qualité de la cellule et sur les pertes résistives au sein de celle-ci. Il est inversement
proportionnel à ces dernières.
❐ Le rendementη:
η= P
mpP
incidente=
p
mpp
incidente=
FFV
ocj
scp
incidente[I.18]
Il est la figure de mérite par excellence de la cellule, il traduit la fraction d’énergie solaire convertie
en électricité.
14. cpv: cellule photovoltaïque.
15. mp: « maximal power point ».
16. FF: « Fill Factor ».
En règle générale, les cellules photovoltaïques sont testées à 25
◦C sous les conditions spectrales AM1.5
17avec une densité de puissance de p
incidente=1000 W·m
−2. Malgré cette standardisation, les variations de la
source lumineuse ou de la température sont des sources d’erreur fréquentes sur beaucoup de systèmes et les
mesures restent souvent approximatives
[11]. Pour obtenir des caractérisations plus précises, la procédure est
d’envoyer les cellules dans un laboratoire certifié.
FigureI.10:Caractéristique courant-tension I=f(V) d’une cellule photovoltaïque.
D’après l’équation [I.18], V
oc, j
scet FF doivent être maximisés pour que le rendement η d’une
cel-lule photovoltaïque soit le plus élevé possible. Néanmoins, ce dernier possède une limite théorique due à
différents mécanismes de pertes qui sont explicités dans la section suivante.
Dans le document
Etude de la métallisation de la face avant des cellules photovoltaïques en silicium
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